- Hey Max, t’as terminé de ton côté?
- Nan, encore deux-trois minutes et on s’arrache.
- Ok, mais magne-toi alors!

Je montais la garde à l’entrée du troquet abandonné, mon fusil automatique M4 à la main, attentifs aux moindres sons, au moindres mouvements dans les buissons et dans les arbres. Nous étions à vrai dire tous devenus comme cela depuis l’attaque, et difficile de faire autrement… De là où je me trouvais, je pouvais voir le camion, et Mary, au volant, qui nous attendait.

Max vint me rejoindre quelques secondes plus tard, la mine déconfite.

- Laisse moi deviner, lui dis-je, t’as rien trouvé?
- Nan, rien, et c’est comme ça dans toutes les boutiques depuis 10 bornes, je commence à en avoir plein le cul.
- Pareil, mais on a quelques réserves, et puis, ça fait un bout de temps qu’on a pas étés attaqués, mais même si l’avenir s’annonce pas rose, ça pourrait être bien pire non?

Il m’adressa un sourire quelque peu forcé et Mary nous héla du camion:

- Bon, vous vous pointez ou je viens vous chercher?

Nous nous dirigeâmes alors vers notre véhicule. Max avait trouvé quelques boîtes de conserve qui avaient roulé sous le comptoir, me dis t-il, et deux paquets de clopes. C’était ça le pire, les cigarettes. Difficile de tenir sans, et tellement rares…
Nous montâmes à l’avant, puis Mary démarra.

- Vous avez pris quelque chose?
- Des clopes et des conserves, j’ai aussi trouvé des bidons d’essence à l’arrière, tu pourras t’arrêter en passant Mary? J’ai pas pu les ramener.
- Pas de soucis.

Elle contourna le troquet par la droite et fit une manœuvre de façon à ce que la benne du camion se trouve face au garage. Elle enclencha la marche arrière puis s’arrêta. Max descendit, je le suivis, mais il tendit la main devant moi.

- T’inquiète, yen a deux-trois, pas besoin d’être deux pour ça.
- Bon, mais fait gaffe, ya pas assez de place à l’arrière pour deux bidons d’essence et un macchabé!
- Il me sourit et partit dans le garage abandonné.

Je refermai la portière et regardai Mary dans les yeux. Elle avait compris, Max était infecté. Sa façon de parler, de se déplacer, de respirer même… Il était devenu nonchalant, et on aurait dit qu’il était un grand asthmatique.

- J’y vais, me dit-elle.
- Fait vite, ils se métamorphosent de plus en plus vite en ces temps ci…

Elle chargea son Beretta et sortit du camion après un mouvement de la tête. Je fermai les yeux, puis attendit. J’en profitai pour faire le point… Comment en étions nous arrivés là…