Note de la fic : Non notée

Justice - Réécriture


Par : Mati07
Genre : Réaliste
Statut : En cours



Chapitre 12


Publié le 02/07/2017 à 13:58:25 par Mati07

[c]« Un homme se tient devant entre elle et moi, un couteau à la main. J'arrive dans son dos.
-Dépêche-toi de jeter tes fringues là-bas, je l'entends crier. Et grouille-toi ! ajoute-t-il en avançant son couteau.
Je comprends vite ce qui se passe. Elle me voit, et ses yeux apeurés me supplient et m'appellent au secours. J'avance lentement, sans bruit, et donne un coup derrière le genou de l'homme. Il est déstabilisé. Je l'attrape par le col et l'envoie tête la première contre le mur.
Anna se précipite vers moi, et je la prends brièvement dans mes bras pour la rassurer. Puis je me dirige vers l'autre qui tente de se relever. Je lui donne un coup de pied en plein visage, puis un autre tout aussi violent entre les jambes. Il gémit de douleur. Je l'attrape une nouvelle fois par le col et approche mon visage du sien.
-Si tu tentes encore quoi que ce soit, je menace dans un murmure en détachant chaque syllabe, si je vois encore une fois ta face de rat, je t'éclate le peu de couilles que t'as. C'est clair ?
Il hoche la tête avec un cri de peur. Il se relève et s'enfuit en courant. Je m'approche d'Anna et la serre doucement dans mes bras tandis qu'elle pleure sur mon épaule.

Jamais je n'aurais pensé que cet événement changerait autant ma vie. »
[/c]


Nous courons à vive allure en direction de la base de l'Ordre en bousculant les passants sur notre passage. Le cœur lourd après la perte de Sniper, nous sommes bien décidés à sauver le reste des Assassins.

-Ce vieux, je crie en haletant en direction d'Ombre, c'est qui dans la hiérarchie des Templiers ?
-Il s'appelle Baraos, répond-elle avec beaucoup de mépris dans la voix. On peut dire qu'il est un sous-chef et reçoit directement ses ordres du Grand Maître, Reynald.
-Quoi ?

Je m'arrête brusquement dans ma course, frappé de stupeur. Ombre s'arrête à son tour et se tourne vers moi, l'air interrogateur. Je serre les poings et essaye de ne pas trembler.

-Promets-moi une chose, je fulmine entre mes dents. Lorsque tu auras attrapé Baraos, avant de le tuer, fais-lui cracher l'endroit où se trouve Reynald.
-Il n'est pas si simple à débusquer, objecte-t-elle. Qu'est-ce qui te prend ?
-Je tuerai cet enfoiré de mes propres mains. Je ne le pardonnerai jamais.

Je sens mes ongles s'enfoncer dans la chair de mes paumes, je ne serais pas surpris de saigner. Ma haine – et celle d'Ombre – envers Baraos n'est rien comparée à celle que je ressens pour Reynald. Aucune haine n'est comparable à celle-là. C'est lui qui a foutu ma vie en l'air, et j'apprends qu'il est le chef des Templiers ? C'est à croire qu'il veut vraiment que je le tue... Et c'est ce que je ferais.

-Sabre..., commence Ombre d'une voix compatissante.
-Ça va. Allons-y.

Elle me regarde encore pendant quelques secondes, mais ne rajoute rien. Elle fait demi-tour et nous reprenons notre course. Elle me jette des regards inquiets. Finalement, elle et moi sommes assez semblables. Enfin, si le fait d'avoir eu nos vies détruites par des Templiers suffit à nous rendre similaires. Je pense qu'elle s'inquiète pour moi, en tout cas moi je m'inquiète pour elle. J'espère que son désir de vengeance envers Baraos ne la mènera pas à sa perte.
Nous arrivons enfin devant le QG et, à notre grand soulagement, nous ne voyons aucun signe des Templiers ou de la BAR. Nous montons sur le toit grâce à nos grappins et entrons par la trappe ; c'est encore le moyen le plus rapide pour atteindre le bureau de Patriarche. Nous enfonçons littéralement la porte de son bureau, faisant sursauter le chef. Ce dernier, rapide comme l'éclair, se redresse en sortant un pistolet, avant de nous reconnaître. Une seconde de plus, et il aurait tiré, j'en suis sûr.

-Sabre, Ombre, commence-t-il avec un certain soulagement dans la voix. Qu'est-ce que vous... Avez-vous des nouvelles d...
-Sniper est mort, annonce Ombre.
-Et les Templiers arrivent, j'ajoute avant que le chef comprenne ce qu'Ombre vient de dire. Ils connaissent l'emplacement du QG.

Ombre approuve en hochant vivement la tête. Patriarche devient livide et déglutit avec difficulté en nous regardant à tour de rôle. Nous lui laissons le temps d'assimiler ces nouvelles. Il se rassoit lentement, la tête dans les mains, et semble réfléchir à toute vitesse. La sueur commence à perler sur son front tandis qu'il se met à marmonner en fermant les yeux. Ombre et moi échangeons un regard inquiet. Il écarte d'une main tremblante quelques papiers sur son bureau en cherchant quelque chose et, après quelques secondes, il sort une enveloppe cachetée. Il regarde Ombre avec gravité en lui tendant.

-Nous allons devoir évacuer le QG, déclare-t-il pendant qu'Ombre range l'enveloppe dans son manteau. Vous connaissez la procédure, rendez-vous au lieu sécurisé le plus proche.

Ombre hoche la tête, m'attrape par le poignet et m'entraîne derrière elle. Un signal d'alarme s'allume dans les haut-parleurs tandis que nous déambulons dans les couloirs jusqu'au rez-de-chaussée. Des lumières rouges commencent à clignoter et nous donnent un air fantomatique. Cliché, sans doute, mais au moins ce signal est efficace.

-Ombre, pourquoi on n'est pas passés par la trappe du toit ?
-Car Patriarche est en train de la condamner ! Il ne faut pas que l'ennemi puisse nous encercler, et l'Ordre ne pourrait évacuer qu'au compte-gouttes si c'est l'entrée principale que nous condamnons.
-Je vois. Dépêchons-nous ! C'est quoi le lieu sécurisé le plus proche ?
-La demeure de Dame Élise, répond-elle. Mais nous devons d'abord sortir d'ici, et...

Une explosion retentit et secoue les murs. Je manque de trébucher mais Ombre resserre sa poigne autour de mon poignet et me tire vers elle. Au bout du couloir, une fumée noire s'élève de l'escalier et les murs commencent à se fissurer. Nous nous précipitons dans cette direction, et nous découvrons le hall du QG, pratiquement caché sous un écran de fumée. En plissant des yeux, j'en distingue l'origine : quelqu'un a littéralement fait sauter les portes d'entrée, qui sont maintenant encastrées dans les murs d'en face. Une troupe d'Assassins, maîtres et apprentis, se masse pour essayer de sortir, sans faire attention aux portes explosées. Ombre et moi suivons la foule et, par-dessus le brouhaha, nous ne tardons pas à entendre des clameurs de combat. La BAR est déjà ici.
Nous arrivons enfin à sortir. La neige a commencé à tomber et le sol est glissant, mais nous n'y prenons pas garde. Nous secourons tous les Assassins qui passent à notre portée, mais Ombre et moi sommes vite séparés. Un agent de la BAR se précipite vers moi, je dégaine mes épées et me tiens prêt, mais il s'arrête brusquement, les yeux posés sur mon manteau, et fais demi-tour. Je ne pensais pas être aussi intimidant, à moins... A moins qu'ils aient reçu des ordres spécifiques pour moi. Mais je n'ai rien de spécial comparé aux autres Assassins ! Je cherche Ombre, mais même avec ma Vision d'Aigle, je ne la trouve pas parmi ce méli-mélo de bleu et de rouge. Des hurlements et des cris de guerre résonnent dans mes oreilles alors que la bataille fait rage. Du coin de l’œil, je vois une aura dorée se frayer un chemin dans ma direction. Je ne sais pas si c'est encore un ordre ou non, mais un cercle se forme vite autour de moi, et de l'autre qui se révèle être... David.

-C'est un plaisir de te revoir, Sabre, lance-t-il. Cela fait désormais quelques mois que nous ne nous sommes pas vus.
-En effet. Et je me suis entraîné depuis, je ne suis plus aussi faible que la dernière fois ! je lui crie en me mettant en garde.

Il dégaine deux épées. Je crois d'abord qu'il va se battre ainsi, comme moi, mais il rapproche leurs pommeaux qui semblent se clipser entre eux. Une épée double. Super.

-Je te demanderais de m'excuser, continue-t-il. Je devais retenir mes coups lors de notre dernière rencontre car je n'avais pas ma deuxième épée. Mais maintenant, je n'ai plus aucune raison de le faire. J'espère que tu es prêt !

Sans prendre la peine de répondre, je m'élance vers lui.
Nous échangeons des coups rapides mais précis. Je suis heureux de voir que mon entraînement a porté ses fruits, je suis plus agile que la dernière fois. La bataille autour de nous n'existe plus ; il n'y a désormais que David et moi. Je prends de l'élan et fais mine de vouloir sauter au-dessus de lui, mais alors qu'il lève son arme, je fais une glissade et passe à côté de lui en visant son flanc. J'aurais réussi s'il n'avait pas dévié ma lame avec la garde de ses épées. Je me relève dans une roulade, et je sens quelque chose m’érafler la jambe. David se tourne vers un soldat qui a braqué son arme sur moi.

-Espèce d'abruti ! lui hurle-t-il. Connais-tu le sens d'un duel ? Quels étaient mes ordres ?!
-Je, euh..., bredouille l'autre.
-N'attaquez pas Sabre ! Je me charge de lui ! Compris ?
-Oui, Monsieur ! s'écrie l'autre en se détournant rapidement.
-Où en étions-nous ? reprend David en se tournant vers moi.

Il fait mine de donner un coup à ma droite, mais reviens aussitôt du côté gauche. Je l'ai vu venir et évite sa feinte avec facilité. Il fait un moulinet avant d'enchaîner sur un coup d'estoc. Je le pare, mais il donne un violent coup dans ma lame. Mon épée s'envole et atterrit sur le sol, plusieurs mètres plus loin. Je ne m'attendais pas à ça. Je resserre mon étreinte sur ma dernière épée dans ma main droite. Je m'élance, l'épée prête à frapper. Il se protège, non pas avec son arme, mais avec ses brassards. Je tire dessus avec mon grappin – Dieu merci, je suis devenu plus précis. D'un geste brusque, je lui fais écarter un bras, et je tente un coup d'estoc. Il esquive sur le côté, néanmoins j'entends quelque chose se déchirer.
Je fais une nouvelle roulade, face à l'entrée du QG, pour faire demi-tour. J'ai réussi à atteindre David sur le flanc gauche. Il essaye de panser sa plaie d'une main.

-Ça, c'est pour mon épaule, je lui lance.
-Attends-tu que je te donne un coup mortel pour faire de même ? me demande-t-il.

Il s'approche lentement. Je me relève et me tiens prêt. D'un coup, aussi rapide que l'éclair, il frappe entre la lame et la garde de mon épée, qui m'échappe des mains elle aussi. Et merde ! Me voilà désarmé face à mon ennemi juré. Sa vitesse soudaine m'a vraiment surpris, et ça m'a coûté cher. Il faut que je trouve quelque chose.
David sépare ses épées et les ramène près de lui.
Je n'ai plus que mon grappin et des bombes fumigènes. Je n'aurais pas le temps de viser, ni de saisir une bombe.
Il se tient prêt à faire un coup d'estoc.
Mon cœur s'accélère. C'est donc comme ça que je vais mourir ? Sans avoir rien pu faire ?
Une silhouette s'interpose.
Il frappe avec ses épées.

Des gouttes de sang épaisses tombent sur mon visage. Je ne ressens aucune douleur. Je lève lentement les yeux vers l'ombre qui me recouvre entièrement.

-Je ne te laisserais pas tuer mon plus grand espoir aussi facilement, rugis une voix rocailleuse au-dessus de ma tête.

Patriarche repousse David aussi facilement que s'il avait été un insecte sur son chemin. Il arrache les armes qui s'étaient plantées non loin de son cœur. Le Templier écarquille les yeux en le reconnaissant.

-Je ne pensais pas voir un jour le célèbre Patriarche. Malheureusement, ce n'est pas toi mon adversaire. Écartes-toi de mon chemin, je me chargerais de toi après.
-Je ne pensais pas que le Chevalier David serait aussi prétentieux, répond le Chef. Un jeune novice qui pense pouvoir me vaincre ? Ne surestime pas tes capacités, tu as encore trop de choses à apprendre.

Il s'approche de David en le surplombant d'une bonne tête et demie, et se penche vers lui d'un air menaçant.

-Les Assassins ne failliront jamais face à de si pitoyables Templiers.

Il se relève et se dirige au cœur de la bataille en laissant une traînée de sang derrière lui. Je ramasse l'une de mes épées en le regardant d'un œil inquiet, tandis que David récupère ses armes qui gisent là où se tenait Patriarche.

-Sabre, dit-il en se redressant avec un regard plein de colère. Je te conseille de bien observer l'issue de cette bataille. Elle nous montrera qui, des Assassins ou des Templiers, est capable de sauver le peuple. Malheureusement, continue-t-il en soupirant, je me vois contraint de mettre un terme à notre duel pour le moment.
-Bien sûr, je lui réponds. La prochaine fois, je t'infligerai la blessure mortelle que tu désires tant.

Il a un léger sourire.

-Nous verrons cela.

Il se retourne et disparaît dans la foule des combattants. Cette dernière semble se taire progressivement en regardant quelque chose dans mon dos avec des yeux ronds. Je me retourne pour découvrir Patriarche au milieu des combats, les dominant de toute sa taille. Une dizaine de soldats de la BAR se détachent des Assassins qu'ils affrontaient pour se ruer sur lui. Il sort un pistolet et tire dans la tête de chacun d'eux, sans en rater un seul. Une fois son arme déchargée sur d'autres soldats, il jette l'arme, dégaine une immense épée bâtarde et envoie valser tous les agents des Templiers à sa portée dans des jets de sang.

-Écoutez-moi, Assassins ! mugit-il. Ne perdez pas de temps à vous battre ici ! Vous devez fuir et survivre ! Avec vous survivra le Credo, vous perpétuerez l'Ordre !

Sa voix résonne dans la rue, mais l'écho est vite étouffé par des coups de feu. Patriarche tombe, un genou au sol, le torse en sang. Il lève la tête et regarde dans les yeux chacun des hommes qui viennent de lui tirer dessus. Ils comprennent vite qu'ils viennent de faire la dernière, et la pire, erreur de leur vie. Patriarche crache du sang, mais il se relève comme si les trous dans sa poitrine n'étaient que des piqûres de moustique. Il lève à nouveau son épée pour leur donner un coup puissant.

-Sabre, murmure une voix à mon oreille. Viens, il faut partir.

Je me retourne pour découvrir Ombre. Elle a l'air d'aller bien, mis à part une coupure sur son front. Elle et d'autres Assassins se chargent de faire partir ceux qui, comme moi, étaient obnubilés par l'affrontement entre Patriarche et la BAR entière.

-Nous ne pouvons pas le laisser seul face...
-Ce sont ses ordres, coupe-t-elle. Il a fait son choix.
-Qu'est-ce que ça veut dire ? je lui demande avec un regard lourd.
-Tu comprendra. Suis-moi.

Elle m'attrape une nouvelle fois par le bras et me force à quitter la bataille. Mais je ne peux pas quitter des yeux notre Chef, si bien que je dois marcher à reculons, guidé par Ombre.
Son buste est maintenant entièrement déchiqueté, et je ne parle pas seulement de ses vêtements. Son sang recouvre le sol, mais il a envoyé à terre une bonne moitié des agents de la BAR. À chaque coup d'épée qu'il donne, au moins quatre soldats sont éliminés. Des déflagrations incessantes me vrillent les tympans, mais ce n'est rien comparé à la douleur que doit ressentir Patriarche. Il pose plusieurs fois un genou à terre, mais il se relève vite comme si de rien n'était. Des soldats d'élite forment un rang devant lui, portant des fusils qui me sont inconnus. Ils les braquent vers le Chef. Ce dernier, aussi rapide que la lumière, fait un vif moulinet avec son épée et tranche la tête des quatre soldats d'un coup, aussi facilement que s'il tranchait du beurre. Il s'apprête à donner un coup au dernier, mais il se fige soudain.
Je ne comprends pas ce qui se passe. L'autre a-t-il tiré ? Est-ce que ce fusil sert à paralyser les gens ? Patriarche tombe à genoux, mais cette fois il ne se relève pas. Alors, je la vois. Brillante, rougeoyant du sang de notre chef, la lame d'une épée a transpercé son cœur. Quelqu'un l'a frappé dans son dos. La lame se retire et, après quelques secondes, je vois apparaître un homme qui vient faire face à Patriarche, épée à la main. Je reconnais Baraos.

-Il était temps que j'arrive, je l'entends dire. Un peu plus, et tu arrivais à décimer nos soldats.
-Il ne fallait pas me prendre à la légère, répond Patriarche.
-En effet. Et maintenant, regardes-toi : un véritable cadavre vivant. Combien de temps vas-tu encore tenir en versant autant de sang ?
-Aussi longtemps qu'il le faudra pour sauver l'Ordre.
-Mais l'Ordre est fini, continue l'autre d'un ton doux et menaçant. En réalité, son existence même est une erreur.
-Au contraire. Ce sont les Templiers qui nous ont créés, car nous devons vous empêcher de vous emparer du monde. Si notre existence est une erreur, la vôtre l'est tout autant.

Il pose une main sur Baraos, qui est obligé de se pencher sous son poids. Patriarche hurle alors :

-Les Templiers ne contrôleront jamais la population tant qu'il y aura un Assassin pour leur tenir tête !

Il plante son regard dans celui de Baraos. Je ne vois pas son visage, mais je suis sûr que ce dernier sourit. Alors, lentement, pendant que son sang s'écoule entre les pavés du sol, Patriarche ferme doucement les yeux, et après quelques secondes, sa main glisse de l'épaule du Templier tandis qu'il pousse son dernier soupir. Ainsi est mort le chef de l'Ordre des Assassins de Paris.


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