Nos dimanches là.
Par : Salmanzare
Genre : Sentimental , Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 1
Nos Dimanches là.
Publié le 29/12/16 à 15:40:29 par Salmanzare
- J’ai compris pourquoi j’aimais pas pisser assis.
- Ça te dispensera pas de le faire chez moi quand même David.
- Parce que quand je m’assois, j’ai le bout de mon pénis qui tapote contre le bord froid de la faïence des chiottes.
- Est-ce que c’est une façon détournée de me dire que t’as un gros pénis ?
- Et quand ça m’arrive, je peux pas m’empêcher de me demander combien d’autres pénis ont pu tapoter cette surface nacrée. J’imagine le nombre de gens qui ont défilé dans cet appartement depuis qu’il existe. Tu te rends compte du nombre de pénis que ça peut faire ? Des centaines de pénis ! Des milliers peut-être. Et il est possible que certains de ces personne soient même mortes à présent ! Ce qui veut dire que l’espace d’un instant, mon pénis entre en contact avec celui d’un mort.
- C’est trop bizarre de dire ça. C’est le cas pour chaque objet du coup. Vous les gars vous passez votre temps à vous toucher la bite et ensuite mettre vos doigts partout. Si tu vas par là, tout a été en contact interposé avec un pénis un jour. Résultat des courses, tu pisses assis chez moi.
Je souris et reprends un peu de café. J’aime bien les débuts de dimanche chez Julie. Ils sont doux et me font plus de bien que je ne lui avoue. Elle, elle fait mine de pas sentir les effluves alcoolisés qui émane de mon haleine. Ni le tabac froid qui empeste mes vêtements. Ni mes yeux rouges. Julie dit rien, elle est là. Le dimanche, ça me suffit.
- Est-ce que tu veux du sucre David ?
- Jamais.
- Je sais.
- Alors pourquoi tu demandes à chaque fois ?
- Pour le jour où t’en voudras. Comme ça t’auras pas besoin de réclamer.
A son tour de sourire. Dans la lumière matinale, elle est belle. Elle se penche vers sa tasse et sa cascade de cheveux bouclés vient masquer son visage. A l’intérieur son chien aboie deux fois. Il aboie toujours deux fois, jamais plus. Julie ouvre la porte vitrée et le laisse nous rejoindre sur le balcon.
- Dis rien David. Je sais que tu vas dire que t’aimes pas les animaux. Mais je sais aussi que c’est pas vrai. Si je vais dans la cuisine chercher des gâteaux, tu vas en profiter pour le caresser.
- Il a l’air demeuré ce chien Jules.
Elle lève les yeux au ciel puis repose son regard sur Paris qui s’éveille lentement. Sa montre indique 6h15. Je me dis qu’elle est chouette de m’accueillir chaque dimanche matin chez elle. Dans moins d’une heure elle partira travailler pendant que j’irais m’effondrer chez moi pour cuver les excès d’une semaine de laisser-aller. Comme toutes les semaines tente de glisser une petite voix dans ma tête. J’essaye de pas l’écouter.
Julie dit rien. Moi non plus. J’aime ces moments de vide où tout s’arrête enfin. Le chien aboie encore deux fois. Toujours content, toujours demeuré. Je me demande si c’est aussi simple que ça d’être un chien. Moi j’ai une chienne de vie. Julie pose sa main sur mon bras.
- Ça va aller David.
Je hausse les épaules. Pourquoi ça irait pas ? Elle continue de sourire. Tout le temps. Je me demande si parfois son étincelle s’éteint et si alors, elle pleure seule dans le noir. Dans des moments où je suis jamais là et où, pendant ce temps, je bois. Je la vois toujours lumineuse, la main sur le cœur et prête à répondre à tout instant. Je fais quoi moi pour elle ?
- Ça va Jules. Ça va.
- Comment sont tes amours en ce moment ?
Je reprends une gorgée de café. Amer soudainement. Je demande pas de sucre.
- Et les tiennes Jules ?
- Tu peux pas esquiver les questions par d’autres à chaque fois.
Je réfléchis. Pourquoi elle préfère qu’on l’appelle Jules ? C’est quand même masculin à la base Jules. Mais c’est vrai que ça lui va bien avec son côté guerrier.
- J’arrête l’amour. Je tombe toujours sur des connasses.
- C’est parce que tu veux tout, et tout de suite. Ça leur fait peur.
- Je veux pas tout. Ce sont juste des connasses.
- T’as encore choisi une actrice toi ! Je t’ai dit d’arrêter les actrices.
- C’était pas une actrice.
- Ah oui ? elle faisait quoi ?
- Serveuse !
- Juste serveuse David ?
- Bon, elle voulait aussi être écrivaine.
- C’est pareil !
- Je me demande si toutes les serveuses parisiennes sont des artistes ? Faut être serveur pour devenir artiste ?
- Je sais pas David. Mais est-ce que t’as remarqué que quasiment tous les serveurs ressemblent à Gérard Jugnot ? Comme si c’était une des qualités à avoir lors de l’entretien. Ressemble à Gérard Jugnot et t’auras le poste.
On se marre. Et je sais que la conversation va dévier et que j’aurais la paix. J’aime pas parler de mes sentiments. Mais Julie continue de me regarder.
- Franchement David, pourquoi ça a pas marché avec la dernière. Elle était chouette pourtant. Qu’est-ce que t’as foutu encore ?
Je pince mes lèvres et regarde ailleurs. Parce qu’elle était pas comme toi Jules j’ai envie de dire. Mais je dis rien. Je pince juste mes lèvres en perdant mon regard vers un Paris de plus en plus bruyant. On voit que ça commence à gesticuler dans les grandes artères. Ça bouillonne de partout. Un jour ça va exploser c’est sûr. On dirait une grosse marmite qui tremble. Y a trop de chose dedans pour qu’on puisse laisser le couvercle dessus. Le jour où ça va déborder, ça sera pas beau. Je raconte ça pour changer de conversation. Elle écoute, sérieuse. Presque triste par moment.
- Tu sais que tu parles pas de Paris David ?
Je comprends pas ce qu’elle veut dire. Je dis que si, c’est de Paris dont je parle. Elle dit que non avec une gentillesse tout douce. Comme si elle voulait pas me froisser. J’ai un haut le cœur soudain. L’alcool de la veille qui remonte un peu trop brusquement, j’ai peut-être un peu forcé sur l’absinthe. Ma tête tourne.
- T’aurais un verre d’eau Jules ?
Elle disparaît vers la cuisine. Le chien aboie. Deux fois. Et moi je lui caresse la tête en me disant qu’il est joli. Il s’assoit à côté de mes pieds et Julie revient. Elle me tend le verre d’eau avec un cachet.
- J’en ai pas besoin.
- Franchement David.
Je ferme ma gueule et avale le doliprane dans une longue gorgée. Elle caresse le chien à son tour et regarde sa montre. Elle me dit qu’elle va devoir y aller bientôt. Je dis que moi aussi de toute façon. Je me dirige vers les toilettes. La tête tourne toujours. Une légère envie de vomir. Ça va passer. Ça passe toujours. Je baisse mon pantalon et je m’assois. Mon pénis tapote la faïence. Combien de gens ? Je me lave les mains et revient vers Jules.
- J’ai pissé debout.
- T’es pas croyable. Vous en foutez toujours partout vous les garçons…
Je me marre comme un môme qui vient de faire une bêtise.
- Allez, casse-toi David. Je vais prendre une douche avant d’aller bosser.
Je lui fais la bise.
- Fais attention à toi David hein.
- Ouais. Toi aussi.
- Si ça va pas, appelle moi.
A ce moment, j’ai envie de la serrer dans mes bras. Lui dire que tout va bien. Et que je suis là aussi. Que sa vie va être magnifique. Qu’un jour tout sera possible et que tout ira bien. Que j’ai pas mal. Et que j’espère elle non plus. Que dehors il fait beau. Que tout s’arrange. Toujours.
Mais j’aime pas trop parler. Alors je dis rien. Je souris.
- A dimanche, je dis.
- Ça te dispensera pas de le faire chez moi quand même David.
- Parce que quand je m’assois, j’ai le bout de mon pénis qui tapote contre le bord froid de la faïence des chiottes.
- Est-ce que c’est une façon détournée de me dire que t’as un gros pénis ?
- Et quand ça m’arrive, je peux pas m’empêcher de me demander combien d’autres pénis ont pu tapoter cette surface nacrée. J’imagine le nombre de gens qui ont défilé dans cet appartement depuis qu’il existe. Tu te rends compte du nombre de pénis que ça peut faire ? Des centaines de pénis ! Des milliers peut-être. Et il est possible que certains de ces personne soient même mortes à présent ! Ce qui veut dire que l’espace d’un instant, mon pénis entre en contact avec celui d’un mort.
- C’est trop bizarre de dire ça. C’est le cas pour chaque objet du coup. Vous les gars vous passez votre temps à vous toucher la bite et ensuite mettre vos doigts partout. Si tu vas par là, tout a été en contact interposé avec un pénis un jour. Résultat des courses, tu pisses assis chez moi.
Je souris et reprends un peu de café. J’aime bien les débuts de dimanche chez Julie. Ils sont doux et me font plus de bien que je ne lui avoue. Elle, elle fait mine de pas sentir les effluves alcoolisés qui émane de mon haleine. Ni le tabac froid qui empeste mes vêtements. Ni mes yeux rouges. Julie dit rien, elle est là. Le dimanche, ça me suffit.
- Est-ce que tu veux du sucre David ?
- Jamais.
- Je sais.
- Alors pourquoi tu demandes à chaque fois ?
- Pour le jour où t’en voudras. Comme ça t’auras pas besoin de réclamer.
A son tour de sourire. Dans la lumière matinale, elle est belle. Elle se penche vers sa tasse et sa cascade de cheveux bouclés vient masquer son visage. A l’intérieur son chien aboie deux fois. Il aboie toujours deux fois, jamais plus. Julie ouvre la porte vitrée et le laisse nous rejoindre sur le balcon.
- Dis rien David. Je sais que tu vas dire que t’aimes pas les animaux. Mais je sais aussi que c’est pas vrai. Si je vais dans la cuisine chercher des gâteaux, tu vas en profiter pour le caresser.
- Il a l’air demeuré ce chien Jules.
Elle lève les yeux au ciel puis repose son regard sur Paris qui s’éveille lentement. Sa montre indique 6h15. Je me dis qu’elle est chouette de m’accueillir chaque dimanche matin chez elle. Dans moins d’une heure elle partira travailler pendant que j’irais m’effondrer chez moi pour cuver les excès d’une semaine de laisser-aller. Comme toutes les semaines tente de glisser une petite voix dans ma tête. J’essaye de pas l’écouter.
Julie dit rien. Moi non plus. J’aime ces moments de vide où tout s’arrête enfin. Le chien aboie encore deux fois. Toujours content, toujours demeuré. Je me demande si c’est aussi simple que ça d’être un chien. Moi j’ai une chienne de vie. Julie pose sa main sur mon bras.
- Ça va aller David.
Je hausse les épaules. Pourquoi ça irait pas ? Elle continue de sourire. Tout le temps. Je me demande si parfois son étincelle s’éteint et si alors, elle pleure seule dans le noir. Dans des moments où je suis jamais là et où, pendant ce temps, je bois. Je la vois toujours lumineuse, la main sur le cœur et prête à répondre à tout instant. Je fais quoi moi pour elle ?
- Ça va Jules. Ça va.
- Comment sont tes amours en ce moment ?
Je reprends une gorgée de café. Amer soudainement. Je demande pas de sucre.
- Et les tiennes Jules ?
- Tu peux pas esquiver les questions par d’autres à chaque fois.
Je réfléchis. Pourquoi elle préfère qu’on l’appelle Jules ? C’est quand même masculin à la base Jules. Mais c’est vrai que ça lui va bien avec son côté guerrier.
- J’arrête l’amour. Je tombe toujours sur des connasses.
- C’est parce que tu veux tout, et tout de suite. Ça leur fait peur.
- Je veux pas tout. Ce sont juste des connasses.
- T’as encore choisi une actrice toi ! Je t’ai dit d’arrêter les actrices.
- C’était pas une actrice.
- Ah oui ? elle faisait quoi ?
- Serveuse !
- Juste serveuse David ?
- Bon, elle voulait aussi être écrivaine.
- C’est pareil !
- Je me demande si toutes les serveuses parisiennes sont des artistes ? Faut être serveur pour devenir artiste ?
- Je sais pas David. Mais est-ce que t’as remarqué que quasiment tous les serveurs ressemblent à Gérard Jugnot ? Comme si c’était une des qualités à avoir lors de l’entretien. Ressemble à Gérard Jugnot et t’auras le poste.
On se marre. Et je sais que la conversation va dévier et que j’aurais la paix. J’aime pas parler de mes sentiments. Mais Julie continue de me regarder.
- Franchement David, pourquoi ça a pas marché avec la dernière. Elle était chouette pourtant. Qu’est-ce que t’as foutu encore ?
Je pince mes lèvres et regarde ailleurs. Parce qu’elle était pas comme toi Jules j’ai envie de dire. Mais je dis rien. Je pince juste mes lèvres en perdant mon regard vers un Paris de plus en plus bruyant. On voit que ça commence à gesticuler dans les grandes artères. Ça bouillonne de partout. Un jour ça va exploser c’est sûr. On dirait une grosse marmite qui tremble. Y a trop de chose dedans pour qu’on puisse laisser le couvercle dessus. Le jour où ça va déborder, ça sera pas beau. Je raconte ça pour changer de conversation. Elle écoute, sérieuse. Presque triste par moment.
- Tu sais que tu parles pas de Paris David ?
Je comprends pas ce qu’elle veut dire. Je dis que si, c’est de Paris dont je parle. Elle dit que non avec une gentillesse tout douce. Comme si elle voulait pas me froisser. J’ai un haut le cœur soudain. L’alcool de la veille qui remonte un peu trop brusquement, j’ai peut-être un peu forcé sur l’absinthe. Ma tête tourne.
- T’aurais un verre d’eau Jules ?
Elle disparaît vers la cuisine. Le chien aboie. Deux fois. Et moi je lui caresse la tête en me disant qu’il est joli. Il s’assoit à côté de mes pieds et Julie revient. Elle me tend le verre d’eau avec un cachet.
- J’en ai pas besoin.
- Franchement David.
Je ferme ma gueule et avale le doliprane dans une longue gorgée. Elle caresse le chien à son tour et regarde sa montre. Elle me dit qu’elle va devoir y aller bientôt. Je dis que moi aussi de toute façon. Je me dirige vers les toilettes. La tête tourne toujours. Une légère envie de vomir. Ça va passer. Ça passe toujours. Je baisse mon pantalon et je m’assois. Mon pénis tapote la faïence. Combien de gens ? Je me lave les mains et revient vers Jules.
- J’ai pissé debout.
- T’es pas croyable. Vous en foutez toujours partout vous les garçons…
Je me marre comme un môme qui vient de faire une bêtise.
- Allez, casse-toi David. Je vais prendre une douche avant d’aller bosser.
Je lui fais la bise.
- Fais attention à toi David hein.
- Ouais. Toi aussi.
- Si ça va pas, appelle moi.
A ce moment, j’ai envie de la serrer dans mes bras. Lui dire que tout va bien. Et que je suis là aussi. Que sa vie va être magnifique. Qu’un jour tout sera possible et que tout ira bien. Que j’ai pas mal. Et que j’espère elle non plus. Que dehors il fait beau. Que tout s’arrange. Toujours.
Mais j’aime pas trop parler. Alors je dis rien. Je souris.
- A dimanche, je dis.
30/12/16 à 10:29:53
Encore un bien joli tableau que tu nous décris là, Salmanzare
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