Les arbres n'ont jamais existé
Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 2
Publié le 23/06/16 à 16:51:42 par Loiseau
La faim me tenaille. Je sors de mon sac à dos une barre « énergétique » et en déchire le papier immaculé. Tout en mâchonnant tristement l’assemblage de céréales de synthèse et d’exhausteurs de goût, je m’efforce de ne pas penser à l’impact que cette saleté aura plus tard sur ma santé. J’ai entendu dire que la société Déli’Cieux (la gourmandise au goût de Paradis !) avait reçu de nombreuses plaintes concernant leurs barres de céréales qui entraineraient « selon des groupuscules d’excités écofascistes » une paralysie progressive du système nerveux en cas de consommation régulière. Bien entendu, aucune suite n’a été donnée à ces plaintes et Déli’Cieux (la tentation qui déchoie les anges !) reste le plus gros fabricant de pâtisseries, sucreries et autres friandises en tous genres. Le seul avantage que présentent ces saloperies, c’est qu’elles remplissent efficacement l’estomac et que le taux hallucinant de caféine présent dedans permet de tenir une journée entière sans se reposer un instant, ni manger quoi que ce soit d’autre. Et tout ça sans le moindre apport nutritif, une vraie révolution.
Après avoir terminé mon Déli’Cieux (le péché originel !), je plie soigneusement l’emballage et le remet dans mon sac. Le monde a beau être couvert de béton, je ne vois pas pourquoi je le polluerais plus encore. Sous mes yeux défilent des hectares gris desquels se détachent parfois d’immenses bâtiments cubiques, abritant sans doute des laboratoires où des centaines de scientifiques s’acharnent à trouver de nouvelles méthodes de synthétisation des aliments. Si l’ersatz d’air que nous respirons ne nous tue pas, la pseudo-nourriture qu’on nous sert le fera. Je vois aussi des centrales nucléaires, crachant paisiblement leurs fumées nauséabondes. Et, parfois, au milieu de tas de déchets, de petites silhouettes noires qui s’agitent. D’elles je ne sais rien, je ne peux qu’essayer de deviner.
Les propos de l’enfant me restent en tête. Qu’est-ce que j’espère ? J’ai la conviction que les arbres existent encore, quelque part. Que le monde n’a pas pu être intégralement recouvert de béton. Une fois, une rumeur est venue à mes oreilles, disant que certains pays avaient bâtis des murs immenses autour des zones forestières. Des murs sans portes, sans fenêtres, épais et indestructibles, lisses. De véritables forteresses coupant l’accès à la Nature, et où seuls quelques richissimes privilégiés peuvent pénétrer. Mais alors qu’est-ce que j’espère ? Quand bien même ces murs existent, comment les franchir ? Et s’ils n’existent pas, où se trouvent les arbres ? Je sais que le monde n’est pas intégralement recouvert de villes et de béton. Je sais que certains pays se sont contentés d’irradier les sols pour empêcher quoi que ce soit de pousser et qu’il ne reste que de la terre brûlée et à jamais stérile… Mais, bordel, dans ces conditions, qu’est-ce que j’espère ? Je ne sais pas où je vais, ni où je devrais aller. Soupirant, je sors une bouteille d’eau de mon sac et en boit une longue gorgée. Elle a un goût d’aluminium.
Le train finit par s’arrêter après cinq heures de trajet cahotant. Je jette un coup d’œil prudent par la porte coulissante du wagon, nous sommes au milieu de nulle part. Une autoroute aérienne désaffectée tranche de son gris clair le gris sombre du paysage. Il n’y a rien d’autre qu’une gare, ancienne celle-là, toute en briques rouges. C’est comme une tâche de sang au milieu d’un cauchemar. Vérifiant qu’il n’y a personne en vue, je descends du train, ressentant le besoin inextinguible de me dégourdir les jambes. Des bruits de voix résonnent vers l’avant du train, comme une dispute. Je me glisse doucement vers l’arrière du bâtiment de briques et en profite pour uriner près d’une poubelle en fer couverte de rouille. Et maintenant, je fais quoi ? Le train va probablement se remettre en route d’une minute à l’autre, mais je ne me sens pas le courage de repartir pour plusieurs heures d’attente, de voyage inconfortable et d’odeur d’essence, le tout entouré d’armes. Le poids du revolver volé plus tôt leste toujours mon sac et ma conscience. J’hésite un instant à m’en débarrasser mais un bruit de verre brisé, suivi d’une flopée de jurons, interrompt mon dilemme intérieur. Je me recroqueville près de la poubelle, regrettant d’avoir eu à m’en servir comme sanitaire quelques minutes plus tôt. Une voix de femme s’échappe d’une fenêtre proche, criant dans une langue que je ne connais pas, nouveau bruit de verre cassé, un homme à la voix monotone répond aux hurlements en français. Un semblant de dialogue s’installe entre la femme (elle parle allemand ? Je n’en suis pas sûr) et l’homme à la voix monotone. Tous deux semblent se comprendre, bien qu’ils s’expriment en deux langages différents. Je ne comprends que quelques bribes de mots, la discussion étant majoritairement couverte par le bruit d’un compteur électrique proprement antique. Après quelques minutes, une porte claque violemment et le train ne tarde pas à se remettre en marche. Je me relève péniblement et m’approche de la fenêtre… pour me trouver nez à nez avec la femme qui était, probablement, à l’origine des cris. Elle sursaute et pousse un gémissement exaspéré. J’hésite entre m’enfuir ou tenter de m’expliquer. La voir soudainement brandir un fusil dans ma direction exclut rapidement la première option. Je lève les mains bien haut.
- Wer bist du ?
- Pardon ?
- Französisch ?
- Je… Euh… Oui, je suis français.
- Et tu parles pas allemand, hein ?
- Je… Non.
Elle parle vite et j’ai du mal à la comprendre, son accent n’arrangeant rien. Je prends un court instant pour la détailler. Elle doit avoir une quarantaine d’années et un visage rappelant un faciès de rapace. Son nez proéminent et ses yeux jaunes y sont pour beaucoup. Ses cheveux noirs striés de gris sont tirés en arrière en un chignon extrêmement serré, elle semble porter une robe noire dont je ne vois que le haut. Une broche très travaillée orne son sein gauche, je n’arrive pas à distinguer ce qu’elle représente.
- Tu veux quoi ? demande-t-elle. Tu es passager clandestin ? Immigré ? Criminel ?
- Non… Je voyage.
- Où tu voyages ? Tu as juste sac à dos. Pas arme, chaussures en mauvais état… Tu as de l’eau au moins ?
- J’ai trois bouteilles. Et, sans vouloir vous vexer, je me sentirais mieux si vous baissiez votre arme.
- Donne ton sac par la fenêtre, fais le tour de la maison, entre. Je fais du café.
Elle tend la main avec autorité, fusil toujours brandi, et je n’ai d’autre choix que de lui donner mon sac, priant tous les saints pour qu’elle me le rende et, surtout, qu’elle ne fouille pas dedans. Après l’avoir récupéré, elle baisse son arme et me fait signe de bouger. D’un pas rapide, je fais le tour de la bâtisse et entre par la porte principale. Je note qu’elle a visiblement été enfoncée. L’homme de tout à l’heure ? L’allemande m’attend dans le couloir d’entrée. Elle n’a pas lâché son fusil, qui pend le long de son bras en un prolongement létal. Une odeur étrange flotte dans la maison. La femme me fait signe de la suivre jusqu’à la cuisine, là où nous avons discuté à travers la fenêtre. Je comprends rapidement que l’odeur étrange émane de la cafetière posée sur un réchaud à gaz. La femme pose son fusil sur la table, à côté de mon sac, et m’invite à m’asseoir. J’obtempère.
- Bon, commence-t-elle, tu vas expliquer qui tu es. Si j’aime pas, je tue. Ça commence à bien faire les hommes qui invitent eux-mêmes chez moi !
- Je suis un voyageur, je traverse le pays en train… clandestinement. Je suis vraiment désolé de m’être introduit sur votre terrain mais je…
- Tssss, tu parles trop. Donne ton nom, vite.
Je le lui donne.
- Bien ! Moi c’est Hilda. Enfin, pas vraiment, mais tu vas m’appeler comme ça. T’as nom trop français pour être vrai, alors je donne nom trop allemand pour être vrai. Ja ?
Je hoche la tête, ne sachant pas trop quoi répondre.
- Et vous… Vous vivez seule ici, Hilda ?
- Ja. Pas besoin famille, pas besoin amis, besoin fusil et café. Tiens, va chercher trois tasses dans le meuble.
- Trois tasses ?
- Trois tasses.
Je me lève et obéis. Les tasses sont ébréchées et n’ont pas l’air très propres, je les pose sur la table mais reste debout, au cas où d’autres ordres arriveraient.
- Assis.
Assis, alors. Je me sens dans une position d’extrême faiblesse. Mon arme est dans mon sac, et je ne sais de toute façon pas m’en servir. Hilda, ou quel que soit son vrai nom, a son fusil à portée de main et à l’air de savoir l’utiliser de manière quasi-militaire. Si l’envie lui prend de me trouer la peau, rien ne pourra l’en empêcher.
L’allemande se lève et va chercher la cafetière sur le réchaud avant de remplir les trois tasses d’un liquide noir d’encre. L’odeur en est devenue franchement inquiétante et je me demande si je ne ferais pas mieux de m’abstenir d’en boire. Je profite du silence pour regarder autour de moi. La pièce est assez petite et très sombre, malgré la fenêtre. Le seul élément de décoration au milieu de cette cuisine est un calendrier de la police jauni, vieux d’une cinquantaine d’années. C’est comme si Hilda s’était installée ici sans chercher à modifier quoi que ce soit.
- Bois. Il pue mais il est bon.
Je goûte le breuvage et manque de m’étouffer. Il est extrêmement amer et a un goût radicalement différent du café habituellement vendu dans les centres commerciaux. Hilda sourit, ce qui tord son visage de manière malsaine.
- Alors petit. Pourquoi tu voyages comme ça ? Tu cherches quelque chose ?
J’hésite un instant. Sans m’en rendre compte je me suis retrouvé en Allemagne le temps d’un voyage en train (du moins je suppose que je suis en Allemagne), et me voilà à discuter avec une parfaite inconnue qui m’a menacé avec une arme avant de me servir du « café ». D’un autre côté, c’est sans doute la personne la plus originale que j’ai rencontré jusqu’à présent. Je décide de jouer la carte de la prudence, cependant.
- Non, j’ai seulement envie d’explorer le monde… Très bon votre café, au fait.
- Tu mens pour exploration et pour café. Le café comme ça, tu l’as jamais goûté. C’est parce que c’est pas ersatz dégoutant. C’est du vrai café.
Je reste interdit quelques instants. Du vrai café ?
- Et tu as une quête. J’ai fouillé ton sac rapidement. J’ai vu la vidéo.
Je sens mon sang se glacer dans mes veines. Jamais je n’aurais dû emporter la vidéo avec moi.
Après avoir terminé mon Déli’Cieux (le péché originel !), je plie soigneusement l’emballage et le remet dans mon sac. Le monde a beau être couvert de béton, je ne vois pas pourquoi je le polluerais plus encore. Sous mes yeux défilent des hectares gris desquels se détachent parfois d’immenses bâtiments cubiques, abritant sans doute des laboratoires où des centaines de scientifiques s’acharnent à trouver de nouvelles méthodes de synthétisation des aliments. Si l’ersatz d’air que nous respirons ne nous tue pas, la pseudo-nourriture qu’on nous sert le fera. Je vois aussi des centrales nucléaires, crachant paisiblement leurs fumées nauséabondes. Et, parfois, au milieu de tas de déchets, de petites silhouettes noires qui s’agitent. D’elles je ne sais rien, je ne peux qu’essayer de deviner.
Les propos de l’enfant me restent en tête. Qu’est-ce que j’espère ? J’ai la conviction que les arbres existent encore, quelque part. Que le monde n’a pas pu être intégralement recouvert de béton. Une fois, une rumeur est venue à mes oreilles, disant que certains pays avaient bâtis des murs immenses autour des zones forestières. Des murs sans portes, sans fenêtres, épais et indestructibles, lisses. De véritables forteresses coupant l’accès à la Nature, et où seuls quelques richissimes privilégiés peuvent pénétrer. Mais alors qu’est-ce que j’espère ? Quand bien même ces murs existent, comment les franchir ? Et s’ils n’existent pas, où se trouvent les arbres ? Je sais que le monde n’est pas intégralement recouvert de villes et de béton. Je sais que certains pays se sont contentés d’irradier les sols pour empêcher quoi que ce soit de pousser et qu’il ne reste que de la terre brûlée et à jamais stérile… Mais, bordel, dans ces conditions, qu’est-ce que j’espère ? Je ne sais pas où je vais, ni où je devrais aller. Soupirant, je sors une bouteille d’eau de mon sac et en boit une longue gorgée. Elle a un goût d’aluminium.
Le train finit par s’arrêter après cinq heures de trajet cahotant. Je jette un coup d’œil prudent par la porte coulissante du wagon, nous sommes au milieu de nulle part. Une autoroute aérienne désaffectée tranche de son gris clair le gris sombre du paysage. Il n’y a rien d’autre qu’une gare, ancienne celle-là, toute en briques rouges. C’est comme une tâche de sang au milieu d’un cauchemar. Vérifiant qu’il n’y a personne en vue, je descends du train, ressentant le besoin inextinguible de me dégourdir les jambes. Des bruits de voix résonnent vers l’avant du train, comme une dispute. Je me glisse doucement vers l’arrière du bâtiment de briques et en profite pour uriner près d’une poubelle en fer couverte de rouille. Et maintenant, je fais quoi ? Le train va probablement se remettre en route d’une minute à l’autre, mais je ne me sens pas le courage de repartir pour plusieurs heures d’attente, de voyage inconfortable et d’odeur d’essence, le tout entouré d’armes. Le poids du revolver volé plus tôt leste toujours mon sac et ma conscience. J’hésite un instant à m’en débarrasser mais un bruit de verre brisé, suivi d’une flopée de jurons, interrompt mon dilemme intérieur. Je me recroqueville près de la poubelle, regrettant d’avoir eu à m’en servir comme sanitaire quelques minutes plus tôt. Une voix de femme s’échappe d’une fenêtre proche, criant dans une langue que je ne connais pas, nouveau bruit de verre cassé, un homme à la voix monotone répond aux hurlements en français. Un semblant de dialogue s’installe entre la femme (elle parle allemand ? Je n’en suis pas sûr) et l’homme à la voix monotone. Tous deux semblent se comprendre, bien qu’ils s’expriment en deux langages différents. Je ne comprends que quelques bribes de mots, la discussion étant majoritairement couverte par le bruit d’un compteur électrique proprement antique. Après quelques minutes, une porte claque violemment et le train ne tarde pas à se remettre en marche. Je me relève péniblement et m’approche de la fenêtre… pour me trouver nez à nez avec la femme qui était, probablement, à l’origine des cris. Elle sursaute et pousse un gémissement exaspéré. J’hésite entre m’enfuir ou tenter de m’expliquer. La voir soudainement brandir un fusil dans ma direction exclut rapidement la première option. Je lève les mains bien haut.
- Wer bist du ?
- Pardon ?
- Französisch ?
- Je… Euh… Oui, je suis français.
- Et tu parles pas allemand, hein ?
- Je… Non.
Elle parle vite et j’ai du mal à la comprendre, son accent n’arrangeant rien. Je prends un court instant pour la détailler. Elle doit avoir une quarantaine d’années et un visage rappelant un faciès de rapace. Son nez proéminent et ses yeux jaunes y sont pour beaucoup. Ses cheveux noirs striés de gris sont tirés en arrière en un chignon extrêmement serré, elle semble porter une robe noire dont je ne vois que le haut. Une broche très travaillée orne son sein gauche, je n’arrive pas à distinguer ce qu’elle représente.
- Tu veux quoi ? demande-t-elle. Tu es passager clandestin ? Immigré ? Criminel ?
- Non… Je voyage.
- Où tu voyages ? Tu as juste sac à dos. Pas arme, chaussures en mauvais état… Tu as de l’eau au moins ?
- J’ai trois bouteilles. Et, sans vouloir vous vexer, je me sentirais mieux si vous baissiez votre arme.
- Donne ton sac par la fenêtre, fais le tour de la maison, entre. Je fais du café.
Elle tend la main avec autorité, fusil toujours brandi, et je n’ai d’autre choix que de lui donner mon sac, priant tous les saints pour qu’elle me le rende et, surtout, qu’elle ne fouille pas dedans. Après l’avoir récupéré, elle baisse son arme et me fait signe de bouger. D’un pas rapide, je fais le tour de la bâtisse et entre par la porte principale. Je note qu’elle a visiblement été enfoncée. L’homme de tout à l’heure ? L’allemande m’attend dans le couloir d’entrée. Elle n’a pas lâché son fusil, qui pend le long de son bras en un prolongement létal. Une odeur étrange flotte dans la maison. La femme me fait signe de la suivre jusqu’à la cuisine, là où nous avons discuté à travers la fenêtre. Je comprends rapidement que l’odeur étrange émane de la cafetière posée sur un réchaud à gaz. La femme pose son fusil sur la table, à côté de mon sac, et m’invite à m’asseoir. J’obtempère.
- Bon, commence-t-elle, tu vas expliquer qui tu es. Si j’aime pas, je tue. Ça commence à bien faire les hommes qui invitent eux-mêmes chez moi !
- Je suis un voyageur, je traverse le pays en train… clandestinement. Je suis vraiment désolé de m’être introduit sur votre terrain mais je…
- Tssss, tu parles trop. Donne ton nom, vite.
Je le lui donne.
- Bien ! Moi c’est Hilda. Enfin, pas vraiment, mais tu vas m’appeler comme ça. T’as nom trop français pour être vrai, alors je donne nom trop allemand pour être vrai. Ja ?
Je hoche la tête, ne sachant pas trop quoi répondre.
- Et vous… Vous vivez seule ici, Hilda ?
- Ja. Pas besoin famille, pas besoin amis, besoin fusil et café. Tiens, va chercher trois tasses dans le meuble.
- Trois tasses ?
- Trois tasses.
Je me lève et obéis. Les tasses sont ébréchées et n’ont pas l’air très propres, je les pose sur la table mais reste debout, au cas où d’autres ordres arriveraient.
- Assis.
Assis, alors. Je me sens dans une position d’extrême faiblesse. Mon arme est dans mon sac, et je ne sais de toute façon pas m’en servir. Hilda, ou quel que soit son vrai nom, a son fusil à portée de main et à l’air de savoir l’utiliser de manière quasi-militaire. Si l’envie lui prend de me trouer la peau, rien ne pourra l’en empêcher.
L’allemande se lève et va chercher la cafetière sur le réchaud avant de remplir les trois tasses d’un liquide noir d’encre. L’odeur en est devenue franchement inquiétante et je me demande si je ne ferais pas mieux de m’abstenir d’en boire. Je profite du silence pour regarder autour de moi. La pièce est assez petite et très sombre, malgré la fenêtre. Le seul élément de décoration au milieu de cette cuisine est un calendrier de la police jauni, vieux d’une cinquantaine d’années. C’est comme si Hilda s’était installée ici sans chercher à modifier quoi que ce soit.
- Bois. Il pue mais il est bon.
Je goûte le breuvage et manque de m’étouffer. Il est extrêmement amer et a un goût radicalement différent du café habituellement vendu dans les centres commerciaux. Hilda sourit, ce qui tord son visage de manière malsaine.
- Alors petit. Pourquoi tu voyages comme ça ? Tu cherches quelque chose ?
J’hésite un instant. Sans m’en rendre compte je me suis retrouvé en Allemagne le temps d’un voyage en train (du moins je suppose que je suis en Allemagne), et me voilà à discuter avec une parfaite inconnue qui m’a menacé avec une arme avant de me servir du « café ». D’un autre côté, c’est sans doute la personne la plus originale que j’ai rencontré jusqu’à présent. Je décide de jouer la carte de la prudence, cependant.
- Non, j’ai seulement envie d’explorer le monde… Très bon votre café, au fait.
- Tu mens pour exploration et pour café. Le café comme ça, tu l’as jamais goûté. C’est parce que c’est pas ersatz dégoutant. C’est du vrai café.
Je reste interdit quelques instants. Du vrai café ?
- Et tu as une quête. J’ai fouillé ton sac rapidement. J’ai vu la vidéo.
Je sens mon sang se glacer dans mes veines. Jamais je n’aurais dû emporter la vidéo avec moi.
24/06/16 à 14:44:54
Oh putain, une rencontre inattendue avec une tarée qui n'a pas l'air d'aimer la société. Un point commun alors que ce n'était pas partit pour.
Need un peu de précision sur le deuxieme type, en bas !
Suite !
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