La tête de lion du nord
Par : Atzerkins
Genre : Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 2
Vagabondage sous les étoiles
Publié le 21/12/15 à 00:44:40 par Atzerkins
La Lune régnait en maître dans les airs, illuminant la terre d'une teinte argentée, délicate et majestueuse. Aucune vie n'était visible dans les bois, mais le silence nocturne, parfois seulement rompu par un animal passager, était bercé de la douce mélodie d'un vent, bien plus calme et somptueux que son compère marin. Le son de pas foulant l'herbe résonnait vaguement, mais son émetteur pouvait à peine le percevoir. Ce petit bruit suffisait néanmoins à faire fuir les animaux de son chemin, et la légère perturbation instaurait alors un encore plus grand silence.
Avançant sur une route libre, il aurait néanmoins apprécié d'entendre plus que la symphonie de sa propre mélancolie. Il remerciait la Lune d'être au moins présente, lui offrant aussi peu de compagnie qu'il puisse espérer trouver, et c'était bien son seul ami depuis toutes ces années.Quand elle ne se levait pas, il se sentait bien seul, et souvent il aurait aimé qu'elle se présente à lui le jour. Ce soir-ci, il n'apparaissait de sa grâce qu'un infime croissant, et déjà bien habitué au cycle lunaire, plus encore qu'aux calendriers humains, il avait deviné que le lendemain serait un ciel sans lune.
« Ah, astres, saviez-vous ce qu'est la pollution lumineuse ? Il parait que l'on ne vous voit parfois même plus, et que le ciel prenne l'aspect d'un brouillard écarlate en ces villes de mes confrères. »
Ennuyé, il s'attardait à parler aux étoiles. Entendre une voix, même la sienne, l'apportait consolation, et il était rassuré de se savoir encore capable de parler. Sans ses soliloques, il en aurait sans doute depuis longtemps perdu l'usage, aussi bien physiquement qu'en termes d'éloquence.7
Le temps passa, jusqu'à ce que sur sa voie, une lumière palpitante apparut, et à mesure qu'il se rapprochait, un fracas de flamme se faisait entendre. Une sensation chaleureuse aspergea son âme, et c'est son cœur qui se met à palpiter à la vue d'un humain, quelqu'un d'autre que lui-même. Autour d'un feu de camp était agenouillée une personne. Sa barbe lui donnait un air de trentenaire, et il semblait lui aussi éloigné de la civilisation, vêtu entièrement de vert comme pour se mêler à la nature. Il jeta un lent coup d'œil au nouveau venu, visiblement fatigué, mais au moment-même où il entrevit la lueur orangée de ses yeux, il sursauta comme pris de panique et chercha à s'enfuir.
« Du calme, monsieur ! » l'interpella l'étranger. Le campeur ne put s'empêcher de trébucher, mais visiblement rassuré, cessa de fuir.
« Jeune homme ? Bon sang… mais d'où est-ce que vous sortez aussi tard ! grogna-il, revenant s'asseoir à son feu de camp.
— je voyage, répondit-il simplement. Et vous, pourquoi vous sursautez comme ça ?
– Tu… voyages ? répéta l'homme, sceptique, mais néanmoins rassuré. Et tu n'as visiblement rien croisé de particulièrement dangereux ?
– Ah, je vois où est le problème, dit-il en riant. C'est mes yeux, n'est-ce pas ? Mais je ne suis pas un monstre, non ? Je suis aussi humain que… toi. »
Il hésita un instant, hésitant à tutoyer la personne en face de lui, mais décida finalement de lui rendre la pareille. Ils étaient en pleine forêt après tout, et peu importe les codes des villes qu'il ne connaissait pas, c'était ici la nature, et l'inconnu était tout aussi sauvage que lui. Il s'assit en face de lui, installant ses propres affaire, avant d'en demander la permission.
« Ça ne te dérange pas si je reste ici ?
— Bah, on a pas souvent l'occasion de croiser quelqu'un, ici. Enfin, quelqu'un avec qui on peut parler.
– Ils se sont répandus jusqu'ici ? Et moi qui croyait en finir !
– De quel genre de village perdu tu débarques ? Depuis ce désastre avec Atlant, tous les continents sont infestés de ces merdes.
– Je ne suis qu'un paysan après tout, répondit-il souriant. »
Il n'avait pas pu s'empêcher de trouver son compagnon agité, et il était clair qu'il ne lui faisait pas confiance. Sa main droite se tenait à deux doigts d'un fusil, à peine caché derrière-lui, et il avait déjà tenté de fuir une fois. Le vagabond n'était pas surpris de ce comportement, mais au fond, il se retrouvait quelque peu attristé de cette méfiance à son égard. Il lui sembla qu'il s'était dit d'Atlant, l'homme en face de lui l'aurait déjà attaqué, et à ses mots le problème survenait bel et bien de cet endroit.
« Je m'appelle Razalas, dit-il dans sa tentative de conciliation, je voyage depuis que je n'ai plus de maison. »
Il ne portait pas ce nom, mais ami des étoiles, il se sentit permis d'emprunter à la constellation du lion. Il regarda l'astre qu'on surnommait sa tête, qui devrait être le plus majestueux mais n'était guère connu, et décida de s'y lier. Il possédait, comme beaucoup si ce n'est tout le monde, un véritable prénom accordé par ses ou son parent, un nom de famille hérité de ses derniers ou d'un quelconque gardien, mais ne se croyait plus en possession. Rien après tout, ne l'indiquait, il n'y avait personne pour témoigner, aucun registre qui ne s'est retrouvé sous la mer, et sans doute qu'il ne trouverait rien même s'il y consacrait sa vie. Son prénom était un mensonge, mais il n'avait pas menti sur ses raisons. Un jeune garçon au nom perdu venait alors de mourir, tandis qu'apparaissait, pour le monde ignore combien de temps, un inconnu qui parlait au ciel et avait les iris oranges.
« Je suis Antar, reçut-il comme réponse, je vis dans cette forêt. Pas ton but, j'imagine ?
– C'est vrai, j'aimerais bien revoir une ville.
– Bah, tu as passé cinq ans à en chercher une ? Il y en a une pas loin, néanmoins… »
Les deux discutèrent alors, entretenant rapidement des rapports plus amicaux et Antar abandonna sans réticence son fusil, au contraire joyeux d'avoir un camarade. Razalas lui-même se relâcha, son excitation et leur amitié grandissante prenant le dessus sur ses doutes. Il apprit alors la direction de la ville la plus proche, et la situation de la région, qui ne s'avérait au final pas différente d'Atlant. Il se demanda si le continent risquait aussi de s'écrouler, mais Antar n'aurait su l'informer sur les événements mondiaux, car comme Razalas, il errait depuis cinq ans.
Antar était un sans domicile et semblait avoir, lui aussi, perdu beaucoup durant ces dernières années. Il ne voulait pas plus que son compagnon parler de son passé. Néanmoins, il se transforma de plus en plus en une personne fort agréable à Razalas, qui perdait rapidement ses doutes sur ses comparses humains. Au final, il jugea plus prudent de rester à ses côtés jusqu'au lever du jour, et ils purent passer une nuit paisible sans le moindre accident.
« À une journée d'ici, t'arriveras à Farlan, l'indiqua Antar. C'est la limite sud du continent, si tu veux t'aventurer ailleurs sans faire demi-tour, tu peux toujours tenter le nord, mais je peux pas t'aider.
– Je sais pas vraiment où aller, de toute façon, autant voir les limites du monde. »
Il ria prononçant ces paroles, un sourire aux lèvres qui lui devenait de plus en plus rare. S'il s'en était rendu compte, il aurait réalisé le bienfait que lui apportait la compagnie humaine, et il n'aurait peut-être pas voulu quitter Antar. Son cœur restait néanmoins vide, et le désir d'errer était encore là. Il n'hésita pas à choisir sa prochaine destination.
« Merci de l'aide, Antar, dit-il.
– Pas de problème, jeunot, j'espère qu'on se reverra un de ces jours, renvoya le sage des bois tout souriant. »
Ils s'embrassèrent, puis acquiesçant l'un à l'autre, et sans se dire un mot de plus, Razalas tourna le dos et partit pour le sud, tandis qu'Antar restait debout, regardant sa figure s'évanouir dans la verdure des arbres. À un rythme plus rapide et d'un pas plus léger, une demi-heure s'écoula et il parcourut plus d'un kilomètre, sans rien que rien ne le dérange sur son chemin.
Une autre minute passa, et un coup de feu résonna jusqu'à ses oreilles, tandis que la forêt se faisait recouvrir de rouge.
Avançant sur une route libre, il aurait néanmoins apprécié d'entendre plus que la symphonie de sa propre mélancolie. Il remerciait la Lune d'être au moins présente, lui offrant aussi peu de compagnie qu'il puisse espérer trouver, et c'était bien son seul ami depuis toutes ces années.Quand elle ne se levait pas, il se sentait bien seul, et souvent il aurait aimé qu'elle se présente à lui le jour. Ce soir-ci, il n'apparaissait de sa grâce qu'un infime croissant, et déjà bien habitué au cycle lunaire, plus encore qu'aux calendriers humains, il avait deviné que le lendemain serait un ciel sans lune.
« Ah, astres, saviez-vous ce qu'est la pollution lumineuse ? Il parait que l'on ne vous voit parfois même plus, et que le ciel prenne l'aspect d'un brouillard écarlate en ces villes de mes confrères. »
Ennuyé, il s'attardait à parler aux étoiles. Entendre une voix, même la sienne, l'apportait consolation, et il était rassuré de se savoir encore capable de parler. Sans ses soliloques, il en aurait sans doute depuis longtemps perdu l'usage, aussi bien physiquement qu'en termes d'éloquence.7
Le temps passa, jusqu'à ce que sur sa voie, une lumière palpitante apparut, et à mesure qu'il se rapprochait, un fracas de flamme se faisait entendre. Une sensation chaleureuse aspergea son âme, et c'est son cœur qui se met à palpiter à la vue d'un humain, quelqu'un d'autre que lui-même. Autour d'un feu de camp était agenouillée une personne. Sa barbe lui donnait un air de trentenaire, et il semblait lui aussi éloigné de la civilisation, vêtu entièrement de vert comme pour se mêler à la nature. Il jeta un lent coup d'œil au nouveau venu, visiblement fatigué, mais au moment-même où il entrevit la lueur orangée de ses yeux, il sursauta comme pris de panique et chercha à s'enfuir.
« Du calme, monsieur ! » l'interpella l'étranger. Le campeur ne put s'empêcher de trébucher, mais visiblement rassuré, cessa de fuir.
« Jeune homme ? Bon sang… mais d'où est-ce que vous sortez aussi tard ! grogna-il, revenant s'asseoir à son feu de camp.
— je voyage, répondit-il simplement. Et vous, pourquoi vous sursautez comme ça ?
– Tu… voyages ? répéta l'homme, sceptique, mais néanmoins rassuré. Et tu n'as visiblement rien croisé de particulièrement dangereux ?
– Ah, je vois où est le problème, dit-il en riant. C'est mes yeux, n'est-ce pas ? Mais je ne suis pas un monstre, non ? Je suis aussi humain que… toi. »
Il hésita un instant, hésitant à tutoyer la personne en face de lui, mais décida finalement de lui rendre la pareille. Ils étaient en pleine forêt après tout, et peu importe les codes des villes qu'il ne connaissait pas, c'était ici la nature, et l'inconnu était tout aussi sauvage que lui. Il s'assit en face de lui, installant ses propres affaire, avant d'en demander la permission.
« Ça ne te dérange pas si je reste ici ?
— Bah, on a pas souvent l'occasion de croiser quelqu'un, ici. Enfin, quelqu'un avec qui on peut parler.
– Ils se sont répandus jusqu'ici ? Et moi qui croyait en finir !
– De quel genre de village perdu tu débarques ? Depuis ce désastre avec Atlant, tous les continents sont infestés de ces merdes.
– Je ne suis qu'un paysan après tout, répondit-il souriant. »
Il n'avait pas pu s'empêcher de trouver son compagnon agité, et il était clair qu'il ne lui faisait pas confiance. Sa main droite se tenait à deux doigts d'un fusil, à peine caché derrière-lui, et il avait déjà tenté de fuir une fois. Le vagabond n'était pas surpris de ce comportement, mais au fond, il se retrouvait quelque peu attristé de cette méfiance à son égard. Il lui sembla qu'il s'était dit d'Atlant, l'homme en face de lui l'aurait déjà attaqué, et à ses mots le problème survenait bel et bien de cet endroit.
« Je m'appelle Razalas, dit-il dans sa tentative de conciliation, je voyage depuis que je n'ai plus de maison. »
Il ne portait pas ce nom, mais ami des étoiles, il se sentit permis d'emprunter à la constellation du lion. Il regarda l'astre qu'on surnommait sa tête, qui devrait être le plus majestueux mais n'était guère connu, et décida de s'y lier. Il possédait, comme beaucoup si ce n'est tout le monde, un véritable prénom accordé par ses ou son parent, un nom de famille hérité de ses derniers ou d'un quelconque gardien, mais ne se croyait plus en possession. Rien après tout, ne l'indiquait, il n'y avait personne pour témoigner, aucun registre qui ne s'est retrouvé sous la mer, et sans doute qu'il ne trouverait rien même s'il y consacrait sa vie. Son prénom était un mensonge, mais il n'avait pas menti sur ses raisons. Un jeune garçon au nom perdu venait alors de mourir, tandis qu'apparaissait, pour le monde ignore combien de temps, un inconnu qui parlait au ciel et avait les iris oranges.
« Je suis Antar, reçut-il comme réponse, je vis dans cette forêt. Pas ton but, j'imagine ?
– C'est vrai, j'aimerais bien revoir une ville.
– Bah, tu as passé cinq ans à en chercher une ? Il y en a une pas loin, néanmoins… »
Les deux discutèrent alors, entretenant rapidement des rapports plus amicaux et Antar abandonna sans réticence son fusil, au contraire joyeux d'avoir un camarade. Razalas lui-même se relâcha, son excitation et leur amitié grandissante prenant le dessus sur ses doutes. Il apprit alors la direction de la ville la plus proche, et la situation de la région, qui ne s'avérait au final pas différente d'Atlant. Il se demanda si le continent risquait aussi de s'écrouler, mais Antar n'aurait su l'informer sur les événements mondiaux, car comme Razalas, il errait depuis cinq ans.
Antar était un sans domicile et semblait avoir, lui aussi, perdu beaucoup durant ces dernières années. Il ne voulait pas plus que son compagnon parler de son passé. Néanmoins, il se transforma de plus en plus en une personne fort agréable à Razalas, qui perdait rapidement ses doutes sur ses comparses humains. Au final, il jugea plus prudent de rester à ses côtés jusqu'au lever du jour, et ils purent passer une nuit paisible sans le moindre accident.
« À une journée d'ici, t'arriveras à Farlan, l'indiqua Antar. C'est la limite sud du continent, si tu veux t'aventurer ailleurs sans faire demi-tour, tu peux toujours tenter le nord, mais je peux pas t'aider.
– Je sais pas vraiment où aller, de toute façon, autant voir les limites du monde. »
Il ria prononçant ces paroles, un sourire aux lèvres qui lui devenait de plus en plus rare. S'il s'en était rendu compte, il aurait réalisé le bienfait que lui apportait la compagnie humaine, et il n'aurait peut-être pas voulu quitter Antar. Son cœur restait néanmoins vide, et le désir d'errer était encore là. Il n'hésita pas à choisir sa prochaine destination.
« Merci de l'aide, Antar, dit-il.
– Pas de problème, jeunot, j'espère qu'on se reverra un de ces jours, renvoya le sage des bois tout souriant. »
Ils s'embrassèrent, puis acquiesçant l'un à l'autre, et sans se dire un mot de plus, Razalas tourna le dos et partit pour le sud, tandis qu'Antar restait debout, regardant sa figure s'évanouir dans la verdure des arbres. À un rythme plus rapide et d'un pas plus léger, une demi-heure s'écoula et il parcourut plus d'un kilomètre, sans rien que rien ne le dérange sur son chemin.
Une autre minute passa, et un coup de feu résonna jusqu'à ses oreilles, tandis que la forêt se faisait recouvrir de rouge.
21/12/15 à 01:26:04
Content de voir que ça te plait, ce qui en plus me rassure que je me mets pas à faire de la merde.
J'ai eu la flemme de faire une intro pour détailler quelques trucs mais on observe la même ville que dans Dead|braiN du même auteur ( ), avec un certain décalage dans le temps. Je n'ai pas encore mis en place un véritable environnement pour HS mais je pense probablement que ça risque aussi d'être cette ville qui centralise tout.
21/12/15 à 01:19:46
Ce chapitre est très bon. L'histoire progresse vite, on apprend des tonnes de trucs !
Y'a quasimment pas de phrases à ralonges dans ce chapitre la, donc la lecture est agréable. En plus les dialogues sont bien réalisés.
Suite !
Antar est mort ? A quoi ressemble la ville d'à côté ? Comment sont les monstres ?!
:sweet:
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