Il s'agit ici d'une pièce en vers classiques traitant d'un sujet léger et moderne (le "clash" Booba/Kaaris) de manière pseudo-tragique.


NOTES RELATIVES À LA MÉTRIQUE CLASSIQUE :

Pour que vous puissiez en profiter, voici un rappel de comment ce type d’œuvres se lit :

- Un alexandrin fait douze syllabes, séparées traditionnellement en deux parties de six syllabes (hémistiches). Il faut essayer de césurer le vers au milieu autant que possible. Un mot ne doit jamais traverser la "frontière" du milieu.

- On ne prononce pas les "-e" ou "-es" finaux en fin de vers ni avant les voyelles, on les prononce en revanche avant les consonnes (C'est la règle essentielle). On ne peut pas finir le premier hémistiche par un "-e" sonore.

- Une diphtongue peut subir ou peut ne pas subir de diérèse : liaison peut ainsi selon l'envie de l'auteur se lire lyaison ou li-aison. Le phénomène inverse (la synérèse) peut aussi arriver (on peut prononcer billard comme byar, si on veut).

- De manière générale, un certain nombre de licences (permissions exceptionnelles) sont tolérées dans les vers. Outre le fréquent encor (pour éviter un "-e" sonore), on peut trouver des avecque (pour obtenir un "-e" sonore) ou des fautes de grammaire légères permettant de conserver le rythme de la métrique classique.

- Les vers s'achèvent par des rimes plates, de préférence riches. On essaie d'avoir des rimes de l’œil : les mêmes lettres doivent revenir, colère ne devrait donc pas rimer avec salaire ni avec gruyères mais plutôt avec gruyère, bien que cette pièce-ci ne soit pas du tout rigoureuse sur ce point.

- On peut s'intéresser à la distinction entre les rimes se terminant par "-e" ou "-es" (rimes féminines) et les autres (rimes masculines). Cette différence peut parfois traduire une volonté de l'auteur. En vrai vers classiques, il faudrait toujours alterner rime masculine/rime féminine mais puisque je ne respecte pas les rimes de l’œil, ça ne veut pas dire grand chose. Consultez Racine par contre, là vous aller kiffer votre mère niveau richesse des rimes. (même s'il utilise larmes/alarmes une fois tous les 200 vers

- Un vers peut être séparé sur les dialogues de deux ou plusieurs personnages, voire sur plusieurs scènes, pour créer un effet de "rebondissement"

- Sur des vers qui doivent se démarquer (des punchlines, si vous voulez), on peut faire des rimes brisées (rimes à l'hémistiche), c'est à dire faire rimer deux vers non seulement à la fin, mais aussi au milieu.
Exemple de rimes brisées :
Je mange une pizza, Dieu qu'elle passe bien !
C'est bien plus qu'un repas, c'est un super festin !
Bon c'est nul mais vous avez l'idée.
Il ne faut pas abuser des rimes brisées parce que sinon le cerveau du lecteur se calibre sur un rythme de "6" et il ne perçoit plus les alexandrins correctement. Par exemple si après trois paires de rimes à l'hémistiche vous arrêtez votre streak, le lecteur sera "déboussolé" car il s'y était habitué.
On peut aussi faire des vers léonins, et il faut là aussi se méfier. Il s'agit de faire rimer les deux hémistiches d'un même vers, genre : "Quelle énorme pizza ! Comment manger tout ça ?".

Y'a un site bien pour tout ce qui est rime c'est celui-ci : http://www.forum.exionnaire.com/rime-glossaire-types-rimes-4227


Voici des vers pour vous entraîner :

Peut-être me lancè-je à tort, qui peut le dire ?
Il faut ici lire "Peut-êtrE me lancè-je || à tort, qui peut le dir' ?"

N'est-ce pas encor là un furieux transport ?
Lire "N'est-ce pas encor' là || un furi-eux transport". Notez qu'avec "encore", ç’aurait été faux (13 syllabes).

Tant d'autres comme vous ont couru aux sirènes.
Lire "Tant d'autrEs commE vous ont couru aux sirèn'."

Pourquoi YouTube bloque à 301 vues ?
C'est une vidéo de Cyprien dont le titre est un alexandrin, funny stuff ain't it ?

Voici donc pour les règles de lecture.


NOTES SUR LA PIÈCE :

La pièce ne sera pas du tout respectueuse de ce qui a effectivement pu arriver à Kaaris et Booba mais cherchera plutôt à créer une impression de tragédie dans le destin de Kaaris, trompé par Booba et n'aspirant qu'à se venger mais subissant l'ire des rates-pi.


PERSONNAGES :

BOOBA, le DUC, exilé à Miami, rappeur du 92.
Ses admirateurs, les PIRATES (à représenter comme un seul personnage).

KAARIS, rappeur du 93.
Son beatmaker THERAPY.