Un éclair traversa la nuit, annonciateur d'une terrible averse. Son éclat me réveilla en sursaut.
Trempé de sueur, j'essayais tant bien que mal de me rappeler ou j'était. La pièce était plongée dans la pénombre, je n'entendais que le grincement des planches humides, le cliquetis de la pluie sur le toit et le grondement du tonnerre.
Ce dernier éclaira la pièce une fraction de seconde, le temps de voir des bocaux et tout un tas de choses étranges sur les étagères et de me laisser penser que j'était chez l'Ancien.

Cette hypothèse se confirma lorsque il apparut dans l'encadrement de la porte, le dos voûté. Il illumina la pièce avec une lanterne, et me regarda de ses grands yeux cernés.

<<Tu es réveillé.>>

Il sourit et s'approcha de moi. Dégarni, le visage marqué par des décennies de dur labeur, le vieil homme me faisait peur quand j'était enfant. Maintenant que j'ai 12 ans je suis un homme, et je lui devais le respect. Maman disait toujours que c'est lui qui m'a aidé a venir au monde, je ne comprenais pas très bien ce que ça voulais dire mais ca semblait important.
Il s'assit a coté de moi et posa sa main sur mon front.

<<Tu es brûlant Corbéro, fils de Thormund. Reste ici et repose toi, je vais te préparer a manger.>>



Que faisais-je là ? Je ne comprenais pas. La pluie continuait de battre sur le toit, je décidais de me lever pour éviter les gouttes qui menaçaient de bombarder ma position.
La pièce était dans un désordre immense, mais on pouvait se déplacer sans peine entre les tas de gris-gris qui jonchaient le sol tapissé.

Je jetait un œil aux étagères que j'avais déjà entraperçu. Les bocaux étaient remplis de plantes et de mixtures bizarres, et entre elles se trouvaient divers talismans et parchemins.
Je ne connaissait rien a la magie et tout cela semblait si mystérieux. Aussi, lorsque je vit ce coffre dans une armoire, l'enfant que j''était ne pu m'empêcher de l'ouvrir.


Un étrange linge drapait son contenu, lequel paraissait trop grand pour le coffre. Je mit mon bras a l'intérieur. Comment pouvait t'il rentrer en entier ? Partagé entre la surprise et la curiosité, je fouillais avec de plus en plus d'ardeur, battant des bras a l'aveuglette dans l'étrange contenant. Je finis par y passer ma tête. je n'y voyais rien, l'obscurité englobait ce qui semblait être une pièce entière.

<<C'est toi, Chantelame ?>>

Je sursautai en entendant la voix, qui vraisemblablement venait du coffre.

<<Ohhh je vois ... Tu es le prochain, et bien a bientôt, héros.>>

J'entendis du bruit dans la pièce d'a coté, je me dépêchais de tout ranger et, en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, j'était de retour dans le lit.


Au même moment, l'ancien revint dans la chambre, une assiette a la main.
Il vint s'asseoir sur un tabouret et me tendit ce qui semblait être un potage.

<<Tu a eu un cauchemar terrible semble t-il, ta mère ne savait pas quoi faire.>>

Il inspecta la pièce, des étagères au tapis plein de fouillis, et son regard se posa finalement sur le coffre. Il me regarda alors d'un air suspicieux.

<<Tu as ouvert le coffre ? demanda t'il en fronçant les sourcils
-Quel coffre ?>> mentis-je apeuré.

A cet instant, le coffre en question s'ouvrit brusquement et des bourasques effroyables en sortirent.

La voix froide et métallique que j'avais entendu plus tôt se fit plus claire, malgré le bruit du vent.
-Chantelame, je viens pour l'héritier.
-Il n'est pas encore temps ..>> marmonna le vieillard en fouillant dans les étagères.


Je restais la, pétrifié a l'idée d'avoir fait quelque chose de mal. Tout volait dans la pièce: plats, livres, bocaux...

Finalement, l'Ancien exhiba fièrement l'objet qu'il cherchait, une clé en argent gravé de signes étranges.

Il ferma le coffret tant bien que mal et glissa sa trouvaille dans la serrure. Le vacarme du blizzard s'atténua, jusqu'a ce qu'il n'y ai plus qu'une petite brise, puis il cessa totalement. On entendait de nouveau les précipitations agaçantes.

L'endroit était encore plus désordonné qu'avant et j'était la, au milieu de chaos, attendant des remontrances pour ce que j'avais fait.

Mais il n'en fut rien, le vieux sage me rendit a mes parents le matin même et on ne parla jamais de cet étrange accident. Du moins il en parla avec mon père pour sur, mais jamais je ne sus ce qu'il s'était dit ce jour la entre les deux hommes.

Du moins pas avant ce fameux jour, celui de mes 15 ans.