Tout ça pour rien
Par : Atzerkins
Genre : Sentimental , Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 1
Publié le 15/10/14 à 22:58:00 par Atzerkins
Il lui cracha à la gueule, puis lui piétina dans la face sa chaussure crade. Il ne souriait pas, entièrement concentré sur le nettoyage de son pied, sur le visage de son ennemi. Il ne se préoccupait pas qu'il souffre ou non, il le considérait déjà comme mort, alors même qu'il semblait gesticuler de temps à autre. Le mouvement seul le gênait : il voulait nettoyer sa chaussure.
En regardant la semelle, il comprit toute fois son erreur. Toute la blancheur était partie, au profit du jaune, là où il n'y avait pas des tâches de sang dégoulinant. Il s'énerva, abandonna complètement les petits soins de ses pompes, et dans sa rage, expédia toute sa force sur le sol, d'un violent coup de pied. Il s'en foutait et ne matait pas le sol, il n'avait pas entendu le bruit recouvert par la pluie, mais il avait finalement achevé son adversaire. Son cerveau écrasé se mélangeait à la boue, et bientôt, l'eau l'effacerait sous terre.
Il reprit sa marche, sans vraiment savoir où il allait, perdu dans le brouillard. Il regretta de ne pas avoir compté les cadavres, mais il lui sembla que le nombre avait doublé, voire même triplé, avec le temps qu'il avait perdu à tenter de laver sa godasse.
Un autre humain sortit toutefois de la brume, courant pour sauver sa peau, et ralentit, jusqu'à s'arrêter, à peine à un mètre de lui. Il releva alors finalement la tête, content d'avoir trouvé finalement un allié. Alors il tenta de lancer une discussion, affichant une expression amicale.
Son allié ne portait pas l'uniforme bleue, aussi le trancha-t-il, n'étant pas un bleu. Il ne chercha pas à savoir pourquoi celui-ci avait tenté de discuter sur un champ de bataille. Il jugea seulement que le corps tombait trop lentement, et l'envoya voler ailleurs d'un nouveau coup de pied, dégageant son chemin.
Il continua dans la même direction : s'il avait trouvé un ennemi, il en trouverait d'autre. Trente secondes plus tard, il arrivait à une tranchée et croisait des collègues. Mutuellement, les deux groupes s'ignorèrent. Il fit seulement attention au fait qu'ils attendent dans une crevasse, munis de fusils, et en ramassant un pour lui-même.
Quelques pas de plus, et il entendait d'autres types gueulait. Il imagina alors leur direction, et se mit à tirer, comptant les hurlements de douleur qui lui parvenaient. Il entendit six, et c'était le nombre exact de balles qu'il avait tiré.
Avançant encore plus, il put apercevoir la silhouette d'un dernier survivant. Celle-ci était petite, et qu'il soit à genoux, blessé ou dans un trou, il aurait agi de la même façon. Il envoya l'arme voler, et l'ombre s'étouffa dans le brouillard. Encore une fois, il n'entendit pas le choc, et traça sa route insoucieusement.
Il ne croisa plus que des morts. Ceux qui ne l'étaient pas le finissaient, son épée plantée dans un quelconque point vital. Sans se gêner, il remplaça son coiffe par celui d'un autre, lorsque l'humidité commençait à le gêner, et il s'amusa à tirer dans le vide avec les pistolets qu'il récoltait, à chaque bruit qu'il entendait. Sa route ne fut pas éternelle, et en quelques heures il avait atteint un camp, dont il s'assura l'inutilisation. Il jugea suffisamment prudent de s'y endormir, tant qu'il portait l'uniforme rouge.
Lorsque son dos toucha le matelas rugueux et dur, son corps le lâcha instantanément, et sa conscience s'envola, le laissant finalement seul et coupé du monde. Il abandonna l'omniprésente nuit du dehors, et cette guerre, cette vie, qui n'avait aucun sens pour lui. Il put finalement revoir un autre monde, où le ciel et le soleil brillaient, et où les arbres fleurissaient.
Il ne se rappelait pas de quand l'ancien monde datait. Il l'avait déjà oublié, mais dans cet autre monde, il pouvait revenir en arrière. Il ne l'aurait pourtant pas fait, s'il était encore conscient, il aurait seulement souhaité un silence total.
Dans cet autre monde, où le ciel et le soleil brillaient, il n'y avait pas ce silence. Il criait, et ses larmes brillaient aussi. Elles se fracassaient au sol dans un bruit violent, et il criait encore plus. Et son père hurlait, et le son de ses coups le faisait verser un nouveau torrent. Sa mère et ses sœurs joignaient le concert, et son corps se vidait aussi bien de l'eau que du peu d'émotion qu'il avait.
Le chant des oiseaux ne devenait qu'une peine de plus, le sifflement solitaire du vent qu'un autre opposant venait l'infliger souffrance. Ses yeux rouges piquaient quand il regardait le ciel, et le soleil passait à travers ses paupières. Un jet violent de douleur traversait tout son corps et son âme, sans le laisser quitter cet univers.
Et puis vint le silence. Le monde devint noir, et il ne put plus se ressentir, ni se voir. Il n'y avait plus rien, et pourtant il tenta d'attraper quelque chose.
Il tenta d'ouvrir les yeux, et vit son poing dressé vers un plafond blanc. Celui-ci se relâcha alors qu'il détourna les yeux vers une source de lumière. Le soleil illuminait sa chambre, accompagné de la verdeur d'un arbre à l'extérieur, mais il n'avait mal nulle part.
Il vit un oiseau s'asseoir sur un branche, et celui-ci se mit alors à chantonner. Il écouta la mélodie, et tenta de la mimer.
En regardant la semelle, il comprit toute fois son erreur. Toute la blancheur était partie, au profit du jaune, là où il n'y avait pas des tâches de sang dégoulinant. Il s'énerva, abandonna complètement les petits soins de ses pompes, et dans sa rage, expédia toute sa force sur le sol, d'un violent coup de pied. Il s'en foutait et ne matait pas le sol, il n'avait pas entendu le bruit recouvert par la pluie, mais il avait finalement achevé son adversaire. Son cerveau écrasé se mélangeait à la boue, et bientôt, l'eau l'effacerait sous terre.
Il reprit sa marche, sans vraiment savoir où il allait, perdu dans le brouillard. Il regretta de ne pas avoir compté les cadavres, mais il lui sembla que le nombre avait doublé, voire même triplé, avec le temps qu'il avait perdu à tenter de laver sa godasse.
Un autre humain sortit toutefois de la brume, courant pour sauver sa peau, et ralentit, jusqu'à s'arrêter, à peine à un mètre de lui. Il releva alors finalement la tête, content d'avoir trouvé finalement un allié. Alors il tenta de lancer une discussion, affichant une expression amicale.
Son allié ne portait pas l'uniforme bleue, aussi le trancha-t-il, n'étant pas un bleu. Il ne chercha pas à savoir pourquoi celui-ci avait tenté de discuter sur un champ de bataille. Il jugea seulement que le corps tombait trop lentement, et l'envoya voler ailleurs d'un nouveau coup de pied, dégageant son chemin.
Il continua dans la même direction : s'il avait trouvé un ennemi, il en trouverait d'autre. Trente secondes plus tard, il arrivait à une tranchée et croisait des collègues. Mutuellement, les deux groupes s'ignorèrent. Il fit seulement attention au fait qu'ils attendent dans une crevasse, munis de fusils, et en ramassant un pour lui-même.
Quelques pas de plus, et il entendait d'autres types gueulait. Il imagina alors leur direction, et se mit à tirer, comptant les hurlements de douleur qui lui parvenaient. Il entendit six, et c'était le nombre exact de balles qu'il avait tiré.
Avançant encore plus, il put apercevoir la silhouette d'un dernier survivant. Celle-ci était petite, et qu'il soit à genoux, blessé ou dans un trou, il aurait agi de la même façon. Il envoya l'arme voler, et l'ombre s'étouffa dans le brouillard. Encore une fois, il n'entendit pas le choc, et traça sa route insoucieusement.
Il ne croisa plus que des morts. Ceux qui ne l'étaient pas le finissaient, son épée plantée dans un quelconque point vital. Sans se gêner, il remplaça son coiffe par celui d'un autre, lorsque l'humidité commençait à le gêner, et il s'amusa à tirer dans le vide avec les pistolets qu'il récoltait, à chaque bruit qu'il entendait. Sa route ne fut pas éternelle, et en quelques heures il avait atteint un camp, dont il s'assura l'inutilisation. Il jugea suffisamment prudent de s'y endormir, tant qu'il portait l'uniforme rouge.
Lorsque son dos toucha le matelas rugueux et dur, son corps le lâcha instantanément, et sa conscience s'envola, le laissant finalement seul et coupé du monde. Il abandonna l'omniprésente nuit du dehors, et cette guerre, cette vie, qui n'avait aucun sens pour lui. Il put finalement revoir un autre monde, où le ciel et le soleil brillaient, et où les arbres fleurissaient.
Il ne se rappelait pas de quand l'ancien monde datait. Il l'avait déjà oublié, mais dans cet autre monde, il pouvait revenir en arrière. Il ne l'aurait pourtant pas fait, s'il était encore conscient, il aurait seulement souhaité un silence total.
Dans cet autre monde, où le ciel et le soleil brillaient, il n'y avait pas ce silence. Il criait, et ses larmes brillaient aussi. Elles se fracassaient au sol dans un bruit violent, et il criait encore plus. Et son père hurlait, et le son de ses coups le faisait verser un nouveau torrent. Sa mère et ses sœurs joignaient le concert, et son corps se vidait aussi bien de l'eau que du peu d'émotion qu'il avait.
Le chant des oiseaux ne devenait qu'une peine de plus, le sifflement solitaire du vent qu'un autre opposant venait l'infliger souffrance. Ses yeux rouges piquaient quand il regardait le ciel, et le soleil passait à travers ses paupières. Un jet violent de douleur traversait tout son corps et son âme, sans le laisser quitter cet univers.
Et puis vint le silence. Le monde devint noir, et il ne put plus se ressentir, ni se voir. Il n'y avait plus rien, et pourtant il tenta d'attraper quelque chose.
Il tenta d'ouvrir les yeux, et vit son poing dressé vers un plafond blanc. Celui-ci se relâcha alors qu'il détourna les yeux vers une source de lumière. Le soleil illuminait sa chambre, accompagné de la verdeur d'un arbre à l'extérieur, mais il n'avait mal nulle part.
Il vit un oiseau s'asseoir sur un branche, et celui-ci se mit alors à chantonner. Il écouta la mélodie, et tenta de la mimer.
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