Sous chaque masque...
Par : Aguma
Genre : Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 1
Lucide... Ou presque
Publié le 12/10/14 à 18:04:42 par Aguma
Il faisait nuit noire quand de terribles nuages gris estimèrent bon de couvrir le ciel.
Héléna, au volant de sa valeureuse Citroën C3, s'engagea sur l'autoroute. Elle fut d'abord éblouie par la lueur orangée des lampadaires, mais cette source de lumière finit par la rassurer. Au moins, ses phares n'étaient pas seuls pour chasser les ténèbres de la voie.
La fatigue s'était emparée de la jeune femme, de même pour une douleur singulière à l'estomac. Ce n'était pas tout ce qui l'inquiétait. Elle n'avait pas vu passer un seul véhicule depuis son entrée sur l'autoroute, ainsi la lueur orangée ne la rassurait plus.
Le téléphone d'Héléna vibra sur le siège passager. Elle lorgna dessus puis décida de ne pas y toucher. De quoi avait-elle peur ? Il n'y avait pratiquement personne sur la route, comment pouvait-elle se mettre en danger en répondant ? Elle n'en savait rien, sa main n'avait juste pas daigné à saisir le portable.
La gare était à une centaine de kilomètres, et si Héléna voulait rejoindre Anne-Sophie avant demain soir, il ne fallait pas perdre une seconde. Ce devait être elle au téléphone : « Oh Héléna que se passe t-il ? Tu as eu des problèmes ? Oh mon Dieu je m'inquiète terriblement pour toi ! Parle-moi je t'en prie, parle-moi ! Héléna tu es sûre que ça va ? Je m'inquiète pour toi ! »
« TU PARLES ! » aboya soudainement Héléna.
Évidemment, elle exagérait, Anne-Sophie aurait sûrement demandé si son « amie » allait bien, et ce, sans la harceler de cette manière. L'alcool rendait Héléna grognonne et rageuse, le seul fait d'y penser la poussait à boire, alors elle tenta d'ignorer les canettes de bière vides qui vacillaient sur les banquettes arrière. Elle se concentra de nouveau sur la route et passa une vitesse.
Un virage pointa le bout de son nez lorsque le téléphone vibra de nouveau. Cette fois-ci, Héléna sursauta puis se cogna violemment la tête contre le ciel de toit. La glissière d'autoroute se rapprocha dangereusement de la tremblante Citroën. Sur le moment, Héléna avait juste envie de pousser un effroyable hurlement mais elle réussit à se ressaisir. Elle freina brusquement puis tenta d'apprivoiser le virage. La voiture dérapa dans un gémissement plaintif, presque un murmure, suivi d'un crissement déchirant.
Toute tremblante, Héléna s'échappa de son véhicule. Elle ouvrit grand la bouche lorsqu'elle vit l'énorme fissure qui déchirait la carrosserie. C'était mieux que la mort, certes, mais quand même ! Elle reprit peu à peu ses esprits mais la colère mousseuse qu'elle contenait l'empourpra. Héléna ouvrit la portière pour se glisser dans la Citroën, puis la claqua violemment. Ses mains tremblantes saisirent le téléphone, le serrant presque assez pour le briser.
C'était Anne-Sophie, sans surprise. Bien heureusement, elle n'avait laissé aucun message. Héléna se serait fait un plaisir d'y répondre en l'insultant, si cette chère Anne-Sophie ne lui devait pas cinq cents dollars. Encore sous le choc, elle manœuvra pour remettre sa voiture sur pied et poursuivit sur l'autoroute.
La Citroën s'engouffra dans une route sinueuse, au rythme de ses vrombissements singuliers.
~
Les paupières d'Héléna s'ouvrirent en un battement de cils. Elle se leva lentement et avança timidement. Un soleil pourpre enrobait un amas de grands bâtiments dans une chaleur mystique. Héléna ne fut même pas surprise en remarquant que ces bâtisses étaient vieilles d'au moins cent ans. Elle avança encore, ses talons claquant le pavé, et sa robe virevoltant derrière elle. Elle ne semblait ni anxieuse, ni heureuse, son visage impassible était à faire peur. D'une démarche robotique, la jeune femme s'approcha d'une petite maisonnette, qui faisait pâle figure face aux colosses de pierre qui l'entouraient. Ses doigts saisirent le loquet, d'abord l'index, puis le majeur, suivi de l'annulaire, de l'auriculaire, du pouce et de... Un sixième doigt ? Elle faillit pousser un cri, mais elle savait. Elle savait qu'elle était dans un rêve, et qu'à présent, elle pouvait arpenter le monde à sa guise.
Un sourire se dessina sur ses lèvres, elle était heureuse et pensait à tout ce qu'elle pouvait faire. Dialoguer avec son subconscient, prendre son envol, avoir le contrôle sur tout. Absolument tout. Une musique entraînante l'extirpa de ses rêveries. Quelque part, un trompettiste exécutait un solo avec brio, et peu après, un chanteur à la voix rocailleuse l'accompagna. Héléna écoutait, comme si elle était envoûtée. Elle reprit ses esprits quand la musique s'arrêta.
« Et une, deux, trois ! » s'écria une voix.
Soudain, la musique reprit de plus belle, et un chahut assourdissant l'étouffa. C'était une Héléna intriguée qui tenta de rejoindre la foule, et c'était aussi une Héléna intriguée qui se perdit dans un dédale de ruelles inquiétantes. Elle avait pensé à se téléporter mais elle n'y parvint pas, elle avait bien trop de jugeote et n'y croyait pas assez. Ce fut après avoir arpenté un véritable labyrinthe que ses pas la menèrent vers la place principale. Des dizaines et des dizaines de cavaliers tournoyaient au rythme de la musique. Ils semblaient tous masqués et absorbés par la fête, même le trompettiste et le chanteur. Deux femmes se détachaient de la foule dansante, elle semblaient comploter entre elles.
Cela ne plut guère à Héléna qui grimaça en les voyant s'approcher d'elle. Une ravissante jeune femme à la chevelure chatoyante et à la robe de jais prit Héléna par un bras. Une jeune blonde lui emboîta le pas et fit de même pour l'autre bras, plus fermement cette fois-ci. Aucune d'elles n'était masquée. Héléna mit du temps à réaliser que la charmante petite blonde était Estelle, sa sœur, et que la ravissante brune aux cheveux chatoyants était Anne-Sophie. Estelle prit la parole :
« Héléna, il faut que tu te réveilles, que tu partes loin d'ici. Tu as quelque chose à faire. Quelque chose d'important. »
Héléna secoua la tête en signe de désapprobation.
« Que se passe t-il ? demanda simplement Héléna. Une sorte de carnaval j'imagine.
- Ça ne doit pas t'intéresser, lâcha hâtivement Anne-Sophie. - Réveille-toi, c'est plus important que tu ne le penses, tu risques de le regretter. »
Estelle approuva Anne-Sophie en hochant la tête. Héléna bouillonnait de l'intérieur, ses poings se fermèrent sous la rage. L'espace d'une seconde, elle oublia la fête, le fait que ce n'était qu'un rêve et qu'il était inutile de se mettre en colère. Sa main droite, comme animée par une entité malfaisante, claqua le visage d'Anne-Sophie. Elle l'avait giflée et sa main était restée collée sur la joue de son « amie ». Des larmes salées coulèrent sur ses doigts, des larmes brûlantes, des larmes de feu.
Héléna reprit conscience du rêve, elle lâcha le visage d'Anne-Sophie et lui lança un regard noir avant de se fondre dans la petite foule. La musique avait changé, le tempo était bien plus lent et les danseurs tournoyaient tristement. Héléna crût reconnaître les mèches folles de son petit-ami, bien heureusement pour elle, il ne dansait avec personne. Elle l'approcha et caressa son joli masque de lapin.
« Héléna, m'accordes-tu cette danse ? » dit-il en lui tendant une main gantée.
Héléna la saisit, posa sa main gauche sur la hanche de son amour, et se mit à tourner entre les autres couples.
« Alexandre, ça fait du bien de te revoir, avoua t-elle.
- Ces femmes t'ont posé problème ma puce ? demanda t-il en désignant Estelle et Anne-Sophie.
- Elles sont détestables. »
Alexandre fit passer sa compagne sous son bras une dernière fois, lui caressa la joue, et la quitta sur ces mots :
« Je vais m'en occuper ne t'en fais pas. »
Héléna, au volant de sa valeureuse Citroën C3, s'engagea sur l'autoroute. Elle fut d'abord éblouie par la lueur orangée des lampadaires, mais cette source de lumière finit par la rassurer. Au moins, ses phares n'étaient pas seuls pour chasser les ténèbres de la voie.
La fatigue s'était emparée de la jeune femme, de même pour une douleur singulière à l'estomac. Ce n'était pas tout ce qui l'inquiétait. Elle n'avait pas vu passer un seul véhicule depuis son entrée sur l'autoroute, ainsi la lueur orangée ne la rassurait plus.
Le téléphone d'Héléna vibra sur le siège passager. Elle lorgna dessus puis décida de ne pas y toucher. De quoi avait-elle peur ? Il n'y avait pratiquement personne sur la route, comment pouvait-elle se mettre en danger en répondant ? Elle n'en savait rien, sa main n'avait juste pas daigné à saisir le portable.
La gare était à une centaine de kilomètres, et si Héléna voulait rejoindre Anne-Sophie avant demain soir, il ne fallait pas perdre une seconde. Ce devait être elle au téléphone : « Oh Héléna que se passe t-il ? Tu as eu des problèmes ? Oh mon Dieu je m'inquiète terriblement pour toi ! Parle-moi je t'en prie, parle-moi ! Héléna tu es sûre que ça va ? Je m'inquiète pour toi ! »
« TU PARLES ! » aboya soudainement Héléna.
Évidemment, elle exagérait, Anne-Sophie aurait sûrement demandé si son « amie » allait bien, et ce, sans la harceler de cette manière. L'alcool rendait Héléna grognonne et rageuse, le seul fait d'y penser la poussait à boire, alors elle tenta d'ignorer les canettes de bière vides qui vacillaient sur les banquettes arrière. Elle se concentra de nouveau sur la route et passa une vitesse.
Un virage pointa le bout de son nez lorsque le téléphone vibra de nouveau. Cette fois-ci, Héléna sursauta puis se cogna violemment la tête contre le ciel de toit. La glissière d'autoroute se rapprocha dangereusement de la tremblante Citroën. Sur le moment, Héléna avait juste envie de pousser un effroyable hurlement mais elle réussit à se ressaisir. Elle freina brusquement puis tenta d'apprivoiser le virage. La voiture dérapa dans un gémissement plaintif, presque un murmure, suivi d'un crissement déchirant.
Toute tremblante, Héléna s'échappa de son véhicule. Elle ouvrit grand la bouche lorsqu'elle vit l'énorme fissure qui déchirait la carrosserie. C'était mieux que la mort, certes, mais quand même ! Elle reprit peu à peu ses esprits mais la colère mousseuse qu'elle contenait l'empourpra. Héléna ouvrit la portière pour se glisser dans la Citroën, puis la claqua violemment. Ses mains tremblantes saisirent le téléphone, le serrant presque assez pour le briser.
C'était Anne-Sophie, sans surprise. Bien heureusement, elle n'avait laissé aucun message. Héléna se serait fait un plaisir d'y répondre en l'insultant, si cette chère Anne-Sophie ne lui devait pas cinq cents dollars. Encore sous le choc, elle manœuvra pour remettre sa voiture sur pied et poursuivit sur l'autoroute.
La Citroën s'engouffra dans une route sinueuse, au rythme de ses vrombissements singuliers.
~
Les paupières d'Héléna s'ouvrirent en un battement de cils. Elle se leva lentement et avança timidement. Un soleil pourpre enrobait un amas de grands bâtiments dans une chaleur mystique. Héléna ne fut même pas surprise en remarquant que ces bâtisses étaient vieilles d'au moins cent ans. Elle avança encore, ses talons claquant le pavé, et sa robe virevoltant derrière elle. Elle ne semblait ni anxieuse, ni heureuse, son visage impassible était à faire peur. D'une démarche robotique, la jeune femme s'approcha d'une petite maisonnette, qui faisait pâle figure face aux colosses de pierre qui l'entouraient. Ses doigts saisirent le loquet, d'abord l'index, puis le majeur, suivi de l'annulaire, de l'auriculaire, du pouce et de... Un sixième doigt ? Elle faillit pousser un cri, mais elle savait. Elle savait qu'elle était dans un rêve, et qu'à présent, elle pouvait arpenter le monde à sa guise.
Un sourire se dessina sur ses lèvres, elle était heureuse et pensait à tout ce qu'elle pouvait faire. Dialoguer avec son subconscient, prendre son envol, avoir le contrôle sur tout. Absolument tout. Une musique entraînante l'extirpa de ses rêveries. Quelque part, un trompettiste exécutait un solo avec brio, et peu après, un chanteur à la voix rocailleuse l'accompagna. Héléna écoutait, comme si elle était envoûtée. Elle reprit ses esprits quand la musique s'arrêta.
« Et une, deux, trois ! » s'écria une voix.
Soudain, la musique reprit de plus belle, et un chahut assourdissant l'étouffa. C'était une Héléna intriguée qui tenta de rejoindre la foule, et c'était aussi une Héléna intriguée qui se perdit dans un dédale de ruelles inquiétantes. Elle avait pensé à se téléporter mais elle n'y parvint pas, elle avait bien trop de jugeote et n'y croyait pas assez. Ce fut après avoir arpenté un véritable labyrinthe que ses pas la menèrent vers la place principale. Des dizaines et des dizaines de cavaliers tournoyaient au rythme de la musique. Ils semblaient tous masqués et absorbés par la fête, même le trompettiste et le chanteur. Deux femmes se détachaient de la foule dansante, elle semblaient comploter entre elles.
Cela ne plut guère à Héléna qui grimaça en les voyant s'approcher d'elle. Une ravissante jeune femme à la chevelure chatoyante et à la robe de jais prit Héléna par un bras. Une jeune blonde lui emboîta le pas et fit de même pour l'autre bras, plus fermement cette fois-ci. Aucune d'elles n'était masquée. Héléna mit du temps à réaliser que la charmante petite blonde était Estelle, sa sœur, et que la ravissante brune aux cheveux chatoyants était Anne-Sophie. Estelle prit la parole :
« Héléna, il faut que tu te réveilles, que tu partes loin d'ici. Tu as quelque chose à faire. Quelque chose d'important. »
Héléna secoua la tête en signe de désapprobation.
« Que se passe t-il ? demanda simplement Héléna. Une sorte de carnaval j'imagine.
- Ça ne doit pas t'intéresser, lâcha hâtivement Anne-Sophie. - Réveille-toi, c'est plus important que tu ne le penses, tu risques de le regretter. »
Estelle approuva Anne-Sophie en hochant la tête. Héléna bouillonnait de l'intérieur, ses poings se fermèrent sous la rage. L'espace d'une seconde, elle oublia la fête, le fait que ce n'était qu'un rêve et qu'il était inutile de se mettre en colère. Sa main droite, comme animée par une entité malfaisante, claqua le visage d'Anne-Sophie. Elle l'avait giflée et sa main était restée collée sur la joue de son « amie ». Des larmes salées coulèrent sur ses doigts, des larmes brûlantes, des larmes de feu.
Héléna reprit conscience du rêve, elle lâcha le visage d'Anne-Sophie et lui lança un regard noir avant de se fondre dans la petite foule. La musique avait changé, le tempo était bien plus lent et les danseurs tournoyaient tristement. Héléna crût reconnaître les mèches folles de son petit-ami, bien heureusement pour elle, il ne dansait avec personne. Elle l'approcha et caressa son joli masque de lapin.
« Héléna, m'accordes-tu cette danse ? » dit-il en lui tendant une main gantée.
Héléna la saisit, posa sa main gauche sur la hanche de son amour, et se mit à tourner entre les autres couples.
« Alexandre, ça fait du bien de te revoir, avoua t-elle.
- Ces femmes t'ont posé problème ma puce ? demanda t-il en désignant Estelle et Anne-Sophie.
- Elles sont détestables. »
Alexandre fit passer sa compagne sous son bras une dernière fois, lui caressa la joue, et la quitta sur ces mots :
« Je vais m'en occuper ne t'en fais pas. »
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