L'Apostolat des Oiseaux
Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 15
Observation
Publié le 30/01/14 à 22:41:12 par Loiseau
Observation
Les plaines immenses me font face. Beauté primitive caressée par le vent. Dans un monde ravagé la nature encore vivante n’est que plus belle. Du haut du Perchoir je peux voir galoper au loin les derniers chevaux sauvages. Leur élégance fauve m’émeut un instant. Ils représentent les dernières particules de liberté de notre planète, personne ne leur posera jamais de chaînes, nul ne pourra jamais les contraindre, ils sont l’incarnation de la puissance de la Terre-Mère. Je respire avec joie l’air frais et pur du matin et j’éprouve une pointe de tristesse en pensant à mes amis, dispersés aux quatre coins du monde, dont la plupart n’ont pas respiré autre chose que la pollution de la ville depuis des lustres. Un cri me fait lever les yeux au ciel et j’aperçois un majestueux aigle royal tournoyant au-dessus de ma tête, je lui adresse un grand sourire et l’appelle. Il descend gracieusement vers moi et se pose sur mon bras tendu, l’enserrant avec force. Je lui caresse doucement la tête, conscient de la chance que j’ai de pouvoir ainsi approcher sans danger pareil prédateur. Il donne un coup de bec affectueux sur celui de mon masque puis reprend son envol. Kwahu, mon majestueux ami…
Avec un soupir, je redescends les escaliers de pierre et rentre dans la tour. Le contraste avec l’extérieur est saisissant. Partout des ordinateurs, des écrans, des radios, des capteurs d’ondes divers… Et des gens s’activant sur ces machines. Ils cherchent à recueillir toutes les informations pouvant être utiles à l’Apostolat. Avis de recherches, documents confidentiels, mails privés, affiches de propagandes, maquettes de projets secrets, noms de gens importants, transferts d’argent… Informations que nous communiquons à nos collègues Apôtres afin qu’ils puissent agir en conséquences.
Une jeune femme près d’un téléphone me fait un signe. Je slalome entre les gens et la rejoins. Elle me tend un combiné, l’air grave. Je m’en saisis et le colle contre mon oreille.
- Aquila.
- C’est Vellere.
- Oh ! Que se passe-t-il ?
- Un Concile. Je vais organiser un Concile.
- Avec tout le monde ?
- Oui.
Je reste silencieux un moment. Réunir un Concile alors que nous sommes activement recherchés pour la plupart d’entre nous relève de la folie.
- Tu peux tous les prévenir rapidement ? demande Vellere.
- Tu peux pas t’en occuper ?
- Non. Faut que je prépare le terrain pour accueillir le Concile.
- D’ailleurs, tu veux organiser ça où ? C’est pas comme si on pouvait facilement traverser les frontières.
- En Australie.
- Pardon ?
- En Australie, dans un abattoir désaffecté.
- Tu veux qu’on aille en Australie ?
- Oui.
- Là où on trouve des criminels de guerre, des psychopathes, des terroristes, des cannibales, des araignées mutantes et des vapeurs radioactives ?
- Et des pluies acides, aussi.
- Et tu m’annonces avec aplomb qu’on va faire un Concile là-bas ?
- Tu vois un autre endroit ?
- Des tonnes, oui.
- Pas moi. Donc on va en Australie. Préviens tout le monde, qu’ils se préparent bien, dans un mois on se rejoint aux ruines de Sydney. Par « bien se préparer » j’entends « amener suffisamment d’armes et de munitions pour pouvoir génocider l’intégralité de l’île s’il le faut ».
- Oui enfin… On va éviter de massacrer trop de gens.
- Bien sûr. Mais comme tu l’as signalé, ce sont des psychopathes et des criminels de guerre. Pas sûr qu’ils fassent preuve de beaucoup de pitié à notre égard. Sur ce, je te laisse, j’ai à faire.
Il raccroche, me laissant pantois. Comment peut-il envisager une chose pareille ? Nous réunir en Australie… Ce ne sont pas seulement des armes qu’il nous faut. C’est une armure anti-radioactivité, un masque à gaz sur-efficace et un véhicule blindé. Ce continent est la définition même de la Terre Maudite.
Je repose le téléphone et prend à nouveau les escaliers afin de sortir de la tour. Une fois en bas, je pousse la lourde porte de bois et laisse le vent s’engouffrer dans la bâtisse. J’éprouve un fort besoin de me vider l’esprit par une ballade.
C’est deux heures plus tard que je reviens à la tour. En sueur. Il n’y a rien de plus agréablement épuisant que de faire la course contre un jeune puma joueur. Je contemple en souriant les larges griffures sur mes bras. C’est le principal défaut des pumas, ils ont du mal à se contrôler. En soupirant, je pousse à nouveau la porte d’entrée et remonte lourdement les escaliers. Je suis épuisé, mais j’ai encore du travail. Je remonte dans ma chambre, saisis un téléphone et compose un numéro dessus. Au bout de quelques secondes, mon correspondant décroche.
- Duc.
- Salut Duc. Ici Aquila.
- Y’a quoi ?
Entre l’agressivité implicite de Vellere et la mauvaise humeur quasi-permanente de Duc, le Concile s’annonce amusant. Je ne comprends pas trop ce qui leur arrive ces derniers temps…
- Un Concile.
- Où et quand ?
- En Australie, mon ami. J’espère que tu as de quoi t’armer.
- Bordel… Encore une idée de Vellere ?
- Ouaip.
- Dans combien de temps ?
- On a un mois pour rejoindre Sydney. Enfin… Ce qu’il en reste.
- Merveilleux…
- Ouais. Je dois appeler les autres et je suis claqué, donc je te laisse. A plus mon ami.
Et je raccroche sans plus de cérémonie. Je vais devoir me taper leur étonnement à tous…
Une lueur capte mon regard. Je tourne les yeux vers l’un des murs de la chambre et observe l’objet qui s’y trouve accroché. Une superbe massue d’argent. Un sourire m’illumine le visage.
Au moins ce sera l’occasion de me défouler un peu.
03/02/14 à 23:13:22
Ça précipiterait la fin.
01/02/14 à 13:33:01
Autant aller le faire sur la place centrale de Megapolis
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