Il se tenait en face de moi, la tête enfarinée. Il me demanda si j'allais bien, et je ne lui répondis pas. En s'approchant, il put me voir telle que je suis sans que je ne maquille mes blessures par une sorte de « pouvoir auto-régénérant » -ce n'est qu'une illusion, ça permet de me mêler à la foule des vivants- et mon corps nu décharné, bleuté, maigre, mort.
Il prit peur en me voyant.

- C'est quoi ce bordel ? Putain.

J'étais étonné, d'habitude, je l'aurais déjà égorgé. Mais là, j'avais un petit pincement au cœur, un peu mal au ventre -je peux quand même ressentir des émotions!-. Je crois bien que j'avais des sentiments pour lui. C'était la première fois...

- Martin... Dis-je d'une voix douce.
- Qu'est-ce que... C'était toi dans la rue !
- C'était moi. Écoute moi. Je suis morte depuis des années, et je suis condamnée à errer comme un mort-vivant. Je ne suis pas quelqu'un de bienveillant... Je dois tuer. Tu es la victime, cette fois. Je ne sais pas pourquoi... Mais... Je ne veux pas te tuer, mais je dois le faire, je suis obligée, et tu sais... Tu aurais du mourir affreusement si je n'avais pas de sentiments pour toi, mais je ne sais pas comment c'est possible, je ressens quelque chose. Tu es différent des autres victimes. Je suis désolée. Mais tu dois mourir. Ne t'en fait pas, la mort ce n'est pas si horrible, c'est le plus beau cadeau de la vie en fait.
- C'est quoi ce délire, un mort ? Merde, m'approche pa...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, je ne voulais pas de complication, je me suis jetée sur lui et la faucheuse à fait son office. Une victime de plus sur ma longue liste, une victime... Que j'aimais ?
Parce qu'il me manquait. Après, devoir retourner chez moi avec Alice, ça me dégoûtait un peu... Enfin pas totalement, parce qu'ils ne purent jamais l'enterrer... Il était avec moi.