L'étrange voyage de Lincoln, de Dieu et du Diable
Par : Relinus
Genre : Fantastique
Status : Abandonnée
Note :
Chapitre 3
Publié le 24/06/14 à 17:47:39 par Relinus
" Fait chier... "
On progressait sur le vieux sentier depuis 15 minutes à peine et Lincoln n'avait pas arrêté de maugréer depuis qu'on s'était enfoncé dans la forêt. Le chemin était cahoteux et instable, l'air était humide mais pas très étouffant ; néanmoins, je sentait mon crâne se serrer sous ma casquette.
Les esprits commençaient à s’échauffer ; le vieux regardait droit devant lui, et moi je mâchonnait du vide sous mes joues.
Mais le plus agacé était bien évidement cette bourrique à deux pattes qui nous suivait à quelques mètres de distance. Chaque pas résonnait derrière nous comme une nouvelle insulte professée à chaque chose qui vivait sous ces arbres.
Quand je me suis retourné, son visage blasé et couvert de sueur me frappa tant il transpirait de dédain. Je dois dire que cet air d'emmerder la création à chaque seconde de son existence m'étonnera toujours.
Quand nous sommes arrivés au niveau d'une petite bute rocailleuse, le vieux leva un bras et proposa de faire une pause, ce qui n'allait pas pour me déplaire.
Lincoln fit mine de ne pas avoir entendu et continua d'avancer le front baissé sur le sentier.
" Lincoln, arrête toi, je vais t'expliquer...
- Non. "
Ou est-ce qu'il était passé pendant tout ce temps? Ça devait faire au moins 50 ans que j'avais pas vu le bout de la tronche de ce type, et il râlait toujours avec la même nonchalance!
" Arrête toi Lincoln s'il te plaît.
- Tu me dis pas ce que je do... "
En fait, je voulais bien entendre ce que le vieux avait à dire. D'un claquement de doigt, j'ai arrêté Lincoln avec une branche de hêtre accidentellement tombée en plein sur le sommet de son crâne de bois.
Le choc le stoppa net. Les deux mains sur la tête, Lincoln murmurait des "putainputainputainputain" en se tenant droit au milieu du chemin.
Dieu se retourna vers moi :
" Bravo, comme si ça allait le calmer...
- Gni hi hi... "
Les murmures se firent de plus en plus inaudibles. Lincoln ne bougeait plus, la tête enfouie dans ses bras.
" Il n'a pas l'air content..." j'ai dit.
" T'avais pas qu'à pas le titiller..."
Le grand dadais se retourna d'un coup, les yeux grands ouverts et injectés de sang, les poings serrés comme pour contenir sa frustration.
Il s'approcha de Dieu la bouche grande ouverte. Il n'était effectivement pas content du tout.
" C'est toi! toi! toi qui m'emmerde putain! "
Il se mit à vociférer tellement fort que le vieux devait se boucher une oreille en le regardant.
" J'étais mort bordel! J'étais bien et presque heureux sans vous deux! J'ai passé 50 ans tranquillement sans avoir à subir la fumisterie que t'appelles monde et que t'osais m'infliger!
- Tu vas pas me dire que tu ne t'ai pas ennuyé là où t'étais quand même? répondit Dieu avec son calme légendaire.
- Peut être, mais t'étais pas là! Ni toi ni personne d'ailleurs " rétorqua Lincoln en se tournant vers moi.
" Écoutes, je sais que...
- T'as rien à me dire le vieux! Tu vas me renvoyer tout de suite dans mon trou parce que j'ai sommeil "
Dieu se leva alors d'un bond et colla une claque monumentale sur la caboche de Lincoln. Stoppé net dans son élan comme un enfant par son père, il restait la main sur la joue en face du petit vieux qui s'était mis à gueuler plus fort.
" Maintenant ça suffit gamin! Je t'ai laissé t'emmerder un demi-siècle au fond d'un trou en France c'est pas pour me faire engueuler à ton réveil! "
Ce gars là est vraiment incroyable. Il avait réussi à mettre les nerfs du Créateur en pétard au bout de 1 minute de conversation à peine, et c'est de loin la personne la plus sereine que je connaisse.
" Alors tu t'assieds et tu ouvres tes esgourdes. Toi aussi Meph, écoutes. "
Le vieux passa sa main sur son visage et repris une expression neutre parfaite.
" Le monde a changé. " fit-il en levant les yeux vers le ciel qui s'assombrissait.
" Quand on s'est séparé il y a 50 ans, l'humanité semblait sur la bonne voie, je me suis dit qu'on pouvait laisser un peu faire les choses...
- Mais nan ho là là...
-Satan, on en a déjà parlé. Quand à toi Lincoln, je t'avais retiré ton immortalité ; et j'ai pu constater que malgré mes avertissements, tu n'as pas fait preuve d'une grande prudence... "
Lincoln abaissa son chapeau sur ses yeux.
" J'ai pas fait exprès. Il m'a menacé, je me suis énervé, il a sorti un flingue...
- Peu importe. Aujourd'hui t'es là et j'ai bien l'intention que tu trouves enfin ton bonheur terrestre.
- Tu peux te le foutre au cul ton bonheur, tu le sais ça?
- Mais d'abord j'ai vraiment besoin que tu fasses quelque chose pour moi. "
Lincoln se releva lentement en repassa sa main sur sa chemise tâchée.
" Hors de question... "
Dieu ferma les yeux un instant, racla bruyamment sa gorge avant de de nous regarder gravement.
" Quelqu'un nous cherche les gars. Les témoignages de la présence de Dieu et du Diable sur Terre ne font qu'augmenter...
- Bah c'est cool nan? " j'ai fait. " Les gens vont se rappeler qu'on est là et on va pouvoir revenir à des choses sérieuses hé hé !
- Non. J'ai pas donné le libre-arbitre aux hommes pour qu'on devienne des totems qu'on brandit au nom de n'importe quelle cause!
- Bah bravo, c'est réussi... " ricana Lincoln dans un trait d'ironie.
" Grave, ais-je ajouté histoire de bien enfoncer ce vieux con.
- Ce que je veux dire c'est que ce sera pire. Lincoln, fit-il en se levant, je veux que tu fasses un choix. Soit tu nous aides Satan et moi et on te rend ton immortalité et tu ferras ce que tu veux sans que ni moi ni personne vienne te déranger... "
Le vieux s’interrompu un instant alors que Lincoln écrasait un moustique entre ses mains. Il semblait totalement absorbé par sa chasse aux insectes et tournait la tête comme pour refuser le dialogue.
" Soit je te renvoie dans ta tombe et tu passes l’éternité avec moi. "
Le visage de Lincoln avait blêmi un court instant. Il plissait les yeux et semblait pris au dépourvu alors qu'il fit semblant de chercher un autre moustique à écraser. Nul doute que la proposition du vieux n'avait rien d'équitable pour le pauvre Lincoln.
" J'ai certainement pas envie de me retrouver pour toujours en face d'un type à qui j'ai envie de botter le cul depuis que je suis gosse. "
Dieu répondit alors en souriant " Alors c'est oui? "
On progressait sur le vieux sentier depuis 15 minutes à peine et Lincoln n'avait pas arrêté de maugréer depuis qu'on s'était enfoncé dans la forêt. Le chemin était cahoteux et instable, l'air était humide mais pas très étouffant ; néanmoins, je sentait mon crâne se serrer sous ma casquette.
Les esprits commençaient à s’échauffer ; le vieux regardait droit devant lui, et moi je mâchonnait du vide sous mes joues.
Mais le plus agacé était bien évidement cette bourrique à deux pattes qui nous suivait à quelques mètres de distance. Chaque pas résonnait derrière nous comme une nouvelle insulte professée à chaque chose qui vivait sous ces arbres.
Quand je me suis retourné, son visage blasé et couvert de sueur me frappa tant il transpirait de dédain. Je dois dire que cet air d'emmerder la création à chaque seconde de son existence m'étonnera toujours.
Quand nous sommes arrivés au niveau d'une petite bute rocailleuse, le vieux leva un bras et proposa de faire une pause, ce qui n'allait pas pour me déplaire.
Lincoln fit mine de ne pas avoir entendu et continua d'avancer le front baissé sur le sentier.
" Lincoln, arrête toi, je vais t'expliquer...
- Non. "
Ou est-ce qu'il était passé pendant tout ce temps? Ça devait faire au moins 50 ans que j'avais pas vu le bout de la tronche de ce type, et il râlait toujours avec la même nonchalance!
" Arrête toi Lincoln s'il te plaît.
- Tu me dis pas ce que je do... "
En fait, je voulais bien entendre ce que le vieux avait à dire. D'un claquement de doigt, j'ai arrêté Lincoln avec une branche de hêtre accidentellement tombée en plein sur le sommet de son crâne de bois.
Le choc le stoppa net. Les deux mains sur la tête, Lincoln murmurait des "putainputainputainputain" en se tenant droit au milieu du chemin.
Dieu se retourna vers moi :
" Bravo, comme si ça allait le calmer...
- Gni hi hi... "
Les murmures se firent de plus en plus inaudibles. Lincoln ne bougeait plus, la tête enfouie dans ses bras.
" Il n'a pas l'air content..." j'ai dit.
" T'avais pas qu'à pas le titiller..."
Le grand dadais se retourna d'un coup, les yeux grands ouverts et injectés de sang, les poings serrés comme pour contenir sa frustration.
Il s'approcha de Dieu la bouche grande ouverte. Il n'était effectivement pas content du tout.
" C'est toi! toi! toi qui m'emmerde putain! "
Il se mit à vociférer tellement fort que le vieux devait se boucher une oreille en le regardant.
" J'étais mort bordel! J'étais bien et presque heureux sans vous deux! J'ai passé 50 ans tranquillement sans avoir à subir la fumisterie que t'appelles monde et que t'osais m'infliger!
- Tu vas pas me dire que tu ne t'ai pas ennuyé là où t'étais quand même? répondit Dieu avec son calme légendaire.
- Peut être, mais t'étais pas là! Ni toi ni personne d'ailleurs " rétorqua Lincoln en se tournant vers moi.
" Écoutes, je sais que...
- T'as rien à me dire le vieux! Tu vas me renvoyer tout de suite dans mon trou parce que j'ai sommeil "
Dieu se leva alors d'un bond et colla une claque monumentale sur la caboche de Lincoln. Stoppé net dans son élan comme un enfant par son père, il restait la main sur la joue en face du petit vieux qui s'était mis à gueuler plus fort.
" Maintenant ça suffit gamin! Je t'ai laissé t'emmerder un demi-siècle au fond d'un trou en France c'est pas pour me faire engueuler à ton réveil! "
Ce gars là est vraiment incroyable. Il avait réussi à mettre les nerfs du Créateur en pétard au bout de 1 minute de conversation à peine, et c'est de loin la personne la plus sereine que je connaisse.
" Alors tu t'assieds et tu ouvres tes esgourdes. Toi aussi Meph, écoutes. "
Le vieux passa sa main sur son visage et repris une expression neutre parfaite.
" Le monde a changé. " fit-il en levant les yeux vers le ciel qui s'assombrissait.
" Quand on s'est séparé il y a 50 ans, l'humanité semblait sur la bonne voie, je me suis dit qu'on pouvait laisser un peu faire les choses...
- Mais nan ho là là...
-Satan, on en a déjà parlé. Quand à toi Lincoln, je t'avais retiré ton immortalité ; et j'ai pu constater que malgré mes avertissements, tu n'as pas fait preuve d'une grande prudence... "
Lincoln abaissa son chapeau sur ses yeux.
" J'ai pas fait exprès. Il m'a menacé, je me suis énervé, il a sorti un flingue...
- Peu importe. Aujourd'hui t'es là et j'ai bien l'intention que tu trouves enfin ton bonheur terrestre.
- Tu peux te le foutre au cul ton bonheur, tu le sais ça?
- Mais d'abord j'ai vraiment besoin que tu fasses quelque chose pour moi. "
Lincoln se releva lentement en repassa sa main sur sa chemise tâchée.
" Hors de question... "
Dieu ferma les yeux un instant, racla bruyamment sa gorge avant de de nous regarder gravement.
" Quelqu'un nous cherche les gars. Les témoignages de la présence de Dieu et du Diable sur Terre ne font qu'augmenter...
- Bah c'est cool nan? " j'ai fait. " Les gens vont se rappeler qu'on est là et on va pouvoir revenir à des choses sérieuses hé hé !
- Non. J'ai pas donné le libre-arbitre aux hommes pour qu'on devienne des totems qu'on brandit au nom de n'importe quelle cause!
- Bah bravo, c'est réussi... " ricana Lincoln dans un trait d'ironie.
" Grave, ais-je ajouté histoire de bien enfoncer ce vieux con.
- Ce que je veux dire c'est que ce sera pire. Lincoln, fit-il en se levant, je veux que tu fasses un choix. Soit tu nous aides Satan et moi et on te rend ton immortalité et tu ferras ce que tu veux sans que ni moi ni personne vienne te déranger... "
Le vieux s’interrompu un instant alors que Lincoln écrasait un moustique entre ses mains. Il semblait totalement absorbé par sa chasse aux insectes et tournait la tête comme pour refuser le dialogue.
" Soit je te renvoie dans ta tombe et tu passes l’éternité avec moi. "
Le visage de Lincoln avait blêmi un court instant. Il plissait les yeux et semblait pris au dépourvu alors qu'il fit semblant de chercher un autre moustique à écraser. Nul doute que la proposition du vieux n'avait rien d'équitable pour le pauvre Lincoln.
" J'ai certainement pas envie de me retrouver pour toujours en face d'un type à qui j'ai envie de botter le cul depuis que je suis gosse. "
Dieu répondit alors en souriant " Alors c'est oui? "
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