<h1>Noelfic</h1>

Dolofónos


Par : VonDaklage

Genre : Action , Science-Fiction

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 2

Une simple mission

Publié le 13/06/14 à 19:19:34 par VonDaklage

Une cigarette était pendue au creux de ses lèvres. Sa main se leva afin d’en enflammer l’extrémité à l’aide d’un briquet. Il en inhala le tabac avant de le recracher, projetant un épais voile de fumée. La lune était pleine ce soir. Le vent caressait son visage en cette douce nuit d'été. Il regarda sa montre, l’heure était venue. Il réalisa à ce moment là qu’il n’avait aucune envie d’agir. Ici, il était à l’écart de tout problème, coupé du monde. Adossé contre une poutre de ce qui était auparavant le clocher d’une église, il était assis sur un épais muret en bois une jambe pliée et l’autre pendant dans le vide. Il se perdait dans la contemplation. Surplombant la ville, il en avait une vue magnifique. Les lumières se dégageant des foyers réchauffaient le ciel, irradiant l’ensemble, diffusant une calme et douce atmosphère. Cette ville était paisible, calme. Il regrettait d’avoir à troubler ce calme. Il voulait en finir le plus rapidement possible. Un autre vieux pourri dont il devait écourter les jours sur cette terre. Il écrasa le mégot par terre et se mit à descendre les escaliers. Il sortit une tablette de sa poche et appuya dessus, la sortant ainsi de sa veille prolongée. De multiples informations apparurent en surbrillance, mais aucune ne l’intéressait. Il navigua jusqu’à celle responsable de sa présence en cet endroit ; Sa cible. Une reproduction miniature de celle-ci apparut sous la forme d’un hologramme. Edgar Winston. Un self-made man criminel ayant commencé au bas de l’échelle, avant de gravir les échelons et de devenir le parrain de la pègre anglaise. Mais un jour, sur un coup de tête, il tua ses plus proches partenaires ainsi que sa compagne. Un malade comme il en courait des millions d'autres dans les rues de nos jours.Mais ce malade était différent. C'était un malade à la tête d’une organisation criminelle, aux moyens financiers et au pouvoir importants. Mais sa dangerosité se trouvait autre part. Cet homme était ce que l’on appelait un Ersatz. Une personne dont le corps fut sujet à une injection de sang démoniaque afin de transcender les limites humaines et d’acquérir un pouvoir quasiment inaccessible autrement. C’était dans ces circonstances que notre homme entrait en scène. Il exerçait la profession de mercenaire, pour ne pas employé l’expression « tueur à gages », spécialisé dans l'extermination de démons ou d'Ersatz tel qu'Edgar. Après un ensemble de manipulations, la tablette fit apparaître un emploi du temps. Celui-ci, bien rempli, indiqua que ce cher Edgar n’allait pas tarder à commencer sa promenade nocturne dans l’espace d'une dizaine d'hectares entourant sa demeure, entourés de ses molosses.

L’assassin marchait en contemplant les constructions stylisées Néo-Renaissance, seul âme qui vive dans les rues, brisant le mutisme de la nuit par le bruit de ses pas. Il s’arrêta à une cinquantaine de mètres du manoir, l’ombre d’un arbre centenaire masquant sa présence. Balayant la zone du regard, il repéra les différentes sphères de télésurveillance qui survolait la zone. Deux d’entre-elles se trouvaient près de l'endroit où il s’était arrêté. Sa main descendit le long de son corps, repoussant son long manteau noir avant qu’elle ne se mette à courir sur sa ceinture. Il en tira deux couteaux de lancer qu’il cala entre son pouce et son index. Il analysa les parcours qui étaient programmés dans ces deux sphères et les sans trop de mal. Elles étaient relativement rapides, mais une fois le trajet en tête, les mettre hors-service devenait une tâche aisée.

Il inspira un grand coup avant de bloquer sa respiration. Il envoya le premier couteau qui fendit l'air avant de se loger en plein dans l'objectif et de la faire chuter. Le second transperça littéralement le globe volant qui s'écrasa au fond d'un buisson. Une fois les caméras détruites, il s'approcha du domaine d’Edgar, ce dernier étant cerné par un mur d’une bonne dizaine de mètres. Il se rapprocha de manière discrète et attentive, à l’affut du moindre dispositif de sécurité. Il arriva finalement sur la route, faisant face au mur délimitant la propriété de sa cible. Quelques lampadaires venaient éclairer la route ici et là. La route était déserte et muette, chose normale étant donné l’heure tardive et la distance relativement importante séparant la résidence de la ville.

Il leva alors le nez afin de jauger l’obstacle qui se dressait devant lui. Il s’élança. Son corps se dirigea vers le mur et suite à une impulsion légèrement plus puissante que les autres, ses deux pieds se retrouvèrent sur le mur. Sans marquer le moindre temps d’arrêt, l’assassin longea le mur à la verticale, jusqu’à en arriver au bout. D’un mouvement d’une agilité féline, il posa sa main sur le rebord afin de passer de l’autre coté. Il atterrit sur une haie, atteignant presque la moitié du mur, et s’y allongea à plat ventre. Il fouilla la poche à l’intérieur de sa veste et en sortit un monocle rectangulaire qu’il plaça sur son oreille, avant d’appuyer sur le bouton intérieur afin de l'activer. Il abaissa une paupière afin de pouvoir se focaliser sur l’image que lui renvoyait son oeil droit. L'appareil le dotait d’une acuité visuelle supérieure, ainsi que d'une vision thermique lui permettant de repérer une dizaine de personnes à un peu plus d'un kilomètre. Toutes disposées de manière équidistantes les unes des autres, mais celle qui l'intéressait était au milieu. Edgar. De la main droite, il sortit un de ses pistolets et le pointa en sa direction. La lune reflétait sa douce lumière sur l’arme au canon long, mettant toutes ses caractéristiques en valeur. D'une couleur argentée, cet arme à feu était parcourue par de multiples gravures dont certaines s’accordaient de manière à former un mot sur le côté gauche du canon.

« Liona ».

Une poignée douce, d'un métal pur et brillant, lui facilitait la prise en main tandis que son doigt effleurait la gâchette. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, son arme était plus lourde que ce que sont visuel laissait à penser. Cela était dû au métal en lequel étaient forgées ses armes. Deux armes jumelles créées spécialement pour lui. L’assassin fixait sa cible tel un prédateur. Plus aucun bruit ne parvenait à ses oreilles, comme si la nature retenait son souffle en attendant qu’il ne presse la détente sous l'oeil omniprésent de l'astre lunaire. Le souffle du vent, la puissance de feu de son flingue et la distance le séparant de sa cible, il avait pris toutes ses composantes en considération. Et il le savait, en tirant, il ferait mouche.

Au moment où il se décida à rendre la sentence finale d’Edgar, un de ses gardes du corps se plaça devant celui-ci afin de lui dire quelque chose. L’information semblait être importante car l’ensemble du groupe se figea, bouchant la fenêtre de tir de l’assassin. Il pouvait conclure sa mission dès maintenant, en pressant la détente, mais cela ne correspondait pas à son éthique de travail. Il ne tuait qu’en cas de nécessité, donc il ne pouvait rien faire, à part attendre. Et il attendit. Après un court moment, le gêneur bougea sa tête mais dans la seconde, tout les gorilles se regroupèrent autour du vieil homme avant d‘accélérer le pas en direction du manoir. L’ensemble du jardin s’illumina à plein phare. Une lumière placée sous l’homme porteur de mort se mit à clignoter à son contact. Une sirène ne tarda pas à retentir, signalant sa présence à l'ensemble des personnes chargées de la sécurité de ce lieu. Après en être arrivé à la conclusion que la discrétion ne l’emmènera pas plus loin qu’il ne l’était déjà, il sauta au sol afin d’élargir son champ d’action. Il prit en chasse sa cible, jusqu’à ce que des aboiements ne parviennent à ses oreilles.

Ces aboiements avaient une sonorité nettement plus grave et agressive, comme si ils sortaient des entrailles de la Terre. Comme si ils venaient directement de l’Enfer. Il s'arrêta afin de jeter un coup d'œil aux alentours, lorsqu’il vit une horde de canidés fondre sur lui, lâchant de larges filets de salive à mesure qu'ils gagnaient du terrain. Une meute de créatures modifiées génétiquement, des gros loups à poils bruns gonflés aux hormones. Des canines longues comme les couteaux qu’utilisait l’assassin, et ayant l’air aussi bien aiguisées. Des grosses pattes pourvues de griffes qui déchireraient du métal sans trop de difficultés si elles en avaient l'occasion. Des muscles surdéveloppés, roulant sous leur peau à chaque mouvement. Et de grands yeux rouges sang, preuve de la manipulation génétique par laquelle elles étaient passées. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait des hybrides démoniaques, et il avait appris que leur espérance de vie ne dépassait que très rarement deux ans. C’était le prix à payer afin de posséder ces créatures dangereuses pour qui tuer était une raison de vivre. Les canidés se rapprochaient de lui alors que sa main se resserrait autour de son arme à feu.

Ses pistolets possédaient des chargeurs de 13 balles perforantes. Les deux étaient pleins et ils en possédaient deux autres accrochés à sa ceinture, dans son dos afin de ne pas le gêner dans ses mouvements. L'appareil sur son œil se mit à verrouiller les différentes bêtes au rythme où son bras se levait. Elles étaient au nombre de 11.

Les bêtes devaient être à une vingtaine de mètres lorsque son doigt pressa pour la première fois la gâchette. La première balle s'en alla se loger entre les deux yeux d'un de ces loups modifiés, lui explosant l’arrière du crâne en ressortant. Les animaux poursuivaient leur route et les balles continuaient à se loger dans les têtes de ces ignobles créatures nées de la main de l'homme. Tout d’un coup, il ne restait plus que deux d’entre elles, ces dernières s’étant mises à ralentir, comme si elles commençaient à comprendre ce qu'il se passait. Il rangea son arme sans ciller et les contempla tandis qu’elles se divisaient afin de l’encercler, adoptant une technique de chasse semblable à celle utilisée dans la nature. Elles avaient bien prévues d’en faire leur diner. Les grognements se faisaient de plus en plus bruyants à mesure que le cercle qu’elles avaient formés se resserraient autour de l’assassin. Il s’était muni d’un de ses petits couteaux de lancer afin de se protéger en cas d’attaque, mais il ne comptait pas lancer l’offensive. Il se contentait de regarder ce qu’il considérait comme de simples chiots.

D’un coup, une des deux bêtes bondit sur lui. S’étant préparé à ce les choses se passent ainsi, il trancha la gorge de l’animal avant de lui enfoncer le couteau dans la nuque si profondément, qu’il déchira la chair afin de ressortir par l’avant au moment même où il toucha le sol. Il s'écroula lourdement, laissant échapper un bruit semblable à un gargarisme, accompagné d’un léger soubresaut. Après ça, sa poitrine ne se souleva plus. L’homme se tourna et fit face à la dernière bête vivante. Elle se mit à grogner à son endroit, dévoilant toutes ses dents dans une vaine tentative de l’impressionner. Malgré ça, elle semblait hésitante tandis que lui la fixait avec dédain et défiance. Orgueil animal ou action irréfléchie, elle sauta afin de lui planter ses crocs dans le cou mais d’un coup de pied dans l'estomac, il lui brisa plusieurs côtes, l’envoyant bouler à quelques mètres. La bête tenta de se redresser, en vain. Il était déjà dans son dos, lorsqu’il décida de mettre fin à ses souffrances en lui brisant la nuque.

L’homme réalisa que l’animal lui avait laissé de la bave sur la main. Il l'essuya avec un mouchoir qu’il sortit de sa poche. Il se tourna en direction du manoir et vit Edgar dans un 4x4 blindé, prêt à démarrer, escorté par deux autres, conduits par ses gardes du corps. Les voitures se mirent en route et le mercenaire visa les automobiles présentes sur le parking avant de presser la détente. Une balle traversa le pare-choc de la voiture fermant l'escorte, coupant ainsi la transmission entre les commandes et les roues, l’empêchant d'avancer. Malheureusement, les deux autres avaient réussies à quitter le champ de vision du tueur. Il fît demi-tour avant de se mettre à courir.

Il enchaîna les pas, qui devinrent rapidement des foulées. Le monocle indiquait qu’il se déplaçait à une vitesse de 70km/h. Son long manteau noir et ses cheveux blonds étaient fouettés par le vent, les repoussant en arrière. Il fit à nouveau face au mur encerclant la propriété d’Edgar, mais cette fois, il ne l’escalada pas. Un simple saut le fit atterrir dessus, sans forcer. Une fois le pied dessus, il se tourna à quart de tour, et reprit sa course en longeant le rempart. Il jeta un œil en arrière afin de contempler l'avance qu’il avait par rapport aux fuyards. Arrivant à la fin du mur, il sauta afin d’atterrir sur la route en faisant une roulade avant de continuer jusqu'à arriver en ville. Il se lança dans une course effrénée sur les toits afin de passer inaperçu, la faible luminosité émise par les réverbères l’aidant grandement dans son entreprise. Il finit par trouver un endroit adéquat et se mit à plat ventre une nouvelle fois.

Son monocle zooma sur le véhicule ouvrant l'escorte afin de lui permettre d'ouvrir le feu, utilisant le même procédé que plus tôt afin de s’en débarrasser. Cette dernière s'encastra contre un arbre suite à la perte de contrôle du véhicule. Les gardes du corps furent assommés par la violence de l'impact mais les airbags semblaient avoir amortis l’essentiel du choc, préservant leur vie. Il ne restait désormais que la voiture d'Edgar, conduite par un de ses singes en costume. L’assassin avait fait les comptes, il lui restait deux balles dans son chargeur. Il regarda la voiture qui zigzaguait afin d'éviter ses balles potentielles. La voiture entra en ville en trombe, brisant son calme nocturne. Il pressa la gâchette et la balle vola. Elle traversa une partie de la ville, puis elle alla rencontrer sa cible, détruisant le système de transmission avant de s’enfoncer dans le sol.

Le véhicule patina avant qu’un mur ne stoppe ses dérapements, les coussins d’air s'enclenchant suite au choc. Il rangea son monocle et se redressa, fixant le véhicule accidenté. Il sauta afin d’atterrir dans une année avant de se mettre à serpenter dans la ville, courant à vitesse normale, jusqu’à arriver au niveau de la voiture après une petite minute. Il constata que les occupants de la voiture avaient décampés mais en observant la chaussée, il remarqua une trainée de sang. Il regarda autour de lui afin de voir si les habitants de la ville avaient remarqués l’agitation dans la ville, mais il semblerait que l’insonorisation des habitations ait correctement faite son travail. Ca, ou bien ils ne souhaitaient pas être mêlés à cette affaire en reconnaissant le véhicule d’Edgar Winston.

Après cet instant de réflexion, il se décida à remonter jusqu’à la source du saignement et les rattrapa vite. Ils le virent s’approcher, leur visages montrant leur mécontentement, tandis que le vieux prit ses jambes à son cou. Les deux gorilles pointèrent leurs flingues vers celui qui en voulait à la vie de leur patron, n’hésitant pas longtemps avant de se mettre à tirer. Les balles partaient vers le mercenaire, mais elles finissaient toutes par dévier de leurs trajectoires. L’incompréhension se lisait sur les visages des hommes de main, ces derniers compensant en vidant leur chargeur sur la source de la peur naissant dans leurs entrailles. L’assassin ne bougeait pas, se contentant de les regarder d’un air absent. Une balle fut tirée. Elle vola en direction de son front, mais juste avant de le pénétrer, elle disparut dans un flash blanc. Les deux hommes pressaient leurs gâchettes mais plus rien n’en sortait. Le cliquetis qui résonnait à répétition montrait leur frustration et il savait que le désespoir germait dans leur esprit. Leurs chargeurs étaient vides.

C’est ce moment là que choisit l’homme à la chevelure blonde pour se rapprocher. La ruelle était à peine éclairée par la lune à cause d'épais nuages, et les cheveux du tueur lui retombaient sur le visage comme une pluie d’or, le rendant indiscernable. Savoir que son visage était difficilement distinguable le satisfaisait. Il avança, et ils paniquèrent. Ils lui jetèrent leurs armes dessus, qu’il repoussa d'un revers de la main. Cette action avait pour but de créer une ouverture afin qu’ils puissent lui rentrer dedans. L’idée était bonne, mais vaine et prévisible. Le premier tenta un crochet du droit, mais l’assassin bloqua son poignet et sans marquer de temps d’arrêt, le fit pivoter rapidement afin de le lui briser, sans pour autant lâcher prise. Et voilà le gorille, à genoux, hurlant sur la même tonalité que les loups hybrides qu’il avait tué plus tôt. En regardant l’homme au poignet brisé, une pensée traversa son esprit. Pensée qui se matérialisa instantanément sous forme de mots.

- Edgar n'est vraiment entouré que d’animaux, murmura l’homme aux cheveux blonds.

Le second se jeta sur l’ennemi dans une mesure désespérée afin de sauver sa vie lançant un direct au visage mais l’expérience au combat et le sang-froid du tueur le firent agir instinctivement. Il releva le garde du corps et le bascula de manière à ce qu’il soit devant lui, encaissant le coup à sa place. Il le repoussa violemment afin d’avoir la voie libre pour enfoncer son genou dans le foie du second, qui tomba sèchement, l’air lui manquant. Avançant calmement, il revint vers le premier et lui mit un bon coup de pied dans la mâchoire, l’envoyant au pays des rêves. L’assassin n’avait ainsi plus personne pour lui barrer la route.

Il se lança à la poursuite du vieil homme en prenant son temps. Ce dernier se vidait de son flux de vie sur le goudron, permettant au tueur de le suivre à la trace. Il échangea son chargeur avec un autre plein, dans un cliquetis propre à son arme à feu. Il se passa la main dans les cheveux et les replaça de façon à ce que qu'ils ne le gênent pas dans sa tâche. La trace rouge finit par se courber en direction d’une ruelle et il réussit à y distinguer une ombre se mouvant dans les ténèbres. Il plongea alors dans la noirceur.

- Fuir ne sert à rien. Rends-toi maintenant et je ferais ça suffisamment rapidement pour que tu ne souffres pas.

Aucune réponse. Il s’avançait lentement et finit par le voir, le vieil homme étant caché par un conteneur poubelle. Il saignait de l'épaule et la tenait, tentant désespérément de réduire le saignement et la douleur. Adossé contre le mur, il regardait l’ange de la mort dans les yeux. Ses yeux gris, usés et épuisés. Ses cheveux mi-longs, arborant la même couleur que ses pupilles. Son visage, semblable à un fruit pourri et flétri, était témoin du temps qui passait. Vêtu d'un costume blanc cassé de très bonne facture, l’assassin trouvait qu’il dégageait un certain charisme malgré sa condition physique. Il continuait de le fixer et l’homme pouvait facilement discerné l’émotion qui se trouvait dans les pupilles d’Edgar. Il l’avait lue plus de fois qu’il ne pouvait le compter. C’était la peur de mourir. Celle-ci était tellement importante qu'il n'arrivait plus à parler. Il avait vu son visage, mais cela ne le gênait pas, sa mise à mort était prévue d'ici quelques instants. Il pointa son arme en direction du crâne d’Edgar Winston.

- Att... Attends !

Il leva la main vers l’homme qui avait le pouvoir de vie et de mort sur lui en cet instant, afin de demander la parole. Il tremblait, sans doute à cause du sang perdu.

- Je peux te rendre riche ! Ce qu'on te propose pour me tuer, je te donne le double ! Non, le triple ! Et je t'engage pour ma protection personnelle, tu auras tout ce que tu veux ! Négocia-t-il, d’une voix faussement assurée, laissant échapper un rire nerveux.

Le tueur le regarda de manière volontairement hautaine.

- Je ne fais pas ça pour l'argent, lui répondit-il froidement.

Edgar se mit à paniquer et à gesticuler, essayant de raisonner.

- Peu importe ce que tu veux, je te le donnerais !

L'espace d'un instant, il considéra sa proposition, abaissant légèrement le canon.

- Tu sais quelque chose sur le tueur à la rose noire ? Demanda-t-il.

Le vieil homme le regarda, désarmé, comprenant que dans sa réponse résidait son potentiel salut.

- N-non, mais j'ai un grand réseau d'information, je peux le trouver !
- Le contraire m'aurait étonné, soupira le tueur. Une dernière volonté ?

Il se tut et soutint le regard du tueur. Edgar avait compris que les négociations étaient closes. Il grinça des dents, la frustration se lisant sur son visage. Des complaintes inaudibles s’échappaient de sa bouche.

- Merde, je peux pas mourir là... Murmura le vieil homme.

Sa main se crispa avant de se refermer sur son pantalon. Il leva la tête. Une expression haineuse sur le visage, les yeux injectés de sang. En l'espace d'une seconde, sa peau se mit à changer. Elle obtint une allure écailleuse, d'un rouge vermillon. Il n’eut pas le temps de le détailler plus car ce dernier força le passage en bousculant celui qui en voulait à sa vie, hurlant à pleins poumons. Le tueur se tourna et le vit fuir à tout allure. Il le poursuivit afin de ne pas le perdre de vue, mais il était rapide et avait déjà glané une avance considérable. Une course-poursuite s'engagea alors sur les toits de la ville endormie. La distance entre le gibier et son chasseur se réduisait, lentement mais surement. Il sortit son arme et lui tira une balle dans la cuisse, ce qui le fit ralentir. Le démon enfonça ses longs doigts griffus dans sa chair, tâtonnant, afin de saisir le projectile et de s’en débarrasser. Pendant que le démon s’affairait à extraire la balle, le mercenaire avait réduit à zéro l’écart entre eux. Edgar montra les dents en le voyant. Un mince filet de lumière tomba sur le parrain de la pègre et permit au tueur de contempler toute la teneur de sa monstruosité.

Son changement d’apparence était phénoménale. Ses pupilles argentées furent remplacées par des disques d'or. Les traits de son visage gagnèrent en épaisseur, rendant la comparaison avec son allure habituelle impossible. Son corps, qui était frêle et inoffensif il y a encore quelques instants, s’était considérablement étirer en largeur et en hauteur, gagnant une dizaine de centimètres et faisant craquer ses habits sous la pression par la même occasion. Ses cheveux poussèrent et tombèrent en arrière, balayant ses omoplates. C’était devenu une montagne de muscle. Il ne lui restait qu'un lambeau de chemise sur le dos ainsi qu'un pantalon transformé en haillons ayant craqué sous le soudain élargissement du corps du vieil homme. Ses chaussures furent réduites en charpie et plus rien d'elles ne subsistaient sur ses pieds. Il grognait, laissant entrevoir ses imposantes canines, avant de se mettre en position.

Il se jeta sur son adversaire et tenta de lui lacérer le visage, mais ce dernier eut le réflexe de sauter en retrait. Il poursuivit son assaut, cherchant à le tailler en petits morceaux, variant la vitesse de manière abrupte, poussant son adversaire à reculer plutôt qu'à attaquer afin de lui permettre de ranger son arme. Il tenta de l’éviscérer en orientant ses longues griffes vers son estomac. Malheureusement pour lui, l’assassin repoussa la main ennemie avec son pied, l’enfonçant dans le sol et lui donnant la voie royale pour le frapper au visage. Le tibia du mercenaire vint alors rencontrer la gorge d’Edgar. Il sut qu’il avait réussi son coup en entendant le démon s’étouffer avec sa propre salive, sans compter le fait que le coup le fit basculer en arrière, lui faisant emporter un morceau de toit étant resté accroché à ses doigts. Il se rétablit sur ses appuis mais se prit aussitôt un coup de coude en plein dans le nez. Malgré cela il ne bougea pas d’un pouce, surprenant l’assassin. Les griffes qu’ils possédaient aux pieds étaient bien ancrées dans le sol. Il lui balança le morceau de toit au visage, mais ce dernier vola en éclats contre les avant-bras du tueur dans un flash blanc. Edgar profita de cet instant pour le charger et lui placer un coup à l'estomac que le tueur réussit à contrer avec peine, utilisant son coude.

Sous la puissance du coup, ses pieds décollèrent du sol. Il voltigea à quelques mètres de hauteur. Se servant de cette impulsion, il effectua une pirouette en arrière et en profita pour dégainer son pistolet. L’arme cracha le feu une fois, le démon esquiva. Une deuxième fois, il évita à nouveau. Le démon prit appui sur ses jambes et fit preuve de la détente dont il était capable afin de rejoindre son adversaire dans les airs. Il essaya de l'atteindre au visage d’un coup de griffes mais le mercenaire saisit son poignet et glissa sur lui, jusqu'à arriver dans son dos et se servir de l'énergie cinétique afin de le projeter le plus loin possible. Il chuta mais dans sa descente, il tira à deux reprises, réussissant à lui loger deux balles. Une dans chaque jambe, juste au-dessus du genou.

Il atterrit à pas de velours tel un chat et entendit sa cible tomber lourdement sur des poubelles dans un vacarme mélangeant métaux et verres. Il se mit à courir et regarda l'endroit où était censé s'être écrasé Edgar, mais aucun signe de lui. Afin de le trouver, il se laissa tomber dans cette cour extérieure, arme à la main, placée le long du corps, et tourna la tête. Il n’y voyait plus grand chose, l’astre nocturne étant toujours cachée par les nuages. Soudain, il sentit son arme être violemment repoussée de sa main, et la seconde suivante, il était plaqué contre un mur. Le démon le maintenait en appuyant son avant-bras sur sa gorge. Un large sourire carnassier vint décorer son visage tandis qu’une lueur de folie se reflétait dans ses pupilles.

- Sans ton pistolet, t'es rien de plus qu'une proie facile ! Cracha-t-il au visage de son ennemi d'une voix démente.

Son haleine dégageait une odeur fétide, et il osait lui parler de face, d’aussi près. Il arma son autre bras, prêt à le transpercer avec ses griffes. Il savourait cette position dominante tout en le toisant, en plongeant ses yeux dans les siens.

- Une dernière volonté ?! Ricana-t-il, la folie résonnant dans sa voix.

Une détonation retentit. Une balle lui traversa le crâne et son sang éclaboussa le tueur. Son autre pistolet se trouvait sous le menton d’Edgar. Il l'enleva, le laissant s'écraser sur lui, et le poussa de manière à ce qu’il tombe en arrière. Son corps s’affaissa alors comme un pantin désarticulé. Il n'avait probablement pas compris ce qui lui était arrivé et il aura quitté ce monde dans l'incompréhension la plus totale. Sa suffisance l’avait mené à sa perte.
L’assassin sortit un mouchoir et essuya son visage avec, avant d'enlever le sang qui a souillé le canon. Il frotta précautionneusement, jusqu’à ce qu’il ne reste plus une trace, avant de contempler la gravure faite sur le côté droit du canon.

« Selena ».

Une foule de sentiments déferla en lui mais il tâcha de demeurer impassible. Il alla ramasser son autre arme avant de ranger les deux à sa ceinture. Il enfila un gant sur sa main droite et sortit un de ses couteaux afin de déchirer les guenilles du démon, qui avait récupéré sa forme humaine. Il lui ouvrit la poitrine et y plongea la main. Il tâta et sentit ce qui lui servait de cœur. Il l’agrippa de manière ferme avant de l’arracher d’un coup sec. Il sentit les muscles et autres tissus se déchirer, éclaboussant le cadavre. Il contempla ce qu’il avait dans la main, l’observant avec intérêt. Un gros cristal de sang, semblable à un rubis, dont certaines parties étaient toujours faîtes de chair. Il sortit le cadre qu’il avait utilisé plus tôt et en sortit une rose blanche qu’il coinça entre ses dents avant d'y poser le palpitant dessus. Le cadre se transforma en boite adapté à sa taille avant de rétrécir, jusqu'à pouvoir tenir dans la poche. L’homme aux cheveux blonds posa la rose sur la poitrine du défunt et se releva. Il nettoya son couteau couvert de sang avec son mouchoir et brûla son gant avec son briquet avant de le laisser tomber au sol et de le regarder se consumer dans les flammes. Il leva le nez. Les nuages avaient disparus. Il tourna la tête et vit une personne, sous une arche en pierre, le fixant.

C’était un jeune homme, la vingtaine entamé. Il avait les cheveux noirs, mi-longs, et des yeux d'un cobalt saisissant. Ses grands yeux expressifs n'exprimaient qu'une chose en ce moment. La peur, et à juste titre. Le cadavre d’Edgar était à ses pieds, et il avait vu son visage, aussi clairement que lui voyait le sien. Ils se dévisagèrent dans un instant qui lui semblait une éternité. Et en cet instant, il se maudissait de ne pas avoir été plus prudent.Il ne pouvait pas le tuer, c’était contraire à son éthique de travail. Son cerveau carburait à toute vitesse.

Et dans un éclair de lucidité, il lui fonça dessus et lui plaça un coup dans l'estomac suffisamment puissant pour qu'il s'évanouisse, en plaçant une main dans son dos afin qu'il ne s'envole pas. Il le posa sur son épaule et l'emporta avec lui, alors qu’il se repassait la scène dans sa tête, encore et encore.

Ce gamin avait vu son visage.

Commentaires

Warser

25/02/13 à 11:25:21

- se met à nettement augmenter (le nettement est de trop à mon sens)
-Je me met à essayer (je préfère j'essaie de)
- "passaient" pb de temps
- "mince" adjectif en trop, qui ne convient d'ailleurs pas à une fenêtre mais à une vitre. Je fais souvent ce genre d'erreur aussi
- des milliers de livres : VVVVVVVVV :noel:
(d'ailleurs, y'ne a des miliers, mais tu répètes beaucoup le mot. Ouvrage, volume, sont tes amis
"une aura" : de quoi? autorité, charisme, respect, terrifiante? Il a de la présence, il a l'air intelligent, fort?
"contempler" : un peu fort. je proposerais détailler
"tombant" ---> tombent
"vairons" Mouhahaha, les yeux de la bêeeeete :p Techniquement, des yeux vairons, ce sont des yeux verts et marons, c'est une hétérochromie particulière, et non pas un adjectif concernant toutes les hétérohromies.
"était" changement de temps
Marron rouge sang? Je visualise pas :( Enfin, un peu, mais ça fait weird
"éussi" réussis
Je réussis à peine... que. La formule me fait tiquer, je ne saurais dire pourquoi
"incompréhensif" : je ne suis pas sur que le mot existe, et s'il existe, il n'est pas à la portée de ton narrateur, qui semble avoir un vocabyulaire plutôt simple et courant :oui:
"je regarde et contemple" : récurrence.
"contemple" il arrête de contempler, le poète, là? :noel:
Les sueurs froides arrivent brutalement, alors qu'il "contemplait". j'aurais mis la pensée qu'il effraie (aka je suis dans une pièce avec un tueur) avant de faire régair son corps (ventre + sueur)
répétition de ravisseur
Pourquoi ton héros se plaque contre
une armoire? Il voudrait se cacher?
mérite ---> méritent
contracter et relacher violemment?
répétition de "semble"
"son bras le long de son corps" répéition
gardant --> tenant, peut être, je dirais
serré ---> serrée
"son tas de papiers" quel tas de papier? Il avait un bouquin dans la main :noel:
Je pense que tu peux couper en deux phrases la réplique du ravisseur.
Il tutoie déjà son ravisseur? à sa place, je serais en train de me recroqueviller de peur.
*formerai
Mon corps se met à chauffer : dans quel sens ? fièvre?
*ferai
ferai
"que tu meures" (je crois :()
*formerai
qu'à
*veillerai
*appelle
"l'homme aux cheveux d'or fait bizarre
"- Parle-moi de toi. Quel âge as-tu ?
- 22 ans, dis-je un peu surpris.
- Étudiant ?
- Oui.
- Dans quel domaine ?
- Le droit.
- Il y a une université de droit dans une aussi petite ville ?
- Non, j'étais venu rendre visite à ma grand mère.
- Je vois."
Excellent dialogue, je trouve :)
- variées
"sinon il est" un peu maladroit
rigides comme un piquet : comme des piquets? :)
Il le consièdre déjà comme unmentor, c'est un peu rapide. D'ailleurs, une remarque en passant : je trouve l'étudiant très docile, il ne se pose pas énormément de questions, et il assume très vite sa place.
Oh putain, ils ont pas d'anésthésiques plus doux qu'un coup de poing? :noel:
Bien, bien. Voilà pour mes remarques de formes, tu en fais ce que tu veux évidemment.
Sur le fond :
L'intrigue se dessine. J'ai du mal à comprendre que Hyde veuille former un gamin * à sa place je l'aurais juste enfermé quelque part, mais puisqu'y a moyen de le booster aux hormones, je peux voir l'intérêt. :-))
à part ça, j'ai déjà fait la remarque de la docilité du gosse.
On peut continuer le parallèle avec V : les principes, la culture, la souffrance de l'apprenti... Mais si ça s'arrête là, c'est pas grave.
Le style : imagé, sympathique. Dans l'ensemble, j'aime bien le texte. Les dialogues sont vraiment un point fort, mais je pense qu'en les travaillant un peu plus tu pourrais les rendre vraiment très bien. Les descriptions pêchent un peu parfois, mais la description au présent est très dure à gérer.
A propos du choix du présent : pourquoi pas, mais parfois, justement dans les descriptions, ça me fait tiquer.
Dans l'nesemble, j'aime bien, j'accroche, je suivrai. Bon courage ! Commence à retravailler les phrases, vraiment, pour trouver la formule juste. Répète les dans ta tête au besoin, retourne les mots, tire le meilleur. C'est très dur, mais il faut le faire :oui:
La structure du récit, le rythme des descriptions, la longuer des descriptions, la substance des descriptions : tout ça va bien :) Les dialogues, sont, je le répète, bons. Mais affine maintenant, précise, trouve les mots et phrases justes, installe une ambiance. Notamment dans la description des sentiments et émotions du personnage, moins de métaphores -tu peux en faire ailleurs- et plus de brut, de peur, d'angoisse, de colère. Plus de "concret", c'est plus fort.
voilou. Des conseils, c'est très subjectif évidemment.
(je viens de voir que mon opinion diffère énormément de celle de Bali... Bah, à mon avis, les dialogues sont plutôt bien. Surtout celui que j'ai cité. Et les descriptions, loin d'être mauvaises, sont à retravailler :oui: )

BaliBalo

16/02/13 à 20:17:39

Fiouuuuuh :bave: Joli et fascinant !

J'ai néanmoins repéré quelques erreurs :

Au début de ton chapitre tu as fait beaucoup de fautes de coordination des temps, t'es au passé composé - présent, et tu passes brusquement à l'imparfait dans une description, pas bien ! :(

Un tout petit truc qui m'a gêné c'est aussi le mot "incompréhensif", il revient souvent et n'est pas franchement adapté à ce que tu veux dire, je pense que "sans comprendre" ou "perdu" serait mieux :oui:

D'autre part, dans tes dialogues, lorsque le narrateur parle tu utilises une terminaison fausse : "disé-je" non non non, on écrit "je dis" ou "disais-je" . Mais je reconnais que c'est assez chiant ce truc là, donc j'te conseille de carrément pas mettre de verbe de parole en fin de discours et de le mettre avant.

Ensuite je pense que tu devrais insister beaucoup plus sur la douleur ressentie par le narrateur, quitte à ce que ce soit trash et que ça te donne un pavé bien lourd. L'effet distorsion du temps et état second du héros après n'en sera que décuplé.

Pour finir j'ai remarqué que certaines choses étaient mal tournées dans tes dialogues. J'pense que tu devrais essayer de formuler mieux la crainte qu'éprouve ton héros dans ce qu'il dit. Et aussi lorsque Hyde lui propose de devenir son élève c'est légèrement invraisemblable, du moins la façon dont il le présente. Essaye de mettre un peu plus en scène cette proposition, de montrer que Hyde n'a pas le choix, qu'il fait ça parce qu'il en a besoin...

En résumé, ton gros point faible c'est les dialogues qu'il faut que tu retravailles sinon d'un point de vue descriptif c'est sacrément bien ! Surtout la description des personnages qui est, à mon sens, parfaite :ok: Le style est fluide, ton chapitre est long mais il se lit sans problème tant il est prenant et donc j'adore ! :coeur:

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