Cela fait maintenant deux mois que le pays, et sans doute le monde, est dans cet état. Mère Nature reprend toujours ses droits, d'une manière ou d'une autre; cette maladie venue de nulle part, transportée par les rats des égouts, s'est peu à peu propagée à travers les villes et villages de France, tel le vent filant sur l'océan. D'une simple morsure, la victime pâlit de plus en plus, le virus rongeant le système nerveux et contaminant le sang, jusqu'à ce que mort s'en suive. Puis ce même virus, une semaine exactement après la mort de l'individu, réactive les fonctions primaires du corps, manger et marcher, pour que ce "zombie" nouvellement formé puisse à son tour transmettre la maladie.

Le ciel est parsemé de nuages gigantesques. Sans doute annonciateurs de pluie. Au loin le tonnerre gronde et la pluie tombe. Des cadavres jonchent par dizaines les routes et les chemins. Aucune forme de vie ne semble se manifester dans ce paysage désolé. Seule une personne court à toute allure le long d'une voie départementale.
A bout de souffle, Mike s'arrêta contre un arbre. Il avait déjà parcouru tant de chemin, mais il ne devait pas faillir pour autant, si près du but. Que pouvait-il bien lui rester, pour avoir fait tout ce chemin? Ses parents, ses amis... tous sont morts. Tous... sauf une personne. La seule encore en vie, et la plus importante à ses yeux.
Reprenant son allure, il stoppa pourtant brusquement sa course une centaine de mètres plus loin. Devant lui se trouvait l'une des causes probable de la mort de tous ses proches. Empestant la décomposition, des lambeaux de peaux tombant par endroits, une pâleur incroyable et un visage repoussant, Mike avait en face de lui un zombie. L'archétype de la vie après la mort, en chair et en putréfaction elle-même.
Des fourreaux qu'il porte à sa ceinture, l'adolescent dégaina deux sabres d'excellente facture, fabriqués selon les anciennes techniques japonaises. L'un porte un dragon doré sinuant sur la lame en acier renforcé, tandis que ce sont deux tigres bleu azur qui s'entrecroisent sur le manche du second.
Semblant l'avoir remarqué, ou du moins senti son odeur, le zombie commença à se mouvoir dans sa direction, poussant des cris rauques et des grognements. Mais il ne fut pas le seul à s'élancer. En effet, sortant de nulle part, émergeant des quelques bosquets des environs, ce fut une dizaine de zombies qui se dirigeaient désormais vers Mike. Mais cela ne le fit pas tressaillir pour autant. Pliant légèrement les genoux, se préparant à attaquer, il pensa:
- Si j'ai déjà fait tout ce chemin, ce n'est pas pour me faire tuer par une bande de cadavres ambulants. Et ce ne sera pas demain la veille!
S'élançant sur les zombies telle une flèche, il fut devant l'un deux en une poignée de secondes. Envoyant un coup d'estoc au visage, le zombie fut transpercé, et s'effondra lourdement au sol.
Se baissant pour esquiver une main venant de derrière lui, il trancha avec habileté les jambes d'un deuxième, avant de le décapiter avec tout autant de facilité. Faisant virevolter ses sabres avec une aisance déconcertante, il vint à bout des zombies en peu de temps, et reprit sa route, non sans avoir fouillé au préalable les quelques carcasses de voiture laissées ça et là sur la chaussée redevenue déserte.

Courant à travers une forêt afin de semer quelques zombies trop collants, Mike grimpa se réfugier dans un grand chêne, la ou ses "poursuivants" ne pourraient le suivre. Déposant son sac à dos sur une large branche, il scruta l'horizon pour tenter d'apercevoir une habitation, mais seules de vastes plaines s'offraient à lui, parsemées de quelques bosquets d'arbres sombres et sans doute peu accueillants, au vu de ce qui se baladait sous ses pieds actuellement. Cassant une ou deux branches afin de mieux s'établir dans son nouvel abri, l'adolescent ouvrit son sac et en sortit un lance-pierre ainsi qu'une boite de clous, qu'il avait trouvé dans une voiture, non sans avoir tué le jeune enfant zombifié qui le serrait dans ses bras, ainsi que son père, dans le même état, pour avoir accès à la boîte à gants. Après avoir déposé trois de ces clous dans le sac de son lance-pierres, il visa l'un des zombies qui le poursuivait, et qui essayait vainement de grimper à l'arbre. L'élastique claqua, les clous fusèrent à travers les branches, et vinrent se planter dans le crâne du mort-vivant. Celui-ci fit quelques pas, puis tomba soudainement: la puissance du tir avait fait son effet, le cerveau de la créature avait été touché à trois reprises, et les clous se sont plantés assez profondément pour réduire au silence le zombie.
- Au moins, je n'aurai pas à me servir tout le temps de mes sabres, se dit Mike en rangeant le lance-pierres.
Puis, sortant du sac une barre de céréales, il l'entama, tout en regardant l'horizon. 2 mois qu'il courait, se cachait, tuait des zombies, tout en traversant la France... Mais ses pensées furent vite interrompues: un puissant rugissement se fit entendre au loin, faisant sursauter le jeune homme qui manqua de tomber de l'arbre. Les créatures qui étaient au pied du chêne se dirigèrent vers la source de cet énorme cri, pensant sans doute y trouver quelque viande à déchiqueter.
Le bruissement du vent vint caresser l'herbe verte dans la plaine. Le sol commença à trembler, à intervalles réguliers. Un autre rugissement, plus puissant encore, se fit entendre. Il venait d'une partie de forêt qui se trouvait en face du bosquet d'arbres ou se trouvait Mike, et à en juger par l'intensité de ce cri, ce qui l'avait lancé se rapprochait dans la direction du jeune homme.
De plus en plus de zombies se rassemblaient dans la plaine, intrigués par ce qui se passait dans ce coin. Mike n'aimait pas cela, cette horde de mort-vivants ne présageait rien de bon. Et il ne pouvait pas descendre de son arbre sans devoir se battre contre toute cette troupe de zombies, ce qui ne ferait que le fatiguer davantage qu'il ne l'était déjà. L'idée d'utiliser à nouveau son lance-pierres lui effleura l'esprit, mais il la balaya, car cela lui ferait utiliser trop de munitions, alors qu'il n'en avait qu'une quantité limitée. Il se résigna donc à attendre, et observa de nouveau le paysage. De la forêt voisine, des arbres tombaient les uns après les autres en ligne droite, le sol tremblait de plus en plus fréquemment. Soudain, Le dernier arbre de cette "ligne droite" s'envola, et le jeune homme fut terrifié de ce qu'il vit.
Car ce qui filait à travers la plaine à toute vitesse, piétinant des zombies sur son passage, c'était l'une des plus effroyables machines de destruction qui avait jamais foulé le sol de cette planète. 8 mètres de long pour 10 tonnes, une mâchoire capable de gober un être humain en une fois, des dents de 18 cm de long, Mike n'osait croire à ce qu'il voyait, mais c'était pourtant la réalité: un Giganotosaurus, le plus imposant de tous les dinosaures carnivores, venait de faire une imposante démonstration de force. D’où pouvait-il venir? Comment était-il venu ici, lui qui était censé avoir disparu il y a 65 millions d'années, comme ses congénères? Personne ne pourrait jamais le dire. Une chose était sûre, il facilitait la tâche de Mike, car les zombies qui se trouvaient dans la plaine étaient désormais presque tous réduits en lambeaux ou littéralement écrasés par cet énorme théropode. Pourtant, l'adolescent remarqua que le dinosaure était mal en point: une grande estafilade saignant abondamment courait sur son dos, et sa patte gauche était meurtrie, semblait-il par un coup d'épée, car la marque était propre et bien droite.