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Vérités absolues et sophismes intolérables


Par : Warser
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Le talent


Publié le 01/11/2013 à 05:10:58 par Warser

Yo, j'ai décidé de commencer une petite chronique, je traite de Dieu, de l'amour, du talent, bref, de plein de trucs inutiles mais qui nous importent quand même. Si vous n'avez pas peur des pavés et de la philosophie, c'est fait pour vous. Bonne lecture.




Le talent



Une question qui taraude souvent les jeunes auteurs -dont je fais partie- est celle du talent. Appelez le comme vous voulez, le génie, le don, le « truc ». Oui, comme moi, vous entendez, et lisez, que certains individus ont « le truc ». Autrement dit, ils ont ce quelque chose de transcendant qui les rend supérieurs aux autres. On ne sait pas exactement ce que c'est, on sait juste que c'est ce qui distingue l'auteur sérieux du bouffon juste bon à distraire les foules, l'honorable littéraire de l'habile commercial, bref, Proust de Stéphanie Meyer.
Mais justement, c'est quoi, ce fameux « truc » ? Bon, déjà, je sens que je vais m'attirer les foudres d'une foule de littérateurs enragés, la bave au lèvres et les couteaux tirés. « Imbécile ! Le talent, ça ne se définit pas, ça se ressent. Ça ne se questionne pas, ça ne se discute pas, ça ne se conçoit pas. Ceux qui l'ont brillent au dessus de la masse avec une telle clarté qu'il est impossible pour un connard rationnel coincé comme toi de saisir pleinement ce qu'ils ont de plus que toi. » Ah bah oui, évidemment. Ça me permet de faire un petit détour par la foi et la transcendance, avant de revenir au sujet. Sous prétexte qu'une chose est transcendante, on ne devrait pas pouvoir la concevoir logiquement. Eh bien sachez, chers sophistes des temps modernes, que ce qui ne se conçoit pas logiquement n'a pas d'existence pour l'esprit rationnel. Si les concepts sont vides sans l'expérience, l'expérience n'a pas de sens sans les concepts. Dire que «x a du talent » n'a aucun sens si l'on ne sait pas ce qu'est le talent. Donc, oui, nous avons besoin d'une définition du talent, et non, la pure « intuition » n'est pas suffisante.
Donc, c'est quoi le talent ? D'abord, c'est quelque chose d'inné, et non d'acquis. Et c'est pas moi qui dit ça, c'est Emile Zola, c'est à dire celui qui pensait faire de la littérature une science sociale – pauvre homme, s'il voyait ce qu'est devenu son cher art du scribouillage... -. Disons, que dans l'esprit du binoclard engagé, on a le « Grand style », ou on ne l'a pas. Lecteur, donc, si tu as le Grand Style, un peu de travail et tu deviendras un génie adulé. Si tu ne l'as pas, j'espère que tu as prévu un plan de secours.
Poussons un peu le raisonnement : si c'est quelque chose d'inné, c'est qu'on en dispose à la naissance. Si l'on en dispose à la naissance, c'est que c'est inscrit dans notre capital génétique. Mais nom de Dieu – pardon le barbu, je voulais pas te déranger mais c'est sorti tout seul – quel amoncellement de conneries !
Je n'ai jamais vu, et je pèse mes mots, une idée plus irrationnelle, plus contre-intuitive, plus évidemment fausse. La littérature est un construit culturel par excellence. Elle a été développée par l'homme au fil des siècles, elle n'a rien de naturel ni de biologique ! Bon, je m'emporte. Admettons, pour les besoins de la réflexion, qu'une certaine forme de cerveau soit plus adaptée qu'une autre à la littérature – pourquoi pas, me direz vous -. Mais là encore, quelque chose pêche. C'est quoi, la littérature ? C'est quoi, un bon auteur ? C'est quoi, un génie ?
Je vois des écrits plus complexes que d'autres, je vois des écrits qui me plaisent et d'autres qui ne me plaisent pas. Alors, le génie, est-ce celui qui plaît au plus grand nombre ? Dans ce cas, Stéphanie Meyer et E.L. James – l'auteur de 50 Shades of Grey, big up – sont l'incarnation du talent littéraire. Est-celui qui plaît à une certaine communauté ? Mais de quelle communauté parle-t-on ? Pourquoi cette communauté aurait-elle plus de légitimité à juger de littérature qu'une autre ?
Est-ce lié non pas à l'opinion d'un quelconque lectorat, mais à la qualité intrinsèque de l'écriture ? Mais qui donc juge de cette qualité ? Sur quels critères ?
On aurait tendance à éliminer rapidement la première définition, et pourtant je vous invite, chers lecteurs, à la prendre en considération, car elle est selon moi l'une des plus satisfaisantes. Intuitivement, ce qui est bon, c'est ce qui nous plaît, c'est ce qui nous fait plaisir. Dire d'un auteur qu'il est bon, c'est dire qu'on a retiré du plaisir de la lecture de son œuvre. Si un auteur a pour but de plaire, alors celui qui réalise le mieux cet objectif est celui qui plaît au plus grand nombre. C'est d'une logique cristalline, c'est tellement clair et distinct – Big up René - que ça ne s'explicite même pas. Enfin si, ça peut s'expliciter quand même, avec un raisonnement mathématique tout simple. Si mon objectif est de plaire, alors mon objectif est d'apporter la plus grande quantité de bonheur au monde. Si j'apporte une somme de bonheur x à 100 individus, j'ai mieux réalisé mon objectif que si j'avais apporté une somme de bonheur x à 50 individus.
Mais je vous vois venir, vous allez me parler de la qualité dudit bonheur. Le bonheur de certains aurait plus de valeur que le bonheur d'autres, autrement dit, plaire à une certaine communauté d'individus aurait plus de valeur que de plaire au reste de l'humanité. Ça paraît un peu étrange, dit comme ça, non ? Pourtant, c'est une idée très répandue en littérature. Plaire au cercle très fermé des amateurs de belles lettres semble être plus honorable, plus valorisant, que plaire aux piliers de bars du café « Le bouchon du port » à deux pas de chez vous.
D'où vient cette idée si étrange ? Elle vient de notre manie, je dirais même de notre dangereuse illusion – j'y reviendrai*** – qui revient à mettre la complexité sur piédestal. Parce que c'est plus dur à réaliser, ça a plus de valeur. Parce que c'est plus dur à apprécier, c'est forcément meilleur. Eh bien, non. Ce n'est pas parce que le gin ou le whisky demandent un palet formés qu'ils sont « meilleurs » que la bière, et, oui je vais le dire, ce n'est pas parce que Proust ne peut être apprécié qu'avec un fond culturel adéquat qu'il est meilleur que J.K. Rowling.
Car au fond, quelle légitimité l'expert en art a-t-il pour juger d'art ? Quel légitimité le connaisseur a-t-il pour juger de ce qui est bon, et de ce qui ne l'est pas ? La connaissance de l'art suffit-elle à juger de la valeur d'une œuvre ?
Celui qui a beaucoup lu semble avoir la légitimité de son expérience. Le cultivé en impose par sa verve et ses citations sorties de l'outre-tombe – ou du sixième sous-sol de la Sorbonne, ce qui est sensiblement la même chose vu l'état de décomposition avancé des cadavres littéraires qui en recouvrent les étagères-. C'est généralement un khâgneux, ou ex-khâgneux, il apprécie la musique classique, se trouve proche d'Alain Finkielkraut et de Renaud Camus. Il est nostalgique d'un temps où « la littérature était meilleure ». Si les opinions de ce personnage sont exclusivement subjectives, alors elles ne peuvent décider avec absoluité de la valeur d'un texte. Il faudrait pour cela qu'elles soient objectives, où du moins aient une visée objective.
Ceci dit, est-ce réellement possible ? Pour répondre à cela, il faut se poser la question de ce qu'est l'objectivité. Ce qui est objectivement vrai, est vrai pour tous, et toute opinion contraire est par définition fausse. Entrent dans cette définition de l'objectivité les vérités mathématiques, et les vérités rationnelles. -quoique, mais ce sera l'objet d'une autre chronique-. Tout le reste n'est que « probablement objectif », vérités scientifiques y compris.
Alors, y-a-t-il une objectivité, même seulement probable, en littérature ? Non ! Absolument pas, et c'est même un non-sens de le penser. Je m'explique. La littérature est construite par l'homme. Elle ne correspond à aucun objet séparé de notre volonté, or un jugement objectif s'applique par définition à ce sur quoi nous n'influons pas, ce qui est indépendant de notre conscience ! Nous pourrions, dès demain, considérer la métaphore comme une grave erreur syntaxique en modifiant les règles de la syntaxe, et ce ne serait pas un non-sens logique. L'humanité crée la littérature, l'humanité décide de ce que la littérature devient. On ne peut l'étudier en tant qu'objet extérieur, puisqu'on décide de son destin ! On peut dire avec objectivité que le soleil émane de la chaleur, puisque les caractéristiques du soleil sont totalement indépendantes de notre volonté.
Par contre, dire qu'un texte est objectivement bon est un non-sens, puisque c'est nous, et nous seulement, qui décidons de la qualité d'un texte. Dès lors que la véracité du jugement de goût dépend de la volonté des hommes, elle cesse d'être objective. L'homme ne décide pas de l'existence de la lune, mais il décide très certainement de la qualité d'une œuvre.
Si nous désirions formuler des jugements objectifs sur une œuvre littéraire, il faudrait que la qualité d'une œuvre littéraire soit un objet séparé de notre conscience. Il faudrait que cette qualité soit observable à l'extérieur de nous. Tant que le jugement de goût est formulé au cœur de la conscience, sans support absolu et indépendant de notre volonté, il reste profondément subjectif.
Je sens que je deviens peu clair, donc on va prendre un exemple simple pour illustrer mes propos. Imaginons que je veuille décrire objectivement du chocolat. Je peux dire que cet aliment est composé de cacao, de sucre, de beurre de cacao, et de lait pour les mécréants. Je peux dire qu'il est noir ou bronzé, et qu'il comporte parfois des amandes. Tous ces éléments de descriptions sont des éléments objectifs, ils sont indépendants de la volonté de l'humanité tout entière*. Par contre, je ne peux pas dire qu'il est bon, ou mauvais. Car cette caractéristique est fondamentalement dépendante de la conscience du goûteur, je ne peux en juger objectivement.
Il dépend de l'humanité que de changer la nature bonne ou mauvaise du chocolat, alors qu'il ne dépend pas d'elle de changer sa constitution chimique, caractéristique objective.
De même pour un texte. Le nombre de mots et de caractères ne dépend pas du lecteur, il peut donc porter un jugement objectif sur ces qualités. Mais la saveur du texte, le goût du texte, dépend fondamentalement du lecteur. Je vais formaliser l'argument, c'est toujours drôle, de bon goût, et absolument pas lourd.

1) La qualité d'un texte est fondamentalement dépendante de la conscience d'un ou plusieurs hommes.

2) L'objectivité ne s'applique qu'à des questions indépendantes de la conscience des hommes**

3) La qualité d'un texte ne peut donc pas être jugée de manière objective.

Il n'y a donc pas d'objectivité en littérature. Ouf, même moi je dois admettre que c'était laborieux. D'un côté, c'est pas forcément évident de casser huit siècles de recherches dans le domaine, alors un peu de considération. Un dernier point, à ce propos. La subjectivité de la littérature se comprend au travers de la théorie des paradigmes. Désolé, je vais être lourd pendant encore quelques lignes. Qu'est ce qu'un paradigme ? Grosso modo, c'est un filtre d'interprétation, c'est une manière de voir le monde. Le paradigme religieux par exemple, conçoit le monde comme créé et sous-tendu par une ou des divinités. Y-a-t-il des paradigmes en littérature ? Évidemment, et plus qu'ailleurs encore. Chaque siècle voit naître son nouveau filtre d'interprétation. Le filtre d'interprétation baroque, classique ou romantique verrait Duras comme une gamine un peu attardée. Le filtre d'interprétation contemporain voit Flaubert comme un lourdingue. Bref, selon l'époque, la « bonne littérature » change. Ce n'est pas une preuve logique qu'il n'y a pas de jugement objectifs en littérature – la preuve logique est ci dessus -, mais c'est un support intuitif.

Bon, j'en ai fini avec cette longue question. Mais vous me direz, et le talent alors ? Patience, j'y reviens. Ce que je tire de ce long développement est simple. S'il n'y a pas de jugement objectif en littérature, alors notre connard de Khâgneux prétentieux (peace les Khâgneux, c'est pas méchant) n'a pas un jugement littéraire plus pertinent que Dédé du Bouchon du Port. Il a simplement un jugement différent, basé sur un fond différent. Il est peut-être plus difficile à satisfaire, mais son jugement n'a pas plus de valeur. Dès lors, celui qui a du talent n'est pas celui qui est accepté par les vieux qui hantent la Sorbonne. Il n'est pas non plus celui qui arrive à une vérité intrinsèque et objective de l'écriture, puisqu'une telle chose n'existe pas -prouvé plus haut-. Qu'est ce qui nous reste ? Ah bah oui, cette première définition, si intuitive et pourtant si repoussante. Celui qui a du talent en littérature est celui qui sait se faire aimer du plus grand nombre.

Mais est ce qu'une telle chose existe seulement ? Les goûts changent avec le temps. Par conséquent, celui qui a du talent est celui qui à un point X dans le temps, publie une œuvre qui correspond aux gouts du plus grand nombre. Alors, une petite étude sociologique et statistique, une mesure du style le plus apprécié par les gens, quelques exercices pour l'appliquer, et... voilà. On a du talent. Décevant, en comparaison avec cette « étincelle transcendante », ce « Grand Style » Zolien...

La vérité, c'est qu'il n'y a pas de « talent ». Il y a des facilités pour certaines formes d'écriture, et si vous avez de la chance, votre facilité tombera pile sur le goût du plus grand nombre. Or,s'il y a des écrivains meilleurs que d'autres, c'est ceux qui savent se faire apprécier du plus grand nombre – tout simplement parce que c'est le seul critère de mesure objectif que nous pouvons utiliser. Alors, si vous souhaitez devenir un « meilleur écrivain », étudiez religieusement twilight et fifty shades of gray. Il vous faudra ensuite une bonne dose de chance, et c'est tout. Mais.. le désirez vous vraiment ? S'il n'y a pas de talent, il y a de la volonté. La volonté seule peut produire de « meilleurs écrivains » -au sens susdit-.

Je vais être très cliché pour conclure ce raisonnement, mais je le pense vraiment. Ne pensez pas au talent. Pensez au succès si vous le désirez, et dans ce cas travaillez pour le succès et uniquement pour lui. C'est un maître exigeant, vous allez devoir faire des concessions, sortir de vos zones de confort.
Mais si vous souhaitez juste écrire et vous améliorer, sachez qu'il n'y a pas de vérité absolue dans le domaine, alors écrivez pour vous, écrivez ce qui vous plaît et ce qui vous rend fiers de vous-mêmes. Écrivez ce qui plaît à cette personne importante pour vous, parce que son sourire vaut mille jugements. Bref, cessez de vous soucier d'une vérité absolue et transcendante, d'un sommet presque métaphysique que vous pourriez hypothétiquement atteindre : une telle chose n'existe pas, car la littérature est profondément humaine, son destin et sa vérité entre les mains de l'homme. Entre vos mains.









*Je vois venir les critiques. Si l'humanité se mettait tout d'un coup à considérer que le mot chocolat désigne de l'huile d'olive sur du pain, alors elle pourrait changer les caractéristiques du « chocolat ». C'est pour cela que je ne parle pas du MOT chocolat, mais bien du CONCEPT de chocolat. Le concept précède au mot, et quelque soit le nom qu'on lui donne il restera le même.
Ce débat est beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Certains répondraient que le concept est totalement arbitraire, et que c'est l'humanité qui de toute façon crée les concepts. C'est vrai, mais j'ai de bonnes raisons de croire que lorsque l'humanité crée des concepts, son activité est basée sur une certaine forme de vérité naturelle.
Bien que je ne puisse en être sur, je pense que le soleil est un objet différent de la lune, et que l'humanité a eu raison de définir deux concepts séparés pour ces deux objets. De même je pense que le chocolat est bel et bien un objet à part entière dans l'ordre naturel. Bref, ceci peut inviter à une longue réflexion, qui nous mènerait dans les méandres des tranchées d'une guerre vieille de deux siècles, celle qui fait rage entre analytiques et phénoménologues. Mais ce n'est pas le sujet de notre discussion.

** Les mathématiques sont-ils indépendants de la conscience des hommes ? Je crois bien que oui. Les vérités et axiomes mathématiques s'appliquent tellement bien au monde que je suis poussé à le croire. C'est un objet que nous avons créé, mais que nous ne contrôlons pas, et qui dispose de sa propre vérité intrinsèque que nous pouvons étudier d'un œil extérieur. D'ailleurs, si je n'étais pas de mauvaise foi, ce que je suis, j'aurais supposé que la littérature pourrait être l'un de ces objets. Un objet que nous avons créé, mais qui a pris son indépendance, qui nous a échappé, et que nous pouvons désormais étudier et regarder d'un œil extérieur. C'est une position honnête contre laquelle je n'ai pas de raisonnement logique. Je vous invite simplement à vous demander à quoi correspondrait, dans le monde indépendant de notre conscience, la « vérité intrinsèque de la littérature ». Quel but, quelle finalité aurait une telle vérité. Là ou les mathématiques s'appliquent très bien au monde, je vois mal à quoi s'applique, dans le monde, la littérature, et dès lors je n'ai pas de preuves inductives que la littérature a bel et bien une qualité d'objet indépendant. Peut-être en tant qu'idée métaphysique, mais alors je n'ai tout simplement aucune bonne raison de le croire puisque soyons honnête, la définition de ce qu'est la « bonne littérature » change souvent. Je peux supposer qu'une piste à suivre est justement celle du réalisme -, mais l'art doit-il vraiment reproduire la nature ?

***Finalement, je n'y suis pas revenu, donc je le met là. Parce que ça rentrait pas dans le reste du raisonnement. Et si vous êtes pas content, ben c'est pareil. Bref, je vous conseille de lire le reste de l'argumentation avant de lire ça.
Donc, pourquoi dangereuse manie ? Eh bien, tout simplement parce qu'elle est très décourageante. Imaginons deux filles, une frigide et une très ouverte et détendue. La frigide sera difficile à satisfaire, la très ouverte et détendue sans doute moins.
Maintenant, imaginez qu'il soit plus valorisant, socialement, de satisfaire la frigide. Les jeunes Don-Juans en quête de reconnaissance essaieront par tous les moyens de satisfaire la frigide, pour obtenir le résultat le plus valorisé. Puisque c'est dur, une bonne partie d'entre eux en seront désespérés.
Pourtant, au fond, la satisfaction des deux filles a la même valeur objective...
Même problème avec la littérature. Il est socialement plus valorisé – et à tort, comme je le prouve dans le raisonnement – de satisfaire un docte, par exemple le khâgneux typique, que le type sans culture littéraire au coin de la rue.
Par conséquent, les jeunes auteurs désirant se rassurer sur leurs qualités littéraires vont à tout prix tenter de satisfaire le docte plutôt que Bob.
Or, il est beaucoup plus difficile de satisfaire le docte que de satisfaire Bob. Par conséquent, quelques uns de nos jeunes auteurs vont se décourager... à tort, puisque la satisfaction de Bob ne vaut objectivement pas moins que la satisfaction de Charles Duplessis le Khâgneux.
C'est la société qui instille en nous ce poison, cette intuition pourtant illogique que la satisfaction d'une certaine communauté vaut plus que la satisfaction d'une autre. Et malheureusement, je n'ai pas d'antidote, si vous êtes empoisonné il faudra effectuer un long et douloureux travail sur vous-mêmes.


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