Il me regardait dans les yeux avec cet air de défi de l’adolescent rebelle qu’il n’a sans doute jamais osé être. Des yeux que je ne regarde pas mais un regard que je connais si bien pour y avoir vu passer sa haine, son mépris, sa violence. Le mien l’esquive à présent lorsqu’il cherche à me communiquer de l’amour, rarement, maladroitement sans doute.
L’odeur est irrespirable à présent, le parfum empeste et couvre l’odeur du plat déjà trop cuit. Il est trop tard, comme pour retirer ces masques qui nous collent au visage. Cette façade hideuse de paroles creuses ne remplit pas le vide laissé par des années de colère. Parfois il est plus simple de ne pas dire un mot. Pas un, non. Ecouter le silence de la survie, pas de l’hypocrisie. Les masques jamais nous ne les retirons, c’est le jeu, du superficiel toujours, un rempart digne cachant la ville s’écroulant sous les piques ennemies.
Le parfum, toujours, embaume et même l’ouverture des fenêtres n’y ferait rien. Je me rappelle avoir essayé une fois, oui la fenêtre s’était ouverte avec le peu de courage que je possédais, mais elle s’était refermée presque immédiatement avec un claquement sinistre. Dehors, l’air s’était bien moqué de moi.