Tete_a_tete
Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 2
Publié le 19/08/13 à 01:19:33 par Pseudo supprimé
Le cadran de la montre indiquait sept heures vingt du matin. Il faisait encore nuit en cette fraîche matinée d’automne, et la brume était bien installée sur la vallée de la Somme, encore endormie. Sur les quais de la gare, plusieurs dizaines de personnes attendaient, impassibles, le passage du train qui allaient les mener respectivement à leurs lieux d’études, de travail, ou même d’habitation. Max les avait connues pour avoir attendu tous les matins à leurs côtés. Des lycéens, des retraités, des travailleurs, des cadres… Tout le carcan social qui pouvait exister était représenté dans ce microcosme qu’était ce village.
Soudain, la sonnerie libératrice retentit, accompagnée du clignotement des feux rouges, et du mouvement des barrières, freinant les automobilistes et les routiers dans leurs élans. Ce fut alors que le train express régional à destination d’Amiens fit son entrée, mettant en avant ses deux phares, illuminant brièvement la campagne, fendant la brume et la nuit. Le titan des rails ralentit lentement avant d’arriver à hauteur du quai, avant de se stopper net.
« - Bondé, comme d’habitude… » Lança un des lycéens.
Max entra dans une des voitures, en compagnie d’une jeune fille, qu’il aurait parier qu’elle avait son âge, et d’autres adultes, probablement des employés de bureaux au vue de leurs costumes impeccablement repassé. Chacun vagabonda au travers des wagons à la recherche d’un siège de libre, tâche particulièrement ardue aux heures de pointe. Max se contenta de rester dos à la porte automatique, quitte à rester debout encore vingt minutes. Dans le petit vestibule, il y avait trois lycéennes, qui ne cessait de raconter leurs vies, exposées ainsi à toute la rame, sans aucune gêne ni pudeur. Elles auraient pu être en section littéraire. Ou peut-être scientifique, qui sait, mais ses talents de profiler le faisait pencher pour le premier avis. Il lisait beaucoup, des romans policiers surtout, et c’est grâce à cela qu’il savait observer les gens. Savoir décrypter les gestes, les émotions, les faciès. Savoir voir.
Max sortit des écouteurs, et lança une de ses Play List favorites, un groupe de pop-rock, une dizaines de titres, et c’est parti. Le nez rivé sur la vitre, il contemplait le paysage défilant, gris, morne, sans vie. Les villages se succédaient, mais se ressemblaient. Jusqu’à ce que le train ralentisse à nouveau, pour atteindre une nouvelle gare d’arrêt. Des dizaines de personnes allaient à nouveau rentrer. Max avança dans le wagon directement à sa gauche pour les laisser rentrer, et c’est là qu’il la vit. Son regard fut comme absorbé dès qu’il eut posé les yeux dessus. Cette fille avec qui il avait attendu sur le quai, tous les jours, sans lui prêter attention, ni même la regarder, ou n’osait lui adresser la parole. Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules, ses yeux bleus se braquèrent soudain vers lui, d’un air naturel. Elle souriait, et se glissa sur le siège juste à côté d’elle.
« - Assieds-toi ! » Fit-elle.
Le train avait repris sa folle course vers le centre-ville. Max s’assit à côté de la jeune étudiante, dont il ne connaissait même pas le prénom, et jeta son sac sur ses genoux.
« - Merci… Dit-il, faisant mine de chercher son prénom, comme s’il était inscrit sur son front.
- Clémence ! On est monté à la même gare. » Fit-elle remarquer, non sans une pointe d’ironie.
Max sourit. Il faut dire qu’il était atypique. Toujours seul, engoncé dans son manteau, écouteurs sur les oreilles.
« - Tu écoutes quoi ? Lança –t-elle, en visant son iPod.
- Oh, pas grand-chose, des trucs pour passer le temps, quoi. » Répondit-il, un peu gêné que quelqu’un rentre dans son jardin secret impunément.
En un geste, elle subtilisa l’un des écouteurs et le porta à son oreille, repoussant quelques mèches de cheveux, l’espace d’un instant. Puis, il se passait l’éternité. Ils étaient à deux, si proches, et si lointains, partageant cette musique, dans ce train.
« - J’aime bien… Hey, je ne connais même pas ton prénom ! A moins que tu veuilles rester un illustre inconnu à mes yeux, tellement étrange qu’il en est attirant ? » Lâcha-t-elle, comme si elle se souvenait de ce détail capital.
Maintenant qu’il y pensa, Max jura qu’elle était en section littéraire. Ou en fac de lettres ou de psychologie, un domaine assez pointu quoi.
« - Je m’appelle Max, enfin, Maxime en version longue. Tu fais quelles études ? Demanda-t-il, outrepassant sa timidité.
- Biologie. » Répondit-elle, enjouée.
Loupé. Le train avait encore passé un arrêt, et s’était chargé de quelques voyageurs en plus. Max en avait presque oublié qu’il était là, au milieu du train, des gens. Il rangea son iPod dans sa poche à l’arrivée du contrôleur, et sortit son abonnement. Clémence fit de même.
« - Merci, bonne journée, messieurs-dames. »
Cela faisait étrange que quelqu’un les appelle ainsi. « Messieurs-dames », comme un vieux couple de retraités, comme des jeunes mariés, des compagnons, des amoureux. Clémence se mordillait la lèvre inférieure.
« - Tu sais, Max, tu m’as toujours intrigué. A chaque fois que je te voyais, je voulais engager la conversation, pour apprendre à te connaître… Et pour connaître quelqu’un aussi. Moi aussi, je suis seule dans ce village perdu. Et pas que dans le village d’ailleurs. »
Un coup de canon retentit dans la poitrine du jeune homme. Un train passa sur la voie adjacente, et avait frôlé le leur de quelques centimètres, pendant un centième de seconde. Clémence avait stoppé son discours. Max avait peur de la suite.
« - Et en plus, je… » Elle s’interrompit, alors que le contrôleur remontait la rame précipitamment. Il jurait dans sa barbe, en ajustant sa casquette et disparut à l’avant du train. Toute la rame l’avait observé et chuchotait désormais, spéculant sur l’origine du problème. Clémence se tourna vers Max.
« - Tu crois que c’est grave ? Dit-elle tout bas, inquiète.
- Ca ne peut pas être aussi grave qu’un retard à la SNCF.
- Il avait l’air vraiment… étrange. Je suis sûre qu’il se passe quelque chose. »
Le train filait toujours sur la voie, indubitablement. Max se retourna, regarda tous les autres passagers, qui eux-mêmes regardait tous les autres passagers. Soudain, la sonnerie significative retentit, et une voix anxieuse débita un discours rapide.
« - Mesdames et messieurs, notre train rencontre des… difficultés, veuillez rester à votre place et… ne pas céder à la panique… Tout ça s’arranger et… Oh, seigneur Dieu. » La communication du commandant de bord venait de se couper. Les passagers de la rame commencèrent à s’affoler.
« - Il se passe quoi ? C’est grave là ! Fit Clémence.
- J’ne sais pas… Tu ferais quoi s’il te restait une minute à vivre ? » Lança Max, cachant sa peur derrière l’humour.
Le klaxon du train retentit soudain, résonnant à travers toutes les rames. Puis, un bruit sourd de collision, et tous les wagons tremblèrent. Clémence s’accrocha au cou de son compagnon d’infortune. Les passagers hurlaient tous, perdant leurs équilibres. Le wagon se renversa en sur le côté alors que Clémence déposa ses lèvres sur celles de Max.
« - Je ferais ça… »
Et tout fut broyé par le passage du train arrivant en sens inverse, et absorbé par des gerbes de flammes.
Soudain, la sonnerie libératrice retentit, accompagnée du clignotement des feux rouges, et du mouvement des barrières, freinant les automobilistes et les routiers dans leurs élans. Ce fut alors que le train express régional à destination d’Amiens fit son entrée, mettant en avant ses deux phares, illuminant brièvement la campagne, fendant la brume et la nuit. Le titan des rails ralentit lentement avant d’arriver à hauteur du quai, avant de se stopper net.
« - Bondé, comme d’habitude… » Lança un des lycéens.
Max entra dans une des voitures, en compagnie d’une jeune fille, qu’il aurait parier qu’elle avait son âge, et d’autres adultes, probablement des employés de bureaux au vue de leurs costumes impeccablement repassé. Chacun vagabonda au travers des wagons à la recherche d’un siège de libre, tâche particulièrement ardue aux heures de pointe. Max se contenta de rester dos à la porte automatique, quitte à rester debout encore vingt minutes. Dans le petit vestibule, il y avait trois lycéennes, qui ne cessait de raconter leurs vies, exposées ainsi à toute la rame, sans aucune gêne ni pudeur. Elles auraient pu être en section littéraire. Ou peut-être scientifique, qui sait, mais ses talents de profiler le faisait pencher pour le premier avis. Il lisait beaucoup, des romans policiers surtout, et c’est grâce à cela qu’il savait observer les gens. Savoir décrypter les gestes, les émotions, les faciès. Savoir voir.
Max sortit des écouteurs, et lança une de ses Play List favorites, un groupe de pop-rock, une dizaines de titres, et c’est parti. Le nez rivé sur la vitre, il contemplait le paysage défilant, gris, morne, sans vie. Les villages se succédaient, mais se ressemblaient. Jusqu’à ce que le train ralentisse à nouveau, pour atteindre une nouvelle gare d’arrêt. Des dizaines de personnes allaient à nouveau rentrer. Max avança dans le wagon directement à sa gauche pour les laisser rentrer, et c’est là qu’il la vit. Son regard fut comme absorbé dès qu’il eut posé les yeux dessus. Cette fille avec qui il avait attendu sur le quai, tous les jours, sans lui prêter attention, ni même la regarder, ou n’osait lui adresser la parole. Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules, ses yeux bleus se braquèrent soudain vers lui, d’un air naturel. Elle souriait, et se glissa sur le siège juste à côté d’elle.
« - Assieds-toi ! » Fit-elle.
Le train avait repris sa folle course vers le centre-ville. Max s’assit à côté de la jeune étudiante, dont il ne connaissait même pas le prénom, et jeta son sac sur ses genoux.
« - Merci… Dit-il, faisant mine de chercher son prénom, comme s’il était inscrit sur son front.
- Clémence ! On est monté à la même gare. » Fit-elle remarquer, non sans une pointe d’ironie.
Max sourit. Il faut dire qu’il était atypique. Toujours seul, engoncé dans son manteau, écouteurs sur les oreilles.
« - Tu écoutes quoi ? Lança –t-elle, en visant son iPod.
- Oh, pas grand-chose, des trucs pour passer le temps, quoi. » Répondit-il, un peu gêné que quelqu’un rentre dans son jardin secret impunément.
En un geste, elle subtilisa l’un des écouteurs et le porta à son oreille, repoussant quelques mèches de cheveux, l’espace d’un instant. Puis, il se passait l’éternité. Ils étaient à deux, si proches, et si lointains, partageant cette musique, dans ce train.
« - J’aime bien… Hey, je ne connais même pas ton prénom ! A moins que tu veuilles rester un illustre inconnu à mes yeux, tellement étrange qu’il en est attirant ? » Lâcha-t-elle, comme si elle se souvenait de ce détail capital.
Maintenant qu’il y pensa, Max jura qu’elle était en section littéraire. Ou en fac de lettres ou de psychologie, un domaine assez pointu quoi.
« - Je m’appelle Max, enfin, Maxime en version longue. Tu fais quelles études ? Demanda-t-il, outrepassant sa timidité.
- Biologie. » Répondit-elle, enjouée.
Loupé. Le train avait encore passé un arrêt, et s’était chargé de quelques voyageurs en plus. Max en avait presque oublié qu’il était là, au milieu du train, des gens. Il rangea son iPod dans sa poche à l’arrivée du contrôleur, et sortit son abonnement. Clémence fit de même.
« - Merci, bonne journée, messieurs-dames. »
Cela faisait étrange que quelqu’un les appelle ainsi. « Messieurs-dames », comme un vieux couple de retraités, comme des jeunes mariés, des compagnons, des amoureux. Clémence se mordillait la lèvre inférieure.
« - Tu sais, Max, tu m’as toujours intrigué. A chaque fois que je te voyais, je voulais engager la conversation, pour apprendre à te connaître… Et pour connaître quelqu’un aussi. Moi aussi, je suis seule dans ce village perdu. Et pas que dans le village d’ailleurs. »
Un coup de canon retentit dans la poitrine du jeune homme. Un train passa sur la voie adjacente, et avait frôlé le leur de quelques centimètres, pendant un centième de seconde. Clémence avait stoppé son discours. Max avait peur de la suite.
« - Et en plus, je… » Elle s’interrompit, alors que le contrôleur remontait la rame précipitamment. Il jurait dans sa barbe, en ajustant sa casquette et disparut à l’avant du train. Toute la rame l’avait observé et chuchotait désormais, spéculant sur l’origine du problème. Clémence se tourna vers Max.
« - Tu crois que c’est grave ? Dit-elle tout bas, inquiète.
- Ca ne peut pas être aussi grave qu’un retard à la SNCF.
- Il avait l’air vraiment… étrange. Je suis sûre qu’il se passe quelque chose. »
Le train filait toujours sur la voie, indubitablement. Max se retourna, regarda tous les autres passagers, qui eux-mêmes regardait tous les autres passagers. Soudain, la sonnerie significative retentit, et une voix anxieuse débita un discours rapide.
« - Mesdames et messieurs, notre train rencontre des… difficultés, veuillez rester à votre place et… ne pas céder à la panique… Tout ça s’arranger et… Oh, seigneur Dieu. » La communication du commandant de bord venait de se couper. Les passagers de la rame commencèrent à s’affoler.
« - Il se passe quoi ? C’est grave là ! Fit Clémence.
- J’ne sais pas… Tu ferais quoi s’il te restait une minute à vivre ? » Lança Max, cachant sa peur derrière l’humour.
Le klaxon du train retentit soudain, résonnant à travers toutes les rames. Puis, un bruit sourd de collision, et tous les wagons tremblèrent. Clémence s’accrocha au cou de son compagnon d’infortune. Les passagers hurlaient tous, perdant leurs équilibres. Le wagon se renversa en sur le côté alors que Clémence déposa ses lèvres sur celles de Max.
« - Je ferais ça… »
Et tout fut broyé par le passage du train arrivant en sens inverse, et absorbé par des gerbes de flammes.
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