<h1>Noelfic</h1>

Dolof¾nos


Par : Pseudo supprimé

Genre : Inconnu

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 4

Le retour de l'apprenti

Publié le 19/08/13 à 01:17:38 par Pseudo supprimé

Je peux le voir, il a changé, et pas que physiquement. Il était prêt à me sauter dessus avec son couteau mais il s'est ravisé. Il me suit dans cette forêt où la mort peut se manifester sous la forme la plus inoffensive. Une poignée de secondes après nos retrouvailles, on arrive devant le moyen de retour au manoir. Il me fixe d'un air interrogatif.

- C'est quoi ce truc ? Dit-il en le pointant du doigt.

Je regarde le truc en question et vois un cercle noir flottant dans l'espace.

- Une invention d’Héphaïstos, c'est un trou de ver portatif, expliqué-je. Techniquement, peu importe l'endroit où se trouve l'autre trou de ver faisant office de sortie, en passant à travers, on y arrive instantanément.

Il reste silencieux et semble sceptique. Il fait le tour du portail et retourne la tête vers moi.

- C'est comme ça que tu m'as enlevé et envoyé ici aussi rapidement ?
- Oui.

Il s'approche du trou et le regarde du coin de l’œil. Je me tourne vers le cercle noir et m'en approche, il s’élargit jusqu'à devenir ovale et je lance un regard à mon apprenti.

- Tu veux passer avant ou après moi ?
- ... Avant.

Il marche vers le passage dimensionnel et disparaît dans ses ténèbres, je l'y rejoins. On est dans le hall du Manoir et Grey observe attentivement tout ce qu'il y a autour de lui.

- C'est une invention révolutionnaire, pourquoi Héphaïstos ne la vend pas ? Il se ferait des milliards avec ça ! S'exclame le jeune homme.
- Parce qu'il connaît les hommes. Ils s'en serviront pour à des fins égoïstes ou pour faire la guerre. D'après lui, les scientifiques devraient avoir compris ce système d'ici 150 ans.

Il contemple les lustres en verre et en or suspendus au plafond, les statues grecques disposées le long du tapis persan en soie, les modestes armoires remplies de livres, ainsi que les différentes peintures accrochées aux murs. Il se met à remonter le tapis rouge lentement, examinant toutes les œuvres d'art présentes ici, jusqu'à arriver au pied de l'escalier en pierre taillée. Les grandes fenêtres laissent passer à travers leurs vitres d'épais rayons lumineux qui illuminent le hall dans toute sa grandeur. L'omniprésence de blanc dans la salle diffuse la lumière et donne une atmosphère calme et chaleureuse à cette pièce qui tient le rôle d'intermédiaire avec le reste du domaine.

- Toutes ses œuvres d'art, vous les avez volées ? Demande-t-il d'un ton presque accusateur.
- Non.
- Alors comment vous les avez-eues ?
- Certaines personnes dont moi, ont contribuées à embellir ce château en se décidant à acheter des œuvres d'art afin de couvrir la nudité de ces murs.
- Et avec quel argent ?
- Les missions qui nous sont confiées sont très bien payées, l'assassinat d'un homme devenu démon est de 100 000 dollars, minimum.

À l'annonce du prix, je le vois qui vacille. Il regarde rapidement autour de lui.

- Je me souviens que tu as pas mal de livres... Après la Dernière Guerre, les livres papiers ont vus leurs productions arrêter définitivement, les livres sont donc très rares maintenant.
- Où veux-tu en venir ?
- Le prix des livres, des peintures, des statues, tout ça, ça coûte cher, TRÈS cher, alors je vais te demander... Combien de personnes as-tu du tuer ?

Je ne m'attendais pas à cette question.

- J'ai tué bien trop de personnes pour qu'un jour je puisse être absous de mes péchés.

Un silence vient recouvrir l'espace et Grey me regarde dans les yeux.

- Alors pourquoi continuer à tuer ?
- Ces personnes là sont des meurtriers, des hommes dangereux, si je les tue, ce n'est pas pour l'argent.
- Pour quoi alors ?
- Je cherche quelqu'un.

Je le vois sur le point de me répondre lorsqu'une porte s'ouvre bruyamment, c'est Héphaïstos qui arrive, une bouteille de vin rouge à la main, en braillant.

- J'y crois pas, il a vraiment survécu le petit ! Dit-il entre deux gorgées.

Il s'approche de mon protégé et le prend sous le bras, ce qui le surprend.

- Tu sais quoi ?! Je t'ai surveillé durant tes premiers jours et j'aime ton style ! D'ailleurs ta couleur te va franchement mieux que l'ancienne !

Il se tourne alors vers un miroir et regarde sa nouvelle couleur de cheveux. Il semble surpris, c'est vrai qu'il y a de quoi l'être.

- Ça change... Et vous me regardiez, alors que j'ai failli mourir à plusieurs reprises ?! Crie-t-il en se tournant brusquement vers l'ingénieur.
- Bah ouais.

Il avale une gorgée et s'essuie les lèvres d'un revers de manche. Amoureux de l'alcool devant l'éternel.

- Viens suis-moi petit, j'ai un cadeau pour toi !

Il le prend par la main et l'entraîne en courant. Je les suis de loin, sans me presser, et finis par les retrouver dans les quartiers de celui que l'on surnomme l'Homme d'acier. Héphaïstos est dans un placard, en train de fouiller dans ses affaires, alors que Grey regarde l'encadrure de la porte sans savoir ce qui l'attend.

- Petit, assis-toi sur le siège, on va te faire un check-up, hurle-t-il.

L'apprenti assassin regarde le siège avec une certaine appréhension et décide de s'y installer. Il s’assoit et me fixe. Un bruit de verre cassé résonne.

- Merde, ma bouteille !

Il ne changera jamais. Mon élève me fixe toujours.

- Mes cheveux ont virés au gris à cause du sang démoniaque qu'on m'a injecté. Toi, ça c'est manifesté comment ? Tes yeux ?

Il est curieux, perspicace.

- Les réactions au sang démoniaque sont variées, elles peuvent aller de la décoloration des cheveux à la mort. Dans mon cas, je n'ai eu aucune réaction, j'ai toujours eu cette hétérochromie.
- Je les ai ! S'exclame une voix derrière la porte.

L'ingénieur arrive en tenant du bout des doigts une paire de mitaines noires, dans une matière ressemblant à du cuir, à la hauteur de sa tête, tout en affichant un sourire malsain. Il se pose derrière son ordinateur, appuie sur une touche et la projection holographique de l'écran apparaît. Il balance les mitaines à mon disciple et se met à tapoter son clavier.

- On est parti pour le check-up ! T'inquiète, t'auras pas le droit aux aiguilles aujourd'hui, t'as juste à bien te caler dans le fauteuil.

Il met les lunettes sur le bout de son nez et replonge dans ses données.

- Et c'est pour quoi ça ? Demande Grey en secouant les mitaines.

Il lève le nez après avoir appuyé sur la touche Entrée et affiche un large sourire. Tiens, ça faisait longtemps que je l'avais pas eu avec un tel sourire.

- Ça, c'est un bijou de technologie ! Je les ai faites spécialement pour toi ! Après le constat de la programmation qui disait que t'étais fais pour le corps-à-corps, j'ai eu un projet en tête et...

Il s'interrompt en plein milieu de sa phrase et se tourne vers son ordinateur, laissant le silence prendre la place de son enthousiasme. Après une vingtaine de secondes, il lâche un cri.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Demande le jeune homme, à la fois inquiet et intrigué.
- Le check-up a révélé que tes capacités physiques ont augmentées de 407%, ce qui rejoint ce que je disais, tu es fais pour le combat rapproché, et ces mitaines sont là pour t'aider ! Elles vont concentrer l'énergie démoniaque qui se dégage inconsciemment de toi et te servir à augmenter ta force de frappe. D'après mes calculs, tu frapperas trois fois plus fort qu'à mains nues. En gros, un seul de tes coups aura une puissance d'à peu près 15 tonnes, alors que ta progression naturelle n'est pas encore finie, déclare l'ingénieur dans un élan d'enthousiasme.

Une puissance de frappe de 15 tonnes, pas mal pour un Ersatz. Héphaïstos sait faire preuve d'ingéniosité quand il s'agit de la création d'armes. Je vois Grey sourire, il semble content. Il enfile les mitaines.

- La mitaine gauche est munie d'un micro et te servira de téléphone. La droite a un projecteur holographique ainsi qu'une sortie pour le son, les deux ont une autonomie d'un an sans interruption, mais vu que tu ne les utiliseras pas autant, je pense que tu n'as pas à te préoccuper de ça. Et je les ai conçues de manière à ce que rien ne puisse les brûler, les couper ou les détruire. J'y aurais passé 28 jours, mais ça aura valu le coup !
- Merci beaucoup, vraiment... Mais le check-up, j'ai rien senti, c'est bizarre... Dit Grey en se passant la main sur la nuque.
- Lors de la programmation, il t'a injecté un minuscule robot qui est resté dans ton corps. Au bout d'un an, il ne fonctionnera plus et à ce moment là, il sera éliminé par ton organisme car tes améliorations naturelles et les changements physiques qui se produiront après seront à peine perceptibles, Répond-je calmement.
- D'autres changements physiques peuvent m'arriver ? Demande l'étudiant en droit, visiblement soucieux de son corps.
- Disons qu'on a eu plusieurs cas, dont un où la personne a changée de sexe 10 mois après l'injection, déclare Hephaistos en riant et en m'adressant un regard complice.

Drôle d'histoire en effet.

- Changer de sexe ?! C'est une blague, c'est impossible !
- Après ce que tu as vécu ce mois-ci, ta notion d'impossible a du grandement changer non ? Dis-je en m'allumant une cigarette.

Il se calme et me regarde d'un air dégoûté.

- Ta cigarette dégage une odeur horrible...
- Ah, tu trouves ?
- Ouais.
- Faudra t'y faire.

Grey regarde ses mains gantées de noir et se met à parler.

- La dernière fois, tu m'as dis que y'avait d'autres assassins, donc il doit y avoir un chef, c'est toi ?

J'inspire une profonde bouffée de tabac que je recrache quelques secondes plus tard dans un mince filet de fumée.

- Non, je ne suis pas le chef de cette organisation. Le chef, c'est Noah Scythe, tu dois le connaître non ?
- L'homme le plus riche du monde ?! S'exclame-t-il en manquant de s'étouffer.
- Techniquement, on est employé par Scythe Corporation et les versements pour nos missions sont versées sous différents faux noms...
- Attends, attends, attends ! Me coupe-t-il. T'es en train de me dire que l'homme le plus puissant du monde, un des plus célèbres et la figure la plus importante de l'humanitaire mondiale, dirige en même temps la multinationale la plus importante du monde et une organisation d'assassins ?!
- Oui.

Il se décompose et s'enfonce dans son siège. Il pose sa main sur son front puis lâche une lourde expiration avant de se lever du fauteuil et de croiser mon regard, bien qu'un voile de fumée ne vienne légèrement s'abattre sur mon visage.

- C'est un assassin, lui aussi ? Demande Grey.
- Oui, il a eu une période où c'était son passe-temps.
- Il est plus fort que moi ?

On voit ses priorités, mais il va tomber de haut.

- Je te trouve assez présomptueux tout de même. Mais sois réaliste, si tu pouvais tenir trente secondes contre lui maintenant, ça tiendrait du miracle.
- Et si je t'affrontais, je tiendrais combien de temps d'après toi ? Me lance-t-il, l'air déterminé.
- Wooooooooh, dit Héphaïstos en affichant un large sourire.

Je tire une dernière inspiration et écrase le mégot dans le cendrier avant d'expirer la fumée devant moi le plus loin possible. Le lionceau fait le beau et cherche à s'imposer comme mâle dominant.

- Trente secondes, si je ne te tue pas par mégarde.

Mon apprenti me défi du regard et sert les poings. Aucun bruit dans la salle et la tension s'installe petit à petit. Ça peut vite dégénérer.

- Woh woh woh, attendez ! S'écrie l'alcoolique.

Héphaïstos a pressenti l'orage qui risque d'éclater et se met à taper à toute vitesse sur son clavier. Une boite noire sort de son bazar étalé à même le sol. La boite flotte au-dessus de nos têtes entre nous deux, sans bruit, tandis que Grey continue à me fixer, il veut en découdre. La boîte s’élargit jusqu'à nous englober tout les deux avant de s'abattre sur nous. Durant un instant c'est le noir complet, puis d'un coup, tout s'illumine. On se trouve dans une immense salle blanche, vide de tout objet.

- Vous êtes dans ma machine ! Elle modifie l'espace autour et à l'intérieur d'elle, donc les limites de la salle sont les limites de la boite, vous pouvez vous battre comme des chiffonniers, je vous regarde, dit l'Homme d'acier.

Apparemment, cette situation l'amuse. Je me tourne vers mon apprenti et il me fonce dessus. Il enchaîne les coups de poings qui n'atteignent pas leur cible, je sens leur puissance et fais de mon mieux pour les éviter. Il tente de me mettre un coup de pied dans les côtes, mais j'encaisse en faisant un pas de décalage. Je me saisi de sa jambe et le frappe en plein dans le sternum. Il décolle du sol et je le suis en courant, une fois que j'ai un peu d'avance sur lui, je saute. Il est dos à moi, je lui met un coup de pied dans les côtes, qu'il réussit à bloquer en partie avec son coude, mais la puissance du coup le fait tourner sur lui-même. Je lui place alors un coup de coude entre les deux yeux, l'envoyant au sol. Il fait un petit trou en atterrissant et relève la tête, visiblement énervé. Il profite du fait que je sois en l'air pour foncer vers moi, il saute et me place un de ses puissants coups de poings que je bloque avec mes avants-bras, il m'envoie m'écraser contre le mur. Le plâtre a volé en éclat, je suis enfoncé dans le mur. Je sors des décombres en forçant un peu et le vois qui revient et tente de me briser la cage thoracique avec un coup de pied mais je l'évite et le laisse détruire le mur. Il y prend appui et se propulse vers moi. Je laisse tomber le haut de mon corps en faisant monter mes jambes à la même vitesse et mes talons viennent rencontrer le menton de mon apprenti. Il monte à plus de dix mètres et j'en profite pour le rejoindre. Je suis dans son dos et le saisis fermement par la taille, bascule sur mon centre de gravité et fais deux tours sur moi-même avant de le lâcher, le laissant s'écraser lourdement. La poussière se lève et j'atterris. J'entend un cri, il sort du nuage de poussière et tente de me frapper au visage, mais j'esquive en faisant un pas de côté, utilisant mes jambes pour le balayer et mes bras pour le ramener au sol. Il s'apprête
à se relever mais je sors un de mes pistolets et lui pose sur le front, il s'arrête net.

- Vingt-neuf secondes ! S'exclame le quarantenaire en criant et en applaudissant.

La tension est à son comble, on ne bouge plus et je sens Grey qui boue intérieurement. La boîte disparaît et on se retrouve à nouveau dans le bureau de mon ami. Je range mon pistolet et tend la main à mon apprenti, qui la saisit.

- Je savais pas que t'avais tes pistolets sur toi, dit-il d'un air frustré.
- Tu dois toujours être à l'affût, tu risques ta vie à chaque instant.
- Je m'en souviendrai.

Il me semble qu'il a compris. Je m'approche de l'ingénieur et pose mes mains sur la table.

- Prépare la salle de rêve, je vais le former au niveau mental.
- Si j'avais pas vu de quoi était capable le gamin, j't'aurais dis non, mais quand même, tu veux pas le faire manger avant ?

C'est vrai, il revient seulement d'un séjour de trente jours en forêt amazonienne, un repas et un bon bain lui feront le plus grand bien.

- Tu as raison. Prépare la salle, on t'y rejoins d'ici une heure et demi. Grey, on y va.

Je sors de la zone appartenant à Héphaïstos et Grey est sur mes talons.

- C'est quoi ça, "la salle de rêve" ?
- Un endroit où on force le sommeil et où on contrôle les rêves, afin d'affronter ses plus grandes peurs, souffrir sans avoir les problèmes physiques qui vont de paire ou simplement revivre des souvenirs. Ça rendra ton esprit moins perméable aux tours comme l'hypnose ou la magie, si jamais tu te faisais capturer.
- La magie, comme dans les contes ? Dit-il d'un air sarcastique.
- La magie n'a rien à voir avec ce qu'on trouve dans les contes.
- Et ça ressemble à quoi alors ?
- Tu verras un jour. D'ailleurs on a un magicien, spécialisé dans les invocations, un personnage assez unique.
- Comment ça ?
- Je ne saurais te le décrire, pour un magicien, il a pas la langue bien pendue, mais il est gentil, bien qu'assez spécial... Dis-je songeur.
- Spécial ?
- Disons qu'en plus d'être mort, il a une compagnie particulière.
- Il est mort ? Comment ça ?!
- Je me suis mal exprimé, il est coincé dans un état entre la vie et la mort, c'est une très longue histoire... Tu comprendras si jamais tu le rencontres.
- Et c'est quoi son nom ?
- Necromancer, dit "l'Invocateur".

On arrive devant ma porte, je l'ouvre et passe dans la cuisine.

- Va prendre un bain, je vais préparer à manger. J'ai des habits que tu pourras mettre dans la penderie. Monte au premier étage et tourne à droite, il y a la salle de bain et je t'ai acheté une brosse à dents.

Il balaye le salon du regard avant de hocher la tête.

- D'accord.

Il disparaît dans l'escalier et je regarde ce que j'ai dans mes placards. Je prend un oignon, des escalopes de poulet, des spaghettis, de la crème fraîche, de l'huile d'olive et des herbes ainsi que des épices. Je remplis une casserole d'eau et la met à bouillir avant d'y ajouter du sel. J'épluche l'oignon avant de le couper en fines lamelles et les met dans une poêle afin de les caraméliser. Un filet d'huile d'olive et je balance le poulet assaisonné et coupé en tranche dans la poêle afin de blanchir la viande. L'eau boue et j'y met les pâtes. La viande est cuite et commence à acquérir une jolie couleur dorée, je rajoute la crème fraîche et abaisse le feu afin que la sauce s'épaississe. J'y ajoute du sel et des herbes tout en mélangeant lentement, ça sent bon. Les pâtes sont prêtes, je les égoutte et passe un mince filet d'eau froide dessus avant de les remettre dans la casserole. J'y ajoute la sauce ainsi que la viande et mélange bien, c'est prêt. Je dispose les plats ainsi que les couverts face à face sur la grande table à manger. Deux verres à vins ainsi qu'une bouteille de vin rosé. Je prend ensuite un torchon que je place sur mon avant-bras avant de me saisir de la casserole et de la poser après avoir préalablement disposé le torchon. J'ouvre la porte menant au jardin et me pose contre l'encadrure de la porte. Des rires d'enfants résonnent dans ma tête et une silhouette se dessinent à une vingtaine de mètres de moi. Cette silhouette tient la main d'une autre
, plus petite. Elles se tournent vers moi et la grande silhouette m'apparaît plus nette, c'est une femme. Ses lèvres bougent lentement et je peux y lire ce qu'elle me dit.

- Viens avec nous...

Je ferme les yeux et inspire profondément, je sais que ce n'est qu'une illusion. J'ouvre les yeux et il n'y a plus personne. J'entend un bruit derrière moi et me tourne. Grey s'est rasé et changé, il porte maintenant un T-Shirt blanc simple et un jean délavé. Je vais m'asseoir à table et il m'y rejoint. Je remplis nos assiettes avant de débouchonner la bouteille et de verser le vin dans nos verres.

- Merci.

On mange en silence, le tintement métallique des couverts joue la musique accompagnant le repas.

- C'est très bon, dit Grey.

J'ai fais ce plat parce que je ne voulais pas prendre trop de temps, mais c'est vrai que c'est assez bon.

- Merci.
- Dis-moi, y'a d'autres choses que je dois savoir, sur le métier et l'organisation ?

Il a l'air intéressé, c'est bien, il prend ça au sérieux.

- Une ribambelle de faux-papiers ont été créés pour toi, tu auras une carte bancaire sur laquelle sera versé ton argent. Je t'accompagnerai pour chacune de tes missions jusqu'à ce que je juge que ce ne soit plus nécessaire. Après, ce qu'il te reste à apprendre sur le métier, tu le découvriras sur le terrain. Sur l'organisation, je ne sais pas quoi te dire... Avec toi, on est treize maintenant et logiquement, en tant que dernier membre, tu es le plus faible.
- T'as compté Héphaïstos ?
- Oui.
- Il est pas plus fort que moi, je peux le sentir, sa présence n'a rien à voir avec la tienne ou la mienne !
- Ça n'empêche en rien le fait qu'il soit plus puissant que toi. Héphaïstos en a dans la tête, il n'a pas besoin d'avoir recours au sang démoniaque pour pouvoir se défendre.
- Dans ce cas, je vais vite m'améliorer, j'resterais pas le dernier bien longtemps, déclare-t-il en riant.

Je bois une gorgée de rosé et repose mon verre.

- Parle-moi des autres membres !

Il manifeste de l'intérêt pour les autres, il ne sait pas encore quel genre de personnes travaillent avec nous.


- Je n'ai pas grand chose à dire sur eux, à part Héphaïstos et Sloth, il n'y en a aucun que j'apprécie vraiment, ça ne reste que des collègues avec qui j'ai travaillé sur certaines missions...
- Sloth ? M'interroge le jeune homme aux cheveux gris.
- Un homme très distingué bien qu'extrêmement feignant, tu le rencontreras bientôt, lui et son apprenti.
- Je suis pas le seul apprenti ?
- Non, mais vous n'avez rien à voir.
- Comment ça ?! S'insurge-t-il.
- Il n'a que 17 ans, ça va faire 8 mois qu'il est en formation et au bout de seulement six mois il a tué son démon pour passer au niveau supérieur. Pour ce qui est du combat, c'est un génie.
- Moi aussi je peux tuer un démon !
- Oui, tu peux probablement tuer un démon mais tu ne pourrais pas tuer TON démon.
- Mon démon ?
- Laisse tomber, on a le temps avant d'en arriver là, on en reparlera en temps voulu.
- ... Il est si fort que ça ?

Je fini mon plat et prend mon verre entre mes doigts. Je vois qu'il a terminé son assiette et qu'il a déjà fini son verre.

- C'est un cas particulier... Pour son âge, il est très fort. Étant donné la nature de son pouvoir, il est potentiellement l'assassin le plus dangereux de l'organisation.
- Et c'est quoi son pouvoir ?

Soudain une voix résonne.

- Hey, allooooooooo !

Grey se lève et tire ses mitaines de sa poche arrière et les enfile. Il appuie sur un bouton et l'image d’Héphaïstos apparaît par le biais du projecteur holographique présent dans la mitaine de mon apprenti.

- La salle est prête, c'est quand vous voulez les loulous !
- Bien, dans ce cas... Dis-je en me levant de table.

Je prend mon assiette ainsi que mon verre et les dépose dans l'évier, Grey fait de même. On marche jusqu'à arriver à un carrefour, on continue tout droit jusqu'au milieu du couloir, où une porte est installée. Je l'ouvre et nous entrons dans une grande salle blanche. Une dizaine de sièges sont installés et des perfusions y sont reliés. Héphaïstos est sur l'ordinateur de la salle et on s'approche de lui.

- Ces deux sièges sont OK, j'ai changé les aiguilles et les poches d'opium, vous pouvez vous installer.

Je m'assis sur le siège, remonte mes manches et insère l'aiguille dans mon bras avant de me mettre à l'aise. Héphaïstos se lève et le fait pour Grey avant de repartir sur l'ordinateur.

- Ferme les yeux et concentre-toi pour dormir, sinon ton corps pourra faire barrage aux effets de l'opium, explique le programmeur en s'adressant à mon apprenti.

Il obéit et je vois que le liquide commence à s'écouler dans mon sang. Un casque vient se poser sur ma tête et je ferme les yeux.

- Salle de rêve, session 147. Sujets : Hyde et Grey. Nous sommes le 27 juillet 2126, il est 15h47 et nous allons visiter les inconscients de nos deux tueurs. Le rythme cardiaque est bon, le cerveau est réactif, on peut y aller !

Je me sens perdre conscience doucement... C'est parti.

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