Pas d'école, c'est fini, et ça se ressent. Mon réveil me tire de mon sommeil aux alentours d'onze heure du matin. Le rythme de cette routine incessante est enfin cassé, renouvelé, et me voilà libre, libre de tout faire, d'aller où bon me semble. Partir en voilier tout d'abord, avec Marie et Tristan. Sander me déçoit, cet être excentrique ne montre presque pas de remords à nous faire faux bon de la sorte. C'est partir par la petite porte, cette échappatoire. Mais soit, ce petit trip se fera sans lui, après tout ce n'est pas lui qui ratera quelque chose.
Mais ce voyage censé me changer les idées après le plongeant récent de ma famille dans la bizzarerie, tous adoptant des comportements des plus étranges depuis l'emprisonnement de ma sœur Justine. J'ai un peu de mal à le vivre puisque c'est ma sœur, mais d'une certaine façon je n'ai jamais été réellement proche de ma famille. Évidemment, je comprends ma situation, mais je ne peux rien faire si ce n'est péter les plombs.

Dans ma cuisine, j'ingurgite mes céréales tout en lisant ce qui est écrit sur la boite. Un réflexe simple pour passer le temps, que tout le monde a du faire au moins une fois. Rien de prévu aujourd'hui, j'ai juste le souvenir de cette soit disant pandémie en devenir annoncée hier aux infos. Curieux de savoir ce qu'il en est de la suite des évènements, je vais m'informer sur le journal du net tout en vérifiant mon portable. Après une recherche google je trouve immédiatement un article datant d'à peine quelques minutes. La page semble être mise à jour toutes les dix minutes. La rumeur de pandémie a même déjà été relayée par des sites étrangers parlant d'un probable foyer d'infections en France. Je lis l'article avec attention.

" Depuis hier, plusieurs informations ont filtré quant à l'origine de ce qui semble réellement être un nouveau virus redoutable. Vraisemblablement libéré en même temps que lors des attentats d'avant hier, le virus a bel et bien été développé par l'homme et est donc une réelle arme bactériologique. Transmissible par les airs et le toucher, le virus a déjà été décelé dans le corps de plusieurs employés de la société Mezoplex, récemment connue pour les faits qui s'y sont déroulés deux jours plus tôt. Le virus a déjà quitté le bâtiment et si rien n'est fait très rapidement, la contamination entière de Lille ne prendrait qu'une semaine au maximum, et le virus se propageant à l'air libre il gagnera très rapidement du terrain et touchera des pays pour dizaines. Un communiqué officiel des médias sera diffusé dans la soirée pour toutes les mesures à prendre. Le grand problème de ce nouveau virus est que nous ne savons pour le moment pas du tout s'il est nocif pour l'organisme voir s'il pourrait engendrer la mort. Une souche du virus est actuellement analysée par des scientifiques de renommée pour déterminer la séquence d'attaque de cette "arme", afin de voir s'il est possible qu'il abrite des corps inconnus à libérer dans les victimes. Ne se déclarant pour le moment que par de douloureux mots de têtes et la dilatation des pupilles. N'hésitez pas à consulter un médecin si les symptômes se font ressentir. Le président en personne tient à rassurer la population, notre pays ne connaîtra pas et ne connaitra jamais une aire de terrorisme, et des mesures radicales seront prises dans les prochains jours contre ce virus. Pour tout-"

Je ferme la page. Un virus qui se propage très rapidement, c'est problématique. Mais s'il ne fait que causer des mots de tête, franchement, pas de quoi en faire tout un plat.
J'attrape mon téléphone qui trainait à quelques mètres de moi puis je décide d'appeler séparément Marie, Tristan et Sander.

"Allô ? Oh, Daniel ! T'as vu les news à propos du virus ?!"

"Hein... ça ? Ouais, en fait c'est rien de bien méchant. Comme l'a dit mon père hier, les médias en font encore tout un flan pour pas grand chose au final. "

"T'es sérieux là ? T'as pas lu les dernières nouvelles ? Il va pas tarder à arriver en Ile de France, tu te rends compte à quel point cette merde se propage rapidement ? "

"Ah bah, pour être rapide il l'est le salaud. Mais t'as entendu les médias... des maux de tête, franchement, c'est pas insurmontable..."

Un court silence s'installe, puis une voix féminine fait de nouveau son apparition à l'intérieur de mon oreille. Une voix exposant des faits, il est évident que Marie doute et aimerait aussi savoir le fin mot de l'histoire. L'histoire qui lie ma sœur et ma famille à cette foutue boite et ce foutu virus.

" Daniel, s'il te plait. C'est une arme bactériologique, fabriquée par les mêmes gens qui ont poussé ta sœur dans ce merdier. Tu crois vraiment qu'ils ont fait tout ça pour... provoquer des mots de tête ?! Honnêtement, j'ai peur, personne ne semble prendre ça au sérieux. Je vais acheter des masques à oxygène après à la pharmacie, t'as qu'à rameuter le groupe pour quinze heures tapante chez moi. On a à parler. "

Et elle a raison. De simples mots de tête, ça serait complètement débile, pour des terroristes... Mais franchement, j'ai pas envie de me prendre la tête avec ça. Je vais continuer à vivre ma vie aussi longtemps que j'arriverai à ignorer cette fausse situation de crise.
Je ne lui en ai pas parlé, à Marie, mais mes parents sont convoqués par la police dans le cadre de l'enquête sur ma sœur et l'attentat au Mezoplex. C'est peut-être aussi à cause de cette convocation qu'ils se comportent de manière étrange ces temps-ci.

J'enchaine les coups de fil, et Tristan semble prendre ce problème de nouveau virus du bon côté, l'ignorant totalement.

"Hey, Tristan ! "

"Salut, Daniel. T'as entendu parler de ce virus bactériologique ou je sais pas quoi ? "

"Ouaip..."

"Conneries. Les médias savent plus quoi inventer. Enfin, on est en vacances, gars, pour de bon ! On part quand pour Dunkerque, histoire de monter à bord du voilier et de mettre les voiles loin d'ici ? "

"Bientôt, Tristan. Bientôt. Dans une semaine, tout au plus. D'ailleurs, je passe te chercher après, vers treize heures. Direction chez Marie pour régler les préparatifs de ce Sea Trip, entre autre ! "

"Ca marche. On se fait un McDo ? "

"Euh, nan, pas aujourd'hui, je bouffe trop gras ces temps-ci "

Et une journée bien expédiée. Je tente plusieurs fois d'appeler Sander mais son téléphone demeure éteint. Tant pis pour lui, à nouveau.