<h1>Noelfic</h1>

Duel


Par : Pseudo supprimé

Genre : Inconnu

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 3

Partie 2/2

Publié le 19/08/13 à 01:14:50 par Pseudo supprimé

Le magicien brulait, serrant les dents, plissant les yeux, un bras roussi devant la figure, l'autre appuyant vainement sur ce qui lui avait sauvé la vie. L'abomination se fendait en deux à moins d'un pas de son visage. La puissance du choc avait été effroyable, le repoussant en un instant sur plusieurs mètres tandis que le torrent de flammes se déversait tout autour de lui. En une seconde, la température avait grimpé de plusieurs dizaines de degrés, l'obligeant à retenir son souffle pour ne pas bruler ses poumons de l'intérieur, tandis que le métal en fusion fondait, courait sur sa peau, happée par l'effroyable chaleur qui menaçait de lui ôter la vie.

Soudain, l'apocalypse prit fin. Et alors même qu'il ne désirait que tomber à genoux de soulagement, le jeune magicien savait qu'il tenait là ce qui était surement sa seule chance. Sa main fumante se détacha du gigantesque monument qu'il avait fait apparaître un instant plus tôt pour plonger à nouveau dans son chapeau calciné. Aussitôt il sauta à découvert, balançant son bras en avant tout en ouvrant le poing, visant l'inquisiteur du mieux qu'il pouvait.

Ce dernier écarquillait les yeux, croyant halluciner.
L'hérétique avait osé invoquer l'Ouroboros en sa présence, cette chose n'était pas là un instant plus tôt... Il détacha trop tard les yeux de la gigantesque statue draconienne faite d'or fin, à moitié fondu. Déjà le magicien était réapparu. Bien vivant, celui-ci jeta quelques minuscules objets dans sa direction. L'inquisiteur aurait bien souri de mépris s'il ne les avait soudain vu grandir, prendre de poids et gagner en puissance. Avant même d'avoir pu ciller, ce fut d'innombrables blocs métalliques qui fendirent les cieux à quelques mètres seulement de sa tête.

L'inquisiteur jura tout en dégainant son épée dans un chuintement sonore. Celle-ci de taille moyenne et dénuée de garde augmentait considérablement sa vitesse de frappe. Il savait très bien que le magicien ne pourrait pas lutter au corps à corps... De plus, son révolver était déjà si chaud entre ses mains... Il lui restait deux tirs tout au plus.
L'homme prit donc appuie sur le sol avant de bondir en avant, esquivant de peu les immenses projectiles qui s'abattirent dans son dos dans un épouvantable fracas. Jaillissant dans la pièce, il darda l'endroit de son regard empli de haine, emplie de haine envers celui qui avait osé se servir d'un autre dieu contre lui. C'est alors qu'il se figea.

Sheyne se dressait là, au milieu des décombres, haletant devant son adversaire, une baliste dans les mains. Son visage se tordit en un masque de sadisme. Il avait gagné. L'autre n'aurait jamais le temps de tirer avant lui. Recouvrant l'inquisiteur d'un dernier regard mêlé de dédain et rage aveugle il appuya sur la détente.
Aussitôt celle-ci lui explosa littéralement entre les mains. La corde claqua sur son poignet, laissant une large trainée sanglante, tandis que le projectile tourbillonnait dans les airs en direction de sa proie, semblant effectuer une danse macabre, comme animée d'une vie propre.

L'inquisiteur serra le poing, portant son épée devant son visage crispé. Le carreau filait dans sa direction. Grandissant chaque seconde un peu plus, celui-ci vrillait dans toutes les directions, rendant sa trajectoire aussi imprévisible que dangereuse.
Et le magicien était à terre, un genou au sol. Nul doute que la puissance de la corde avait manqué de peu de lui sectionner la main.
L'ange de la mort hurla, bondissant en direction de sa proie, bras en avant au moment même où le bélier allait le happer au ventre. Prenant appuie, paume ouverte, sur la masse infernale, qui se tenait à l'horizontale, il bascula ses jambes par-dessus avant de retomber de l'autre côté dans un gémissement de douleur.

Effondré sur le sol éclaté, Sheyne serrait les dents, serrant son poignet de sa main valide. Sa main gauche, dégoulinant de sang chaud, resterait inutilisable un bon moment... Pourquoi son arme avait-elle explosé ... Pourquoi maintenant ? Alors que pour une fois il en avait réellement besoin ?! C'était comme ça pour tout... Tout ! Tout ce qu'il touchait devenait si fragile...
Mais c'était peut-être là sa chance, songea-t-il en levant les yeux emplis de crainte.

La masse foudroyante éclata loin derrière Benito, faisant trembler à nouveau les murs si instables de la tour. Celui-ci souriait à présent de contentement. La lame au flanc, il prenait son temps. Savourant d'avance la victoire qui s'étalait sous ses yeux, laissant le piètre magicien contempler son regard haineux. Il avançait tranquillement. Pas après pas.

Mais ce dernier ne se laissa pas abattre. Gémissant de désespoir il se releva en plongeant sa main valide dans son costume. C'est alors que la masse foudroyante de l'inquisiteur fondit sur lui, fendant l'air de son épée, lui portant un large coup de biais.
Le jeune homme hurla, sortant un long sabre de son veston. Parant de justesse le coup mortel il manqua de tomber à la renverse, tandis que son adversaire tournait sur lui-même, gagnant en vitesse et en puissance pour l'attaquer aussitôt par la droite, passant sous sa garde. L'attaque manqua de fendre le magicien en deux. Celui-ci avait heureusement eu la décence de se jeter en arrière, et, prenant appuie de son pied sur une aspérité du sol, de balancer son bras blessé en avant, couplant se geste avec une attaque de front.

Le sang qui s'écoulait de sa main s'envola, aveuglant temporairement l'inquisiteur. Celui-ci, cillant de surprise, ramena brusquement son épée devant lui, trop brusquement... et trop prés. Les deux lames s'entrechoquèrent dans un vacarme épouvantable, mêlé de tintements métalliques, parsemé étincelles, à quelques centimètres seulement de son visage.
Cette fois encore, l'épée du magicien explosa sur le coup, se fendant en son centre pour continuer sa course, libérée de toute emprise.

Une salve de projectiles métalliques lacérèrent le visage de l'inquisiteur tandis que l'épée brisée se fichait dans son épaule en un craquement sinistre. Hurlant de douleur, ce dernier se jeta en avant, plantant le magicien désarmé d'un puissant coup d'estoc... Imparable.
Son visage ravagé dépassait par dessus l'épaule de son adversaire. Joue contre joue il voyait la lame ressortir dans le dos de son ennemi, le transperçant de part en part.

Un silence de mort souffla dans la salle. Brise légère si lourde de conséquences, à peine parsemée par les faibles grincements de la tour, qui semblait balloter au grès de ses envies. Un gémissement dans l'aube de ce crépuscule. Une voix qui déjà s'éteignait en un dernier murmure :

« Tu as... »

L'ange de la mort approcha sa bouche de l'oreille de sa victime, susurrant lentement, mot par mot d'un ton diaboliquement calme.

« Gagné ? En effet... Pas de chance. »

Un sourire transcendant l'espace, le mage tombait en arrière, dos aux escaliers. Une chute lente et incertaine. Deux visages se détachèrent, deux regards se croisèrent, deux expressions qui s'échangèrent. Crainte, stupéfaction... et détachement...

« La chance... »

Benito blêmit, le teint livide, dégainant son revolver aussi vite qu'il le pouvait, pressant la détente en une fraction de seconde. Un instant de trop...
Sheyne hurlait presque, frôlant l'arme monstrueuse du bout de ses doigts afin de la fragiliser, dardant celui qui se croyait vainqueur d'un masque de pur sadisme. Son corps glissait dans le noir de la cage d'escalier, au sein de ce vide salvateur qui le protégerait, s'arrachant lentement à la lame qui se retirait d'un espace distordu au niveau de sa poitrine.

« La chance... C'est moi ! »

D'une sèche torsion du poignet, son épée brisée fendit les airs, se fichant dans le canon, tranchant dans la lumière.
Une formidable explosion détonna alors... L'arme pulvérisée vola en éclat...
L'âme de Salvani, happée par cette clarté, enviait celui qu'elle haïssait :
Le mage, dont le corps, glissant à travers les ténèbres, retournait d'où il venait, un sourire léger au bord des lèvres...

Basculant dans l'escalier, sheyne exultait : il avait gagné.

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