<h1>Noelfic</h1>

Les_guides_de_l__humanite


Par : Pseudo supprimé

Genre : Inconnu

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 3

Publié le 19/08/13 à 01:17:50 par Pseudo supprimé

K, intérieurement, exultait. Il avait toujours su que la science actuelle, cette assemblée de vieux croûtons ressassant les mêmes théories, était rétrograde, enfermée dans un carcan de logique froide et dure.
Il avait, devant lui, la preuve que sa propre méthode scientifique portait ses fruits... Cette entité défiait toutes les lois de la biologie, et accessoirement de la physique... Pourtant, elle existait. La victoire implacable du rêve...

Au diable, les procédés scientifiques, au diable, les systèmes... Au diable la logique... Il suffisait à K de croire. De croire aux miracles. De rêver. L'époque moderne avait coupé les hommes du rêve...
Le docteur pensa au choix offert par la statue. Si la science avait pour but le plus grand bien de l'humanité, il fallait accepter sans hésiter. Il n'avait rien à perdre, et tout à gagner, à cette étrange initiation proposée par l'entité. Cette statue de cristal était en elle même le garant de la véracité de ses dires.

K, tout en réfléchissant, se remémora la question de l'entité «Qu'est ce qui apporte la connaissance?» Il fut alors conforté dans ses positions. La vérité n'était pas à sa portée. Son esprit scientifique ne pourrait jamais admettre le récit, ni même l'existence, de l'être. Il devait se contenter de croire. De se fier à son intuition... à son.. imagination … Il atteindrait peut être un jour la vérité, et l'assimilerait... Scientifiquement. Pour le moment, K sentait qu'il fallait se laisser porter par ce rêve étrange et inquiétant.

Il regarda Paulo, qui lui aussi, semblait réfléchir. Le jeune métis devrait décider seul de sa destinée. Il avait encore du temps pour choisir ses buts. Pour choisir le sens de sa vie. Paulo avait encore tant à découvrir du monde des hommes... Le docteur, lui, malgré toute son énergie, savait qu'à présent le peu de chemin qui lui restait à parcourir était tracé, mais il ne voulait pas influencer son jeune guide. La décision de K était prise. Il s'avança résolument vers la statue.

-Je suis prêt.

Sans dire un mot, la statue ouvrit la paume de sa main gauche, à l'intérieur de laquelle se trouvait à présent une petite pierre à l'éclat éblouissant. Le docteur s'en empara sans hésiter, et prit une longe inspiration. Il n'avait aucune idée de ce qui allait se produire, mais il était serein. Soudain, il ressentit une sensation étrange et douloureuse sur tout son corps. Des milliers d'étincelles semblaient parcourir ses membres. Des éclairs lumineux, aux nombreuses branches, apparaissaient derrière son dos. Un feu bleuté semblait le consumer lentement, jusqu'à ce que de hautes flammes jaillissent.
Le docteur eut peur pendant un instant, alors que son corps semblait se séparer de son esprit. Il se sentait entrainé dans une immense spirale bleutée...

Paulo cligna des yeux. Le docteur n'était plus là. Les dernières étincelles s'évaporèrent, laissant place au noir angoissant de l'obsidienne. Seule la statue, qui scintillait faiblement, éclairait à présent la salle du temple. Elle se tourna vers lui, et ouvrit complètement les yeux. Le regard de l'être était à la fois doux et pénétrant En regardant au fond de ces yeux de cristal, Paulo crut voir un esprit, une âme.
Le jeune homme comprit qu'il devait faire le choix. La main droite de la statue s'était ouverte, laissant apparaître une deuxième pierre. Il regarda désespérément son visage de cristal, à la recherche d'aide, de courage. La statue entendit son appel. Ses yeux commencèrent à briller d'un éclat éblouissant. Les membres de Paulo se relâchèrent, une expression calme s'installa sur son visage.

Il y avait un épouvantable fracas. Une balle siffla à son oreille. Alors, il vit. Autour de lui, il n'y avait qu'une vaste clairière, dévastée par la guerre. Sous ses pieds nus, un tapis de cendres. Il voyait des explosions orangées. Des hommes mourir, agonisant. Il commençait à ressentir la douleur dans tout son être. La douleur physique de la braise sous ses pieds, mais aussi l'indescriptible douleur morale que lui imposait le spectacle morbide de la guerre. Il tenta d'avancer, de fuir, mais il trébucha, et tomba sur le sol brûlant. Son esprit quitta son corps. Il fut transporté au dessus du champ de bataille. Cette fois, c'était les bombes des avions de combat qu'il voyait distinctement tomber au sol, et exploser dans un vacarme assourdissant.
Soudain, il ressentit une vive douleur dans tout son être. Des plaies noires et rouges apparaissaient sur son corps nu. Ce n'était pas la braise. C'était une autre douleur, moins vive, plus sourde.
Il s'éloigna encore. Et il vit distinctement ce qu'il était venu voir, ce qu'il savait et qu'il redoutait. Il était chez lui. La forêt amazonienne n'était plus, transformée en brasier par la folie des hommes. Les siens étaient morts. Il cria.
Son esprit fut transporté ailleurs. Plus haut. Il était à présent au dessus de la terre, dans ce que le docteur K appelait l'atmosphère. Il y voyait d'immenses nuages gris-noir, des éclairs rouges éblouissants, un tonnerre grondant... Une étrange poussière orangée semblait en suspension... Une poussière qui lui asséchait et lui brulait la gorge et les yeux... Il aurait voulu pleurer, se réfugier dans la douceur de ses larmes...

Encore plus haut. Paulo fut soulagé un moment. Il était dans le néant de l'univers. Il était oppressé par une indescriptible sensation de vide, mais au moins, la douleur n'était plus. Il posa son regard sur la terre, qu'il ne crut pas reconnaître. Il avait vu, à travers certaines des leçons du docteur, à quoi ressemblait la planète des hommes...

La terre n'était plus la planète.. bleue... Il voyait difficilement un amas de roches rougeâtres et grises, survolé de nuages couleur souffre.

Sa respiration se faisait plus rapide alors qu'il reprenait connaissance sur le sol froid de la dernière salle du temple. La statue n'avait pas bougé, elle tenait toujours la petite pierre dans sa main droite. Il sentait qu'il ne pouvait plus réfléchir. Tout lui semblait futile à présent, la douleur, la mort... Il avait entrevu la souffrance d'un Monde et de tous ses êtres... Et cela dépassait l'entendement... Il s'approcha calmement de la statue, et prit la pierre.

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