Robin Tegniva se réveille en sursaut aux alentours de six heures du matin en toussant un gros coup et crachant au passage un mollard grisâtre mémorable. " Faut que j'arrête de fumer oim " se dit alors ce dernier en fredonnant dans sa tête un morceau de reggae dont il a déjà oublié le nom. Tête dans le cul, il déjeune en vitesse deux trois saloperies chocolatées et s'avale un tiers d'un litre et demi de jus d'orange pour se rafraîchir l'esprit.
Ses parents sont déjà partis au boulot, il doit se gérer tout seul le matin. Son plan ? Aller en stop ou à pied au lycée pour économiser l'argent du ramassage scolaire pour le claquer dans ses clopes, ses feuilles et ses briquets.
Après une rapide douche, il enfile sa chemise en jeans, son chino et des Vans bleues avant de se contempler dans la glace.
Tegniva a un physique assez atypique. Il mesure un bon mètre quatre-vingt dix mais demeure tout keus, la faute au pilon.
En guise de chevelure, une touffe frisée et très brune coiffée une fois par an. De quoi rire à première vue, mais c'est dans ce buisson capillaire que réside tout le charme et le charisme de Robin. Un grand fou toxico mais qui sait rester sérieux une fois entré en salle de classe, bien qu'à l'extérieur il est le premier à emmerder les pions et jeter des miettes de pain sur les secondes..

Bref, Robin sort de chez lui en fermant la porte à clé après avoir donner à grailler à son abruti de chat (il est roux). Ce matin-là, Robin est en avance, pas besoin de tourner son pouce vers le haut pour réclamer un accompagnateur, il ira au bahut à pied et pourra se payer ses Lucky Strike. Sur la route il croise Vincent Pravi, l'un de ses meilleurs potes.

Un petit check propre à eux-même depuis la quatrième, puis les deux acolytes se racontent leurs vacances, les derniers boules caressés, enfin toutes ces conneries dont on ne parle qu'à une seule personne sur terre !
A proximité du lycée, Robin regarde son ami, sourit, et dit :

" Au lieu de se ruer vers ces listes comme des moutons, on s'en roule une frère ? "

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Pendant que nos amis se crament les poumons, deux filles de leur future classe débarquent au lycée Molière en sautillant comme des gamines. Il s'agit là de Céline Chetron, tout simplement meilleure élève de tout l'établissement, plafonnant à dix-neuf de moyenne et frôlant la perfection, et son amie Léa Maigrat.
Cette dernière, dépourvue d'imagination, de créativité et de personnalité, n'est qu'un vulgaire clone manqué, se contentant de suivre Céline en bêlant derrière celle-ci.
Dans leurs ballerines " Le Temps des Cerises ", l'inquiétude au coeur, elles courent avec une naïveté immense dans leurs mouvements vers les listes de classe.
Les deux amies bousculent une bonne vingtaine de personnes et contemplent ces immenses panneaux blancs remplis de noms, de dates de naissance et autres. Quelques secondes de silence en elle, le temps de chercher leur nom puis, subitement un cri aigu et strident énorme. Le réflexe vient en même temps, et Céline et Léa se prennent dans les mains et sautent sur place en criant :

" HIIIIIIII ON EST ENSEMBLE MA CHÉRIE ! "

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Au loin, allongés paisiblement dans l'herbe, Jules Biscotte et Jeanne Andro regardent les deux filles s'humilier devant tout le monde. Jules, gay, est le meilleur ami de Jeanne avec qui il passe tout son temps.

- Mon dieu ma chérie, dire que l'on va devoir se les coltiner. Je ne peux pas les supporter quoi ! fait Jules, adepte de l'équitation, en cassant le poignet (ouais, j'ai réussi à caser trois clichés sur les gays en une phrase).
- Arf, tu es sûr Juju' ?
- Oui oui, j'ai vu leurs prénoms tout à l'heure han..
- Mais laisse-les Juju, elles ont le droit d'être contentes. Et j'te ferais dire que toi aussi tu t'extasies pour rien hihi ! lui répond sa meilleure amie, fille très cultivée mais peu populaire.
- Roooh ça va han ! rétorque Jules en lui tapant dans l'épaule de manière amicale avec une éffemination level 999 dans son geste.

Puis, les deux se lèvent et vont rejoindre leur bande. Un groupe regroupant les métalleux, les homosexuels et les gens bizarres du bahut, placés toujours au même endroit, surnommés les cas-soc par la plupart des lycéens de Molière.

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Quelques mètres derrière eux, Elia et Tyson discutent tranquillement.

- Hey matte, y'a le dep dans notre classe gros ! se marre ce dernier.
- Ouais. Ça va faire quatre ans qu'il est dans ma classe, et sa pote aussi. Bon après je m'en fous tant qu'ils m'emmerdent pas mec !

Tyson est d'origine américaine et très riche, son père étant l'ambassadeur des States en France. Cependant son fils n'est pas comme les autres membres de sa famille. Mauvais élève et fouteur de s'beul, son passage en 1S a été ô combien laborieux. Et la pression de M.Jackson, son père, mise sur les épaules des professeurs, a réussi à hisser Tyson en S.
Quant à Elia, d'origine marocaine, c'est un excellent élève respecté de tous mais qui s'avère influençable.. Assez apprécié des filles, il a une assez bonne cote au lycée.

- Oh chouf, chouf ! Y'a Laurène dans notre classe gros ! s'exclame Elia.
- Genre ? Ah ouaaaais aha !
- Trop conne cette meuf.
- M'en bats les couilles frère, elle a un boule surdimentionné et des tits immenses !
- Mmmmh..

Laurène Boubze est une fille blonde et assez cruche, souvent victimes des moqueries suite à ses réflexions et questions inutiles en cours. Seulement, les garçons l'apprécient pour ses formes magnifiquement rondes qui déclenchent une moyenne de 176,3 gaules par jour aux mâles du lycée (source : Insee)