<h1>Noelfic</h1>

Legende_:_Daniel_Holden


Par : Pseudo supprimé

Genre : Inconnu

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 1

Publié le 19/08/13 à 01:11:26 par Pseudo supprimé

L'homme a peur. Obscurité soudaine et perte de contrôle. Son coeur s'emballe, le sang lui bat les tempes.
Poussière voletante que seul le rayon lumineux permet d'apercevoir. Elle s'éparpille. C'est sur la grande table qu'elle se pose.
Le fils est satisfait. Couleur rougeâtre dans l'ombre, pointe incandescente au bout du bâtonnet qu'il s'est roulé. Ses poumons s'emplissent de fumée. Son espérance de vie en pâtira.
Ce lieux est emprunt de la part d'ombre de Daniel. Je la vois. Sa gentillesse, portée disparue, n'a laissé aucune trace. Peut-être n'a-t-elle jamais existé...
La femme enfouit sa tristesse. Le mouvement est régulier, l'objet va et vient avec grâce en battant l'air ; la légère brise caresse son doux visage. Le peau pâle mais la mine sombre, sa lèvre se pince : semblant de sourire ; de longs tracés noirs s'étendent jusque sous ses yeux.
Aboiement lointain raisonnant à l'extérieur. Bête éveillée par un quelconque insomniaque avide d'étoile et de promenade nocturne.
La fille étouffe ses cris. Ce membre qui viole son intimité, mêlant vigueur et violence, lui procure d'intenses émotions. La douleur devient plaisir, le plaisir devient perversité...encore et toujours elle en redemande.
Rassuré, l'animal s'est tu ; le flâneur a dû passer son chemin. Sait-on jamais, peut-être repassera-t-il par là.
L'oncle est intéressé. Cliquetis dans l'ombre, tout est en place. Second cliquètement, la balle est dans la chambre. Un sourire se grave sur son visage si souvent impassible ; l'objet ne le quitte plus. Contre sa peau : le métal froid. Habituellement si fort, si fier sur ses deux jambes; aujourd'hui il doute. Son corps se parcourt d'un frisson.
Que devient l'envie de Daniel ? Purement envolée, elle n'existe plus. Ne parlons pas de son espoir...ce serait à en pleurer.
La tante est vide...vide de ressenti. Tendant l'oreille, guettant le « tic-tac » de l'aiguille qu'elle ne voit pas, encore et toujours elle patiente. Dans son esprit, le néant. Sur son corps, les stigmates de disputes récentes. Dans son coeur : La peine, l'amour, la haine, lui montre qu'elle est bel et bien vivante.
Un reflet bleu inonde la rue. Plongé dans ses songes, l'Homme ne peut savoir à quoi s'attendre avant de vivre l'instant présent, qu'il se doit de savourer ; et il ne sait : ce qu'il vit aujourd'hui pourrait ne plus être vécu demain.
Le cousin est terrifié. Suant, tremblotant, il sent ce que d'autres sentent eux aussi : cette odeur de mort stagnante et horrifiante flottant dans le lieux sans vouloir le quitter. Dans ses mains, un donne-la-mort : long engin chambré en .729. Son doigt se colle contre la gâchette métallique. Peut-être ôtera-t-il une vie ce soir.
Un reflet rouge submerge la rue. Plongé dans de profondes réflexions, l'Homme ne sait prendre les choses comme elles se présentent à lui. Préférant la complexité à la simplicité, il n'admettra jamais, préférera s'épuiser, mais certainement pas céder à la facilité.
La cousine se délecte. Le biscuit s'émiette entre ses dents. Voluptueuse, poitrine bombée, tête légèrement inclinée vers l'arrière, elle porte une bouteille à ses lèvres. Le liquide s'écoule sur sa langue, pénètre en elle. Quelques gouttes lui échappent, glissent sur son ravissant cou, ruissellent le long de sa poitrine, puis se mêlent à la sueur sécrétée par son corps de succube aux formes attrayantes.
De nouveaux jappements, proches. Il se peut que l'insomniaque soit seulement somnambule.
La grand-mère est agacée. Face à elle, sous le rayon lumineux, des liasses à ne plus savoir comment les dépenser. Voilà qu'elle se perd à nouveau dans ses comptes. Serrant fort l'instrument de calcul au creux de sa main, elle grogne, puis recommence.
Quelque chose gratte à la porte, la bête est juste là. Son hurlement résonne.
Le grand-père est fatigué. Assis derrière le canapé, économisant ses forces, il serre son vieux Python .357 contre lui, le caresse de son majeur gauche. Lui aussi sent cette odeur qui les environne.
Dans encadrement de la porte filtre de la lumière. Le rouge se succède au bleu, qui à son tour cède sa place à la précédente couleur. La bête cesse de gronder, la tension monte d'un cran.
Il n'y a aucune famille en ce lieu, et cela malgré les apparences. Ce qui lie ces gens n'est pas le sang mais le rôle qu'ils ont à jouer. Dans la lumière, leur apparence est dévoilé : la vérité les rend complices.
Des bras se lèvent. Le bois vole, se disloque. Les ténèbres naissent et disparaissent au rythme des détonations. Anciennement immaculés, les murs se couvrent et dégoulinent de liquide de vie.
Au centre de cette guerre, aussi insignifiante que l'existence elle-même, apparaissant puis disparaissant au même rythme que les ombres, est posée une chaise. Sur celle-ci se tient un homme, étranger à tout cela. La mort plante ses griffes autour de lui mais ne l'atteint pas. La corde l'empêche de bouger, ses blessures ne lui permettent pas de s'exprimer.
Je suis la conscience enfouie de Daniel.
L'ombre reprend ses droits, la fusillade cesse. Des pas résonnent, les lampes de poches s'allument.
Je suis à la fois la force, la raison et le courage de Daniel.
Les faisceaux balaient la pièce mais n'accordent aucune importance aux corps et autres restes du sanglant affrontement. Sur sa chaise, l'homme plisse les yeux, c'est sûr son visage que les rayons convergent. Ce sont des hommes en uniforme qui lui font face. Il a peur : « Allez-vous en ! » crierait-il à ne plus en respirer, s'il le pouvait ; mais plutôt, sa bouche s'ouvre et déverse quantité de sang et de bave. Sa tête bouge de droite à gauche, son oeil violacé ne parvient plus à s'ouvrir. Vêtu d'un pantalon de costume par endroits déchiré, d'une chemise anciennement blanche aux boutons arrachés et d'aucune chaussure ni chaussette, le pauvre bougre se dandine sur la chaise qui le retient.
Sachez-le, je suis la colère de Daniel.
On s'approche de lui. Des mains tâtent son visage, ses bleus et ses contusions. Les hommes le laissent attaché et le regarde. Il voit leurs lèvres bouger mais ne saisit pas.
—Ce n'est pas lui...souffla l'un d'eux, d'un air déçu.
—Vous en êtes sûr ?
—Je reconnais ce tatouage, mais ça ne peut pas être lui.
—Et d'après vous, cela pourrait être un piège ?
—Êtes-vous Daniel Holden ? Lui demanda-t-on.
—Regardez comme il bave, vous pouvez toujours attendre une réponse.
—Il s'agite aussi...Détachez-le puis passez-lui les menottes. Le mieux et de voir qui il est et ce qu'il faisait ici.
—Et Holden ?
—Ne vous en faites pas, s'il est en vie on le retrouvera.
On le détache. Effrayé, il se débat. Plaqué contre un mur, les menottes lui sont misent. De force, ils le traînent en dehors de la pièce, comme un animal. Les larmes coulent le long de sa joue, il ne comprend pas. S'il le pouvait, il crierait « Je suis Daniel Holden !C'est bien moi ! » ; mais pour l'heure il en est incapable. N'étant plus que l'ombre de lui-même, peut-il encore être considéré comme étant celui qu'il était ? J'aimerais répondre oui...
Il n'y a plus de porte, et plus âme qui vive. La lumière d'un lampadaire s'engouffre dans l'entrée de la pièce. Est visible sur le sol un cadavre ; à ses coté un fusil. Il n'est pas seul. Ce soir la mort a frappé à leur porte. Ne pas être allé lui ouvrir l'a , dirait-on, quelque peu contrariée.
Je suis tout ce que Daniel a perdu, ce qui le rendait humain, tout ce qu'il ne regagnera jamais entièrement. Je suis celui qui l'a tué.

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