La mésaventure d'Aliz
Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 20
Ici et maintenant
Publié le 24/08/12 à 19:18:17 par PaulAllender
Au début de la semaine qui suivit, le lundi 18 février, je retournai finalement en cours après une longue semaine d'absence. Mon retour ne passa pas inaperçu, j'étais arrivé en retard à mon cours de SES du lundi à 8h15. En arrivant dans le couloir, je vis que la porte de la salle était déjà fermée, je m'en approchai et entendit mon professeur dispenser son cours tout en parlant comme à l'accoutumée de fait divers récents auxquels il mêlait souvent son cours pour rendre les leçons et analyses plus pertinentes. Je restai immobile quelques secondes, levai ma main en fermant le poing, et après avoir légèrement hésité toquai finalement à la porte. Mon professeur m'ouvrit la porte, c'était un asiatique, grand et sec, avec de grandes lunettes et un costume beige.
-Vous êtes une fois de plus en retard, monsieur Salan. me dit-il en souriant
-Je sais. rétorquai-je sèchement
-Vous savez ? me répondit-il l'air surpris
-Oui. Je le sais.
-Et que nous vaut le plaisir de votre retour parmi nous après cette semaine d'absence ?
-J'étais absent pour... raisons familiales. lui dis-je en cherchant une échappatoire
-Raisons familiales, vous dîtes.
-Oui, c'est bien c'que j'ai dit.
Le professeur sortit de la salle et me rejoignit dans le couloir en fermant la porte, visiblement pour me parler en privé.
-Écoutez jeune homme, tous vos camarades, comme moi, comme la vie scolaire au grand complet sommes au courant des histoires que vous avez traversé récemment. Vous savez, les bruits de couloirs et les histoires vont vite dans un lycée, les élèves parlent beaucoup, les professeurs se renseignent, et les murs ont des oreilles, ne vous y trompez pas monsieur Salan, vos aventures si je puis dire, ne sont inconnues de personne au sein de l'établissement, de tels faits divers n'échappant à personne. Votre classe de terminale comme vos professeurs ne sont pas dupes, vous n'êtes pas dans votre assiette, cela se lit dans vos yeux.
-...
Je ne savais que répondre devant une telle tirade. Son regard noisette, perçant comme des balles de calibre 45 semblait tout lire de moi, comme si mon regard me trahissait un peu plus à chaque instant qu'il fixait celui du professeur.
-Je m'inquiète pour vous jeune homme, ça n'est pas dans mes habitudes de m'intéresser autant à mes élèves, mais une personne si brillante que vous ne devrait avoir à s'embarrasser de tels problèmes, qui seraient indéniablement un frein à la pleine réussite de vos études.
-Je vous remercie de temps de sollicitude, monsieur Trinh, mais toutefois, pour m'adresser à vous dans un lexique qui ne saurait pâlir de honte ou de ridicule et passer pour familier à côté de vos longues tirades, soyez en aussi certains que je le suis : je me porte comme un charme, et j'apprécierai qu'à l'avenir, de telles incursions dans ma vie privée ne se reproduisent de manière aussi banale et fortuite que vous venez de le faire. Vous en êtes instruits, et je ne vous apprends rien, j'ai été pris comme otage au milieu d'un braquage de banque, on m'a humilié en propageant tel le fléau des pestiférés une vidéo sur laquelle on me voit me faire agresser par un très grand nombre de personnes, personnes dont j'ai assisté à la mort groupée en direct, de la même manière qu'une vidéo pornographique sur la fille que j'aime et qui partage ma vie s'est retrouvée entre de nombreuses mains, et bien que votre dessein soit juste et intéressé de mon propre sort - et sachez que je n'en doute pas une seule seconde - je vous saurais gré d'éviter ceci à l'avenir. Pas de familiarité entre nous je vous prie, j'ai beau n'avoir dix-huit ans que depuis onze jours, ne vous méprenez pas, les problèmes ne m'effraient pas, et je sais les gérer comme ils viennent autant que ma propre vie. Je n'ai nullement besoin de votre pitié ou de votre compassion comme de celles de vos collègues, oubliez donc ces histoires et laissez moi rejoindre la salle comme n'importe quel élève au premier jour. Gardez ceci à l'esprit, les temps comme les oeufs sont durs, que chacun s'occupe de ses propres problèmes avant de s'occuper de ceux des autres ; vous écarter de la bienséance de votre propre bien-être au profit de celui des autres pourrait s'avérer aussi risqué que téméraire - au détriment de la famille que vous avez fondé, et je ne saurais m'en tenir pour responsable.
Apprenez donc ceci, monsieur le professeur, je ne vous ai rien demande ; en d'autres termes, occupez vous de vos affaires, et tout ira pour le mieux - merci bien !
Je lui avait parlé sur un ton que je n'avais pris avec aucun de mes professeurs auparavant, noir comme les abysses les plus profondes, au moins autant que le regard assassin que je lui ai lancé sur le moment, plus furieux et hurlant qu'un peloton d'exécution nord-coréen marchant au pas cadencé.
-Vous dépassez les limites Acehn ! hurla-t-il dans le couloir
-Oh, exit les "monsieur Salan" et salamalecs mielleux ? Laissez moi retournez en cours aussi simplement que je suis venu, merci !
-Non, non, non, tout n'est pas aussi simple que vous semblez le penser jeune homme. Vous avez gagnez un aller simple direct chez la CPE, et je vais grandement lui recommander de vous donner rendez-vous avez la psychologue.
-Comment..
-Ne le prenez pas mal, je vous apprécie beaucoup, vous êtes un élément moteur de cette classe, soyez en certains. Mais je ne peux me permettre de laisser un si bon élément prendre un mauvais virage comme vous le faites actuellement. Vous irez voir la psychologue, que ça vous plaise, ou non.
-....
-Schéhérazade va vous accompagner.
-Qui ça... ?
-Vous voyez, vous êtes tellement absent que vous ne connaissez pas votre propre délégué... Quoiqu'elle n'est pas vraiment plus présente que vous... Enfin bref, attendez ici.
Il avait raison, j'étais tellement jamais là que ma propre déléguée m'était inconnue. Enfin, d'après ses dires, elle n'était guerre plus présente que moi... Alors que j'attendais dans le couloir, la porte de la salle s'ouvrit, et Schéhérazade en sortit, une note du professeur dans les mains. Elle faisait un bon mètre soixante bronzée à souhait, les cheveux brun bouclés qui lui tombaient sur les épaules, les yeux verts kiwi. Elle n'était guère maquillée, portant simplement du khôl sous les yeux, qui soulignait à merveille son regard qui semblait perdu dans le vide, tout autant qu'il paraissait dénué de tout sens ou de tout sentiment.
-C'est toi Ace ? dit-elle en parlant lentement
-Tu crois ?
-Bah... Je sais pas moi... rétorqua-t-elle les yeux et la voix toujours aussi dénués d'expression
-À ton avis... ?
-... Oui ?
-Bingo !
-Ok suis moi alors. répondit-elle toujours aussi calmement
Cette fille était curieuse, aucune expression, aucun sentiment n'émanaient de son regard, de sa voix ou de son attitude. Elle semblait perdue en permanence, sans cesse à regarder autour d'elle. Schéhérazade se cogna à deux reprises contre les murs du couloirs et faillit tomber en à peine une minute, ce qui ne manqua pas de me rendre assez perplexe.
-Je suis tellement maladroite ! fit-elle en riant niaisement
-Mais non voyons...
-Si, tout le monde me le dit !
-Baaah. Ça arrive à tout le monde de se cogner, nan ?
-C'est drôle, t'es le premier à pas me traiter de cruche.
-Ah...
-Tout le monde dans la classe m'appelle Schiéhérazade, parce qu'apparemment je fais que de la merde à chaque seconde... C'est drôle hein ? ricana-t-elle bêtement en fermant les yeux
-Pas trop non... répondis-je en haussant le sourcil
-Tu m'plais bien toi ! fit-elle en levant l'index droit
-Ah ouais ? dis-je en souriant du coin de la lèvre
-Ouaip' ! Tu sais quoi, on s'en fout d'la CPE et tout ça !
-Comment ça ? l'interrogeai-je soupçonneux
-Bah ouais, moi j't'aime bien, et j'trouve que Trinh, c'est un salaud, tu sais on a tous entendu dans la classe comment tu lui as fait fermé sa gueule, on entendait tout ce qui se disait dans le couloir !
-Vraiment...
-Ouaip' ! Alors, viens, on s'en va ! souria-t-elle aussi niaisement qu'à l'accoutumée
Elle déchira en morceaux la note du prof de SES, et les lança en l'air au dessus de nous tels une pluie de confettis qui retomba sur nous et se déposa dans nos cheveux. Elle me prit par la main et me tira jusqu'à la sortie du lycée, devant laquelle je la repoussai vivement.
-Tu comptes faire quoi là ?
-Bah... Viens on s'taille nan ?
-Tu vas t'attirer des emmerdes en faisant ça, sûrement encore plus qu'à moi, t'as besoin de ça, et moi non plus.
-M'en fous. fit-elle aussi calmement que la première fois que je l'avais vu remuer ses lèvres
-Pas moi.
-J'ai pas besoin de ta pitié moi non plus, Acehn Salan. Je sortirai du lycée avec ou sans toi. Sur ce salut ! souria-t-elle niaisement une fois de plus
Puis elle partit en sautillant et sifflotant un bon vieux Johnny B. Goode bien rétro. Quelle curieuse fille, j'avais jamais vu une fille aussi... spéciale. Enfin, au point où j'en étais, j'avais plus rien a perdre, alors, bon gré mal gré, je la suivis sans me poser de question. Elle m'attendait sur le trottoir d'en face, adossée et un pied contre le mur.
-Tu es finalement venu, Acehn.
-Arrête de m'appeler comme ça, tu veux ?
-Pourquoi, c'est ton prénom après tout.
-Tout le monde m'appelle Ace.
-Je suis pas tout le monde tu sais.
-Même ma copine m'appelle pas par mon prénom, alors te sens pas si spéciale à mes yeux, Schéhérazade !
-Je ne me sens aucunement spéciale, je t'appelle juste par ton prénom, Acehn.
-... Ok, j'abandonne, appelle moi comme tu veux. me résignai-je
-Super! Aller, viens avec moi, on va de mettre une mine.
-Pas de soucis..
Je la suivis sur deux rues, quand nous nous arrêtâmes dans un Franprix où elle prit une bouteille de vodka, deux Despé, une Smirnoff Ice, une bouteille de rhum, deux bouteilles de jus d'orange et une bouteille de jus d'pomme.
-Tu veux nous foutre dans l'coma ma parole ?
-Hihi, aide moi plutôt à foutre tout ça sur le tapis !
Nous posâmes le contenu du charriot sur le tapis quand elle me dit dans le creux de l'oreille de passer en caisse à sa place car elle n'avait pas dix-huit ans. Elle sortit son porte feuille qu'elle ouvrit, laissant sortir une bonne trentaine de billets, de 20 à 200€.
-Wah mais ils font quoi tes parents ?
-Des investissements. souria-t-elle bêtement
Une fois les courses finies, nous sortîmes du Franprix et je lui proposai d'aller chez moi pour nous poser, plutôt que de rester dans la rue. Elle accepta volontiers l'invitation, et nous allâmes donc chez moi, commençant à enchaîner les cocktails, joints, et jeux de boisson, discutant de tout et de rien.
Schéhérazade, n'avait que quatorze ans, étant née le 31 décembre 1998, elle était allée à l'école un an plus tôt et avait sauté deux classes, elle était la plus jeune de notre classe, ce qui ne l'empêchait pas de réussir presque aussi bien que moi en cours. Ses parents ne travaillaient pas, étant de riches héritiers, ils vivaient de placements en bourse, de locations d'appartement, et avaient déjà un énorme patrimoine qui leur garantissait une vie confortable sur au moins trois générations. Schéhérazade savait qu'elle venait d'une famille privilégiée et qu'elle aurait pu arrêter l'école après le collège et tout de même vivre une vie de rêve, mais cela ne lui suffisait pas, elle voulait au moins apprendre à gérer son argent comme elle disait. Niaise et infantile au premier abord, révolutionnaire et ennemie des contraintes dans l'âme, elle ne cessait de défier les règles depuis ça plus tendre enfance, comme elle l'avait prouvé aujourd'hui.
Soudain, la clé tourna dans la porte, il était 13h, Aliz avait finit quatre heures plus tôt, en raison de professeurs absents. Elle nous trouva tous les deux, dans la cuisine et resta figée un moment. Schéhérazade la regarda de haut en bas, et lui dit :
-Oh. Tu dois être Aliz ! Enchantée, moi c'est Schéhérazade ! fit-elle encore plus niaisement
-... Enchantée. répondit-elle perplexe
-Tu vas bien mon coeur ? lui dis-je en me levant et en l'embrassant
Schéhérazade est une fille de ma classe, on s'est rencontrés aujourd'hui et on a un peu déserté les cours mais... Crois moi, cette petite, c'est une bonne !
-Je vois que vous avez pas perdu votre temps ! fit-elle en me repoussant vivement
-Oula hé je t'arrête tout de suite, Aliz ! Ne va pas t'imaginer que j'vais te voler ton mec, j'ai déjà un copain de vingt-et-un ans tu sais, et sa queue me satisfait amplement. J'ai simplement proposé à Acehn qu'on se mette une mine parce qu'il avait eu un dialogue assez... houleux avec le prof principal, rien de plus !
Elle se leva, tituba un peu et reprit ses esprits rapidement. Elle sortit un paquet de clopes de son soutif et en mit une dans sa bouche, à l'envers, qu'elle s'apprêtait à allumer.
-T'as pas un peu l'impression que ta clope est à l'envers, princesse des mille et une cuites ? souria pernicieusement Aliz
-Excellent ! C'est un super surnom ça, on me l'avait jamais faite ! s'emerveilla-t-elle comme une gamine
-Cool... ! En attendant, ta garrot est toujours à l'envers, princesse.
-Haha, t'es pas conne du tout hein... Aliz Cristina Elizabeth Guardiola Bright !
-Comment... Ace ? Tu lui as donné mon nom complet ?
-Non, j't'assure ! répondis-je aussi surpris qu'elle
-D'où tu sors toi ! hurla Aliz
-Adresse donc toi à moi sur un autre ton, Antarès, veux tu ?
-Que... Comment tu sais ça, pétasse !
Aliz fouilla dans un tiroir et sortit un couteau avec laquelle elle menaça Schéhérazade.
-Tu vas tout me dire, ici, et maintenant !
-Aliz, calme toi putain !
-Nan, là c'est grave Ace, je sais pas d'où sort cette fille qu'tu nous as ramené, mais elle est pas nette bordel !
Schéhérazade ria bruyamment, souleva sa jupe qui lui tombait sous les genoux, dévoilant une jarretière raz son shorty tenant un étui à pistolet, pas vide pour un sous et en sortit un glock avec lequel elle braqua Aliz.
-Pas un mot. J'en sais bien plus sur vous que vous ne semblez l'imaginer mes petits amis. Bien plus. Et vous allez m'aider, que vous le vouliez ou non...
NDLR : Oui, j'ai modifié le troisième prénom d'Aliz, le Clare est devenu Elizabeth. C'était mon choix original, et je l'ai finalement remis, vous comprendrez plus tard ce changement :D
-Vous êtes une fois de plus en retard, monsieur Salan. me dit-il en souriant
-Je sais. rétorquai-je sèchement
-Vous savez ? me répondit-il l'air surpris
-Oui. Je le sais.
-Et que nous vaut le plaisir de votre retour parmi nous après cette semaine d'absence ?
-J'étais absent pour... raisons familiales. lui dis-je en cherchant une échappatoire
-Raisons familiales, vous dîtes.
-Oui, c'est bien c'que j'ai dit.
Le professeur sortit de la salle et me rejoignit dans le couloir en fermant la porte, visiblement pour me parler en privé.
-Écoutez jeune homme, tous vos camarades, comme moi, comme la vie scolaire au grand complet sommes au courant des histoires que vous avez traversé récemment. Vous savez, les bruits de couloirs et les histoires vont vite dans un lycée, les élèves parlent beaucoup, les professeurs se renseignent, et les murs ont des oreilles, ne vous y trompez pas monsieur Salan, vos aventures si je puis dire, ne sont inconnues de personne au sein de l'établissement, de tels faits divers n'échappant à personne. Votre classe de terminale comme vos professeurs ne sont pas dupes, vous n'êtes pas dans votre assiette, cela se lit dans vos yeux.
-...
Je ne savais que répondre devant une telle tirade. Son regard noisette, perçant comme des balles de calibre 45 semblait tout lire de moi, comme si mon regard me trahissait un peu plus à chaque instant qu'il fixait celui du professeur.
-Je m'inquiète pour vous jeune homme, ça n'est pas dans mes habitudes de m'intéresser autant à mes élèves, mais une personne si brillante que vous ne devrait avoir à s'embarrasser de tels problèmes, qui seraient indéniablement un frein à la pleine réussite de vos études.
-Je vous remercie de temps de sollicitude, monsieur Trinh, mais toutefois, pour m'adresser à vous dans un lexique qui ne saurait pâlir de honte ou de ridicule et passer pour familier à côté de vos longues tirades, soyez en aussi certains que je le suis : je me porte comme un charme, et j'apprécierai qu'à l'avenir, de telles incursions dans ma vie privée ne se reproduisent de manière aussi banale et fortuite que vous venez de le faire. Vous en êtes instruits, et je ne vous apprends rien, j'ai été pris comme otage au milieu d'un braquage de banque, on m'a humilié en propageant tel le fléau des pestiférés une vidéo sur laquelle on me voit me faire agresser par un très grand nombre de personnes, personnes dont j'ai assisté à la mort groupée en direct, de la même manière qu'une vidéo pornographique sur la fille que j'aime et qui partage ma vie s'est retrouvée entre de nombreuses mains, et bien que votre dessein soit juste et intéressé de mon propre sort - et sachez que je n'en doute pas une seule seconde - je vous saurais gré d'éviter ceci à l'avenir. Pas de familiarité entre nous je vous prie, j'ai beau n'avoir dix-huit ans que depuis onze jours, ne vous méprenez pas, les problèmes ne m'effraient pas, et je sais les gérer comme ils viennent autant que ma propre vie. Je n'ai nullement besoin de votre pitié ou de votre compassion comme de celles de vos collègues, oubliez donc ces histoires et laissez moi rejoindre la salle comme n'importe quel élève au premier jour. Gardez ceci à l'esprit, les temps comme les oeufs sont durs, que chacun s'occupe de ses propres problèmes avant de s'occuper de ceux des autres ; vous écarter de la bienséance de votre propre bien-être au profit de celui des autres pourrait s'avérer aussi risqué que téméraire - au détriment de la famille que vous avez fondé, et je ne saurais m'en tenir pour responsable.
Apprenez donc ceci, monsieur le professeur, je ne vous ai rien demande ; en d'autres termes, occupez vous de vos affaires, et tout ira pour le mieux - merci bien !
Je lui avait parlé sur un ton que je n'avais pris avec aucun de mes professeurs auparavant, noir comme les abysses les plus profondes, au moins autant que le regard assassin que je lui ai lancé sur le moment, plus furieux et hurlant qu'un peloton d'exécution nord-coréen marchant au pas cadencé.
-Vous dépassez les limites Acehn ! hurla-t-il dans le couloir
-Oh, exit les "monsieur Salan" et salamalecs mielleux ? Laissez moi retournez en cours aussi simplement que je suis venu, merci !
-Non, non, non, tout n'est pas aussi simple que vous semblez le penser jeune homme. Vous avez gagnez un aller simple direct chez la CPE, et je vais grandement lui recommander de vous donner rendez-vous avez la psychologue.
-Comment..
-Ne le prenez pas mal, je vous apprécie beaucoup, vous êtes un élément moteur de cette classe, soyez en certains. Mais je ne peux me permettre de laisser un si bon élément prendre un mauvais virage comme vous le faites actuellement. Vous irez voir la psychologue, que ça vous plaise, ou non.
-....
-Schéhérazade va vous accompagner.
-Qui ça... ?
-Vous voyez, vous êtes tellement absent que vous ne connaissez pas votre propre délégué... Quoiqu'elle n'est pas vraiment plus présente que vous... Enfin bref, attendez ici.
Il avait raison, j'étais tellement jamais là que ma propre déléguée m'était inconnue. Enfin, d'après ses dires, elle n'était guerre plus présente que moi... Alors que j'attendais dans le couloir, la porte de la salle s'ouvrit, et Schéhérazade en sortit, une note du professeur dans les mains. Elle faisait un bon mètre soixante bronzée à souhait, les cheveux brun bouclés qui lui tombaient sur les épaules, les yeux verts kiwi. Elle n'était guère maquillée, portant simplement du khôl sous les yeux, qui soulignait à merveille son regard qui semblait perdu dans le vide, tout autant qu'il paraissait dénué de tout sens ou de tout sentiment.
-C'est toi Ace ? dit-elle en parlant lentement
-Tu crois ?
-Bah... Je sais pas moi... rétorqua-t-elle les yeux et la voix toujours aussi dénués d'expression
-À ton avis... ?
-... Oui ?
-Bingo !
-Ok suis moi alors. répondit-elle toujours aussi calmement
Cette fille était curieuse, aucune expression, aucun sentiment n'émanaient de son regard, de sa voix ou de son attitude. Elle semblait perdue en permanence, sans cesse à regarder autour d'elle. Schéhérazade se cogna à deux reprises contre les murs du couloirs et faillit tomber en à peine une minute, ce qui ne manqua pas de me rendre assez perplexe.
-Je suis tellement maladroite ! fit-elle en riant niaisement
-Mais non voyons...
-Si, tout le monde me le dit !
-Baaah. Ça arrive à tout le monde de se cogner, nan ?
-C'est drôle, t'es le premier à pas me traiter de cruche.
-Ah...
-Tout le monde dans la classe m'appelle Schiéhérazade, parce qu'apparemment je fais que de la merde à chaque seconde... C'est drôle hein ? ricana-t-elle bêtement en fermant les yeux
-Pas trop non... répondis-je en haussant le sourcil
-Tu m'plais bien toi ! fit-elle en levant l'index droit
-Ah ouais ? dis-je en souriant du coin de la lèvre
-Ouaip' ! Tu sais quoi, on s'en fout d'la CPE et tout ça !
-Comment ça ? l'interrogeai-je soupçonneux
-Bah ouais, moi j't'aime bien, et j'trouve que Trinh, c'est un salaud, tu sais on a tous entendu dans la classe comment tu lui as fait fermé sa gueule, on entendait tout ce qui se disait dans le couloir !
-Vraiment...
-Ouaip' ! Alors, viens, on s'en va ! souria-t-elle aussi niaisement qu'à l'accoutumée
Elle déchira en morceaux la note du prof de SES, et les lança en l'air au dessus de nous tels une pluie de confettis qui retomba sur nous et se déposa dans nos cheveux. Elle me prit par la main et me tira jusqu'à la sortie du lycée, devant laquelle je la repoussai vivement.
-Tu comptes faire quoi là ?
-Bah... Viens on s'taille nan ?
-Tu vas t'attirer des emmerdes en faisant ça, sûrement encore plus qu'à moi, t'as besoin de ça, et moi non plus.
-M'en fous. fit-elle aussi calmement que la première fois que je l'avais vu remuer ses lèvres
-Pas moi.
-J'ai pas besoin de ta pitié moi non plus, Acehn Salan. Je sortirai du lycée avec ou sans toi. Sur ce salut ! souria-t-elle niaisement une fois de plus
Puis elle partit en sautillant et sifflotant un bon vieux Johnny B. Goode bien rétro. Quelle curieuse fille, j'avais jamais vu une fille aussi... spéciale. Enfin, au point où j'en étais, j'avais plus rien a perdre, alors, bon gré mal gré, je la suivis sans me poser de question. Elle m'attendait sur le trottoir d'en face, adossée et un pied contre le mur.
-Tu es finalement venu, Acehn.
-Arrête de m'appeler comme ça, tu veux ?
-Pourquoi, c'est ton prénom après tout.
-Tout le monde m'appelle Ace.
-Je suis pas tout le monde tu sais.
-Même ma copine m'appelle pas par mon prénom, alors te sens pas si spéciale à mes yeux, Schéhérazade !
-Je ne me sens aucunement spéciale, je t'appelle juste par ton prénom, Acehn.
-... Ok, j'abandonne, appelle moi comme tu veux. me résignai-je
-Super! Aller, viens avec moi, on va de mettre une mine.
-Pas de soucis..
Je la suivis sur deux rues, quand nous nous arrêtâmes dans un Franprix où elle prit une bouteille de vodka, deux Despé, une Smirnoff Ice, une bouteille de rhum, deux bouteilles de jus d'orange et une bouteille de jus d'pomme.
-Tu veux nous foutre dans l'coma ma parole ?
-Hihi, aide moi plutôt à foutre tout ça sur le tapis !
Nous posâmes le contenu du charriot sur le tapis quand elle me dit dans le creux de l'oreille de passer en caisse à sa place car elle n'avait pas dix-huit ans. Elle sortit son porte feuille qu'elle ouvrit, laissant sortir une bonne trentaine de billets, de 20 à 200€.
-Wah mais ils font quoi tes parents ?
-Des investissements. souria-t-elle bêtement
Une fois les courses finies, nous sortîmes du Franprix et je lui proposai d'aller chez moi pour nous poser, plutôt que de rester dans la rue. Elle accepta volontiers l'invitation, et nous allâmes donc chez moi, commençant à enchaîner les cocktails, joints, et jeux de boisson, discutant de tout et de rien.
Schéhérazade, n'avait que quatorze ans, étant née le 31 décembre 1998, elle était allée à l'école un an plus tôt et avait sauté deux classes, elle était la plus jeune de notre classe, ce qui ne l'empêchait pas de réussir presque aussi bien que moi en cours. Ses parents ne travaillaient pas, étant de riches héritiers, ils vivaient de placements en bourse, de locations d'appartement, et avaient déjà un énorme patrimoine qui leur garantissait une vie confortable sur au moins trois générations. Schéhérazade savait qu'elle venait d'une famille privilégiée et qu'elle aurait pu arrêter l'école après le collège et tout de même vivre une vie de rêve, mais cela ne lui suffisait pas, elle voulait au moins apprendre à gérer son argent comme elle disait. Niaise et infantile au premier abord, révolutionnaire et ennemie des contraintes dans l'âme, elle ne cessait de défier les règles depuis ça plus tendre enfance, comme elle l'avait prouvé aujourd'hui.
Soudain, la clé tourna dans la porte, il était 13h, Aliz avait finit quatre heures plus tôt, en raison de professeurs absents. Elle nous trouva tous les deux, dans la cuisine et resta figée un moment. Schéhérazade la regarda de haut en bas, et lui dit :
-Oh. Tu dois être Aliz ! Enchantée, moi c'est Schéhérazade ! fit-elle encore plus niaisement
-... Enchantée. répondit-elle perplexe
-Tu vas bien mon coeur ? lui dis-je en me levant et en l'embrassant
Schéhérazade est une fille de ma classe, on s'est rencontrés aujourd'hui et on a un peu déserté les cours mais... Crois moi, cette petite, c'est une bonne !
-Je vois que vous avez pas perdu votre temps ! fit-elle en me repoussant vivement
-Oula hé je t'arrête tout de suite, Aliz ! Ne va pas t'imaginer que j'vais te voler ton mec, j'ai déjà un copain de vingt-et-un ans tu sais, et sa queue me satisfait amplement. J'ai simplement proposé à Acehn qu'on se mette une mine parce qu'il avait eu un dialogue assez... houleux avec le prof principal, rien de plus !
Elle se leva, tituba un peu et reprit ses esprits rapidement. Elle sortit un paquet de clopes de son soutif et en mit une dans sa bouche, à l'envers, qu'elle s'apprêtait à allumer.
-T'as pas un peu l'impression que ta clope est à l'envers, princesse des mille et une cuites ? souria pernicieusement Aliz
-Excellent ! C'est un super surnom ça, on me l'avait jamais faite ! s'emerveilla-t-elle comme une gamine
-Cool... ! En attendant, ta garrot est toujours à l'envers, princesse.
-Haha, t'es pas conne du tout hein... Aliz Cristina Elizabeth Guardiola Bright !
-Comment... Ace ? Tu lui as donné mon nom complet ?
-Non, j't'assure ! répondis-je aussi surpris qu'elle
-D'où tu sors toi ! hurla Aliz
-Adresse donc toi à moi sur un autre ton, Antarès, veux tu ?
-Que... Comment tu sais ça, pétasse !
Aliz fouilla dans un tiroir et sortit un couteau avec laquelle elle menaça Schéhérazade.
-Tu vas tout me dire, ici, et maintenant !
-Aliz, calme toi putain !
-Nan, là c'est grave Ace, je sais pas d'où sort cette fille qu'tu nous as ramené, mais elle est pas nette bordel !
Schéhérazade ria bruyamment, souleva sa jupe qui lui tombait sous les genoux, dévoilant une jarretière raz son shorty tenant un étui à pistolet, pas vide pour un sous et en sortit un glock avec lequel elle braqua Aliz.
-Pas un mot. J'en sais bien plus sur vous que vous ne semblez l'imaginer mes petits amis. Bien plus. Et vous allez m'aider, que vous le vouliez ou non...
NDLR : Oui, j'ai modifié le troisième prénom d'Aliz, le Clare est devenu Elizabeth. C'était mon choix original, et je l'ai finalement remis, vous comprendrez plus tard ce changement :D
16/04/13 à 20:14:04
Je sais plus ce que j'avais vraiment dit mais en un mot : génial
07/04/13 à 22:27:49
ça fait long à attendre. J'espère que le texte reprendra après tes examens !
11/03/13 à 14:08:12
Désolé picsou j'ai sup ton commentaire en voulant le lire.
14/09/12 à 19:27:05
Inutile de vous préciser que les cours ont repris, et passant mon bac cette année, la parution risque fortement d'etre moins soutenue, mais j'essaierai de sweeter aussi souvent que possible ne vous en faites pas =)
08/09/12 à 21:21:38
Vivement la suite
26/08/12 à 00:38:06
Non, on ne sait rien de lui. Je n'ai fait que mentionner son nom une seule fois au chapitre trois. Le mystère est volontaire, si tu ne te souviens pas, il s'agit de la personne pour qui Aliz, Alexandre, Karim et Fomhalaut travaillaient deux ans avant le cadre de l'action. Mais vous en saurez plus plus tard, pas maintenant, je vais pas vous tuer le suspense de ma propre histoire :D
Et merci à toi aussi Waryah, vos commentaires font tous autant plaisir les uns que les autres =)
26/08/12 à 00:24:43
Merde, sait-on tout sur cette histoire avec sirius ? Car si c'est le cas, depuis le temps j'ai oublié qui il etait et ce qui lui est arrivé.
25/08/12 à 23:51:31
J'avais déjà bien aimé Et plus si affinités à l'époque, mais là j'adore les tournures des phrases, l'ambiance, tout ça c'est excellent !
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