Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La mésaventure d'Aliz


Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Le bus de 4h


Publié le 19/12/2011 à 23:53:32 par PaulAllender

-Pour terminer avec ça, s'il y avait bien une seule chose à savoir dans la vie, qu'est ce que ça serait selon vous ?

-Si vous tenez vraiment à le savoir, sachez que j'ai appris que le destin nous réserve parfois des choses aussi innatendues qu'inexpliquées. On ne peut jamais savoir ce qui nous attend, on se demande sans cesse si on fait le bon choix, on pèse le pour et le contre, et l'on décide.
Ou  des fois, ça nous tombe dessus sans qu'on l'aie demandé.
A peine avons-nous fait un choix que nous en sommes déjà à le regretter, comme si ça crevait les yeux que c'était le mauvais. Moi je vous dirais qu'il n'y a pas de bon ou de mauvais choix, chacune de nos décisions est réfléchie et choisie parce qu'elle nous semblait la plus adaptée, c'est celle qui nous parlait le plus, et, en cela, on a pas à regretter ce que l'on fait, car ce sont ces choix qui nous dessinent et nous caractérisent en fonction de leurs conséquences. Si je n'avais jamais touché une flamme, je ne saurais pas que le feu brûle, vous voyez où je veux en venir ? Un contact avec ce qui est à éviter est nécessaire pour s'en prémunir. Ne dit-on pas que l'on apprend de ses erreurs ? Alors pourquoi devrions nous regretter ce dont on tire un enseignement ? Personne n'est parfait, et je crois savoir qu'on a tous fait des choses que l'on aurait préféré ne pas avoir fait. Mais ce qui est fait est fait, la vraie chose à voir n'est pas le remord ou le regret, c'est la leçon qu'on a apprise.
Personnellement, il y a eu des jours dans ma vie où j'ai appris plusieurs sacrées bonnes leçons qui ont donné tout son sens à la vie, et je vous les enseignerai volontiers, si vous écoutez mon histoire...
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     - Ne te méprends pas -
(Drame contemporain en 3 parties)
 Tome I : La mésaventure d'Aliz

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http://www.YouTube.com/watch?v=69s8lJLinWM

*Bienv'nue à bord, bâtard."

C'était un vendredi, un vendredi durant lequel le ciel lui même paraissait inondé, si bien qu'il débordait, reversant son excédent d'eau en des ondées diluviennes qui claquaient sur les vitres, coulaient sur les murs et abreuvaient le sol, devenu, pour l'occasion, presque aussi spongieux qu'un mollusque ; quelle poisse. La journée avait déjà mal commencé dès le matin et, alors que j'étais tranquillement installé tout seul dans le fond bus, qui, sans moi pour le remplir, aurait été vide, il s'arrêta pour laisser monter quelqu'un. La pluie mitraillait la vitre, contre laquelle j'appuyais ma tête dans l'espoir de m'endormir, et mon pauvre tympan, prisonnier de cet incessant tumulte de clapotis, ne pouvait se détacher de cette mélodie cacophonique qui résonnait dans tout mon corps. J'étais tellement épuisé, je me demandais ce que je faisais dans ce bus à une heure pareille. D'un seul coup, relevant la tête, j'ai trouvé un intérêt à cette balade. Elle s'approcha lentement, marchant vers l'arrière du bus. Je restai bouche bée devant la personnification de tous les critères physiques, aussi abstraits soient-ils, que j'aie toujours pu rechercher chez une femme. Elle portait ses longs cheveux couleur d'ébène en une cascade de jais qui resplendissait d'une lueur plus lumineuse que l'entendement humain ne pouvait l'imaginer, et, toujours en avançant, elle secoua sa chevelure sombre, trempée, dont les ondulations pareilles à des méandres semblaient une nuée de corbeaux s'élevant au firmament. Ces yeux étaient semblables à deux perles d'ivoire, incrustées d'onyx aux reflets de sang qui faisaient ressortir à merveille le rouge pétasse dont elle s'était badigeonné les lèvres, tandis que son teint blanc, qui sans être trop pâle, contrastait à merveille avec tout cet apparat cosmétique. Elle s'arrêta, et, sans me regarder, s'assit juste en face de moi. Je la fixais, sans vraiment trop savoir qu'est ce qui, chez elle, pouvait bien agir sur moi ; c'était comme un charme mystique aux tendances baroques, des effluves suaves de libertinage fugace. Cette fille sortie de nulle part portait des simples ballerines grises, des collants noirs, un mini short en jean effilé, un débardeur anthracite, un blazer assorti aux collants, un collier (composé d'une chaîne dorée et d'un pendentif sombre en forme d'ace de pique) et de multiples bagues et bracelets dorés. Voyant que je la dévisageais elle remua ses lèvres tout doucement, sans que je comprenne le moindre mot de ce qu'elle disait. J'enlevai mes écouteurs et lui répondis :

-Pardon ?
-J'ai dit "salut".
-Ah. Bah... Salut !
-Je pensais pas trouver quelqu'un dans le bus à c't'heure là.
-J'pensais pas non plus qu'on me rejoindrait si tu veux tout savoir.
-J'imagine... Et je peux te d'mander c'que tu fous là, maintenant, dans l'bus ? J'veux dire, pourquoi t'es là ?
-... C'est une longue histoire. Pas intéressante.
-J'ai tout mon temps, je vais jusqu'au terminus.
-Qu'est ce qui te fait dire que j'y vais aussi ?
-Écoute, t'es dans le bus à 4h du mat, et vu la tête que tu tires, j'imagine qu'il t'est arrivé des trucs pas géniaux et que t'as rien de mieux à foutre que de rester assis là dans l'bus, à rien foutre. A la place, tu seras assis là, un peu plus longtemps, à me raconter ton histoire.
-... Ça a pas l'air idiot.
-Aller, te fais pas prier, j't'écoute !
-Boarf, si t'insistes... 
-J'insiste.
-Ça va, ça va... Disons que j'étais à une soirée qui a mal tourné, ça a viré au bordel, ça se fightait de partout. J'avais aucune raison de rester, alors j'me suis barré.
-Hunhun. Moins palpitant que ce que je pensais.
-Je t'avais prévenue. Mais toi alors, on peut savoir c'qui t'amène ?
-Je me réserve le droit de répondre à cette question.
-Tu vas pas répondre hein ?
-Nan.
-Tssss, c'est mal venu de poser des questions aux gens et de ne pas répondre aux leurs.
-On parlera de moi en temps voulu, tu veux. Commence déjà par me dire ton nom.
-Bin... Disons que je me réserve le d...
-Nan sérieusement aller ! ria-t-elle
-Norbert.
-... Tu déconnes ?
-Quoi t'as quelque chose contre les Norbert ?
-Bah nan mais, c'est peu commun on va dire...
-C'est bon ça suffit merde, toute ma vie on m'a saoulé à cause de mon prénom, j'ai pas choisi moi putain !
-Nan mais je suis désolée, le prends pas mal, je voulais pas...
-'Oh ça va, j'déconne avec toi, relax.
-... Enfoiré ! T'as pas honte ?!
-Honte, honte... Beh nan.
-Tssss...
-Si t'es pas contente c'est pareil hein.
-J'avais cru comprendre...
-Je te dirai mon nom sous trois conditions. Premièrement, tu vas...
-Non mais et puis quoi encore, on est pas au souk, on négocie pas comme ça ! Si t'veux pas m'dire ton nom, j'vais pas t'supplier hein.
-Ace. C'est mon nom.
-C'est... Peu commun. souria-t-elle.
-Pardon ?!
-Hahaha, imbécile ! dit elle en riant.
-Enchanté, moi c'est Ace, je répète.
-C'est vraiment marrant dis donc, qu'est ce qu'on s'amuse avec toi !
-Toujours !
-Bah tiens..
-Tu vas vite t'en rendre compte, crois moi.
-Permets moi d'en douter...
-Non, j'te permets pas.
-J'me permets toute seule !
-Pourquoi tu d'mandes alors ?
-C'était purement rhétorique ! Pas besoin de répondre.
-Ignorais tu que rhétorique rimait avec inutile ?
-Depuis quand ?
-Ça aussi, ça l'était.
-... Ok, on va dire que tu marques un point.
-Le premier d'une longue série si tu veux mon avis.
-Et bien non, je n'le veux pas, et je le contredis, même. 
-Faut savoir, c'est sois l'un sois l'autre, mais pas les deux.
-J'aime pas avoir à choisir entre deux choses, je préfère prendre les deux.
-Pourtant, apparemment, à notre naissance, on a tous le choix entre deux trucs ; je vois que t'as préféré la connerie à la réflexion.
-Ça, c'est possible.. Et toi alors ? On t'a proposé quoi ?
-Le choix entre une énorme mémoire et une queue surdéveloppée, je crois.
-Ah. Et ?
-Bah... J'me souviens plus c'que j'ai choisi...
-Tu te rappelles pourtant de la proposition.
-Bah justement, j'en suis pas sûr... Mais je l'ai déduit.
-Fais un effort nan ?
-La flemme... J'aime pas faire d'effort.
-J'en conclus que t'es pas très futé ?
-Conclues en ce que tu veux, retiens juste que la mémoire n'a jamais été mon fort.
-Quel idiot...
-J'ai une idée. Et si tu me disais au moins pourquoi t'es là ?
-Hum... En fait bah, mon mec et moi on s'est un peu embrouillés, il a commencé à me cogner, et j'ai eu tellement peur que j'me suis barrée de chez lui. C'tait pas la première fois en plus.. Au moins, je sais que c'était la dernière.
-Ça veut donc dire que t'es libre pour... Le reste de la nuit ?
-Possible.
-J'ai un appart dans le XVIeme, et ya personne de la semaine... 
-C'est vrai que j'me vois mal rentrer chez moi à une heure pareille, ma mère me tuerait.
-Ça serait triste hein.
-Carrément !
-On descend dans trois arrêt.
-Ok !
-Tu fumes ?
-Si moi j'fume ? Me fais pas rire...
-Je prends ça pour un oui silencieux.
-Tu peux.
-Pas que des clopes hein ?
-J't'en prie... Épargne moi tes questions si évidentes !
-Bon bah j'te fais P2 si tu veux.
-Pas la peine, j'ai ce qu'il faut.

Elle fouilla dans son sac et en sorti une pochette plastique remplie d'herbe à en déborder. J'ouvris le mien et en sorti, moi aussi, une pochette plastique, remplie comme la sienne.

-Les grand esprits de rencontrent on dirait. Dit elle
-Ya

Nous roulâmes chacun notre joint, puis le bus freina et s'arrêta à nouveau, nous en descendimes tous les deux, le vidant ainsi.

-Tecla pas maintenant, j'habite juste là.
-Ça marche.

La nuit était sombre, c'était un clair de nuit vitreux, la reine des larmes luisait aux cieux, illuminant la sphère noire de tous ses rayons morbides, et on sentait malgré tout une brise d'une quiétude tiède qui nous berçait dans l'insouciance de cette chaude nuit de Juillet. Nous allâmes chez moi, et à peine étions nous arrivés que nos joints étaient allumés.

-Tu veux un truc à boire, ou à manger ? Du chinois ça t'irait ?
-Ça serait parfait... T'aurais des nouilles végétariennes ? Des crevettes sel & poivre ? Des brochettes de poulet ?
-T'as faim dis donc.
-Toujours...
-Enfin ouais, j'ai tout ça. Une bière avec ça ?
-Je dis pas non.
-Ok. Viens dans la cuisine, on va foutre tout ça au micro onde.
-Tu sauves mon estomac, tu le sais ça ?
-J'ai pas dit que je le faisais gratuitement hein...
-J'ai pas vraiment d'argent à te donner ce soir, mais si tu veux, je te paierai une autre fois, ya aucun soucis.
-Qui t'a dit que je parlais d'argent ?

Elle me regarda dans les yeux, l'oeil perdu, comme si je lui avais fait peur au point de la déstabiliser complètement.

-Relax, je plaisante.
-Pffff, connard !
-Tais toi ou tu manges pas !
-Enfoiré !



Après avoir réchauffé la bouffe, nous nous installâmes sur le rebord de mon balcon, mangeant nos nouilles, crevettes, brochettes, buvant nos bières, et fumant nos joints, perdus du ciel aux étoiles et des étoiles au ciel.

-C'est juste magnifique... On voit même la Tour Eiffel de chez toi.
-C'est cool hein ?
-Au moins... Tu as vu le ciel ? Il est tout noir, la Lune est dans son dernier quartier. Dans 6 jours, ça sera la nouvelle Lune.
-Ah ouais ? Bah fais gaffe à pas tomber, ça serait con, surtout un Vendredi 13.
-Ça va j'suis pas débile, et ces superstitions à la con, c'est des conneries.
-On est d'accord..
-C'est dingue comment je me sens trop puissante perchée sur ton rebord !
-"Descends d'ici, tu n'as pas à t'enfler d'orgueil ici...
-Sors, te voilà parmi les méprisés." Sourate 7..
-Verset 13. C'est la date d'aujourd'hui ; le treizième jour du septième mois de l'année. 
-Bien vu. 
-Ceci dit, tu m'impressiones, vraiment.
-J'aime beaucoup étudier les religions, si tu veux tout savoir. Je ne sais pas s'il existe un truc plus fascinant sur Terre, cette façon qu'ont les Hommes de sanctifier ce dont l'existence n'est même pas prouvé. Je sais pas comment ils font pour avoir une telle foi, vouer leur vie à une entité qui n'existe qu'au travers d'interprétations métaphoriques d'écrits aussi abstraits que fantaisistes... Ces livres ne sont saints que parce que des gens l'ont décidés, et quand on voit tout ce que ça a pu entraîner sur Terre... Aujourd'hui encore, des gens se font sans légitimité des envoyés de Dieu et prônent une violence sans fond, qu'ils appellent la Justice Divine... C'est fou.
-Tu sais, moi je pense que si tous ces gens ont la foi, c'est pas parce que ces entités existent - qu'elles existent ou pas d'ailleurs - au travers de tous ces livres. Je dirais plutôt que si elles existent, c'est parce que tous ces gens ont la foi, la foi qu'ils transmettent dans tous ces livres. Après, si des gens s'auto proclament prophètes, personne n'y peux rien... Les religions peuvent apporter tellement de bien et de générosité aux Hommes, il y a toujours une face sombre, c'est le revers de la médaille.
-En gros tu dis l'inverse de ce que je viens de dire.
-... Faut croire.
-Dans ce cas.. 
"Les visions que vous avez ne sont-elles pas vaines, Et les oracles que vous prononcez ne sont-ils pas menteurs ? Vous dites: L'Éternel a dit ! Et je n'ai point parlé." Chapitre 13, verset 7.
-Livre d'Ezekiel.
-Ya du niveau... Tu vois où je veux en venir ?
-Parfaitement... On aurait pu en parler des heures pour en arriver là, mais on vient de le faire en 10 secondes...
-Ce qu'il y a de bien avec les sciences religieuses, c'est que rien n'est réellement défini, qu'elles reposent sur des débats sans fin et des question sans réponses, c'est pour cela qu'elles sont les plus intéressantes. Personne ne peut se permettre de revendiquer une science infuse, on est tous au même niveau, nous humains, face à des écrits "divins". Ouais, je trouve ça vraiment fascinant.
-C'est vrai... Mais pas autant que ce que le poulet dans mon assiette me raconte...
-J'en doute pas une seule seconde !

Elle riait franchement, et de bon cœur, même moi qui me sentait comme un ours en hibernation qu'on aurait réveillé, cette fille me redonnait le sourire, rien qu'en regardant ses yeux. La conversation se poursuivit, on adorait tous les deux la même musique, les mêmes films, livres, etc... Bref, on était pareils, et, cette fille là, elle était pas banale, je savais que j'en verrais pas deux comme ça. Et, bien que j'aie su que je me lançais sur la pente savonneuse, sur le moment, je m'en foutais ; cette fille était faite pour moi.


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