Promenade nocturne
Par : Liberty
Genre : Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 1
Publié le 11/04/13 à 18:26:28 par Liberty
-Bon, les gars on fait quoi ?
C'était la question que tout le monde redoutait. Harry avait les mains jointes et nous regardait, moi et Craig, espérant une réponse originale qui ne vint jamais. Mon voisin me jeta un regard interrogateur, du genre "T'as une idée, toi ?", ce à quoi je répondis par un haussement d'épaules. Non, j'avais aucune idée d'où aller à cette heure. Harry relança.
-Les mecs, réfléchissez, on va quand même pas boire à l'appart toute la soirée.
Pas de réponse.
-Vous avez des amies à inviter ? Tenta Harry.
-Ma mère ? Proposa Craig.
Je ris mentalement, en imaginant l'obèse et pieuse mère de Craig entrer dans la pièce et découvrir les quelques bouteilles sur la table et le CD de rock que crachaient les enceintes. Craig vu mon sourire et me mit un petit coup de poing dans l'épaule. Je m'enfonçai dans le canapé, priant que personne ne me demanderait si j'avais une opinion. Vu qu'on était que trois, ça ne trainait pas. Je suggérais qu'on pouvait aller dans le bar sympa derrière chez Francis Miller, mais on me répondit que personne n'avait d'argent, ce qui n'était objectivement pas faux. Je fis mine de réfléchir, quand Harry se leva subitement et beugla : "J'ai une idée".
-Et laquelle ? Demanda Craig. Si c'est encore un de tes plans genre "Aller draguer les nonnes derrière l'église", je t'écrase mon mégot sur la langue.
-Mieux que ça, répondit-il. C'était quand la dernière fois que vous avez...
Il mima un geste obscène avec ces doigts. Personnellement, ça devait remonter au lycée, je ne répondis donc pas tout et m'enfonca un peu plus dans le canapé. Craig répondit "Avec ma secrétaire y'a un mois", ce qui fit nous fit immédiatement taire, Harry et moi.
-La...la petite blonde ? Celle avec le piercing à l'arcade ?, demandais-je.
-Elle même.
On le regarda, abasourdi, pendant une trentaine de secondes, avant qu'Harry, après l'avoir sympathiquement insulté, ne lui demande comment c'était.
-Pas mal, pas mal, jusqu'à ce qu'elle se réveille.
Nous rîmes tous les trois, puis Harry reprit son sérieux. "Bon, les gars, on y va ?", demanda-t-il.
-Si t'arrives à trouver des putes à moins de 10 $, alors allons-y.
Craig avait dit ça sans aucune conviction, c'était visible sur son visage. Il eut l'air d'autant plus surpris quand Harry se leva et sortit du petit appartement, ayant pour effet de dissiper le nuage de fumée qui flottait au dessus de nos têtes. Craig et moi nous fixâmes pendant quelques secondes, puis il marmonna un truc avant de se lever et de marcher en direction de la porte. J'écrasai mon mégot, finit mon verre cul sec et lui emboitai le pas.
La Ford d'Harry était vraiment dégeulasse et minuscule. J'étais serré à l'arrière contre un gros carton remplis de je ne sais quoi, et sa plage arrière était toute obscurcie par la poussière. Je ne possédais pas de voiture, mais j'osais imaginer que si j'en avait une, elle ne finirait pas dans cet état. Il conduit durant une trentaine de minutes pendant que l'autoradio donnait les nouvelles locales ainsi que pas mal de publicités. Personne ne dit un mot de tout les trajet, Harry ayant décidé de la jouer "mec mystérieux" et Craig ne pouvait me parler vu que j'étais dans le siège derrière lui, ce qui coupait net toutes possibilités de conversation. Finalement, Harry se gara sur une place de parking devant une sorte de grand hangar. On était dans un secteur résidentiel, il y avait donc peu de chances qu'on tombe sur des ribaudes, mais Harry avait l'air confiant. Au loin, on pouvait entendre des chiens se battre.
À l'intérieur, c'était encore plus triste que vu de l'extérieur. Tout était sombre et la seule lumière venait d'un distributeur de canettes, projetant un halo rouge sur le mur d'en face. Il y avait un petit bureau d'accueil dont le rideau de fer était fermé ainsi que des petits fauteuils comme dans une salle d'attente, que la lune éclairait difficilement à travers la baie vitrée que personne n'avait du nettoyer depuis des mois. Une femme, visiblement une infirmière arriva et chuchota des choses à Harry. Pendant qu'ils parlaient, Craig se touchait le crâne nerveusement et tournait en rond dans la pièce, tout en feuilletant des brochures publicitaires qu'il avait trouvées sur la table. Finalement, Harry revint vers nous l'air victorieux et nous expliqua en chuchotant que "tout était bon". Vu qu'il chuchotait, j'avais déduit qu'on n’avait pas le droit d'être ici.
L'infirmière nous emmena dans une salle un peu plus loin. Ce n’était pas vraiment une salle, plutôt un long couloir avec des cages de chaque côtés. Arrivé au bout du couloir, un homme qui devait bien faire une tête de plus que moi nous attendait. Il était assis sur une chaise en train de lire un magazine de bagnole, qu'il jeta sur une petite table dès qu'il nous aperçut. Il donna une bonne poignée de main à Harry, qui lui avait l'air plutôt déconcerté par la taille du mec. Ils parlèrent quelques minutes puis Harry revint et nous demanda de filer 10$. Craig demanda "Et les putes alors ?". Harry lui donna un sourire confiant et lui assura qu'elles seraient là dans quelques minutes, avant de payer le mec. Ce dernier eut immédiatement un air beaucoup plus jovial, et nous demanda d'enlever nos pantalons, mesure de sécurité à cause d'un type qui avait essayé des "trucs avec sa ceinture". On obéit bêtement, puis il nous désigna trois espèces de grands isoloirs à rideaux mauves qui étaient derrière sa chaise. On s'y dirigea tous les trois, le sourire aux lèvres.
L'isoloir était beaucoup plus grand que ce dont il avait l'air à l'extérieur. Il était faiblement éclairé par un néon. Au centre de l'isoloir, un chien, ligoté à une table. Ces pattes étaient solidement attachées et sa gueule muselé par une sorte de foulard. Au fond, un antique tabouret à côté d'une table basse sur laquelle prônaient de vieux magazines pornographiques ainsi que quelques brochures de pub pour la SPA dans laquelle j'étais entré malgré moi. Je restai silencieux et m'assis sur le tabouret, en caleçon. J'avais envie d'hurler "Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Harry ?" mais je pouvais entendre derrière la cloison de bois qu'il avait commencé. Je pris une brochure sur laquelle était imprimé en gros "LE MEILLEUR POUR VOTRE ANIMAL" et pensai deux secondes à dégueuler là, par terre. La pauvre bête avait l'air apeurée et je l'entendais couiner. Elle ne bougeait pas, mais avait les yeux grands ouverts.
Ce fut la dernière fois que je vis Harry Brooker. Ce fut aussi la dernière fois que je mis les pieds dans une SPA après 20h.
C'était la question que tout le monde redoutait. Harry avait les mains jointes et nous regardait, moi et Craig, espérant une réponse originale qui ne vint jamais. Mon voisin me jeta un regard interrogateur, du genre "T'as une idée, toi ?", ce à quoi je répondis par un haussement d'épaules. Non, j'avais aucune idée d'où aller à cette heure. Harry relança.
-Les mecs, réfléchissez, on va quand même pas boire à l'appart toute la soirée.
Pas de réponse.
-Vous avez des amies à inviter ? Tenta Harry.
-Ma mère ? Proposa Craig.
Je ris mentalement, en imaginant l'obèse et pieuse mère de Craig entrer dans la pièce et découvrir les quelques bouteilles sur la table et le CD de rock que crachaient les enceintes. Craig vu mon sourire et me mit un petit coup de poing dans l'épaule. Je m'enfonçai dans le canapé, priant que personne ne me demanderait si j'avais une opinion. Vu qu'on était que trois, ça ne trainait pas. Je suggérais qu'on pouvait aller dans le bar sympa derrière chez Francis Miller, mais on me répondit que personne n'avait d'argent, ce qui n'était objectivement pas faux. Je fis mine de réfléchir, quand Harry se leva subitement et beugla : "J'ai une idée".
-Et laquelle ? Demanda Craig. Si c'est encore un de tes plans genre "Aller draguer les nonnes derrière l'église", je t'écrase mon mégot sur la langue.
-Mieux que ça, répondit-il. C'était quand la dernière fois que vous avez...
Il mima un geste obscène avec ces doigts. Personnellement, ça devait remonter au lycée, je ne répondis donc pas tout et m'enfonca un peu plus dans le canapé. Craig répondit "Avec ma secrétaire y'a un mois", ce qui fit nous fit immédiatement taire, Harry et moi.
-La...la petite blonde ? Celle avec le piercing à l'arcade ?, demandais-je.
-Elle même.
On le regarda, abasourdi, pendant une trentaine de secondes, avant qu'Harry, après l'avoir sympathiquement insulté, ne lui demande comment c'était.
-Pas mal, pas mal, jusqu'à ce qu'elle se réveille.
Nous rîmes tous les trois, puis Harry reprit son sérieux. "Bon, les gars, on y va ?", demanda-t-il.
-Si t'arrives à trouver des putes à moins de 10 $, alors allons-y.
Craig avait dit ça sans aucune conviction, c'était visible sur son visage. Il eut l'air d'autant plus surpris quand Harry se leva et sortit du petit appartement, ayant pour effet de dissiper le nuage de fumée qui flottait au dessus de nos têtes. Craig et moi nous fixâmes pendant quelques secondes, puis il marmonna un truc avant de se lever et de marcher en direction de la porte. J'écrasai mon mégot, finit mon verre cul sec et lui emboitai le pas.
La Ford d'Harry était vraiment dégeulasse et minuscule. J'étais serré à l'arrière contre un gros carton remplis de je ne sais quoi, et sa plage arrière était toute obscurcie par la poussière. Je ne possédais pas de voiture, mais j'osais imaginer que si j'en avait une, elle ne finirait pas dans cet état. Il conduit durant une trentaine de minutes pendant que l'autoradio donnait les nouvelles locales ainsi que pas mal de publicités. Personne ne dit un mot de tout les trajet, Harry ayant décidé de la jouer "mec mystérieux" et Craig ne pouvait me parler vu que j'étais dans le siège derrière lui, ce qui coupait net toutes possibilités de conversation. Finalement, Harry se gara sur une place de parking devant une sorte de grand hangar. On était dans un secteur résidentiel, il y avait donc peu de chances qu'on tombe sur des ribaudes, mais Harry avait l'air confiant. Au loin, on pouvait entendre des chiens se battre.
À l'intérieur, c'était encore plus triste que vu de l'extérieur. Tout était sombre et la seule lumière venait d'un distributeur de canettes, projetant un halo rouge sur le mur d'en face. Il y avait un petit bureau d'accueil dont le rideau de fer était fermé ainsi que des petits fauteuils comme dans une salle d'attente, que la lune éclairait difficilement à travers la baie vitrée que personne n'avait du nettoyer depuis des mois. Une femme, visiblement une infirmière arriva et chuchota des choses à Harry. Pendant qu'ils parlaient, Craig se touchait le crâne nerveusement et tournait en rond dans la pièce, tout en feuilletant des brochures publicitaires qu'il avait trouvées sur la table. Finalement, Harry revint vers nous l'air victorieux et nous expliqua en chuchotant que "tout était bon". Vu qu'il chuchotait, j'avais déduit qu'on n’avait pas le droit d'être ici.
L'infirmière nous emmena dans une salle un peu plus loin. Ce n’était pas vraiment une salle, plutôt un long couloir avec des cages de chaque côtés. Arrivé au bout du couloir, un homme qui devait bien faire une tête de plus que moi nous attendait. Il était assis sur une chaise en train de lire un magazine de bagnole, qu'il jeta sur une petite table dès qu'il nous aperçut. Il donna une bonne poignée de main à Harry, qui lui avait l'air plutôt déconcerté par la taille du mec. Ils parlèrent quelques minutes puis Harry revint et nous demanda de filer 10$. Craig demanda "Et les putes alors ?". Harry lui donna un sourire confiant et lui assura qu'elles seraient là dans quelques minutes, avant de payer le mec. Ce dernier eut immédiatement un air beaucoup plus jovial, et nous demanda d'enlever nos pantalons, mesure de sécurité à cause d'un type qui avait essayé des "trucs avec sa ceinture". On obéit bêtement, puis il nous désigna trois espèces de grands isoloirs à rideaux mauves qui étaient derrière sa chaise. On s'y dirigea tous les trois, le sourire aux lèvres.
L'isoloir était beaucoup plus grand que ce dont il avait l'air à l'extérieur. Il était faiblement éclairé par un néon. Au centre de l'isoloir, un chien, ligoté à une table. Ces pattes étaient solidement attachées et sa gueule muselé par une sorte de foulard. Au fond, un antique tabouret à côté d'une table basse sur laquelle prônaient de vieux magazines pornographiques ainsi que quelques brochures de pub pour la SPA dans laquelle j'étais entré malgré moi. Je restai silencieux et m'assis sur le tabouret, en caleçon. J'avais envie d'hurler "Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Harry ?" mais je pouvais entendre derrière la cloison de bois qu'il avait commencé. Je pris une brochure sur laquelle était imprimé en gros "LE MEILLEUR POUR VOTRE ANIMAL" et pensai deux secondes à dégueuler là, par terre. La pauvre bête avait l'air apeurée et je l'entendais couiner. Elle ne bougeait pas, mais avait les yeux grands ouverts.
Ce fut la dernière fois que je vis Harry Brooker. Ce fut aussi la dernière fois que je mis les pieds dans une SPA après 20h.
30/01/15 à 19:13:32
C'est la première fois qu'une fic arrive à me choquer. GG
14/04/13 à 11:45:38
Merci :)
14/04/13 à 05:58:34
Bon dieu mais c'est hardcore ce truc
Mais reste que c'est bien écris que j'ai bien ris à quelques passages durant le textes, good job!
12/04/13 à 21:17:13
j'aime bien, je trouve ça bien écris.
c'est drôle et ça donne envie de lire la suite
11/04/13 à 20:11:40
Pas mal
Vous devez être connecté pour poster un commentaire