<h1>Noelfic</h1>

Vaati


Par : Lunastyx

Genre : Horreur , Fantastique

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 2

Chapitre 1 : Tout commença

Publié le 29/01/13 à 18:54:37 par Lunastyx

Tout à commencé dans un village ...
Je me nomme Vaati, mon histoire débute à l'âge de mes douze ans. Je me faisais discret dans toute sorte de situations à l'époque pour ne pas avoir d'ennuis, pas comme la dernière fois. Je possède des yeux bleus sur un visage charmeur encadré par de mi-longs cheveux blancs virant au violacé, ma peau est pâle, aussi blanche qu'un spectre ou encore un mort. Ce qui est le plus bizarre, c'est que mes cinq sens étaient beaucoup plus développés que la normale, j'entendais, je voyais, je sentais, je goûtais et je touchais donc plus efficacement que quiconque. J'aime m'habiller dans les tons foncé : violet, bleu marine, à l'exception de la couleur crème, j'évite de mettre du blanc, cela me donne l'impression que je suis encore plus transparent, mais pas en hiver avec la neige, je me fonds avec le paysage me rendant presque invisible, là, je mets du blanc, j'aime me promener sans que personne ne vienne me déranger. J'habite dans un des nombreux villages sylvestres de Tyloria, où plus précisément dans le village le plus près de l'énorme édifice appartenant aux Hyliens. Ma maison est un grand cothurne bleu ciel qu'un elfe a laissé là par hasard, c'est assez spacieux je dois dire, il devait avoir de grands pieds. Ma chambre se trouve à l'étage, avec le grenier et les araignées, elle est composée d'un lit avec un drap et une couette, d'une étagère où sont posés quelques livres et bibelots que j'ai pu avoir, une feuille qui me sert comme fauteuil en dessous d'une fenêtre convenable et confortable ainsi qu'une petite boîte où résident mes maigres jouets d'enfance. A cause de mon apparence, tout le monde me fuit et ne m'aime pas : j'ai toujours été seul. Mes parents me sont indifférents, ils ne s'occupent pas de moi, sauf pour me préparer à manger, mais sinon, je me débrouille tout seul. Ils ne se soucient pas de ce que je peux bien faire à l'étude ou pendant mes promenades fréquentes en solitaire, ils s'en fichent pas mal. Mes camarades de classe se moquent de moi et ne perdent pas une occasion de me ridiculiser en public, et pour couronner le tout, mon enseignant est très ingrat, il possède la même mentalité que ses élèves. La plupart de mon temps, quand je ne suis ni dehors, ni à l'étude, je lis, toujours et encore, je lis. Je suis très instruit, mais personne ne veut le reconnaître.
L'aube se levait déjà, achevant par ses doux rayons la nuit glaciale qu'il y eut. J'étais déjà levé, il faut dire que je suis très matinal. L'étude ne commençait que dans deux heures seulement et, n'ayant aucune envie de me recoucher, j'entrepris de descendre les escaliers en bois qui lâchèrent quelques grincements lorsque je posai mon pied dessus. Arrivé en bas, je m'engouffrai dans la cuisine, vide : ma mère n'était pas levée, ni mon père d'ailleurs, quels paresseux... il fallait donc que j'attende qu'ils se lèvent pour prendre mon petit-déjeuner. Afin de patienter, comme tous les matins, je décidai de me promener, histoire d'aller me réveiller. Passant de la cuisine à l'entrée, j'attrapai ma cape bleu nuit où était dessiné à l'avant un cercle avec en complément un arc de cercle au-dessus de la première forme géométrique. Je sortis donc dehors et découvris un paysage automnal, tissé de brun, marron, vert, gris et d'un soupçon de bleu. J'aimais ce paysage, tout comme les autres d'ailleurs, il faisait un peu froid, mais avec ma cape, je ne sentis presque rien, juste un souffle glacial sur mes joues pâles. D'un pas souple, je me dirigeai vers le nord du village, où résidait un énorme tonneau qui servait comme serre à des plantes de Tyloriannes, fleurs qui produisaient toutes sortes de nectars. Je contournai la serre et je m'engouffrai dans les hautes herbes derrière, j'écartai celles-ci pour me frayer un chemin, le même chemin que je faisais matin et soir, le même chemin que d'habitude. Je manquai de me faire écraser par plusieurs gouttes de rosée, celles du matin. Enfin j'y arrivai : cette haute pierre qui dépassait les herbes et qui donnait une magnifique vue du ciel. Je grimpai à l'aide de petits orifices que cette pierre comportait sur elle pour enfin arriver au sommet, qui était étonnement plat. Je m'allongeai au milieu de cette pierre, qui était en quelque sorte ma "tour". Je contemplai le ciel encore sombre quelques minutes avant de m'asseoir, constatant que le bleu marine laissait progressivement place à de l'orangé. J'assistai au lever du soleil, qui était d'une telle splendeur que jamais je ne le ratais, c'était mon petit rituel, une petite manie que j'avais adoptée à force d'être seul. Une fois le soleil levé, je m'allongeai une fois de plus pour voir le ciel passer de l'orangé au gris bleuté. J'aperçus quelques nuages, le temps ne sera donc pas très beau aujourd'hui, songeais-je tristement. Néanmoins, j'adorais ce paysage, l'aube et le crépuscule, le début tout comme la fin, je n'en manquais aucun, ce paysage m'était devenu si familier que jamais je ne me suis lassé de le regarder, je pensais que jamais je ne m'en séparerais, mais la vie en a décidé autrement. L'aube était finie, et de ma fine ouïe, je perçus un mouvement d'agitation dans mon village : celui-ci se réveillait. J'attendis quelques minutes, savourant la fraicheur du matin, ainsi que la beauté du ciel dans lequel je vis passer quelques hirondelles, avant de me lever. D'un saut habile, je descendis de ma tour sans me faire mal, puis je refis le chemin inverse de celui que j'avais pris pour venir jusqu'à la pierre. En arrivant devant chez moi, j'entendis les grognements de mes camarades de classe qui se levaient à contrecoeur, cela m'arracha un petit sourire en coin. Je poussai la porte de mon foyer et j'y entrai rapidement afin que le froid n'y pénètre. Je déposai ma cape sur une chaise en bois avant de me diriger vers la cuisine où je retrouvai mon père en train de lire son journal et ma mère aux fourneaux.
- Encore sorti te promener, me dit sèchement mon père sans m'accorder le moindre regard.
- Oui, répondis-je, encore...
- Et que faisais-tu ? me demanda ma mère en ne me regardant pas non plus.
- Je me promenais, répondis-je une nouvelle fois en m'installant à table.
- Je le sais déjà, ne me prends pas pour une idiote ! me lança-t-elle froidement.
Je me tus. Ils étaient toujours comme ça, ils me demandaient toujours ce que je faisais ou même où j'allais sans vouloir le savoir. Ils ne font pas ça par plaisir, ils le font, c'est tout. Je m'installai correctement à table et j'avalai presque à contrecoeur mes tartines de noix trop grillées et mon thé amer. Quand j'eus fini, je m'empressai d'aller chercher mon petit bonnet bleu nuit aux décorations d'étoiles et de lune dans ma chambre avant de redescendre en bas et de prendre mon déjeuner emballé dans une feuille souple que me tendait ma mère. Prenant ma cape et l'enfilant au-dessus de ma robe bleu clair, je sortis une nouvelle fois, en route pour l'étude. J'aimais bien y aller, j'adorerais si on arrêtait de se moquer continuellement de moi. Je passai devant de nombreuses maisons aux façades si belles, la lumière du soleil barré par des nuages translucides les illuminait positivement. Je profitai de ce beau spectacle tout en marchant, admirant le charme des façades, jusqu'à ce que :
- Hé, Blanche Neige !
Je serrai les dents, mais je continuai mon chemin malgré cela, comme toujours, je faisais la sourde-oreille.
- Blanche Neige ! chanta le jeune Minish en arrivant à ma hauteur.
Blanche Neige, la première et l'éternelle moquerie destinée à m'humilier vis-à-vis de mon physique, je n'aimais pas, mais qui aimait les moqueries ? Je ne répondis toujours pas, au contraire, je restai silencieux en allongeant le pas. J'aperçus enfin la Maison d'Etude, un énorme coffre à jouets où quelques oursons et clowns grossiers étaient dessinés : je n'aimais pas ces dessins, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que cela m'évoque toutes les dures journées que j'endure chaque jour... je ne sais pas. De manière rapide, j'arrivai devant l'entrée où le Minish qui se moquait de moi me délaissa pour aller retrouver ses amis et j'entrai dans la salle d'étude. L'enseignant était déjà là, quand il me vit entrer, il prit un air dégoûté et méprisant, comme tous les jours, cela ne me fait plus rien à force. Je m'assis à ma table, une table qui se trouvait tout au fond de la classe, l'enseignant m'avait mis à cette place pour me défavoriser, et pour éviter de me voir également, mais avec mes sens surdéveloppés, cela ne me posait aucun problème. Il sonna la cloche, ce qui eut pour effet de faire entrer en trombe tous les élèves de la classe, mes camarades, aussi moqueurs soient-ils. Ils mirent plus de cinq minutes pour s'installer et enfin se taire, avant que l'enseignant ne se mette à son tour à parler d'une voix sévère :
- Bien, dorénavant, jeunes gens, je voudrais que vous vous installiez et que vous vous calmiez rapidement, dit-il, tout comme votre camarade blanc au fond de la classe, ajouta-t-il ensuite ironiquement.
Des rires s'élevèrent, je baissai la tête : c'était déjà assez dur de supporter toutes les moqueries, mais je n'avais pas le coeur de les regarder en face quand tout le monde se moquait, surtout en un nombre important.
- Bon, passons, soupira l'enseignant, aujourd'hui, nous allons commencer par une petite étude sur les Hyliens.
Lentement, je relevai la tête, j'adorais les leçons sur les Hyliens, ce sujet me fascinait.
- Les Hyliens sont les premiers êtres créés par les Saintes Déesses Nayru, Din et Farore. Ils sont beaucoup plus grands que nous, tenez, prenez votre pouce, eh bien deux fois notre taille font leur pouce à eux !
- Ils doivent être très grands ! s'exclama un Minish au deuxième rang.
- Oui, ils le sont, Liwn, effectivement, mais dorénavant, je voudrais que tu lèves la main avant de parler. Si tout le monde faisait comme toi, la classe serait un véritable chantier !
De nouveaux rires s'élevèrent, le dénommé Liwn afficha un faux sourire avant de pester discrètement comme l'adulte.
- Les Hyliens sont gouvernés par le Roi, une personne particulière qui est un envoyé des Déesses afin de guider le peuple sur le chemin le plus adapté. L'épouse du Roi est la Reine et leurs enfants sont des princes si ce sont des garçons ou des princesses si ce sont des filles.
- Comme dans les fables ! coupa énergiquement une jeune Minish.
- Qu'est-ce que je viens de dire à Liwn, Mahé ? redemanda l'enseignant sur un ton énervé.
Mahé baissa la tête en se rasseyant. Des chuchotements se firent entendre, mais l'adulte réclama le silence et déclara que si c'était ainsi, le cours sur les Hyliens était terminé. Tout le monde poussa un long soupir avant de se reporter sur la prochaine leçon : le célèbre cycle de la vie. Doucement, je laissai moi aussi échapper un soupir d'ennui, ayant beaucoup lu, je connaissais déjà ce cycle. La matinée s'annonçait longue pour moi, et ça m'arrivait souvent, bien malheureusement. Tandis que l'enseignant dessinait sur le tableau noir un schéma représentant la leçon, je m'emparai d'une feuille de papier blanc et je commençai à noter les maigres informations que j'avais récoltées sur les Hyliens : leur extraordinaire taille ainsi que leur mode de gouvernement, un Roi, la personne qui règne sur toute une contrée. Je m'amusai, durant l'heure qui suivit, à imaginer tout ce que pouvait bien faire une telle personne de ses journées. Puis il y eut la récréation, qui durait un peu plus d'une dizaine de minutes, et dans laquelle je restai dans la salle de classe. Jouer, courir, hurler dans tous les sens, ce n'était pas pour moi, je préférais les jeux d'échecs ou de dames, des jeux où on ne se dépense pas inutilement. Les deux heures qui suivirent, où la leçon était encore et toujours la même, je dessinai dans mon cahier de dessins, un cahier quelque peu illégal puisque personne n'en avait, mais comme je m'ennuyais continuellement, j'avais un jour décidé d'en amener un, et depuis, cela m'est très utile. Je dessinai une rose, une rose aux pétales noirs qui avait pour nom l'Alraune, je dessinais bien d'après moi, et j'avais regardé assez de livres pour comprendre que ma rose était très réaliste.
La cloche sonna une nouvelle fois, annonçant l'heure du déjeuner.
Rangeant discrètement mon cahier, je m'emparai de la feuille souple qui renfermait mon déjeuner avant de suivre les autres dans la cour. L'air étant automnal, il flottait néanmoins un climat tiède, agréable. Je m'installai au pied d'une herbe et commençai à manger mes deux sandwichs, seul, comme d'habitude.
Une nouvelle fois, alors qu'une légère brise me soufflait dans le cou, je récapitulai dans ma tête ce que j'avais appris sur les Hyliens. Ces êtres si incroyablement grands, j'aimerais tellement en rencontrer ! C'était mon voeu le plus cher depuis mon plus jeune âge, depuis la première fois que j'en avais entendu parler, c'était en quelque sorte mon rêve. Le rencontrer, lui parler, lui demander tout et rien pour qu'il me raconte sa vie, ses coutumes, ses habitudes, pour que l'on vive ensemble une expérience incroyable où personne ne viendrait me déranger, ou encore se moquer. Mais bien sûr, cela n'était qu'un rêve...
Alors que j'avalai le dernier morceau de mon déjeuner, j'entendis une voix fuser de l'autre bout de la cour, bien que je n'eus pas regardé qui avait crié, je savais très bien que cela m'était destiné.
- Blaaaaaanche Neeeeeeeeeeige !
Je soupirai ouvertement alors que je voyais Liwn accourir et s'arrêter devant moi, me toisant.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demandais-je innocemment.
- Oh, rien, répondit le jeune Minish, je m'ennuyais juste alors j'ai décidé que j'allais t'embêter un peu !
Je secouai la tête, l'air grave.
- Quelle mentalité de gamin...
- Je te rappelle que tu es toi aussi un gamin, rétorqua un élève surgissant derrière Liwn, tu n'as que onze ans je te signale !
- Oui, mais moi je ne suce plus mon pouce, rembarrais-je doucement.
L'intrus s'immobilisa, me fixant avec surprise. Puis il fit volte-face avant de courir vers l'établissement, les larmes aux yeux tandis que mon bourreau ramassait une pierre.
- Bravo Vaati, fit-il, tu as réussi à te défendre, c'est bien. Mais moi je ne vais pas te blesser avec des mots, mais avec quelque chose de beaucoup plus dur.
Puis il jeta la pierre qu'il tenait dans ses mains sur moi. Je l'évitai de justesse en me baissant au bon moment, puis Liwn en ramassa une deuxième puis me la lança. Trouvant cela amusant, les autres firent pareil et je reçus bientôt une nuée de cailloux de toutes tailles. Je me protégeai avec mes bras, mais quelques projectiles passèrent et m'écorchèrent le visage. Les pierres pleuvaient et tapaient mes bras, qui me faisaient atrocement mal : j'allais sans aucun doute avoir des bleus, et je déteste ça. J'avais envie de pleurer, mais avec les quelques années d'expérience que j'avais à mon compte, j'avais appris à ne pas montrer mes faiblesses à mes ennemis, donc ne pas pleurer, et c'était quelques fois incroyablement dur de se retenir.
Ils continuèrent à me balancer des cailloux. Je leur hurlai d'arrêter, mais ils redoublèrent leurs lancers. Je voulais qu'ils arrêtent, je ne voulais plus souffrir, ne plus avoir à me battre contre les injustices dont j'étais victime, tout ce que je voulais, c'est qu'on me laisse tranquille...
... qu'on me laisse enfin tranquille.
- Stop !
A cet ordre, tous s'arrêtèrent, les bras levés tenant dans leurs petites mains sales des projectiles qu'ils voulaient me lancer. L'unique mot fut pour eux comme une épée qui se plantait dans leur estomac. Lâchant la pierre qu'il avait, Liwn se retourna, un sourire rayonnant aux lèvres.
- Bonjour Flora, dit-il avec une assurance qu'il n'utilisait qu'en temps voulu.
Je relevai la tête et regardai celle qui faisait face au jeune Minish. Ce fut comme un deuxième soleil en cette belle journée : la Minish de onze ans avait des cheveux châtains coiffés en tresse qui délimitait un côté de son fin visage d'où il ressortait une incroyable impression de fraicheur. Elle possédait des yeux couleur noisette et elle était habillée d'une robe beige avec quelques flots et rubans. Les mains sur les hanches, elle regarda Liwn s'avancer vers elle, avec son assurance douteuse.
- Tu es ravissante aujourd'hui, susurra-t-il.
- Vraiment ?
Alors que le jeune Minish se penchait vers elle pour l'embrasser, Flora empoigna soudain l'une de ses oreilles avant de tirer le garnement vers elle. Liwn lâcha un petit cri de douleur.
- Qu'est-ce que je t'ai déjà dit hier ? questionna-t-elle avec force.
- Heu, que huit fois huit était égal à soixante-quatre ?
- Non, je t'ai dit de ne plus embêter Vaati !
- Ah ça...
La Minish tira encore plus fort l'oreille de mon bourreau qui gémit.
- Je te préviens Liwn, la prochaine fois que je te surprends en train de te moquer de Vaati, ce ne sera pas seulement ton oreille qui souffrira, tu as compris ?
- Oui, murmura le torturé, j'ai compris...
Flora lâcha enfin Liwn qui se retira au fond de la cour avec les autres, intimidés, alors que ma sauveuse s'agenouillait devant moi.
- Merci, dis-je à mon amie d'enfance, merci...
- Vaati, montre-moi tes bras, ordonna-t-elle en ignorant presque mes remerciements.
- Ce n'est rien, Flora, rassurais-je, je t'assure que...
- Montre-moi tes bras !
Contraint, je lui tendis mes bras où elle remonta elle-même mes manches pour découvrir des plaques rouges sur ma peau pâle.
- Tu auras des bleus, soupira-t-elle.
- Je sais, répondis-je.
- Liwn est odieux avec toi, s'exaspéra Flora, il ne perd jamais une occasion de te ridiculiser. Cela devient énervant. Je regardai ma sauveuse jeter un regard vers le fond de la cour : les autres élèves nous guettaient. Ils se regroupèrent subitement lorsqu'ils croisèrent le regard de Flora, ayant peur de la colère de la jeune Minish. Elle se retourna ensuite vers moi.
- Tu as mal ?
- Un peu.
- Il faudra que tu te passes les bras sous l'eau froide ce soir, conseilla mon amie, cela te fera du bien.
- Je sais, souriais-je sensiblement, tu me le répètes depuis qu'on se connaît.
Elle afficha un grand sourire. La cloche sonna pour annoncer la fin de la pause-déjeuner et aussi la reprise de l'étude. Nous attaquâmes la composition des fragments du bonheur, sujet qui me déplaisait autant que ce fichu cycle de la vie. Je passai l'après-midi à écouter d'une oreille distraite tout en dessinant clandestinement, à éviter les maintes boules de papier que l'on me lançait et à me réjouir intérieurement des corrections qu'infligeait Flora à Liwn silencieusement.

La fin de l'après-midi arriva à une vitesse ahurissante. Le professeur nous donna nos devoirs avant d'enfin nous relâcher dans la nature. En sortant, les élèves souhaitaient une bonne fin de journée à l'enseignant, et ce dernier répondait avec gentillesse. Je fis pareil, il m'ignora en faisant mine de guetter certains élèves turbulents. Soupirant, je m'éloignai rapidement de mes camarades de classe, soudainement transformés en bêtes sauvages qui hurlent et courent dans tous les sens, pour éviter qu'ils ne m'embêtent davantage. J'arrivai dans l'allée voisine à celle où était ma maison. Je m'arrêtai, n'ayant aucune envie de rentrer pour entendre ma mère déblatérer avec ses amies et aussi m'humilier ouvertement devant elles. Lentement, j'atteignis la dite allée, mais je pris la direction opposée à mon froid foyer et je me dirigeai vers la serre. Contournant celle-ci et écartant les herbes sur mon passage, je montai tout en haut de ma pierre et je m'y allongeai, enseveli par la douce chaleur que le soleil me procurait. Je fermai les yeux et j'essayai d'oublier les événements de cette journée, ce qui n'était pas si facile et ce que j'essayais de faire chaque jour. J'avais mal aux bras, la douleur me procurait la désagréable sensation d'avoir les membres en sang.
Je détestais Liwn, depuis tout petit, il me pourrissait la vie à un point inimaginable, et cela ne s'était pas arrangé avec les années. S'il n'y avait pas eu Flora, je ne sais pas ce qui se serait passé...
Je ne sais combien de temps je restai ainsi, mais je devais avouer que cela me faisait un bien fou. Laisser libre ses pensées, ne songer à rien, ne pas se soucier de ce qui se passe autour de soi, c'était être bien. J'ouvris les yeux que j'avais fermés depuis quelques minutes et je me mis assis. Bon, il était temps de rentrer, les amies de ma mère devaient être parties, je pouvais donc rentrer sans craindre d'être souillé. Inspirant longuement, j'entrepris de me lever et de descendre pour enfin rentrer chez moi, j'atterris en bas lourdement en sautant de deux marches plus haut.
- Je savais que tu étais ici.
Je me retournai et je tombai nez à nez avec Flora.
- Flora ! m'écriais-je. Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je t'ai vu prendre la route opposée à celle de ta maison, répondit-elle, pourquoi ne rentres-tu pas chez toi ?
- Parce qu'il y a les amies de ma mère.
Elle baissa la tête et regarda ses pieds.
- La mienne fait partie du lot ?
- Oui.
Mon amie soupira longuement. Elle releva la tête avant de me faire un grand sourire.
- Tu veux que je te raccompagne ? demanda-t-elle joyeusement.
- Si tu veux, répondis-je simplement en admirant sa joie de vivre.
Sur le chemin du retour, on rit de choses dont les souvenirs furent perdus, je rentrai chez moi après son départ. Je fus sermonné par ma mère à cause de l'heure où je rentrai et je dus supporter la mauvaise humeur de mon père pour la même raison, Je montai et je fis mes devoirs avant de descendre dîner dans un silence glacial. Puis je sortis en douce par ma fenêtre pour aller admirer le coucher du soleil avant de rentrer me passer de l'eau froide sur mes bras douloureux et de me coucher. Je me demandai pourquoi la vie était injuste avec moi, puis je m'endormis pour rêver d'un monde où toutes les personnes étaient égales, et où la moquerie n'existait pas.

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