Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Du sang et des poils


Par : Fukaï
Genre : Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 1


Publié le 28/02/2012 à 22:30:03 par Fukaï

Le Rouge tombe. La Blanche monte. Bientôt nous serons dehors. Bientôt nous seront les maîtres du noir. Mais pour l'instant, je retourne me coucher auprès de mes frères et sœurs pour avoir chaud. Oui, quand il fera noir, nous seront plus forts, plus rapides, surtout plus discrets. J'ai hâte.

Je cours, glissant dans le noir comme un plein d’arêtes dans l'eau. Mes frères galopent aussi, à mes cotés. Le temps-sombre promet d'être bon pour la chasse. Mais avant, il nous faut prévenir nos proies de l'ouverture de la chasse. Du haut de la corniche, je hurle, signalant notre présence à tous. Les autres font de même. Nous hurlons à l'unisson, comme un seul être. Nous lançons un défi à quiconque voudrait notre endroit.
Au loin, un autre cri nous réponds. Pas un comme nous. Le cri est vide, pas de défi. Étrange.

Nous nous remettons en route, nous sommes comme des bouts d'eau argentés du ciel. Nous fondons sur nos proies. Certains les rabattent sur un autre groupe. Je ne suis plus assez rapide pour ramener les proies, alors j'attends, je leur saute dessus, et je leur brise la nuque. Ensuite leur ouvrir le ventre est un régal. Sentir la proie se débattre entre mes pattes tandis que je pante mes crocs dans sa chair n'est pas comparable à grappiller sur une carcasse. Sentir la vie battre entre mes dents m'enivre, elle m'investi, me rends plus fort. Nous avons beaucoup tué. J'ai la panse pleine. Encore sous l'émotion de la chasse. Je suis en vie. Malgré que l'effort fournit nous réchauffe encore, le grand souffle nous refroidit trop. Même nos poils ne l'arrêtent pas.

Nous nous relevons, partons vers la Banche, une odeur se fait sentir. Nous avons encore faim. Nous avons toujours faim. Cette odeur est riche et étrange. Nous allons à sa rencontre. C'est l'un d'eux. Les autres. Les grands roses. Les singes... Mais celui là est un petit. Il nous voit. Je hurle. La peur lui suinte par les pores, empestant tout les alentour, gâchant celle du monde. Il fuit. Rien de mieux qu'une proie qui fuit. Je me lance à sa poursuite. Il ne court pas assez vite. Je le rattrape. D'un bond, je le plaque au sol, mes pattes appuyant sur son dos. Je suis déçu. Pas une proie difficile. J'ouvre la gueule en grand, prélevant mon tribut, mon prix, ma récompense. Pas bon. Je recrache la viane trop riche pour être bonne. Je sens encore le gras fondre au contact de ma salive. Le singe s'agite encore un peu puis ne bouge plus. La vie est partie, elle n'aime pas les corps trop abîmés.

Je me tourne vers les autres pour les appeler. Ils sont partis. A la place de mes frères, il y en a un autre. Plus grand. Il hurle d'une étrange façon qui me fait sentir mal, quelque chose en moi se crispe. Mais une proie se tient devant moi, et elle n'a pas peur. Elle sent la force et une odeur inconnue. Je lui réponds, montre mes crocs, grogne. Rien n'y fait. Alors je saute sur le grand singe. Mais au dernier instant, je vois qu'elle tient un bout d'arbre. Il a la couleur d'un poisson. La Blanche qui se reflète dessus est complètement déformée, malsaine. La proie pointe sur moi sa branche et...




...un éclair blanc, douleur et froid. La vie part. Mon corps est trop cassé pour qu'elle ne reste. Je la sens s'enfuir dans le sol, couler hors de moi. Je meurs.


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