Le Fugitif
Par : MassiveDynamic
Genre : Action , Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 3
la variable
Publié le 26/11/12 à 01:00:08 par MassiveDynamic
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Une légère brise me réveille. Les yeux encore clos, je sens l'air qui me caresse la joue, je l'imagine flotter et osciller de gauche à droite, ondulant dans la pièce. En ouvrant les yeux, je m'étire et la voit. Prudence est assise sur le rebord de la fenêtre, contre le bois qui sépare notre micro-cosmos du reste du monde. Une de ses jambes danse dans le vide. Son regard semble errer là-dehors. Je fais un peu de bruit en me levant pour qu'elle remarque ma présence. Elle mis quelques secondes à se retourner, pas parce qu'elle était captivée parce qu'elle voyait, mais très certainement car son passé la rappelait. Nous avions passé la nuit ensemble, dans le même lit. Mais il ne s'était rien passé. Aucune discussion, aucun acte charnel. Nous profitions juste de notre présence mutuelle. Nos yeux s'observaient, et c'était tout. Il n'y avait que notre immobilité et le temps qui passait pendant que nous nous regardions calmement. Jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
Je la rejoins à la fenêtre. Le paysage est champêtre et les champs se succèdent jusqu'à l'horizon. C'est un fait assez remarquable, en sachant que de l'autre côté de l'hôtel se trouve une autoroute, et à quelques kilomètres en prolongation de cette dernière, Toulouse. Deux mondes cohabitent, mais de cette chambre je ne peux qu'en voir qu'un à la fois. Et ce lieu est la frontière qui les lie. Mon regard se dérobe et je plonge dans celui bleu perçant de Prudence. Elle écrase sa cigarette et le soutien, comme si nous nous défions.
- Il est presque midi, j'ai trop dormi, je devrais déjà être reparti, dis-je, en appuyant mon épaule droite contre le mur.
- Alors que faites-vous encore ici, répond-elle, en détournant son regard vers le paysage vert.
- Et bien, vous n'avez nul part où aller...
- Je ne viendrai pas avec vous.
Sa réponse est directe et sèche. Comme si elle venait de m'anticiper. Et son attitude venait de changer brusquement. Comme si elle cherchait à se protéger. Elle me regardait à nouveau dans le blanc des yeux, d'ailleurs. Calmement, je reprends.
- Faites ce que vous voulez. Mais parlez-moi, au moins, avant.
Ma voix se veut apaisante. Je parle lentement. Prudence cache évidemment quelque chose. Et tous les deux, nous nous cherchons. Le même genre d'animal rare.Elle continue de me regarder.
- Vous avez passer la nuit dernière à me regarder, avant de vous endormir. Il n'y eut pas un seul mot. Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous dégagez quelque chose. Une aura que je n'avais plus perçue depuis des années. Qui êtes-vous ?
Son regard fui à nouveau. Elle allume une cigarette.
- Et vous, Bélias, qui êtes-vous ?
Je soupire. Cette femme m'intrigue. Mais je ne peux pas prendre autant de risque en m'éternisant ici pour elle.
- Attendez quelques jours, vous finirez bien par le découvrir. Du moins, vous ne verrez de moi que ce qu'on veut vous montrer. Une simple exposition. Sans explications, sans fondements. Du simple voyeurisme. Enfin, bonne continuation. Soyez prudente.
Je met en boule mes affaires de la veille et les glisse dans un sachet puis je quitte la pièce sans me retourner et me rend au rez-de-chaussée. Et l'agitation était la même que hier. Ces mêmes vagabonds qui passent par cette frontière avant de rejoindre leurs mondes respectifs, des plus mondains aux plus fantasques. A la réception, je règle rapidement l'addition avec quelques billets, puis je quitte rapidement l'hôtel. Une fois devant la voiture, je l'entends qui m'appelle. Je me retourne, et elle est là.
- Emmenez-moi en Espagne.
Elle porte les mêmes vêtements que la veille. Je me suis dit qu'avec le temps qu'elle avait mise pour me rattraper, elle devait sûrement se changer. Mais non. C'était juste son temps de réflexion. Je lui ouvre le coffre, elle y pose uniquement un sac à dos.
- Vous n'avez pas de bagages ?
- J'ai le nécessaire dans mon sac à dos. Et vous, vous avez quitté votre vie les mains vides ?
- J'ai le nécessaire. Mes cinq sens et ma voiture. Je vous l'ai dit, je suis parti précipitamment.
Elle n'avait rien emporté avec elle. Un simple sac qui ne devait contenir que des cosmétiques, et encore. Cette femme fuyait également. Quelque chose ou quelqu'un, mais elle avait ce même besoin au fond d'elle. Quand on ne trouve plus sa place nul part, quand chaque réveil est un poids, et quand chaque bouffée d'air a l'effet d'un poison, qu'il ne reste plus de solution. Mais j'évite au maximum d'y penser. Pour l'instant, je suis dans ma nébuleuse, je voyage toujours plus loin comme les particules, et il m'arrive dans ma négativité de rencontrer quelques ions positifs sur mon chemin. Alors je les emmène. Avant de recommencer à semer la mort.
Je roule depuis presque une bonne heure. Elle n'a rien dit depuis notre départ. En fait, elle ne fait que fixer la fenêtre, et regarder les arbres défiler. Un mouvement perpétuel, monotone. Mais ça ne la dérange pas. Pour briser la glace, j'allume la radio.
" La police n'a encore que très peu d'informations et aucun suspect pour le meurtre barbare de - "
Je change de station.
Passé une bonne partie de l'après-midi, je m'arrête à une pompe pour y mettre un peu d'essence. En me garant devant, j'entends Prudence. Elle vient enfin de retrouver sa langue.
- La Renault noire derrière nous, elle nous suit depuis notre départ de l'hôtel.
Je jette un oeil dans le rétro-viseur. Un homme seul est au volant. Effectivement, il semble regarder attentivement vers nous. Je ne l'avais pas remarqué plus tôt. Ca n'est pas bon du tout. Je n'ai aucune arme, et si je pars maintenant nous tomberons rapidement en panne. J'ai beau regarder, je ne distingue pas clairement sa silhouette. Impossible de savoir si c'est un policier en civil, ou juste un simple routier. Je coupe le moteur. Je ne dois rien laisser transparaître. Si Prudence apprend ce que j'ai fait...
- Pourquoi nous suivrait-elle ?
Dis-je, tentant bêtement de retarder l'inévitable.
Prudence avait radicalement changé d'expression. Son éternelle nonchalance et passivité
s'était transformé en méfiance pure. Elle fronçait les sourcils. Pouvait-elle se méfier de quelque chose ? L'homme sort. Une arme à la main. Il se dirige vers nous. Prudence le voit également à travers le rétro-viseur. Elle est pétrifiée. Alors ça y est, c'est le moment d'assumer mes responsabilités.
Une légère brise me réveille. Les yeux encore clos, je sens l'air qui me caresse la joue, je l'imagine flotter et osciller de gauche à droite, ondulant dans la pièce. En ouvrant les yeux, je m'étire et la voit. Prudence est assise sur le rebord de la fenêtre, contre le bois qui sépare notre micro-cosmos du reste du monde. Une de ses jambes danse dans le vide. Son regard semble errer là-dehors. Je fais un peu de bruit en me levant pour qu'elle remarque ma présence. Elle mis quelques secondes à se retourner, pas parce qu'elle était captivée parce qu'elle voyait, mais très certainement car son passé la rappelait. Nous avions passé la nuit ensemble, dans le même lit. Mais il ne s'était rien passé. Aucune discussion, aucun acte charnel. Nous profitions juste de notre présence mutuelle. Nos yeux s'observaient, et c'était tout. Il n'y avait que notre immobilité et le temps qui passait pendant que nous nous regardions calmement. Jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
Je la rejoins à la fenêtre. Le paysage est champêtre et les champs se succèdent jusqu'à l'horizon. C'est un fait assez remarquable, en sachant que de l'autre côté de l'hôtel se trouve une autoroute, et à quelques kilomètres en prolongation de cette dernière, Toulouse. Deux mondes cohabitent, mais de cette chambre je ne peux qu'en voir qu'un à la fois. Et ce lieu est la frontière qui les lie. Mon regard se dérobe et je plonge dans celui bleu perçant de Prudence. Elle écrase sa cigarette et le soutien, comme si nous nous défions.
- Il est presque midi, j'ai trop dormi, je devrais déjà être reparti, dis-je, en appuyant mon épaule droite contre le mur.
- Alors que faites-vous encore ici, répond-elle, en détournant son regard vers le paysage vert.
- Et bien, vous n'avez nul part où aller...
- Je ne viendrai pas avec vous.
Sa réponse est directe et sèche. Comme si elle venait de m'anticiper. Et son attitude venait de changer brusquement. Comme si elle cherchait à se protéger. Elle me regardait à nouveau dans le blanc des yeux, d'ailleurs. Calmement, je reprends.
- Faites ce que vous voulez. Mais parlez-moi, au moins, avant.
Ma voix se veut apaisante. Je parle lentement. Prudence cache évidemment quelque chose. Et tous les deux, nous nous cherchons. Le même genre d'animal rare.Elle continue de me regarder.
- Vous avez passer la nuit dernière à me regarder, avant de vous endormir. Il n'y eut pas un seul mot. Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous dégagez quelque chose. Une aura que je n'avais plus perçue depuis des années. Qui êtes-vous ?
Son regard fui à nouveau. Elle allume une cigarette.
- Et vous, Bélias, qui êtes-vous ?
Je soupire. Cette femme m'intrigue. Mais je ne peux pas prendre autant de risque en m'éternisant ici pour elle.
- Attendez quelques jours, vous finirez bien par le découvrir. Du moins, vous ne verrez de moi que ce qu'on veut vous montrer. Une simple exposition. Sans explications, sans fondements. Du simple voyeurisme. Enfin, bonne continuation. Soyez prudente.
Je met en boule mes affaires de la veille et les glisse dans un sachet puis je quitte la pièce sans me retourner et me rend au rez-de-chaussée. Et l'agitation était la même que hier. Ces mêmes vagabonds qui passent par cette frontière avant de rejoindre leurs mondes respectifs, des plus mondains aux plus fantasques. A la réception, je règle rapidement l'addition avec quelques billets, puis je quitte rapidement l'hôtel. Une fois devant la voiture, je l'entends qui m'appelle. Je me retourne, et elle est là.
- Emmenez-moi en Espagne.
Elle porte les mêmes vêtements que la veille. Je me suis dit qu'avec le temps qu'elle avait mise pour me rattraper, elle devait sûrement se changer. Mais non. C'était juste son temps de réflexion. Je lui ouvre le coffre, elle y pose uniquement un sac à dos.
- Vous n'avez pas de bagages ?
- J'ai le nécessaire dans mon sac à dos. Et vous, vous avez quitté votre vie les mains vides ?
- J'ai le nécessaire. Mes cinq sens et ma voiture. Je vous l'ai dit, je suis parti précipitamment.
Elle n'avait rien emporté avec elle. Un simple sac qui ne devait contenir que des cosmétiques, et encore. Cette femme fuyait également. Quelque chose ou quelqu'un, mais elle avait ce même besoin au fond d'elle. Quand on ne trouve plus sa place nul part, quand chaque réveil est un poids, et quand chaque bouffée d'air a l'effet d'un poison, qu'il ne reste plus de solution. Mais j'évite au maximum d'y penser. Pour l'instant, je suis dans ma nébuleuse, je voyage toujours plus loin comme les particules, et il m'arrive dans ma négativité de rencontrer quelques ions positifs sur mon chemin. Alors je les emmène. Avant de recommencer à semer la mort.
Je roule depuis presque une bonne heure. Elle n'a rien dit depuis notre départ. En fait, elle ne fait que fixer la fenêtre, et regarder les arbres défiler. Un mouvement perpétuel, monotone. Mais ça ne la dérange pas. Pour briser la glace, j'allume la radio.
" La police n'a encore que très peu d'informations et aucun suspect pour le meurtre barbare de - "
Je change de station.
Passé une bonne partie de l'après-midi, je m'arrête à une pompe pour y mettre un peu d'essence. En me garant devant, j'entends Prudence. Elle vient enfin de retrouver sa langue.
- La Renault noire derrière nous, elle nous suit depuis notre départ de l'hôtel.
Je jette un oeil dans le rétro-viseur. Un homme seul est au volant. Effectivement, il semble regarder attentivement vers nous. Je ne l'avais pas remarqué plus tôt. Ca n'est pas bon du tout. Je n'ai aucune arme, et si je pars maintenant nous tomberons rapidement en panne. J'ai beau regarder, je ne distingue pas clairement sa silhouette. Impossible de savoir si c'est un policier en civil, ou juste un simple routier. Je coupe le moteur. Je ne dois rien laisser transparaître. Si Prudence apprend ce que j'ai fait...
- Pourquoi nous suivrait-elle ?
Dis-je, tentant bêtement de retarder l'inévitable.
Prudence avait radicalement changé d'expression. Son éternelle nonchalance et passivité
s'était transformé en méfiance pure. Elle fronçait les sourcils. Pouvait-elle se méfier de quelque chose ? L'homme sort. Une arme à la main. Il se dirige vers nous. Prudence le voit également à travers le rétro-viseur. Elle est pétrifiée. Alors ça y est, c'est le moment d'assumer mes responsabilités.
27/11/12 à 13:02:38
Alors, là bravo, c'est vraiment très bien écris.
Le vocabulaire, l'ambiance.. j'arrive a me mettre dans la peau du personnage et à imaginer les scènes.
En parlant du vocabulaire il laisse une certaine légèreté se dégager et c'est vraiment somptueux :)
Merci pour ce bon moment !!
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