Il remarqua que les murs étaient légèrement plus larges que dans ses souvenirs. Les nouveaux habitants avaient sûrement dû agrandir pour faire passer leur matériel. A un moment, il cogna contre quelque chose de dur et se retrouva au sol, sur le derrière. Tâtonnant à l’aveugle, il constata que face à lui se trouvait un mur en métal. Puis, ses mains touchèrent quelque chose de grillagé. Son système d’analyse lui indiqua qu’il s’agissait d’un conduit d’aération.
Un fin sourire s’étira sur ses lèvres et l’instant d’après, il se faufilait dedans. Heureusement, le conduit était assez large et haut pour lui permettre de ramper. Le caporal arriva finalement au-dessus d’une petite pièce semblable à un sas de pressurisation pour permettre les sorties vers l’extérieur et entra. Des petits geysers blancs apparurent un peu partout et un bip retentit, signalant que l’entrée était autorisée. La pièce était tout bonnement immense : il y avait des membres de Purity un peu partout, sur plusieurs niveaux. Des scientifiques, des soldats, des techniciens. Ils se déplaçaient dans tous les sens au milieu de chaînes de montage particulières : des tapis roulants apportant des pièces mécaniques. Toute la production de leur armement venait de là, semblait-il. Le soldat vit aussi des fusées, pointés vers la surface. Il cru même apercevoir une ou deux tête nucléaire dans le lot. Dans un coin isolé du reste et protégé par des vitres se trouvait un laboratoire, sûrement là où ces terroristes travaillaient les parties chimiques des missiles. Observant autour de lui, le soldat remarqua un gros container et se faufila derrière. De sa position, il vit une assez grande porte loin devant lui et suspecta qu’il devait s’agir de l’endroit qu’il avait découvert 700 ans plus tôt.
Ethan retira son armure, pensant passer plus facilement inaperçu, quitta son abri et longea prudemment les murs, veillant à faire le moins de bruit possible et se planquait derrière chaque objet assez volumineux pour le dissimuler. Il y avait tellement d’ennemis que son radar était complètement saturé. Avec un tel flux de personnes, il lui était impossible de faire une estimation des forces ennemies, même approximative. Marchant à pas de loup, le garçon se jeta au sol et resta allongé, caché par une caisse de munition, le temps qu'une patrouille passe.
Après quelques instants, le duo s’en alla. Il se releva lentement et reparti vers son objectif. Après plusieurs pirouettes et moments où il faillit être repéré, il arriva à destination. Le jeune homme remarqua qu’une autre porte se trouvait à côté de la grande, surement pour que des personnes de taille humaines puissent entrer. Il avança, la porte était totalement hermétique, sans hublot. Mais curieusement, elle n’était pas fermée… le soldat la poussa et entra.
Il arriva dans une immense pièce, remplie d’inscriptions sur les murs. Des images de son passé l’assaillirent et il lâcha un grognement de douleur tant sa tête lui faisait mal à chaque souvenir qui lui revenait en mémoire. Il effectua quelques pas en avant, jetant des coups d’œil autour de lui. La salle était très sombre et très vide. Pourtant une voix féminine s’éleva dans le fond.
— Qui es-tu pour oser me déranger pendant que je travaille ?
— Un simple inconnu venu mettre fin à votre petite magouille.
Un rire malsain et dénué de joie se répercuta dans la salle. A ce moment-là, des spots s’allumèrent et éblouirent légèrement le jeune homme qui s’adapta rapidement à la lumière vive. Face à lui se trouvait une grande femme aux cheveux noirs et aux yeux émeraudes, âgé d’une quarantaine d’années et derrière elle, il y avait un robot de combat rouge clair mesurant quatre à cinq mètres de haut.
— Alors c’est donc toi, Ethan Gray. Je ne suis qu’à moitié surprise de te voir ici. Ce doit être une idée de ce fameux Amiral Blanco dont j’ai tant entendue parler. Envoyer toute la flotte terrienne pour faire diversion et permettre une destruction de Purity de l’intérieur, tellement simple et prévisible mais à la fois si subtil. Oh, j’ai oubliée de me présenter : mon nom est Amanda, je suis le cerveau de ce groupe de révolutionnaires.
Elle s’arrêta le temps de reprendre son souffle et continua :
— Tu sais, je n’ai aucun grief contre ta personne. Donc si tu le souhaite, tu peux rejoindre nos rangs et nous aider à mettre fin à cet esclavagisme que nous subissons depuis trop longtemps.
— Personnellement, j’ai pas vraiment l’impression d’être enchaîné. Mais avant de mettre un terme à cette histoire pour de bon, je veux savoir : Pourquoi ?
— C’est une simple question de vengeance. Je veux abattre ces bestioles sans, ces vermines, ces animaux jusqu’au dernier.
Ethan haussa un sourcil.
— Par vengeance ? Qu’est-ce qu’ils ont bien pu vous faire pour que vous soyez à ce point remontée contre eux ?
Le visage de la femme se contracta en un rictus de colère.
— L’une d’entre eux a osée me prendre mon cher William. Elle m’a humilié et a usée de son charme pour se l’approprier. Tout ça sous mon nez.
— Vous êtes entrain de me dire que vous faîtes tout ça pour une histoire de cœur ?, dit-il, sur un ton cachant à peine son hilarité et sa colère.
— Je t’interdis de te moquer de moi !
Ethan écarquilla les yeux. C’en était trop.
— J-j’en ai parfaitement le droit. Par votre faute, par votre tentative de destruction de Seattle, vous…vous avez tuée la seule et unique femme que j’aimais et à cause de vous, je ne pourrais pas le lui dire et cela, je ne vous le pardonnerai jamais !
Amanda serra des poings, perdant peu à peu sa contenance avant de sauter en arrière, montant dans le ventre du robot qui se referma.
— Vu que tu soutiens ces monstres, tu va périr !
Le jeune homme soupira avant de se concentrer et de faire apparaître sa combinaison.
[Analyse en cours…
Robot répondant au nom de Mad Cat. Cette armure de combat possède un blindage épais et est en parti composé de plusieurs matériaux semblables à votre exosquelette. La force de frappe qu’il possède au corps à corps ainsi qu’à distance est très élevée, un combat contre un ennemi de cette envergure est à éviter. Puissance de feu maximale hautement recommandée. Seule faiblesse : ne dispose pas de bouclier énergétique]
Ethan sauta sur le côté tout en tirant en rafale. Ses tirs n’eurent presque aucun effet sur l’épaisse carapace de ce monstre mécanique. Amanda riposta avec un tir de missile que le garçon évita en sautant le plus haut possible. Il recommença la manœuvre, canardant son adversaire à chaque endroit qu’il espérait être un point faible. Il passa sur les missiles et en tira un premier qui réussit à entamer très légèrement le robot. La femme ria et tira. Un projectile blanc-violet sortit de la paume gauche de la gigantesque armure et toucha Ethan à la jambe.
Il pointa son canon vers son membre gelé et pressa la détente, le libérant ainsi de la glace. Mais avant qu’il n’ait pu faire le moindre pas supplémentaire, un énorme poing de fer entra en contact avec sa combinaison et l’envoya contre le plafond. Il chuta rapidement vers le sol. Le soldat gémit de douleur lorsqu’il entra en contact avec la terre ferme. Son armure commença à hurler des signaux d’alarme. Son bouclier venait de partir en fumée, le laissant sans protection pendant quinze secondes. Il se redressa tant bien que mal et alors qu’il sautait à nouveau sur le côté, le genou de la machine l’intercepta et le propulsa contre un mur. Il n’eut même pas le temps de souffler qu’une solide main l’attrapa et le projeta contre l’épaisse porte blindée. Sa nouvelle rencontre avec le sol fut très désagréable. Sa tête ainsi que son torse lui faisaient atrocement mal. Un peu de sang sortit de sa tempe droite, coula le long de sa joue et de son cou. Grognant à nouveau, le jeune homme tenait désormais avec un pied et un genou sur le sol. Le caporal tenta de se mettre debout mais la douleur était telle qu’il du rester dans cette position.
Son viseur était complètement illuminé en rouge. Un message clignotait au-dessus de la barre bleue qui indiquait le niveau restant de son bouclier. De petites étincelles électriques parcouraient son exosquelette.
[Structure de l’armure critique !]
[Défaillance du bouclier]
“Ethan, vu la situation actuelle, je t’autorise à faire usage du rayon plasma” dit Ian Blanco, sur un ton neutre et dont la voix résonnait dans le casque du soldat.
[Module plasma : ajouté. Ce rayon est l’une des armes les plus dangereuses qui existent. Sa puissance de feu dépasse largement celle de toutes les armes conventionnelles existantes. Ses tirs peuvent entamer les blindages les plus épais, comme celui du Mad Cat. A utiliser avec une extrême précaution.]
Dans un ultime geste, il se releva et fit face à son ennemi qui tira. Le caporal effectua un brusque pas de côté, sur la gauche, évitant de peu le projectile mortel. Malgré ses blessures et la douleur qui parsemait son corps, il tenait encore debout. Le bleu piqua un sprint à travers la salle. Amanda tira aussi vite que ses armes lui permettait, ratant sa cible de peu à chaque fois. A un moment, il s’arrêta, pointa son canon vers l’immense robot et sourit.
— Il est temps d’en finir.
Il pressa la détente. Un projectile variant du jaune au rouge foncé en passant par l’orange, le mauve et le blanc en sortit. Le tir toucha l’épaule droite de la machine et fit un grand trou d’où une légère fumée s’échappait. Amanda fit un pas en arrière. Accompagné d’un cri rageur, le jeune homme continua ainsi, tirant à la cadence maximale que lui permettait l’arme. Rapidement, l’énorme cuirasse fut remplie de trous et avait perdu un bras lorsqu’il cessa de fonctionner. Ethan chargea son rayon à pleine puissance et frappa une dernière fois là où se trouvait le conducteur. Désormais, il ne restait que des morceaux de chair brûlés de l’ancien leader de Purity. Se retrouvant face à la grande portée blindée grise, le jeune Gray tira un missile qui fit une ouverture assez grande pour qu’un humain puisse passer.
Lorsqu’il sortit, des centaines de personnes l’entouraient, pointant leurs armes sur lui. L’un d’entre eux lui ordonna de se rendre et il n’eut qu’un doigt d’honneur en réponse. Agissant rapidement, le soldat fit un bond sur le côté et tira sur un tonneau contenant des produits inflammables. S’en suivit une série de petites explosions et un début d’incendie, semant la confusion parmi les membres du groupe terroriste. Il en profita pour désintégrer ceux qui essayaient de l’abattre. A ce moment-là, une idée lui traversa l’esprit…l’armement qui se trouvait ici était beaucoup trop dangereux et des gens pouvaient toujours décider de les envoyer contre la Terre donc il fallait s’en débarrasser. Ethan s’approcha d’une console et la pirata à l’aide de son armure. Il accéda au système qui gérait l’ensemble du complexe et programma le système d’autodestruction pour cinq minutes. Une sonnerie pour le moins stressante et aux tonalités aiguës se mit à retentir dans le bâtiment.
[Protocole d'autodestruction du complexe enclenché, veuillez évacuer les lieux ! 5 :00 :00 minutes restantes]
Ensuite, il se dirigea vers le laboratoire. Finalement, il réussit à mettre la main sur ce qu’il cherchait et l’installa dans un petit compartiment intégré à son armure, au niveau de la cuisse gauche.
Après, il sprinta vers l’endroit le plus proche de là où il était arrivé et se retrouva face à un mur. Basculant à nouveau sur les missiles, il tira et créa une grande ouverture. Une détonation parvînt à ses oreilles. Il effectua un plongeon sur le côté pour éviter le tir de laser et se retourna. Face à lui se dressaient cinq personnes qui le tenaient en joue. Il pressa une première fois la détente sur l’ennemi le plus proche qui se consuma et en tua deux autres avec un seul missile. Grâce à une giclée d’adrénaline, le jeune Gray esquiva le projectile adverse en faisant un pas sur le côté et riposta. Mais il se prit le dernier coup de plein fouet, dans le bras gauche. Presque instantanément, il pointa son canon vers le soldat et le transforma en cendres.
Agissant instinctivement, Ethan reprit sa course vers la surface. Il fonçait aussi vite que possible, ne souhaitant pas rester sur la bombe à retardement qu’allait devenir cette base. Le bruit de la tonalité indiquant la proche destruction de la base ainsi que celle de son armure ne faisaient que lui ajouter une dose de stress supplémentaire, le forçant à accélérer le rythme.
[2 :44 :19 avant explosion]
Rapidement, il arriva à destination et sans s’arrêter de courir, il tira un premier missile sur la porte qui menait au sas et un second sur celle qui donnait sur l’extérieur. Une fois dehors, il fonça jusqu’à son vaisseau et entra. A peine installé sur son siège, il alluma la console principale en appuyant sur un écran holographique avant d’entendre les moteurs démarrer. A peine eut-il quitté la terre ferme qu’il poussa les moteurs à pleine puissance et se dirigea vers la flotte terrienne. La bombe explosa, une magnifique et puissante onde de choc en résulta, illuminant les environs du complexe d’une lumière violette pendant quelques instants.
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Au même moment à bord de l’Orion…
Ian Blanco et Anthony se trouvaient sur le pont principal de la frégate, devant eux se trouvaient un énorme cratère d’une dizaine de kilomètre carrés. D’après l’énorme panache de fumée qui en résultait, il semblerait que la mission soit un succès. L’un des sous-officiers s’adressa à l’Amiral Blanco.
— Nous recevons les rapports de nos pertes de la part des autres frégates : 37% de la flotte perdue et les autres unités restantes ont subies de lourds dégâts. Nos détecteurs indiquent l’apparition d’une excavation à l’endroit supposé où se trouvait le complexe de Purity. La crise est terminée.
— Des nouvelles d’Ethan ?
— Négatif monsieur. Aucun contact.
Étrangement, l’homme souriait. Une petite minute s’écoula avant qu’un vaisseau bleu marine en forme de trident s’approche de la frégate et passe devant eux.
— Amiral, nous recevons une transmission de la part du vaisseau de Gray !
Un énorme écran apparut sur la baie vitrée et une phrase y fut écrite :
[Mission accomplie. La menace a été détruite]
L’instant d’après, le vaisseau de classe chasseur longea la frégate et se dirigea vers la Terre. Anthony sortit son téléphone de sa poche lorsqu’il l’entendit sonner et regarda l’écran : Trouvé vaccin contre le virus. Corruption disparue…Ethan.
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Le caporal marchait dans le couloir principal du bâtiment administratif de l’Alliance, récemment reconstruit, tout en pensant aux évènements de ces derniers mois. A un moment, il s’arrêta et fit face à l’immense baie vitrée, qui montrait le flamboyant couché du soleil. Un fin et triste sourire s’étira sur ses lèvres et plusieurs questions envahirent son esprit : Amanda était-elle folle ? Le jeune homme en doutait car la leader avait accomplit tous ces gestes par amour. Alors dans ce cas l’amour était-il aveugle ? Le caporal était tenté de répondre oui. La femme avait torturée, tuée et s’était servie d’innocents comme rats de laboratoire pour tenter de se rapprocher de celui à qui elle croyait être destinée. Mais pourquoi n’être pas parti à sa recherche alors ? Au lieu de s’en prendre à une espèce toute entière. Ça, le garçon ne le saurait sûrement jamais. Puis venait le temps des questions sur sa propre vie. Comme le disait Shakespeare : What’s past is prologue. Cette phrase à elle seule faisait grandement réfléchir Ethan. Selon lui, cela voudrait dire que le destin avait tout planifié depuis le début. Ce qui lui était arrivé dans ce souterrain sur Mars en 2031 avait pour but de l’envoyer dans le futur mais pourquoi ? Car il s’agissait de l’époque à laquelle il devait appartenir ? Car le monde comme il était au début du XXIème siècle ne lui permettait pas d’accomplir ce qu’il a fait récemment ? Quoi qu’il en soit, Ethan se trouvait en 2744 et rien n’y changerait. Il pensa à toutes les personnes qu’il a rencontrées : Keith, Claire, Anthony, Ian, Likhan et Yuki…toutes ces personnes comptaient pour lui. La disparition de certain d’entre eux lui brisaient le cœur mais il n’y pouvait rien. Mais, peut-être que finalement, il s’agissait d’une seconde chance qu’on lui avait donné : repartir à zéro, commencer une nouvelle vie, entourée de proches qui l’apprécie et qu’il considère comme sa famille… Le jeune homme fit un léger signe de la tête et repris sa route, entendant une dernière fois le rire de la renarde dans sa tête alors qu’une ultime larme perlait le long de sa joue.
Fin.