Les évènements dans les souterrains de 7H-511 s’étaient déroulés depuis un peu plus d’une semaine déjà. Entre temps, Ethan avait décidé de passer ses journées sur le stand de tir de la base militaire de la ville émeraude ainsi que dans le simulateur virtuel. Ce dernier était utilisé pour reproduire le mieux possible un champ de bataille sauf que tout se déroulait dans la tête du soldat. Le simulateur de combat virtuel était une salle composée de gros cylindres fait d’un métal foncé et d’un grand écran holographique pour les spectateurs. Les personnes qui voulaient y participaient entraient dans ces tubes et mettaient un casque. Ensuite, l’entrainement (ou duel, cela dépendait de ce que voulait faire les utilisateurs) était retransmit sur l’écran géant. Tous les détails de toutes les situations possibles et imaginables s’y trouvaient. Que ce soit dans une forêt, un marécage, en plein désert ou lors d’une bataille spatiale. On pouvait aussi bien se retrouver nez à nez avec une armada entière ou embusqué, abattant une petite escouade à distance. Les conditions météorologiques avaient été très bien reproduites. En passant de la chaleur infernale d’un volcan au froid mordant lorsqu’on est dans la toundra ou un gigantesque blizzard qui ne permet pas de voir plus loin que le bout de son nez.
C’est à ça que le jeune Gray passait ses journées. Il voulait s’améliorer pour se sentir digne de vêtir cette armure qu’on lui avait gracieusement donnée et devenir un bon soldat. Certes, pas un modèle pour ses collègues mais il voulait juste être comme les autres même s’il ne se sentait pas vraiment à l’aise parmi les rangs de l’armée. Sans savoir vraiment comment, le garçon avait réussi à vêtir son exosquelette personnel pendant l’utilisation du simulateur, l’aidant ainsi à maîtriser plus rapidement la combinaison. Certes, sa condition physique ne changeait pas mais ses réflexes devenaient plus aiguisés et il était beaucoup plus méfiant lorsqu’il percevait un bruit suspect. A chaque fin de session, le bleu sortait complètement en sueur du compartiment.
Vu que l’Orion restait sur Terre pendant tout le mois, le jeune homme en profita pour approfondir sa relation avec Yuki. Les deux jeunes gens sortaient certains soirs, dinant en ville. Dès qu’il en avait l’occasion, Anthony faisait quelques petites réflexions amicales qui énervaient légèrement Ethan mais cela n’entachait pas pour autant leur amitié.
18 Avril 2744 – 14h25
Le jeune homme traînait dans l’une des nombreuses salles de repos de la base militaire de Seattle, en compagnie d’Anthony et de Yuki. Les choses entre cette dernière et le bleu devenaient plus sérieuses. Presque sans s’en rendre compte, ils leur arrivaient de se tenir par la main. C’est une remarque peu discrète de la part du colosse au teint halé qui le leur fit remarquer. En voyant ça, ils détournèrent le regard l’un de l’autre et rougissaient de façon bien visible.
Alors qu’Ethan finissait de boire son cappuccino, il reçu un appel. Mettant deux doigts vers son oreille gauche, là où se trouvait son oreillette qui faisait office de téléphone.
— Gray à l’appareil.
Une voix masculine que le garçon connaissait bien résonna dans son conduit auditif.
— Ethan. Ici Blanco, je te contacte car j'ai une mission un peu spéciale pour toi.
Il se leva de sa chaise et s’éloigna, s’isolant dans un coin pour mieux entendre. Ses amis le regardèrent d’un air curieux, Anthony haussa même un sourcil. Il lança un dernier regard vers le duo resté assis à la table et détourna ensuite les yeux vers le monde extérieur.
— De quoi est-ce qu’il s’agit Amiral ?
— Un rapport préliminaire en provenance de la région A37 m’a été envoyé par une patrouille. Il semblerait qu’une des planètes aient été détruite, expliqua Ian, gardant un ton froid et dénué d’émotions.
— En quoi est-ce que cela me concerne ?
— La planète en question est P2X-333.
Un silence de mort s’installa des deux côtés. Ethan s’était presque arrêté de respirer en entendant la nouvelle. Son regard fixait le vide. Une goutte de sueur perla le long de sa joue gauche avant qu’il ne déglutisse.
— C-c-c…comment ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’un astre puisse disparaître comme ça ? Il faut une quantité d’énergie phénoménale pour en détruire une !
L’Amiral Blanco soupira.
— Je ne sais pas qui, comment ou même pourquoi. Normalement, les personnes concernées doivent être écartées de l’affaire mais je te fais assez confiance pour mener cette enquête et ne pas te lancer dans une vendetta contre ceux qui ont fait ça, nous sommes bien d’accord ?
— Oui Amiral.
— Très bien. Des objections, jeune homme ?
— Aucune, évidement. Juste une question…comment est-ce que je m’y rends vu que l’Orion reste à quai ?, demanda-t-il, vraiment curieux de savoir par quel moyen de transport il atteindrait sa destination.
Même s’il s’agissait d’une conversation audio, Ethan devinait facilement que son supérieur souriait.
— James, notre armurier, t’attend dans le hangar de la frégate avec un vaisseau encore à l’état de prototype. Tu as cinq minutes.
Le jeune Gray gloussa légèrement et repris rapidement son sérieux. Intérieurement, il avait un sourire jusqu’aux lèvres car il avait la chance d’avoir un grand homme comme supérieur. Ian Blanco n’était pas le genre de personne à s’amuser ou être détendu. Non, c’était quelqu’un de sérieux jusqu’au bout des ongles, que ce soit au travail comme en privé. Il était connu pour être un stratège hors pair et capable d’anticiper certaines situations comme celle-ci. L’Amiral avait prévu de donner cette mission à Ethan, quoi que puissent en penser ses collègues ou les politiciens et avait d’avance préparé son moyen de transport.
Le jeune homme passa devant son meilleur ami et la renarde aux yeux ambres en leur disant qu’il avait quelque chose d’urgent à faire avant de quitter rapidement la salle et de sprinter à travers les couloirs du complexe militaire, bousculant involontairement quelques personnes pour finalement se retrouver dans la cour qui contenait les énormes monstres de métal.
Le jeune homme entra dans le grand hangar de l'Orion et se trouva face à un véhicule de couleur gris clair, en forme de Y inversé dont deux ailes disposées parallèlement de chaque côté du cockpit teinté en turquoise. Le vaisseau mesurait près de cinq mètres de long sur sept de large (en partant du bout d'une aile vers l'autre), juste capable de transporter une seule personne, comme dans un avion de chasse. Il l’admira pendant encore deux longues minutes jusqu'à ce que l'homme au crâne rasé s'approche de lui.
— Magnifique bête, hein ?
Ethan hocha la tête.
— Les ingénieurs et scientifiques ne lui ont toujours pas donné de nom définitif. Pour le moment, ils continuent à l'appeler par son nom de code: ‘Zero Fighter’, expliqua James.
— Il lui va plutôt bien.
— Entièrement d'accord. Pour t'expliquer simplement, ce vaisseau est semblable aux éclaireurs utilisés pour les petites patrouilles mais tu sais déjà ça. Donc, il s'agit d'un vaisseau monoplace dont le siège est placé au-dessus du moteur. Générateur de trou de ver dernier cri, presque aussi puissant que celui de l'Orion. Bouclier déflecteur. Armement: Doubles lasers et huit mini-bombes à déclenchement manuel. Bien sûr, tu es protégé contre le souffle de l’explosion. Stabilisateur de gravité flambant neuf, sorti tout droit d’une usine située au fin fond du globe ainsi que d’autres options qui te sauveront sûrement la vie.
Le soldat fit un petit signe de la tête et tourna la tête vers son moyen de transport.
— Mais euh, comment on entre dedans ?
— Le cockpit se lève en arrière et se referme une fois que tu es dedans.
— Je vois.
Le jeune homme monta ensuite dans son vaisseau. L’intérieur de celui-ci était principalement habillé d’une couleur gris clair. Ethan s’installa et observa le grand espace qu’il y avait autour du manche pour piloter l’engin avant d’appuyer sur quelques boutons. Le cockpit se referma et le bruit du démarrage du moteur se fit entendre dans tout le vaisseau ainsi que dans le hangar.
Le garçon aux cheveux gris releva une manette sur sa gauche. Le ‘Zero’ trembla légèrement avant de quitter rapidement et brutalement le hangar. Gray fut écrasé contre son siège à cause de l’accélération mais cela n’aurait pas été le cas s’il avait vêtu son armure. Il prit le manche entre ses mains et effectua quelques pirouettes et virages au-dessus du complexe de l’armée pour s’habituer à la grande maniabilité du monstre mécanique dans lequel il était. Un petit groupe de personnes s’attroupa au sol, admirant le vaisseau faire des allers-retours et des loopings avant qu’il ne prenne de la hauteur et quitte rapidement le champ de vision des militaires restés sur la terre ferme.