Curiosité
Par : Salmanzare
Genre : Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 1
Publié le 29/09/12 à 00:06:40 par Salmanzare
Je sens ma gorge qui s’obstrue lentement au profit d’une tristesse infinie. Elle m’éclabousse par vague. Assis sur ma chaise, je me sens tomber. Emporté par les flots glacés. Comme si l’univers s’affaissait sur moi-même. Le monde converge en mon ventre pour s’annihiler sans un bruit.
Alors j’essaye de me raccrocher.
A quoi ? A cette chaise où je suis assis ? Combien de personnes ont contribué à l’existence de cette chaise ? J’imagine un petit garçon planter une graine au fond de son jardin. Puis un homme immense abattre sa hache sur un jeune arbre au bois tendre. Maintenant un dessinateur qui dessine nerveusement. Des hommes qui crient, des hommes qui marchent, des hommes qui vendent. Voilà que l’un sculpte ce bois sous le regard d’un autre. Une chaise apparaît. On l’emmène. On la place dans un immense camion. Elle est déchargée. Mise en rayon. Un jeune couple l’achète. Plus tard leur fils en héritera. Puis les années passent jusqu’à ce qu’elle se retrouve sur le carreau après un déménagement. Abandonnée dans la rue. Ce jour de pluie où je l’ai pris.
Tout ça pour une chaise. Tant de personne autour d’un objet si simple dont on se sert tout les jours. Juste une chaise.
Je continue de tomber. Je repousse mon journal. La gorge de plus en plus serrée. Je reprends le journal. Pour relire. Pour être certain. J’ai besoin de savoir. De comprendre. D’accepter le sens.
Et les mots dansent devant mes yeux. Ils se brouillent. Mais je sais. Depuis jeudi, nous savons tous ! Et là où le monde s’extasie, je crie ma peine.
Nous avons trouvé de l’eau sur Mars. Enfin, il y a eu de l’eau. Il y a longtemps. Très longtemps. Sur Mars. Les cailloux ne mentent pas. C’est une érosion aqueuse forcément. Aucun doute là-dessus. L’article dit que l’eau avançait d’un mètre par seconde ! Que si nous avions été là, nous aurions eu de l’eau entre la cheville et la hanche !
J’étouffe ! Il me faut de l’air. Je sors hagard et lève les yeux vers le ciel. Forcément, il est seize heures alors je ne vois rien qu’autre qu’un ciel nuageux. Je ne saurais même pas où regarder pour voir Mars de toute façon. Cette pensée m’attriste encore plus. Jadis, au dessus de ma tête, de l’eau coulait dans le silence de l’univers.
Je m’allonge dans l’herbe. Je regarde. J’attends. Et ma gorge se dénoue un peu. J’attends les étoiles. Et lorsqu’enfin le ciel s’emplit de merveilles, je ne sais toujours pas où regarder.
De l’eau coulait. La vie aurait pu se développer. Une Mars féconde qui aurait enfanté comme sa sœur. Non, pas Mars, la Vie aurait accouché de la Vie. Et sans le savoir, nous aurions fait nos premiers pas côte à côte. Chacun dans son bac à sable à grandir. Et puis un jour, adolescent, nous nous serions trouvé. Nous serions nous aimé ? La vie aurait du se développer.
Mais là haut, l’eau s’est tue et les étoiles se brouillent dans une larme. L’air froid vient me lécher, m’enveloppe et me lacère. Une larme pour le grand-frère avorté. Il ne marchera pas à mes côtés. Je voudrais tendre mes doigts et le toucher. Mais Mars est froide. Si froide Il y a bien longtemps que ce grand-frère a disparu. Avant même de pouvoir se mettre debout et regarder les étoiles. C’est un fantôme évanescent. Un fantasme impossible.
Et l’humanité continue de crier dans l’espace, nos poumons à l’unisson pour qu’un autre entende notre appel. Nous ne voulons pas être seul dans la nuit. L’eau a coulé sur Mars. Voilà qui réjouit le monde ! C’est possible ! Voilà ce qui devrait m’émerveiller ! A quelques pas de là, une autre planète aurait pu abriter une forme de vie primitive. C’est un pas de plus dans la connaissance, l’histoire et nos rêves d’horizon. Tellement près ne nous. C’était à notre portée. La porte d’à côté. L’humanité s’extasie. La curiosité a porté ses fruits. Mais moi, aujourd’hui, je pleure ce rendez-vous manqué.
Je suis seul.
Seul dans l’univers.
Orphelin.
Alors j’essaye de me raccrocher.
A quoi ? A cette chaise où je suis assis ? Combien de personnes ont contribué à l’existence de cette chaise ? J’imagine un petit garçon planter une graine au fond de son jardin. Puis un homme immense abattre sa hache sur un jeune arbre au bois tendre. Maintenant un dessinateur qui dessine nerveusement. Des hommes qui crient, des hommes qui marchent, des hommes qui vendent. Voilà que l’un sculpte ce bois sous le regard d’un autre. Une chaise apparaît. On l’emmène. On la place dans un immense camion. Elle est déchargée. Mise en rayon. Un jeune couple l’achète. Plus tard leur fils en héritera. Puis les années passent jusqu’à ce qu’elle se retrouve sur le carreau après un déménagement. Abandonnée dans la rue. Ce jour de pluie où je l’ai pris.
Tout ça pour une chaise. Tant de personne autour d’un objet si simple dont on se sert tout les jours. Juste une chaise.
Je continue de tomber. Je repousse mon journal. La gorge de plus en plus serrée. Je reprends le journal. Pour relire. Pour être certain. J’ai besoin de savoir. De comprendre. D’accepter le sens.
Et les mots dansent devant mes yeux. Ils se brouillent. Mais je sais. Depuis jeudi, nous savons tous ! Et là où le monde s’extasie, je crie ma peine.
Nous avons trouvé de l’eau sur Mars. Enfin, il y a eu de l’eau. Il y a longtemps. Très longtemps. Sur Mars. Les cailloux ne mentent pas. C’est une érosion aqueuse forcément. Aucun doute là-dessus. L’article dit que l’eau avançait d’un mètre par seconde ! Que si nous avions été là, nous aurions eu de l’eau entre la cheville et la hanche !
J’étouffe ! Il me faut de l’air. Je sors hagard et lève les yeux vers le ciel. Forcément, il est seize heures alors je ne vois rien qu’autre qu’un ciel nuageux. Je ne saurais même pas où regarder pour voir Mars de toute façon. Cette pensée m’attriste encore plus. Jadis, au dessus de ma tête, de l’eau coulait dans le silence de l’univers.
Je m’allonge dans l’herbe. Je regarde. J’attends. Et ma gorge se dénoue un peu. J’attends les étoiles. Et lorsqu’enfin le ciel s’emplit de merveilles, je ne sais toujours pas où regarder.
De l’eau coulait. La vie aurait pu se développer. Une Mars féconde qui aurait enfanté comme sa sœur. Non, pas Mars, la Vie aurait accouché de la Vie. Et sans le savoir, nous aurions fait nos premiers pas côte à côte. Chacun dans son bac à sable à grandir. Et puis un jour, adolescent, nous nous serions trouvé. Nous serions nous aimé ? La vie aurait du se développer.
Mais là haut, l’eau s’est tue et les étoiles se brouillent dans une larme. L’air froid vient me lécher, m’enveloppe et me lacère. Une larme pour le grand-frère avorté. Il ne marchera pas à mes côtés. Je voudrais tendre mes doigts et le toucher. Mais Mars est froide. Si froide Il y a bien longtemps que ce grand-frère a disparu. Avant même de pouvoir se mettre debout et regarder les étoiles. C’est un fantôme évanescent. Un fantasme impossible.
Et l’humanité continue de crier dans l’espace, nos poumons à l’unisson pour qu’un autre entende notre appel. Nous ne voulons pas être seul dans la nuit. L’eau a coulé sur Mars. Voilà qui réjouit le monde ! C’est possible ! Voilà ce qui devrait m’émerveiller ! A quelques pas de là, une autre planète aurait pu abriter une forme de vie primitive. C’est un pas de plus dans la connaissance, l’histoire et nos rêves d’horizon. Tellement près ne nous. C’était à notre portée. La porte d’à côté. L’humanité s’extasie. La curiosité a porté ses fruits. Mais moi, aujourd’hui, je pleure ce rendez-vous manqué.
Je suis seul.
Seul dans l’univers.
Orphelin.
29/09/12 à 10:48:08
J'aime bien la façon avec laquelle tu énumère les choses.
29/09/12 à 00:16:53
Salmanzare a écrit !
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