Le flic, le génie et l'inconnue.
Par : WhatCanIDo
Genre : Polar , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 6
6.
Publié le 18/08/12 à 02:09:41 par WhatCanIDo
Chapitre 6 : Transformation.
Dès l'aube, il entame sa transformation.
Il a tout bien étudié pour la réussir. Cela lui prendra toute la journée, il ne veut pas risquer de manquer de temps. Il saisit le premier pinceau et le tient devant lui. Il regarde son visage dans le miroir. Puis, il trace les premiers traits noirs sur son front. Il constate que sa main ne tremble pas. Il n'est pas nerveux. Pourtant, ce sont ses premières vraies peintures de guerre. Jusqu'à cet instant précis tout cela n'a été que sorte de fuite, sa manière à lui de se défendre contre toutes les injustices auxquelles il a sans cesse été confronté. Mais maintenant, c'est la grande transformation, pour de bon. A chaque trait qu'il se peint sur le visage, c'est comme un morceau de son ancienne vie qu'il laisse derrière lui. Il n'y a plus de retour possible. Ce soir même, le temps du jeu sera définitivement révolu, il allait entrer dans la vraie guerre, celle où les gens meurent pour de bon.
La pièce est très fortement éclairée. Il a soigneusement orienté les miroirs devant lui afin d'éviter qu'ils ne renvoient la lumière. Dès qu'il est entré, il a fermé la porte et vérifié une dernière fois qu'il n'avait rien oublié. Mais tout est là, comme prévu. Les pinceaux propres, les godets avec les couleurs, les serviettes et l'eau. Ses armes sont disposées à côté du punching-ball, bien alignées sur un tissu noir. Le Glock 17 qu'il a méticuleusement volé à son père, ancien de l'armée, la hâche, les couteaux de différentes longueurs et les bombes aérosols. Avant la nuit, il lui faudra choisir parmi ces armes, c'est la seule décision qui lui reste à prendre.
Avant de s'asseoir sur la chaise pour commencer à se peindre le visage, il passe le bout de ses doigts sur le tranchant de la hâche et sur la lame des couteaux. Ils ne peuvent pas être mieux aiguisés. Il ne résiste pas à la tentation d'appuyer un peu plus sur le bout de son doigt sur un des couteaux. Il se met tout de suite à saigner. Il essuie son doigt et la lame du couteau sur une serviette.
Puis, il s'assied en face des miroirs.
Les premiers traits doivent être noirs. C'est comme s'il se fait deux profondes entailles sur le front, comme s'il s'ouvre le cerveau pour le vider de tous ses souvenirs, de toutes les pensées qui l'ont accompagné jusqu'à présent, qui l'ont torturé et humilié. Ensuite, il passera aux traits rouges et blancs, aux cercles, aux carrés, et pour finir aux ornements en forme de serpent sur les joues. De sa peau blanche, on ne verra plus rien. Il aura alors enfin achevé sa transformation. Il se réincarnera sous la forme d'un animal, et il ne parlera plus jamais comme un être humain. Il se dit qu'il n'hésitera pas à se couper lui-même la langue si jamais ça devient nécessaire.
Sa transformation lui a pris toute la journée. Il est prêt vers six heures du soir. Il a fini par se décider pour l'arme de poing. Il l'enfonce dans l'épaisse ceinture qu'il s'est nouée à la taille. Les deux couteaux y sont déjà accrochés dans leurs fourreaux. Il jette un regard circulaire dans la pièce. Il n'a rien oublié. Les bombes aérosols sont au fond des poches inférieures de son blouson de cuir.
Il regarde son visage une dernière fois dans le miroir. Il frissonne. Ensuite, il éteint la lumière et quitte la pièce, pieds nus, comme il est venu.
>> Henning Mankell.
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Il est minuit passé quand Elena regroupe soigneusement et d'une attention extrême ses quelques affaires. Ses "collègues" si on peut appeler ça comme ça, sont toutes endormies.
Elena n'emporte pas grand chose avec elle. Une couverture, un pantalon, deux tee-shirts, un blouson bien chaud et les quelques quarante-deux euros qu'elle économise depuis trois ans. Elle contemple longuement les filles avant de quitter la pièce.
Elle est pieds nus, comme Kurt, pour ne pas faire de bruit. La discrétion sera l'action clé de son évasion.
Elle sait pertinemment qu'il y a un garde qui surveille leur dortoir. Il est là, à quelques centimètres d'elle. Elle entend sa calme respiration à travers la porte. Ce sera le seul et unique obstacle de son décampement. Elle a héroïquement prévu le coup. Au dernier repas, elle a discrètement volé un couteau de cuisine. Personne ne l'a remarqué. C'est un petit couvert de cantine de rien du tout, mais il lui suffira amplement dans le but de trancher la gorge au garde.
Elle n'est absolument pas désolée de mettre fin à ses jours, après tout il fait partit de la magouille lui aussi, et après tout ce qu'elle a encaissé, chacun mérite de mourir. Chacun mourra d'ailleurs. Mais lui le premier. C'est comme ça.
Derrière sa porte, elle attend que son instinct lui dise d'agir. Elle attend le déclic, celui qui déclenchera tout, celui qui mettra fin à son ancienne vie. Elle égorgera le gardien dans le plus grand silence et se ruera à toute vitesse, elle et ses petits pas de furet, vers la sortie qu'elle a préparée elle-même. Son plan est parfait. Rien ne pourra l'arrêter dans sa quête.
Dès l'aube, il entame sa transformation.
Il a tout bien étudié pour la réussir. Cela lui prendra toute la journée, il ne veut pas risquer de manquer de temps. Il saisit le premier pinceau et le tient devant lui. Il regarde son visage dans le miroir. Puis, il trace les premiers traits noirs sur son front. Il constate que sa main ne tremble pas. Il n'est pas nerveux. Pourtant, ce sont ses premières vraies peintures de guerre. Jusqu'à cet instant précis tout cela n'a été que sorte de fuite, sa manière à lui de se défendre contre toutes les injustices auxquelles il a sans cesse été confronté. Mais maintenant, c'est la grande transformation, pour de bon. A chaque trait qu'il se peint sur le visage, c'est comme un morceau de son ancienne vie qu'il laisse derrière lui. Il n'y a plus de retour possible. Ce soir même, le temps du jeu sera définitivement révolu, il allait entrer dans la vraie guerre, celle où les gens meurent pour de bon.
La pièce est très fortement éclairée. Il a soigneusement orienté les miroirs devant lui afin d'éviter qu'ils ne renvoient la lumière. Dès qu'il est entré, il a fermé la porte et vérifié une dernière fois qu'il n'avait rien oublié. Mais tout est là, comme prévu. Les pinceaux propres, les godets avec les couleurs, les serviettes et l'eau. Ses armes sont disposées à côté du punching-ball, bien alignées sur un tissu noir. Le Glock 17 qu'il a méticuleusement volé à son père, ancien de l'armée, la hâche, les couteaux de différentes longueurs et les bombes aérosols. Avant la nuit, il lui faudra choisir parmi ces armes, c'est la seule décision qui lui reste à prendre.
Avant de s'asseoir sur la chaise pour commencer à se peindre le visage, il passe le bout de ses doigts sur le tranchant de la hâche et sur la lame des couteaux. Ils ne peuvent pas être mieux aiguisés. Il ne résiste pas à la tentation d'appuyer un peu plus sur le bout de son doigt sur un des couteaux. Il se met tout de suite à saigner. Il essuie son doigt et la lame du couteau sur une serviette.
Puis, il s'assied en face des miroirs.
Les premiers traits doivent être noirs. C'est comme s'il se fait deux profondes entailles sur le front, comme s'il s'ouvre le cerveau pour le vider de tous ses souvenirs, de toutes les pensées qui l'ont accompagné jusqu'à présent, qui l'ont torturé et humilié. Ensuite, il passera aux traits rouges et blancs, aux cercles, aux carrés, et pour finir aux ornements en forme de serpent sur les joues. De sa peau blanche, on ne verra plus rien. Il aura alors enfin achevé sa transformation. Il se réincarnera sous la forme d'un animal, et il ne parlera plus jamais comme un être humain. Il se dit qu'il n'hésitera pas à se couper lui-même la langue si jamais ça devient nécessaire.
Sa transformation lui a pris toute la journée. Il est prêt vers six heures du soir. Il a fini par se décider pour l'arme de poing. Il l'enfonce dans l'épaisse ceinture qu'il s'est nouée à la taille. Les deux couteaux y sont déjà accrochés dans leurs fourreaux. Il jette un regard circulaire dans la pièce. Il n'a rien oublié. Les bombes aérosols sont au fond des poches inférieures de son blouson de cuir.
Il regarde son visage une dernière fois dans le miroir. Il frissonne. Ensuite, il éteint la lumière et quitte la pièce, pieds nus, comme il est venu.
>> Henning Mankell.
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Il est minuit passé quand Elena regroupe soigneusement et d'une attention extrême ses quelques affaires. Ses "collègues" si on peut appeler ça comme ça, sont toutes endormies.
Elena n'emporte pas grand chose avec elle. Une couverture, un pantalon, deux tee-shirts, un blouson bien chaud et les quelques quarante-deux euros qu'elle économise depuis trois ans. Elle contemple longuement les filles avant de quitter la pièce.
Elle est pieds nus, comme Kurt, pour ne pas faire de bruit. La discrétion sera l'action clé de son évasion.
Elle sait pertinemment qu'il y a un garde qui surveille leur dortoir. Il est là, à quelques centimètres d'elle. Elle entend sa calme respiration à travers la porte. Ce sera le seul et unique obstacle de son décampement. Elle a héroïquement prévu le coup. Au dernier repas, elle a discrètement volé un couteau de cuisine. Personne ne l'a remarqué. C'est un petit couvert de cantine de rien du tout, mais il lui suffira amplement dans le but de trancher la gorge au garde.
Elle n'est absolument pas désolée de mettre fin à ses jours, après tout il fait partit de la magouille lui aussi, et après tout ce qu'elle a encaissé, chacun mérite de mourir. Chacun mourra d'ailleurs. Mais lui le premier. C'est comme ça.
Derrière sa porte, elle attend que son instinct lui dise d'agir. Elle attend le déclic, celui qui déclenchera tout, celui qui mettra fin à son ancienne vie. Elle égorgera le gardien dans le plus grand silence et se ruera à toute vitesse, elle et ses petits pas de furet, vers la sortie qu'elle a préparée elle-même. Son plan est parfait. Rien ne pourra l'arrêter dans sa quête.
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