Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Je ne voulais mourir que pour moi


Par : Cyprielle
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : La fourchette en plastique du destin


Publié le 19/06/2012 à 15:39:06 par Cyprielle

-Lâche-le et fous-lui la paix, lâcha sèchement Arnaud, plein de détermination.

Ce gros tas de Jordan m’oublia quelques secondes pour se concentrer sur mon sauveur.

-Qu’est-ce que tu veux petit con ? Fais comme d’habitude, et boucle-la, répondit-il avant de me frapper pour de bon.

Même rituel : je tourne la tête, plisse les yeux et serre les dents, redoutant la beigne monumentale qui m’attendait. Je me rassurais un peu en me disant qu’Arnaud arrêterai peut-être celui-ci aussi.
Mais non.
Le coup me propulsa sur ma table, mes lunettes s’étaient barrées et comme par hasard, je suis tombé dessus. Mais pour le moment, je m’en foutais un peu : la tension montait considérablement et mes yeux dévoraient la scène.
Arnaud s’arrêta, il posa son sac et resta immobile quelques secondes avant de lâcher un bref :

-Tant pis.

Il frappa en même temps sur les deux oreilles de ce titan qui, complètement désarçonné, ne put répondre au coup de pied qui lui brisa le genou dans un craquement sinistre. Mais pour Arnaud, ça ne suffisait pas. Appuyé contre la table et pleurant sa défunte jambe, Jordan s’est mangé un coup sec dans le foie et une balayette; sa cheville s’est tordue sous la force de sa chute.
Il gémissait à terre, et ses fidèles chienchiens se ruèrent sur Arnaud pour venger leur maître, mais ils ne firent pas long feu.

Alors que Jordan se trainait à quatre pattes vers la sortie, mon libérateur le stoppa, lui écrasant le dos d’un pied lourd. À terre, il se retourna comme pour contempler la grandeur d’Arnaud dans la crainte la plus absolue.

Les clients étaient complètement sidérés, le silence absolu éclairait Arnaud d’une attention générale, si bien que lorsqu’il s’empara de la fourchette en plastique du type de la table d’à côté, ce dernier ne répliqua que par un gargouillis inepte.

-Qu’est-ce que c’est que ça, Jordan ?, lança Arnaud à mon détracteur, tendant la fourchette en plastique vers ce dernier.

-Qu ... quoi ? De quoi tu parles mec ?

-Ce que j’ai dans la main. Qu’est-ce que c’est ?, s’énervait Arnaud.

-Je ... B ... Beuh ... c’est une fourchette, une putain de fourchette, pourquoi ?

-UNE FOURCHETTE EN QUOI ?

-M-mais ... Je ... En ... en plastique ... !

-Quelle marque ?

-Mais j’en sais rien moi, vas-y toi, c’est une Mc Do, c’est tout, fous-moi la paix, je r’commencerai pas, j’te promets !

-Jusqu’à maintenant on est bien d’accord que c’était une foutue fourchette en plastique de chez Mc Do.

-Pour n'importe qui d'autre, on est bien d'accord que c'est une fourchette en plastique blanc signée MacDonald. Mais pour toi, c'est la seule trace de tes convictions, de ta volonté, de l'espoir qu'il te reste. Tant que cette fourchette ne sera pas brisée, ta vie, ta liberté, tes amis, ta famille, tes sentiments, la virginité de ta future copine … tout cela m'appartient. Seule la force de tes convictions pourra briser la fourchette.

-P'tain mais tu racontes de la merde ! Donc 'suffirait que j'casse la fourchette et tu me fais plus chier, c'est ça ?!

-Oui, répondit Arnaud en se dirigeant vers la porte de verre.

-Ok, c'est simple alors, confirma Jordan en essayant de casser la fourchette.

Mais la fourchette ne ployait même pas un petit peu sous la force de Jordan, qui n’eut le temps que de discerner un bref sourire en coin sur le visage d’Arnaud, avant qu’il ne disparaisse derrière la porte.

J’en revenais pas ... mais c’était pas le moment de me poser des questions, là il fallait vite que je me barre. Bousculé par cette pause déjeuner un peu trop forte en émotion pour moi, je voulais rentrer chez moi le plus vite possible pour me poser tranquillement et réfléchir à tout ça. Mais j’avais cours et je pouvais pas m’y dérober, même si mes parents sont des gens plutôt compréhensifs, ils ne sont pas du genre à déconner avec ce genre de trucs.


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