Note de la fic : Non notée

Le Nom de l'Ange


Par : Moonlight
Genre : Réaliste, Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Seigneurs des toits


Publié le 13/06/2012 à 04:57:59 par Moonlight

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[c]Le récit va commencer dans quelques secondes annonça la voix dénudée d’âme. Les yeux se posèrent sur ces mots encrés sur un océan de papier. Une fois assis et envahit par le texte, la voix est revenu. Le programme de la séance est connu. Ces expériences vous les avez vus et revus. Depuis votre naissance, votre vie, votre mort et peut-être d’autres moments encore. L’émotion d’un cœur qui pleure d’avoir perdu sa voie, errant dans la nuit sans espoir. Ici, près de la frontière, les étoiles ont disparus, dissimulées en un petit cadavre sous un tas de feuilles.
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J’étais allongé sur un canapé à l’inconfort affligeant, roulant dans une voiture qui brillait au clair de lune. A l’arrière, je me sentais malade et nauséeux. Tout devenait de plus en plus flou comme les montagnes cisaillées au travers des fenêtres immaculées. Le véhicule heurte soudainement quelque chose gisant au milieu de la route. C’était peut-être un corps, une pierre blanchit par le ciel ou seulement un animal qui venait de traverser. J’entends la portière s’ouvrir dans un bruit sourd. Un vertige puis le silence avant le cri inhumain que mes oreilles eurent du mal à supporter. Quelqu’un était tombé dans les griffes de la mort cette nuit-là. J’avais peur. Mon rythme cardiaque s’était douloureusement accéléré. La personne qui avait découvert cette affreuse surprise revint au volant et se retourna vers moi.

- Ce n’est qu’un rêve Corentin. Juste un rêve, rien de plus.

La voix me rassure. J’ai envie de l’écouter mais je sais qu’elle ment. La voiture redémarre et passe à coté d’un horrible cadavre dont le sang dégoulinait le long de son cou comme un rideau sur un manteau de neige. Tout ceci n’aurait dû être qu’un songe mais c’était plutôt une chose qui reste à jamais graver dans la mémoire. Ce genre d’événements dont on ne parvient pas à en extirper les secrets. On sait juste qu’il existe et qu’il restera tout le long de notre vie.

10 ans plus tard, je marche sur le trottoir d’une ville engourdie par la chaleur impitoyable de l’été. Caché derrière un palmier, j’observe une fille au sourire effrayé. Elle ne m’a pas remarqué, je ne l’espère pas. Je voudrai simplement lui donner un baiser tandis que nos cheveux s’emmêleraient. Elle demeure dans l’indifférence, sans poser ses yeux sur moi qui vient juste de sortir de ma cachette. J’ai beau la fixer elle ne distingue toujours pas ma pauvre présence. J’attends. Toujours rien. Elle continuait de parler avec ses amies. Sauf que ces dernières ne possèdent pas la beauté incontestable de cette magnifique inconnue. Des cheveux longs et soigneux encadraient son visage d’ange aux yeux bleus, ses quelques sourires illuminaient ses lèvres roses. Mon cœur se serrait à chaque fois qu’elle regardait dans ma direction sans qu’elle ne semble m’apercevoir. Le soleil sur elle une couleur enchantée dont les éclats la mettait encore plus en valeur. J’étais pourtant le seul à l’admirer. Tout autour de moi, les visages réjouis passaient devant et derrière nous sans s’arrêter. J’étais comme une ombre victime d’un châtiment antique, comme un pauvre macchabée qui parvenait à tenir debout. Après quelques minutes, elle se leva enfin et quitta son groupe pour faire cavalier seule. Suivant la route sinueuse coincée entre deux murets délimitant le périmètre des appartements aux alentours, je ne cessais de la regarder. Elle marchait et je la suivais. C’est la seule chose à laquelle je pouvais penser : ne pas la perdre de vue. Plus rien n’avait plus d’importance que cette étrange focalisation.

Au détour d’un virage, elle s’arrêta. Le temps sembla s’être stoppé mais tout avait décidé de continuer. Je la regardais se retourner lentement vers moi. Par peur de me faire repérer, j’ai croisé mes bras et regarder le ciel comme si j’attendais simplement l’arrivée d’un être dont la ponctualité n’était forcément pas son fort. Elle fronça les sourcils, scruta l’horizon pendant quelques secondes et reprit finalement son chemin. Rassuré, j’ai continué ma filature.
Le soleil nous tapait tellement fort sur la peau que l’on était en droit de se demander si un jour en ce lieu carbonisé, il aurait pu pleuvoir. La mer derrière nous n’était réduite qu’à une immense flaque servant uniquement à réfléchir la puissance incommensurable de cette gigantesque boule de feu gisant aux cotés des nuages. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les imposants palmiers, tout était immobile et flou, il n’y avait que nos spectres pour avancer dans cette brume ancestral que projetait le ciel bleu sur nos personnes. Nous avons marché ainsi pendant près d’une heure dans un tourment qui abolissait les couleurs. Il faisait intensément chaud et nos âmes doublées de notre obstination n’y trouvaient rien à redire. Pendant ces soixante minutes effervescentes, je la suivais simplement du regard au travers d’une minuscule forêt de bambous bordant la route où les voitures avaient décidé de ne plus y rouler. Nous sommes passés par des chemins de poussière, dissimulé parmi les arbres exotiques aux allures lointaines. Et pendant toute cette traversée, elle n’avait toujours pas vu que je le suivais depuis la plage. Cette fille était comme noyée dans l’indifférence, charmée par la volonté du silence. J’imaginais qu’elle ne pensait qu’à rentrer chez elle en vu de la température épuisante qui pesait sur nos corps.

Enfin, la jolie brune traversa un petit pont situé au dessus d’une petite rivière bordée de fleurs en tout genre. De l’autre coté, sa maison lui tendait les bras. Sans se retourner, la belle inconnue posa sa main sur la poignée, sembla réfléchir un temps puis pénétra finalement à l’intérieur de son habitation. Sa demeure se cachait derrière un jardin étriqué et enveloppé de buissons soigneusement taillés. Une balançoire ainsi que des chaises pliantes ornaient l’endroit. Sur deux étages, son domicile arborait de magnifiques rideaux rouges et dorés derrière des fenêtres brillantes surlignant un balcon au carrelage sombre. Je me suis contenté du pont en bois. J’ai ainsi posé mes coudes sur la balustrade et j’ai une nouvelle fois attendu qu’une opportunité inopinée apparaisse. Des heures défilèrent devant mes yeux sans que je ne bouge de mon emplacement. La lune prit d’assaut le soleil rouge et le vainquit dans une bataille courte et sans surprise. Les étoiles s’allumèrent chacune leurs tours et jouèrent entre elles dans un ballet ininterrompus. Il était temps d’agir.


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