<h1>Noelfic</h1>

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko

Genre : Action , Science-Fiction

Status : Terminée

Note :


Chapitre 12

Dissolution

Publié le 28/02/12 à 19:32:13 par Spyko

La jeune femme resta ainsi, à genoux, le visage dans les mains, secouée de sanglots, pendant un temps qui nous sembla infini. Nous n'osions pas aller la réconforter, d'une part parce que nous ne savions pas quoi dire, et d'autre part parce que nous étions aussi bouleversés par la mort de Benjamin. Mon regard alla se perdre dans la fumée qui émanait de la ville, forme sombre à une certaine distance d'ici. La terre sèche ne portait aucune trace d'un quelconque passage récent.
Et elle n'en porterait surement jamais. Excepté les nôtres.
Nous étions rassemblés au pied d'une petite colline, à une distance raisonnable de la ville, et heureusement, dissimulés au milieu de buissons, peut-être plantés uniquement pour cacher la sortie des souterrains. En tout cas, aucun nécromorph n'avait trouvé cette entrée, sinon, nous serions morts à peine le nez mis dehors.
Un bruit mat interrompit mes pensées et me fit détourner le regard.
Carmen, le visage sillonné de larmes, avait saisi son arme de manière à frapper la terre avec la crosse. Chaque coup en enlevait un peu plus, qu'elle déposait à côté. Nous la regardâmes tous exécuter cela, sans trop savoir quoi faire. Chacun de ses gestes semblait rageur, comme si elle évacuait toute sa peine dans cette unique tâche. Lorsque le trou atteint une petite profondeur d'une dizaine de centimètres, elle s'arrêta et contempla son œuvre.
Puis, lentement, elle dirigea sa main droite vers sa poitrine, agrippa le 6 doré qui y brillait encore et, d'un geste sec, l'arracha. Elle le déposa délicatement dans la minuscule fosse et, avec une série de tremblements, reposa la terre qu'elle avait retiré par-dessus, formant une petite bosse sur le sol. Elle resta dans la même position pendant encore quelque secondes, après quoi, elle se leva aussi lentement qu'elle avait fait tout ses gestes.
Je la vis faire quelques pas vacillants pour s'éloigner de la petite bosse, les yeux rouges. A peine avait-elle avancé jusqu'à nous qu'elle fondit à nouveau en larmes, incapable de réprimer ses sanglots. Cette fois, sa sœur se précipita vers elle pour lui entourer les épaules, et elle plaqua son visage contre sa poitrine, ne produisant plus que des bruits étouffés. Stéphanie nous regardait d'un air suppliant, mais nous étions incapables de faire quoi que ce soit pour Carmen. La mort de Benjamin avait été un coup très dur à encaisser pour nous tous, et tenter de la consoler n'était pas dans nos cordes pour le moment.
Je vis que Mike gardait délibérément les yeux fixés sur Matt, qui respirait difficilement, en produisant une sorte de sifflement. Sa gorge était rouge et les traces de tentacules sur ses bras étaient devenues violettes. La blessure à la tête ne saignait plus, mais formait malgré tout une croute de sang coagulée. Quant à Max, il était assis par-terre un peu plus loin, le regard perdu dans l'immensité qui nous faisait face. Je suivis son regard un instant, avant de m'abandonner à nouveau à mes pensées.
Moins de deux heures avant, nous écoutions une communication dans une salle spéciale, tous rassemblés pour savoir de quoi il s'agissait. Et désormais, nous n'étions plus que six rescapés d'une ville qui en comptait mille fois plus. Et nous étions sept auparavant. Mes yeux bifurquèrent à nouveau vers le panache de fumée noirâtre qui se distinguait à un ou deux kilomètres, au-dessus de la masse de cette cité dévastée.
Une main se posa sur mon épaule. Je levai la tête pour voir Stéphanie, qui venait de quitter sa sœur. Des larmes voilaient ses yeux, mais elle avait une expression déterminée. Je me levai, puis, surprenant nos mouvements, Max et Mike firent de même. Carmen, elle, avait visiblement commencé à se reprendre. Mike rompit le silence le premier

« Qu'est-ce qu'on fait alors? »
« Je crois qu'on a plus le choix maintenant, répondis-je en me tournant vers lui. On a tous entendus la communication ce matin. »
« Tu veux dire qu'on doit... partir vers ces vaisseaux? »
« On ne peut plus retourner vivre paisiblement en ville. Alors, à moins que tu ne veuille crever dans un coin paumé en France, c'est notre seule destination. »
« Mais Alex, on sait même pas où c'est exactement! protesta Steph' »
« Au Sud... On trouvera bien des infos à un moment. »
« On ne peut pas en être sûr! Je sais qu'on a pas d'autre choix, mais on pourrait... Je sais pas moi... »
« Quoi, errer en espérant qu'on trouvera une autre ville de survivants? Et à ce moment, prier pour que sa population ne soit pas déjà partie vers ce vaisseau en construction? »
« Tu dramatise vieux..., tenta Max d'une voix faible. »
« Non. J'essaie juste de te dire, de vous dire, qu'on a plus d'autre choix. Et si on en a d'autre, ce ne sont que des hypothèses. »
« Ok, t'as gagné, fit Steph' dans un souffle. Et comment on va les rejoindre? »
« On a une semaine, peut-être deux, si je me souviens bien. On commence à aller au Sud, et on voit. De toute manière, peu importe ce qu'on fera, on ne sait pas où aller. »
« Ce serait bien qu'on essaie de trouver un transport aérien par contre, intervint Mike. Voire un transport tout court. »

Sur ce point, le dernier arrivé de l'équipe n'avait pas tort. Nous avions plusieurs centaines de kilomètres à parcourir ne serait-ce que pour atteindre la mer. Et même en la trouvant, la seule indication dont nous disposions était que le vaisseau en était à quelques kilomètres. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin quoi.
Et puis, il y avait un autre soucis. Un soucis beaucoup plus problématique. A cause de la bataille inattendue, nous avions quittés la ville uniquement avec nos combinaisons et nos armes. Rien d'autre. Ce qui signifiait que...

« On doit retourner en ville. »

Les quatre autres me regardèrent avec des yeux ronds. On aurait dit qu'ils avaient pris une claque derrière la tête.

« Tu veux qu'on fasse quoi!? »
« T'as bien entendu Carmen, il faut qu'on y retourne. »
« Mais pourquoi tu veux y retourner? T'es suicidaire ou quoi? »
« Non mais... Merde quoi, on a rien! »
« Rien...? »
« Rien à manger, rien à boire, rien quoi! On a pas le choix là non plus, on doit y retourner! »
« Hors de question, protesta à nouveau Max. »
« Max... »
« Nan, on peut pas y aller avec lui. Il est pas en état. »

Je me rendis compte qu'il désignait le corps inconscient de Matt, toujours allongé avec sa respiration sifflante. Il avait raison, on ne pouvait pas...

« Et qui a dit qu'on devait tous y aller...? énoncais-je à voix basse, connaissant déjà leur réaction. »
« Bon, là, tu me fais sérieusement flipper, dit Max en me fixant d'un drôle d'air. T'es en train de me dire qu'en plus de vouloir aller dans une ville infestée de bestioles, tu veux y aller tout seul? »
« Pas tout seul... Mais écoutes, on doit y aller, mais on ne peux pas tous y aller. Alors... »

Je leur tournai le dos pour y réfléchir un peu plus. Matt ne pourrais pas venir, c'était sûr. Ce qui signifiait qu'au moins une personne devait rester avec lui. Je penchais pour Carmen, car après le choc de la mort de son copain, retourner en ville, là où des cadavres parsemaient surement les rues, ne l'aiderait pas. Et je commençais à hésiter, pour savoir si sa sœur devait rester pour veiller sur elle en attendant, ou pas...

« Bon, Mike, Max, vous venez avec moi. »
« Quoi! s'exclama Steph'. Et nous? »
« Il faut que l'un d'entre nous reste ici pour surveiller Matt. »
« Ouais sauf que là, si tu sais compter, ça en fait deux qui restent! »
« Steph', s'il te plait... »
« Quoi, tu veux que je surveille Carmen, tu pense qu'elle sait pas se tenir toute seule, comme une grande? »
« J'ai pas dis ça, mais... »
« Alors laisses-moi venir aussi! coupa la jeune femme, presque suppliante. »
« Écoutes moi! Si on est trop nombreux, on passera pas inaperçus. Et avec toutes ces bestioles qui trainent, même être ici ne signifie pas être en sécurité! Alors je t'en supplie, fais-le... »

L'un des titans qui ravageait la ville poussa un hurlement surpuissant, qui résonna un instant dans ces plaines. Max fit un pas hésitant.

« Donc, si j'ai bien compris, c'est toi qui prend les commande du Sixième Groupe ? »

Je pivotai la tête vers lui, emmagasinant à grand peine ce que je venais d'entendre. Je plaçai inconsciemment la main sur le chiffre doré, en fixant mon coéquipier avec de grands yeux.

« Le Sixième... »

Je refermai les doigts sur l'emblème, avant de tirer violemment. Le tissu de la combinaison émit un petit craquement quand le chiffre s'arracha au vêtement, et laissa une petite estafilade à l'endroit où il avait été. Je contemplai d'un air fixe le symbole sur lequel se reflétait les lueurs du soleil de midi, avant de refermer le poing. Puis, d'un grand geste circulaire, je l'envoyai aussi loin que possible. Il alla ricocher contre un petit caillou et s'immobilisa à une dizaine de mètres.
Après quoi, je fis demi-tour, et commençai à marcher vers la ville.

« Pour moi, c'est terminé. On y va. »

Je pus voir comme s'ils étaient en face de moi les regards que les deux concernés durent s'échanger, mais le bruit de leur pas me parvint bientôt. Je les regardai, et ce regard s'arrêta sur la déchirure qu'ils portaient chacun sur le torse. En jetant un coup d'œil en arrière, je vis que deux autres 6 dorés avaient rejoints le mien sur la terre sèche.

Commentaires

Vous devez être connecté pour poster un commentaire