<h1>Noelfic</h1>

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko

Genre : Action , Science-Fiction

Status : Terminée

Note :


Chapitre 65

Ascension.

Publié le 15/04/12 à 19:55:02 par Spyko

Mes yeux étaient tombés sur le canon de mon arme. Aucun d'eux n'était sur ses gardes, il aurait suffit de saisir la poignée. En quatre pressions sur la gâchette, tout aurait été terminé. Et ensuite, il aurait suffit de diriger le vaisseau en contrebas. Il était peut-être dans l'incapacité de prendre de l'altitude, mais en perdre serait un jeu d'enfant. Ce cercueil volant s'écraserait, faisant périr tous ceux qui se trouvaient à bord. Et enfin, tout serait terminé. J'aurais fait ce qu'il fallait...
Je reçu une claque assez violente pour me faire revenir dans le monde réel. Mon arme n'avait pas bougé d'un poil, mais ma main, elle, s'était tendue dans sa direction. Tout portait à croire que je n'aurais pas hésité à mettre mes plans en pratique si j'étais resté dans cet état instable. Je levais un regard embué vers Jessica, debout à côté de moi, une main prête à m'en recoller une en cas de besoin. Elle avait surement du me voir partir...
Un bourdonnement, qui ne venait cette fois pas de mon esprit, emplit la salle. Une petite lumière jaune s'était allumée, et je me relevai en vacillant pour aller presser le bouton. Une voix avec un accent assez prononcé me parvint d'un petit haut-parleur.

« Il y a quelqu'un? Ici le vaisseau en partance du Quebec, vous me recevez? »
« Ouais, qu'est-ce qu'il se passe? répondis-je avec une pointe de soulagement. »
« Nous voulions juste vous avertir de notre départ, est-ce que tout se passe bien? »
« Non. Une infection nécromorph s'est déclenchée à bord du vaisseau à cause d'un homme qui en a introduit un dans la cale. Nos propulseurs sont sur le point de surchauffer et une créature volante est en train de ravager la coque. Il reste encore des milliers de survivants à bord, mais nous ne savons pas comment les évacuer. Est-ce que vous seriez prêts à accueillir tous ceux qui s'échapperont? »
« Bon sang..., murmura l'homme. Je ne promets rien, mais je pense qu'il ne devrais pas y avoir de soucis. Vous dites que l'infection a été déclenchée volontairement? »
« Oui. Je vous conseille de vérifier les cales, au cas où. »
« Très bien, affirma t-il, avec une pointe d'inquiétude. Je regrette de ne pas pouvoir vous aider davantage, j'espère que vous- »

Un craquement sonore retentit alors que la communication se coupait brutalement. Il n'y eut plus qu'un faible grésillement, alors qu'un rugissement se faisait entendre. Les mains posées de chaque côté de la commande, je laissai échapper un soupir de désespoir. Une lumière rouge supplémentaire venait d'illuminer le plan en 3D du vaisseau.

« Laissez moi deviner, soufflais-je, il a arraché le relais? »
« Tout juste. »
« Bon, on remonte, va falloir faire quelque chose pour lui. »

Je fis demi-tour et m'engageai dans le couloir. Nous remontâmes dans la salle parsemée d'éclats, dans laquelle la cinquantaine d'hommes et femmes qui nous avaient suivis à l'abri marchaient lentement, l'air hagard. Je jetai un coup d'œil sur l'ascenseur qui menait à la tranchée de tir. Il était temps de tenter le tout pour le tout, sans quoi la créature démantèlerait le vaisseau avant de se jeter sur l'autre transport.
Je jetai un regard à Matt, qui comprit immédiatement le message. Faire une annonce m'était exclu, ma folie risquant de pervertir ce qu'ils pensaient de mes paroles. Il haussa la voix pour parler.

« Écoutez tous! On a de nouveaux problèmes sur les bras. Nous venons de perdre le relais de communication, ce qui fait qu'il n'y a plus de moyen de parler avec l'autre vaisseau. Ils ont en revanche acceptés d'accueillir ceux qui les rejoindront à bord des capsules de sauvetage. Seulement, le temps est compté désormais. Les propulseurs sont en train de chauffer, et ils ne tarderont pas à s'arrêter, s'ils n'explosent pas simplement. Vous pouvez tenter de fuir, mais il faudrait qu'on parvienne à réparer ça pour gagner du temps. On va y aller, mais si certains veulent nous aider... »

Je donnai un coup de coude à mon coéquipier, afin de lui transmettre mes intentions. Il continua de parler pour demander s'il y avait des volontaires, puis s'arrêta, et pivota vers moi.

« Pourquoi tu veux monter là haut? fit-il en baissant la voix. »
« Il y a peut-être moyen de se débarrasser de cette saloperie, et je veux essayer. »
« Bah, si t'y tiens tant que ça... Mais ensuite, on doit absolument aller voir ces foutus tubes de refroidissement... »
« T'inquiète pas, on ira. »

Je m'approchai du conduit, et appelai l'ascenseur. Les portes s'ouvrirent sur une véritable cabine cette fois, pas une banale plate-forme d'élévation. Nous y entrâmes tous les cinq, et je lançai la montée. Pendant quelques minutes, seul le ronflement du mécanisme perturba le silence qui s'était imposé. Il y eut alors un cri, un grincement, et la cabine commença à ralentir dans un horrible crissement.
Finalement, elle s'arrêta totalement, suspendue dans ce conduit affreusement grand. Il n'y avait pas le moindre son, mais cela ne me rassurait pas vraiment. Je levai les yeux vers la trappe, et tendis les bras vers le haut. Elle coulissa, s'ouvrant sur du vide. Il n'y avait absolument rien dehors. Je m'accrochai aux rebords et commençai à me hisser sur le toit.

« Eh, tu vas où comme ça? »
« Juste jeter un coup d'œil, je serais pas long. »

Je rampai à quatre pattes sur l'acier, essayant d'extraire de ma tête les images du vide béant qui s'ouvrait en dessous. Je repérai immédiatement les quatre mécanismes qui retenaient la cabine. Je m'arrêtai, tremblant, soudain pris de nausées.

*C'est si fragile...*
« Tais-toi... »
*Quelques tirs suffiraient à les briser... Et tout s'arrêterait...*

Je secouai la tête, et entendis une salve de tir qui partait. Les lasers ricochèrent sur la paroi, passant à quelques centimètres seulement de l'un des soutiens. Je laissai tomber mon arme par-terre, essayant de reprendre mes esprits. Je vis alors quelque chose d'assez étrange. Une lame noire était fichée dans l'un des systèmes, bloquant totalement le mécanisme. Une lame incroyablement solide apparemment.
Je tirai dessus, la sentant glisser sous mes doigts et m'entamer la paume. Après plusieurs secondes, elle grinça, et je l'arrachai. Mon élan me projeta en arrière, et le membre alla se perdre dans l'abîme. Instantanément, le mécanisme se remit en marche, et la cabine recommença à monter. C'était seulement quand on était à l'extérieur qu'on se rendait compte à quel point elle allait vite. Je récupérai mon arme qui glissai peu à peu, et progressai doucement vers la trappe.

« C'était quoi ces tirs? »
« Rien du tout, j'ai dérapé. »

J'eus à peine le temps de réagir lorsque le grognement me parvint. Une masse me projeta à l'extrême bord de la cabine et se percha sur moi. Je roulai sur le dos, faisant tomber la créature sur le côté, dévoilant la face hideuse d'une des choses armées de deux queues tranchantes. Ses canines proéminentes pointées dans ma direction, elle fondit à nouveau, me plaquant au sol.
Je parvint à retenir d'une main sa tête, l'empêchant de s'abattre sur moi et de me décapiter. Mon autre bras cherchait mon arme de poing, mais elle paraissait inaccessible. Elle rugit, manquant de m'asphyxier tant son haleine était fétide, avec ses odeurs de chair avariée et pourrissante. Je tentai de la repousser tant bien que mal, mais sa mâchoire se rapprochait toujours plus.
Mes yeux se perdirent vers le haut, et je distinguai le sommet du puits d'ascenseur. Je sentis alors une horreur indescriptible s'emparer de moi. La cabine montait vite, très vite, en direction de l'extrémité de ce conduit. Et, en haut, on apercevait une sorte de rouleau cranté et électrifié qui tournait sur lui-même.
Je me débattis avec d'autant plus d'ardeur que cet engin de mort approchait assez rapidement, et, dans un ultime effort, je repoussai légèrement la créature. Sans réfléchir davantage, je roulai sur le côté et m'accrochai au bord de la cabine, le corps suspendu au-dessus du vide. Le nécromorph bondit pour essayer de me rejoindre.
A ce moment, nous atteignîmes le sommet. Son saut l'emmena trop haut, et l'une de ses queues se retrouva prise dans le mécanisme. Son geste fut immédiatement stoppée, tandis que la rotation le trainait vers une mort imminente. Des gerbes de sang recouvrirent les parois tandis que la créature hurlait à mesure que son corps se faisait broyer et déchiqueter. Elle poussa un ultime rugissement, et des craquements immondes suivirent.
Je me hissai doucement et entreprit de ramper vers la trappe. Je me laissai tomber à l'intérieur, à bout de souffle. La porte était déjà ouverte, mais mes coéquipiers attendaient dedans.

« Eh beh, qu'est-ce qui t'es arrivé? »
« Plus jamais... Plus jamais je recommence ça... »

Je me repris doucement, et nous sortîmes. Plusieurs élévateurs menaient aux canons situés de ce côté là du vaisseau, un certain nombre étant sur les flancs et à l'arrière. D'après les rugissements, le dragon se trouvait au dessus de la tranchée de tir,et je choisis donc de prendre la plate-forme qui menait à l'une des armes dirigée dans cette direction.
Une fois en haut, je descendis, suivi des autres. Un sas rond menait aux commandes manuelles du système de défense, dont la fonction automatique n'était pas activée.

« Attendez-moi là pour le moment, au cas où. »
« T'es sûr de vouloir faire ça? »
« On a plus le choix. Si on peut pas le semer, va falloir le décrocher. »

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