L'achèvement d'une ère.
Par : Spyko
Genre : Action , Science-Fiction
Status : Terminée
Note :
Chapitre 27
Le rire des mort-vivants
Publié le 19/03/12 à 18:24:11 par Spyko
La foule de rescapés nous fixait, sans doute en se demandant comment nous avions fait pour venir jusqu'ici. Enfin, lorsque nous étions dans notre ville, ce n'était pas spécialement la réaction qu'on avait en voyant des survivants...
« Vous sentez pas gênés, intervint Seb'. On est tous ici depuis le même moment, c'est la première fois qu'on a des inconnus qui nous rejoignent. »
« D'accord... Mais s'ils pouvaient éviter de nous fixer comme ça... »
« Si ça vous perturbe tant que ça... Mais essayez de les comprendre, ça fait tellement longtemps qu'ils sont tous ensemble que voir des gens débarquer comme ça... »
« Oui, je vois... Et vous dormez tous ici? demandais-je pour changer de sujet et oublier ces centaines d'yeux rivés sur nous. »
« Non, le supermarché est directement collé à deux bâtiments. On loge que dans les étages inférieurs, le haut est trop fragile. »
« Vous avez une chambre pour nous? »
« Oui, vous en faites pas. Mais maintenant, je vais vous présenter, c'est la moindre des choses. »
L'homme commença alors à raconter aux rescapés la partie de notre aventure à laquelle il avait assisté, puis les informa que nous venions de perdre un ami, et qu'il valait donc mieux ne pas trop nous brusquer. Il nous demanda nos noms, puis les répéta aux autres. Décelant sans doute une certaine gêne dans notre regard, il coupa court à cette petite cérémonie d'accueil et fendit la foule pour nous mener dans un bâtiment à proximité.
Les gens reculèrent en nous voyant passer armés jusqu'au dents et en habits de soldat. Quelques femmes attrapèrent leurs enfants pour les éloigner de nous, et cette attitude me choqua profondément intérieurement. Finalement, il nous indiqua une pièce en rez-de-chaussée. Elle était suffisamment grande pour nous accueillir tous les quatre, nous et nos sacs, mais la porte avait depuis longtemps été arrachée, et nous laissait voir le couloir.
« Voilà. Presque tout le monde préfère dormir à l'étage par peur qu'un nécromorph se ballade dans les couloirs, donc le rez-de-chaussée est presque vide. »
« Ca ira parfaitement. On est pas bien loin de la porte qui mène au supermarché d'ailleurs. »
« Effectivement. C'est l'endroit où on se rassemble pour les repas ou pour la journée. On a pas grand chose de plus. Je vous laisse, j'ai l'impression que vous les avez effrayé. »
« Je crois, ouais... »
Sebastien fit alors demi-tour et s'engagea dans le couloir. Un léger brouhaha entra lorsqu'il ouvrit la porte pour le supermarché dévasté, puis le battant claqua. La chambre dans laquelle nous nous trouvions comportait deux petits lits, une table, une fenêtre et une minuscule salle de bain, avec un lavabo et un miroir brisé. C'est tout naturellement que les deux femmes s'installèrent sur les lits, mais elles nous offrirent leurs couettes pour rendre le sol un minimum confortable pour Matt et moi, gardant juste leurs draps.
Alors que je déposai mon sac et mes armes dans un coin, j'aperçus une partie de mon reflet dans les restes du miroir. Je compris alors un peu la réaction des rescapés. Ma combinaison étaient déchirée en plusieurs endroits, et laissait apparaître quelques cicatrices sanglantes. Du sang séché me couvrait une partie du front, et deux cernes noires s'étalaient sous mes yeux fatigués. En plus de la barbe de quelques jours, j'avais également quelques éraflures au niveau des pommettes.
« Mais c'est qu'il est coquet le Alex. »
Je me retournai, et vis que Stéphanie et Carmen me regardaient d'un air moqueur.
« Pas de commentaires, vous devriez vous voir. »
« Olala, on t'as vexé? »
Je me détournai en prenant une expression affligée, puis ouvris mon sac pour en retirer le peu qu'il contenait. Nous alignâmes nos fusils le long du mur, aussi loin que possible de la porte, pour éviter qu'un petit malin vienne nous les prendre pendant la nuit. Le Soleil avait déjà disparu derrière les bâtiments, plongeant la rue derrière notre fenêtre dans une semi-obscurité.
Alors que je m'étendais sur ma couverture, un ricanement s'éleva des ténèbres dans lesquels la ville se plongeait. Ce son devint de plus en plus fort, et de plus en plus profond. Un éclat de rire glacial se mêla au premier, un rire de fou. Le bruit se répercutait dans les ruelles, et il nous glaça le sang. Il s'intensifia, devenant de plus en plus froid, et de plus en plus incontrôlé. C'était un rire de dément, de démon, qui montait et descendait, hoquetait, terrifiant.
Aucun de nous n'osait bouger, nous étions tous figés par ce ricanement grinçant, émanant sans doute d'une créature abominable. Sebastien nous trouva immobiles sur nos couches, et comprit instantanément la cause de cette immobilité. Le rire se poursuivait, et il me semblais qu'il s'approchait, puis s'éloignait. C'était un bruit insupportable. L'homme resta debout dans l'encadrement de la porte, sans prononcer un mot. Puis, petit à petit, le flot se tut, nous laissant dans un silence où résonnait encore l'écho de ce son.
Je dressai la tête vers notre hôte, en quête d'explications.
« J'ai oublié de vous prévenir à leur sujets, désolé. »
« Qu'est-ce que c'est...? »
« Des humains. Semi-transformés. On en a analysé un, apparemment la bactérie aurait eu un effet différent. »
« Ce sont des humains qui font ce bruit? »
« Oui, à peu près. Ils ont gardé un corps normal, mais le reste... Ils sont devenus complètement fous. Et ils ne ressentent plus rien. Aucune émotion, ni aucune souffrance. Totalement insensibles, autant physiquement que mentalement. »
« Et ils sont... dangereux? »
« Très. Si vous tombez en face de l'un d'entre eux en tout cas. Une fois qu'ils vous ont repérés, ils ne s'arrêtent que lorsqu'ils sont morts. La plupart du temps, ils se contentent de errer dans la ville quand la nuit tombe, mais ils localisent parfois nos guetteurs et les attaquent. Quant à ce rire... Il va falloir vous y habituer, chaque soir, c'est pareil. »
« Très bien, merci du renseignement. »
« Pas de quoi. Vous voulez manger? »
« Non, on a de quoi, merci. »
Sur ces mots, l'homme fit demi-tour. Nous étions encore tous sous le choc de ce rire glacial. Petit à petit, nous nous en remîmes, et fîmes un léger repas avant de nous mettre en position pour dormir. J'étais le plus près de la fenêtre, et je décidai donc de perdre mon regard à travers la vitre. Une ombre passa devant les carreaux, mais je crus tout d'abord à un guetteur.
Brutalement, un visage et le plat de deux mains se plaquèrent contre la fenêtre avec un bruit sourd, nous faisant tous sursauter. De l'autre côté de la vitre, deux yeux blancs nous fixaient, au milieu d'une face blafarde. Les lèvres pâles de la créature se tordirent et laissèrent apparaître une sourire de dents jaunes et noires. Puis la bouche immonde laissa échapper un flot de rire grinçant. Le monstre pencha la tête en arrière et recommença à hurler de ce ricanement démoniaque, ses mains moites toujours collées au carreau.
Puis, toujours en riant, l'humanoïde envoya son crâne dans la vitre, une, deux, trois, dix fois. La glace se couvrait peu à peu de sang, mais la créature continuait à se briser le boite crânienne, sans cesser de rire. Un dernier craquement répugnant retentit, et le ricanement se tut définitivement. Tremblotant, incapable de détacher mon regard de la fenêtre, je restai ainsi pendant un long moment. Les autres ne firent pas le moindre mouvement.
Cette scène resta gravée dans ma mémoire, et je ne parvins pas à penser à autre chose. L'une des filles laissa échapper un sanglot sous sa couverture. Pour la première fois, une larme de peur roula sur ma joue.
« Vous sentez pas gênés, intervint Seb'. On est tous ici depuis le même moment, c'est la première fois qu'on a des inconnus qui nous rejoignent. »
« D'accord... Mais s'ils pouvaient éviter de nous fixer comme ça... »
« Si ça vous perturbe tant que ça... Mais essayez de les comprendre, ça fait tellement longtemps qu'ils sont tous ensemble que voir des gens débarquer comme ça... »
« Oui, je vois... Et vous dormez tous ici? demandais-je pour changer de sujet et oublier ces centaines d'yeux rivés sur nous. »
« Non, le supermarché est directement collé à deux bâtiments. On loge que dans les étages inférieurs, le haut est trop fragile. »
« Vous avez une chambre pour nous? »
« Oui, vous en faites pas. Mais maintenant, je vais vous présenter, c'est la moindre des choses. »
L'homme commença alors à raconter aux rescapés la partie de notre aventure à laquelle il avait assisté, puis les informa que nous venions de perdre un ami, et qu'il valait donc mieux ne pas trop nous brusquer. Il nous demanda nos noms, puis les répéta aux autres. Décelant sans doute une certaine gêne dans notre regard, il coupa court à cette petite cérémonie d'accueil et fendit la foule pour nous mener dans un bâtiment à proximité.
Les gens reculèrent en nous voyant passer armés jusqu'au dents et en habits de soldat. Quelques femmes attrapèrent leurs enfants pour les éloigner de nous, et cette attitude me choqua profondément intérieurement. Finalement, il nous indiqua une pièce en rez-de-chaussée. Elle était suffisamment grande pour nous accueillir tous les quatre, nous et nos sacs, mais la porte avait depuis longtemps été arrachée, et nous laissait voir le couloir.
« Voilà. Presque tout le monde préfère dormir à l'étage par peur qu'un nécromorph se ballade dans les couloirs, donc le rez-de-chaussée est presque vide. »
« Ca ira parfaitement. On est pas bien loin de la porte qui mène au supermarché d'ailleurs. »
« Effectivement. C'est l'endroit où on se rassemble pour les repas ou pour la journée. On a pas grand chose de plus. Je vous laisse, j'ai l'impression que vous les avez effrayé. »
« Je crois, ouais... »
Sebastien fit alors demi-tour et s'engagea dans le couloir. Un léger brouhaha entra lorsqu'il ouvrit la porte pour le supermarché dévasté, puis le battant claqua. La chambre dans laquelle nous nous trouvions comportait deux petits lits, une table, une fenêtre et une minuscule salle de bain, avec un lavabo et un miroir brisé. C'est tout naturellement que les deux femmes s'installèrent sur les lits, mais elles nous offrirent leurs couettes pour rendre le sol un minimum confortable pour Matt et moi, gardant juste leurs draps.
Alors que je déposai mon sac et mes armes dans un coin, j'aperçus une partie de mon reflet dans les restes du miroir. Je compris alors un peu la réaction des rescapés. Ma combinaison étaient déchirée en plusieurs endroits, et laissait apparaître quelques cicatrices sanglantes. Du sang séché me couvrait une partie du front, et deux cernes noires s'étalaient sous mes yeux fatigués. En plus de la barbe de quelques jours, j'avais également quelques éraflures au niveau des pommettes.
« Mais c'est qu'il est coquet le Alex. »
Je me retournai, et vis que Stéphanie et Carmen me regardaient d'un air moqueur.
« Pas de commentaires, vous devriez vous voir. »
« Olala, on t'as vexé? »
Je me détournai en prenant une expression affligée, puis ouvris mon sac pour en retirer le peu qu'il contenait. Nous alignâmes nos fusils le long du mur, aussi loin que possible de la porte, pour éviter qu'un petit malin vienne nous les prendre pendant la nuit. Le Soleil avait déjà disparu derrière les bâtiments, plongeant la rue derrière notre fenêtre dans une semi-obscurité.
Alors que je m'étendais sur ma couverture, un ricanement s'éleva des ténèbres dans lesquels la ville se plongeait. Ce son devint de plus en plus fort, et de plus en plus profond. Un éclat de rire glacial se mêla au premier, un rire de fou. Le bruit se répercutait dans les ruelles, et il nous glaça le sang. Il s'intensifia, devenant de plus en plus froid, et de plus en plus incontrôlé. C'était un rire de dément, de démon, qui montait et descendait, hoquetait, terrifiant.
Aucun de nous n'osait bouger, nous étions tous figés par ce ricanement grinçant, émanant sans doute d'une créature abominable. Sebastien nous trouva immobiles sur nos couches, et comprit instantanément la cause de cette immobilité. Le rire se poursuivait, et il me semblais qu'il s'approchait, puis s'éloignait. C'était un bruit insupportable. L'homme resta debout dans l'encadrement de la porte, sans prononcer un mot. Puis, petit à petit, le flot se tut, nous laissant dans un silence où résonnait encore l'écho de ce son.
Je dressai la tête vers notre hôte, en quête d'explications.
« J'ai oublié de vous prévenir à leur sujets, désolé. »
« Qu'est-ce que c'est...? »
« Des humains. Semi-transformés. On en a analysé un, apparemment la bactérie aurait eu un effet différent. »
« Ce sont des humains qui font ce bruit? »
« Oui, à peu près. Ils ont gardé un corps normal, mais le reste... Ils sont devenus complètement fous. Et ils ne ressentent plus rien. Aucune émotion, ni aucune souffrance. Totalement insensibles, autant physiquement que mentalement. »
« Et ils sont... dangereux? »
« Très. Si vous tombez en face de l'un d'entre eux en tout cas. Une fois qu'ils vous ont repérés, ils ne s'arrêtent que lorsqu'ils sont morts. La plupart du temps, ils se contentent de errer dans la ville quand la nuit tombe, mais ils localisent parfois nos guetteurs et les attaquent. Quant à ce rire... Il va falloir vous y habituer, chaque soir, c'est pareil. »
« Très bien, merci du renseignement. »
« Pas de quoi. Vous voulez manger? »
« Non, on a de quoi, merci. »
Sur ces mots, l'homme fit demi-tour. Nous étions encore tous sous le choc de ce rire glacial. Petit à petit, nous nous en remîmes, et fîmes un léger repas avant de nous mettre en position pour dormir. J'étais le plus près de la fenêtre, et je décidai donc de perdre mon regard à travers la vitre. Une ombre passa devant les carreaux, mais je crus tout d'abord à un guetteur.
Brutalement, un visage et le plat de deux mains se plaquèrent contre la fenêtre avec un bruit sourd, nous faisant tous sursauter. De l'autre côté de la vitre, deux yeux blancs nous fixaient, au milieu d'une face blafarde. Les lèvres pâles de la créature se tordirent et laissèrent apparaître une sourire de dents jaunes et noires. Puis la bouche immonde laissa échapper un flot de rire grinçant. Le monstre pencha la tête en arrière et recommença à hurler de ce ricanement démoniaque, ses mains moites toujours collées au carreau.
Puis, toujours en riant, l'humanoïde envoya son crâne dans la vitre, une, deux, trois, dix fois. La glace se couvrait peu à peu de sang, mais la créature continuait à se briser le boite crânienne, sans cesser de rire. Un dernier craquement répugnant retentit, et le ricanement se tut définitivement. Tremblotant, incapable de détacher mon regard de la fenêtre, je restai ainsi pendant un long moment. Les autres ne firent pas le moindre mouvement.
Cette scène resta gravée dans ma mémoire, et je ne parvins pas à penser à autre chose. L'une des filles laissa échapper un sanglot sous sa couverture. Pour la première fois, une larme de peur roula sur ma joue.
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