Les Rémanences
Par : MassiveDynamic
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 2
Publié le 17/02/12 à 02:14:16 par MassiveDynamic
HS : Je ne suiterai pas avant jeudi prochain, je pars en vacances ! Bonne semaine à vous, lecteurs
&feature=related
Les semaines passèrent très rapidement. A vrai dire, je n'avais plus vraiment la notion du temps. Je ne faisais pas grand chose d'autre à part dormir et jouer, mon casque vissé sur ma tête presque en permanence. Ainsi, le déroulement normal des choses me rattrapait peu à peu. Je me rendais compte que la rentrée, c'était dans quelques heures. Alors j'attendais, là, anxieux, dans mon lit. Bien entendu, il m'était impossible de fermer l'oeil. Déjà, parce que j'étais complètement décalé, et ensuite, la peur m'empêchait de dormir. Ces deux mois m'avaient isolé de la routine. Et je ne me sentais pas prêt à reprendre dans un nouveau lycée. Même si ça n'était que pour une année. Du coup, sachant pertinemment que je ne dormirai pas, mais ne voulant pas non plus retourner jouer pour passer le temps, je me contentais de fixer mon plafond, allongé sur le dos, laissant mes pensées emporter mon âme. Je fantasmais sur la vie que je n'aurai pas. Les rencontres improbables que je ferai. Quand on a peur d'une chose, on préfère l'idéaliser, quitte à lui ôter toute notion de rationalité. La nuit passait, et je me tournais et me retournais sans cesse, à fixer le vide de ma chambre. Je contemplais le vide de ma vie. C'est dans ces moments de silence que coulaient les larmes, bien souvent. J'essayais de les contenir, de les empêcher de couler. Mais elles témoignaient des mots qui me rongeaient depuis l'enfance. Je voudrais tant être normal, avoir une vie banale, partager quelques moments avec quelqu'un. Je ne demande qu'à sortir de cette pièce et me noyer dans la foule, mais pourtant, même cela m'effraie.
Les premières lueurs viennent donner un peu de couleur à cette pièce monochrome. Je me lève difficilement. Mes yeux brûlent, et je me sens un peu joyeux. Les effets d'une nuit blanche. Je prends rapidement une douche puis me prépare à partir. Mon père est déjà parti en quête de ferraille.
La rue s'offre à moi, et cela faisait bien longtemps. Je sens le vent bercer mes cheveux bouclés, et je plisse des yeux car la lumière me fait légèrement mal. A cause de mon manque de sommeil, évidemment. Je n'ai jamais mis les pieds dans mon nouveau lycée. J'appréhendais encore plus ce moment maintenant, alors que j'allais y arriver d'ici quelques minutes en bus. Les écouteurs dans les oreilles, je laisse mes yeux se glisser vers les autres. Tous à discuter dès le matin. Certains le sourire aux lèvres, d'autres fixant l'extérieur à travers les fenêtres du bus. Et tous se dirigeant vers un même lieu.
Le lycée. Il se situait à quelques mètres seulement de l'arrêt où tous descendaient. Je les suivais calmement, en prenant soin néanmoins de retirer mes écouteurs. Très rapidement, je repérais les fiches dans la cours. Ces fameuses listes qui allaient se charger de me ranger avec une trentaine d'autres inconnus avec qui j'allais devoir m'intégrer au risque de demeurer le même, à penser, penser, et encore penser, à penser à la moindre de mes actions. Je repérais rapidement ma feuille " 1ère L", apparemment, j'étais dans la seule classe de L du lycée. Franck Loche. Je me situais vers le milieu... je pensais déjà aux galères des travaux et cours en groupe, aux moments où je ne saurai pas si j'allais devoir aller dans le groupe un ou le groupe deux.
"Hey, t'es nouveau ?! "
Je me retourne. Un grand brun m'interpelle, accompagné d'une fille. Et là, je pense à l'état déplorable dans lequel je suis. A mes énormes cernes, ma désorientation qui commençait à arriver, à ma probable haleine de chacal, et à mes difficultés d'élocution. Mais même en dépit de ce flot d'inquiétudes, mes lèvres se mouvèrent.
"Heu... ouais. T'as l'air bien informé ! "
Il me sourit.
"Bah... on est qu'une classe de L, l'année dernière y'avait le même nombre d'élèves, t'es le seul nouveau et t'as la gueule collée à la feuille... simple déduction. "
Il ironise. La fille se contente d'observer en me souriant avec un peu de gêne.
"Ouais... donc j'en déduis que vous êtes dans ma classe. "
Il s'avance et pose son doigt sur la liste d'élèves.
"Ici. Léo. Et elle, c'est Mérile, ma soeur. "
Mérile se contente de me sourire.
"Bref, je bouge, on s'voit en cours ! Tu vas voir, Mme Selpier c'est un sacré numéro ! "
Ils s'en vont vers l'intérieur du bâtiment alors que je me contente d'attendre un peu dans la cour. Curieuse rencontre. Au moins, je n'aurais forcément à faire le premier pas.
J'attends quelques minutes en marchant un peu dans la cour. Je remarque que le lycée est jumelé à un collège, et qu'ils partagent la même cour puisque des gamins commencent à affluer dans tous les sens. Je vérifie ma montre... il est déjà huit heures. J'attends encore un peu... et là, révélation. Les profs ne viennent peut-être tout simplement pas nous chercher dans la cour, dans ce lycée ! Je scrute rapidement la feuille, et effectivement, nous avions rendez-vous salle 52. J'ai comme une montée d'adrénaline. Rapidement, je monte les deux étages qui me séparent de ma salle de cours, puis je rentre en trombe, après avoir néanmoins frappé au préalable. Et là, ce que je déteste le plus. Trente paires d'yeux rivés sur moi, à me dévisager. Je m'excuse rapidement, puis m'installe seul pour le premier cours, les autres ayant déjà tous un camarade.
A l'interclasse, quelques personnes viennent m'aborder, me poser les questions de base. Je suis nouveau, par conséquent, je vais être leur attraction pendant deux ou trois jours. Nous terminions à midi. Pour le cours d'histoire, en ayant marre d'être seul, je pris l'initiative d'aller m'installer à côté de Mérile, accessoirement, l'unique siège disponible. Pendant le discours habituel du professeur, je lui glissais quelques mots.
" Alors, pas trop dur de devoir supporter son frère à la maison et en cours à la fois ? "
Mérile me regarde. Elle ne dit rien, puis se retourne vers le professeur. Pour une approche... c'est réussi.
"Désolé si je t'ai vexée, je plaisantais. "
Toujours pas de réaction. J'abandonne. Je décide de laisser le professeur me nourrir de ses paroles.
A midi, je me dirige rapidement vers la sortie du lycée, lorsque Léo décide de m'interpeller.
"Hé ! Alors Franck ? T'en a pensé quoi de la Selpier ?! "
Je lui réponds tout en sortant mon MP3.
"Bah... elle a fait que raconter sa vie. J'espère que ses cours c'est pas comme ça. "
Il rit.
"Bah, si justement ! Tu vas voir, c'en est une bonne elle. Deux fois de suite prof principal, et cette année dès le premier jour elle est déjà dans ses délires ! "
Je quitte avec lui le portail du lycée. Nous attendons le même bus.
" Dis, au fait, à propos de ta soeur. Tu lui rediras que je suis désolé hein. J'ai fait un peu d'humour mais visiblement elle me fait déjà la gueule alors qu'on a pas eu le moindre contact. "
Je vois la peau de Léo se retendre. Son sourire disparait.
"Oh, Mérile... Ouais, j'ai vu que t'étais à côté d'elle tout à l'heure. T'en fais pas, elle ne t'en veux pas, c'est juste qu'elle n'est pas très... réceptive. C'est compliqué. "
Compliqué.
" Oh... D'accord. "
Une gêne mutuelle s'installe. Une fois le bus à quai, nous nous installons côte à côte pour discuter un peu. Je lui parle de l'emploi de mon père, des différents lycées que j'ai fréquenté, il me parle de ses conquêtes et des cours au lycée. Nous évitons tous deux de nous dévoiler. Car nous avons visiblement beaucoup de secrets sous scellé. Après quelques dizaines de minutes, nous nous quittons.
A la maison, pas un mot sur ma journée scolaire. Mon père se contente de me rabâcher ce qu'il me répète chaque année.
"C'est l'anniversaire de ta mère demain. Va la voir. "
Et moi, de lui répondre, comme chaque année.
" Ca ne sert à rien. Elle ne me reconnaîtra même pas. "
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Les semaines passèrent très rapidement. A vrai dire, je n'avais plus vraiment la notion du temps. Je ne faisais pas grand chose d'autre à part dormir et jouer, mon casque vissé sur ma tête presque en permanence. Ainsi, le déroulement normal des choses me rattrapait peu à peu. Je me rendais compte que la rentrée, c'était dans quelques heures. Alors j'attendais, là, anxieux, dans mon lit. Bien entendu, il m'était impossible de fermer l'oeil. Déjà, parce que j'étais complètement décalé, et ensuite, la peur m'empêchait de dormir. Ces deux mois m'avaient isolé de la routine. Et je ne me sentais pas prêt à reprendre dans un nouveau lycée. Même si ça n'était que pour une année. Du coup, sachant pertinemment que je ne dormirai pas, mais ne voulant pas non plus retourner jouer pour passer le temps, je me contentais de fixer mon plafond, allongé sur le dos, laissant mes pensées emporter mon âme. Je fantasmais sur la vie que je n'aurai pas. Les rencontres improbables que je ferai. Quand on a peur d'une chose, on préfère l'idéaliser, quitte à lui ôter toute notion de rationalité. La nuit passait, et je me tournais et me retournais sans cesse, à fixer le vide de ma chambre. Je contemplais le vide de ma vie. C'est dans ces moments de silence que coulaient les larmes, bien souvent. J'essayais de les contenir, de les empêcher de couler. Mais elles témoignaient des mots qui me rongeaient depuis l'enfance. Je voudrais tant être normal, avoir une vie banale, partager quelques moments avec quelqu'un. Je ne demande qu'à sortir de cette pièce et me noyer dans la foule, mais pourtant, même cela m'effraie.
Les premières lueurs viennent donner un peu de couleur à cette pièce monochrome. Je me lève difficilement. Mes yeux brûlent, et je me sens un peu joyeux. Les effets d'une nuit blanche. Je prends rapidement une douche puis me prépare à partir. Mon père est déjà parti en quête de ferraille.
La rue s'offre à moi, et cela faisait bien longtemps. Je sens le vent bercer mes cheveux bouclés, et je plisse des yeux car la lumière me fait légèrement mal. A cause de mon manque de sommeil, évidemment. Je n'ai jamais mis les pieds dans mon nouveau lycée. J'appréhendais encore plus ce moment maintenant, alors que j'allais y arriver d'ici quelques minutes en bus. Les écouteurs dans les oreilles, je laisse mes yeux se glisser vers les autres. Tous à discuter dès le matin. Certains le sourire aux lèvres, d'autres fixant l'extérieur à travers les fenêtres du bus. Et tous se dirigeant vers un même lieu.
Le lycée. Il se situait à quelques mètres seulement de l'arrêt où tous descendaient. Je les suivais calmement, en prenant soin néanmoins de retirer mes écouteurs. Très rapidement, je repérais les fiches dans la cours. Ces fameuses listes qui allaient se charger de me ranger avec une trentaine d'autres inconnus avec qui j'allais devoir m'intégrer au risque de demeurer le même, à penser, penser, et encore penser, à penser à la moindre de mes actions. Je repérais rapidement ma feuille " 1ère L", apparemment, j'étais dans la seule classe de L du lycée. Franck Loche. Je me situais vers le milieu... je pensais déjà aux galères des travaux et cours en groupe, aux moments où je ne saurai pas si j'allais devoir aller dans le groupe un ou le groupe deux.
"Hey, t'es nouveau ?! "
Je me retourne. Un grand brun m'interpelle, accompagné d'une fille. Et là, je pense à l'état déplorable dans lequel je suis. A mes énormes cernes, ma désorientation qui commençait à arriver, à ma probable haleine de chacal, et à mes difficultés d'élocution. Mais même en dépit de ce flot d'inquiétudes, mes lèvres se mouvèrent.
"Heu... ouais. T'as l'air bien informé ! "
Il me sourit.
"Bah... on est qu'une classe de L, l'année dernière y'avait le même nombre d'élèves, t'es le seul nouveau et t'as la gueule collée à la feuille... simple déduction. "
Il ironise. La fille se contente d'observer en me souriant avec un peu de gêne.
"Ouais... donc j'en déduis que vous êtes dans ma classe. "
Il s'avance et pose son doigt sur la liste d'élèves.
"Ici. Léo. Et elle, c'est Mérile, ma soeur. "
Mérile se contente de me sourire.
"Bref, je bouge, on s'voit en cours ! Tu vas voir, Mme Selpier c'est un sacré numéro ! "
Ils s'en vont vers l'intérieur du bâtiment alors que je me contente d'attendre un peu dans la cour. Curieuse rencontre. Au moins, je n'aurais forcément à faire le premier pas.
J'attends quelques minutes en marchant un peu dans la cour. Je remarque que le lycée est jumelé à un collège, et qu'ils partagent la même cour puisque des gamins commencent à affluer dans tous les sens. Je vérifie ma montre... il est déjà huit heures. J'attends encore un peu... et là, révélation. Les profs ne viennent peut-être tout simplement pas nous chercher dans la cour, dans ce lycée ! Je scrute rapidement la feuille, et effectivement, nous avions rendez-vous salle 52. J'ai comme une montée d'adrénaline. Rapidement, je monte les deux étages qui me séparent de ma salle de cours, puis je rentre en trombe, après avoir néanmoins frappé au préalable. Et là, ce que je déteste le plus. Trente paires d'yeux rivés sur moi, à me dévisager. Je m'excuse rapidement, puis m'installe seul pour le premier cours, les autres ayant déjà tous un camarade.
A l'interclasse, quelques personnes viennent m'aborder, me poser les questions de base. Je suis nouveau, par conséquent, je vais être leur attraction pendant deux ou trois jours. Nous terminions à midi. Pour le cours d'histoire, en ayant marre d'être seul, je pris l'initiative d'aller m'installer à côté de Mérile, accessoirement, l'unique siège disponible. Pendant le discours habituel du professeur, je lui glissais quelques mots.
" Alors, pas trop dur de devoir supporter son frère à la maison et en cours à la fois ? "
Mérile me regarde. Elle ne dit rien, puis se retourne vers le professeur. Pour une approche... c'est réussi.
"Désolé si je t'ai vexée, je plaisantais. "
Toujours pas de réaction. J'abandonne. Je décide de laisser le professeur me nourrir de ses paroles.
A midi, je me dirige rapidement vers la sortie du lycée, lorsque Léo décide de m'interpeller.
"Hé ! Alors Franck ? T'en a pensé quoi de la Selpier ?! "
Je lui réponds tout en sortant mon MP3.
"Bah... elle a fait que raconter sa vie. J'espère que ses cours c'est pas comme ça. "
Il rit.
"Bah, si justement ! Tu vas voir, c'en est une bonne elle. Deux fois de suite prof principal, et cette année dès le premier jour elle est déjà dans ses délires ! "
Je quitte avec lui le portail du lycée. Nous attendons le même bus.
" Dis, au fait, à propos de ta soeur. Tu lui rediras que je suis désolé hein. J'ai fait un peu d'humour mais visiblement elle me fait déjà la gueule alors qu'on a pas eu le moindre contact. "
Je vois la peau de Léo se retendre. Son sourire disparait.
"Oh, Mérile... Ouais, j'ai vu que t'étais à côté d'elle tout à l'heure. T'en fais pas, elle ne t'en veux pas, c'est juste qu'elle n'est pas très... réceptive. C'est compliqué. "
Compliqué.
" Oh... D'accord. "
Une gêne mutuelle s'installe. Une fois le bus à quai, nous nous installons côte à côte pour discuter un peu. Je lui parle de l'emploi de mon père, des différents lycées que j'ai fréquenté, il me parle de ses conquêtes et des cours au lycée. Nous évitons tous deux de nous dévoiler. Car nous avons visiblement beaucoup de secrets sous scellé. Après quelques dizaines de minutes, nous nous quittons.
A la maison, pas un mot sur ma journée scolaire. Mon père se contente de me rabâcher ce qu'il me répète chaque année.
"C'est l'anniversaire de ta mère demain. Va la voir. "
Et moi, de lui répondre, comme chaque année.
" Ca ne sert à rien. Elle ne me reconnaîtra même pas. "
17/02/12 à 22:59:25
J'adore ! Suite suite suite vite ! Autant la façon d'écrire que l'histoire
17/02/12 à 05:40:06
Passe de belles vacances :)
Et cette suite est cool, on en déduit que quelque chose cloche entre le frère et la soeur.
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