J’ai oublié de me présenter, je m’appelle Chad, j’ai quatre-vingt-six ans, j’habite dans un coin reculé au Canada à environ une heure de route en voiture de Montréal. Je suis métis, d’origine africaine et caucasienne. Mes cheveux sont gris foncés, mes yeux marron foncé et je possède une barbe longue de trois centimètres environ.

Je me rappelle de peu de choses avant mes sept ans, mis à part que j’étais assez solitaire pour un enfant. J’habitais avec mes parents dans le sud de la France, dans la ville de Toulon. Nous vivions dans une maison en centre-ville, chose rare et dure à trouver. J’allais à l’école primaire du coin, comment s’appelait-t-elle ? J’ai du mal à m’en souvenir… peu importe.

Les autres m’étaient indifférents, je me fichais de ce qu’ils disaient, pensaient. Ce qui me suffisait, c’était mon bonheur et mon bonheur à cette époque était d’être seul. La seule personne voulant me parler à cette époque se nommait Tom. Etrange garçon. Il était de la même taille que moi, avait des cheveux hirsutes, portait des lunettes et s’habillai de façon commune : t-shirt et jeans. Un jour, en milieu d’année de ma CM1, il vint vers moi et me présenta des amis à lui. Bien sûr, connaissant mon caractère de cette époque j’ai du répondre quelque chose de vraiment déplaisant puisque je me rappelle de Tom essayant de les obliger à devenir mes amis après une discussion entre moi et ses amis.

Il y’avait donc Antoine, Arnaud et Nolwenn. Je me fichais pas mal de leur parler mais chaque fois que Tom passait, c’était avec ses amis. Peu à peu, ma sociabilité augmentait d’autant que j’aperçus que la sociabilité avait ses avantages : mes nouveaux amis partageaient leurs bonbons et je leur retournais la chose. J’agissais donc par la suite comme un « faux-cul » si je puis dire. Je n’étais sociable que par avantage.

Une capacité se développait peu à peu en moi. Je pouvais croiser une personne et savoir son nom, son passé, son caractère, toute sa vie afin de m’en servir et de pouvoir en tirer tout mon avantage. Je ne m’en rendais pas compte à cette époque de ma vie, tout se faisait instinctivement.

Je devrais surement remercier Tom maintenant mais je ne sais ce qu’il est advenu de lui puisque durant l’été de mes neuf ans, je déménageais dans une ville du nom de Saint-Nazaire près de Nantes sans prendre de coordonnés des quelques amis que je me suis fait. J’arrivais donc dans cette nouvelle ville à cause du travail de mon père, travail que je ne connaissais pas à ce moment. Nous déménagions dans une petite maison avec un jardin assez grand pour y construire une piscine. Ainsi donc j’allais entrer dans un collège avec des gens que je ne connaissais pas, dans une ville que je ne connais pas et un… « pouvoir » dont je ne savais pas encore en ma possession.