L'Homme Du Temps
Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction , Sentimental
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 6
L'Homme Et Sa Mort
Publié le 26/09/11 à 22:30:15 par MassiveDynamic
HS : Merci les gars, ça fait bien plaisir de voir que j'ai de vieux lecteurs toujours présents :)
Musique fortement conseillée au passage pour ce chap !
sweet demain ou après demain :)
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Un. Des gratte-ciel transcendant les yeux aussi nombreux que les voitures volantes virevoltant dans tous les sens.
Deux. Un monde teinté de blanc, la lueur d'une existence abstraite et pourtant si réelle, comme un voile flottant devant mes yeux, m'empêchant de rationaliser le réel et me détournant de ce spectacle presque onirique. Et pourtant, c'était bien un tout autre monde qui s'esquissait et vivait, là, devant moi, derrière une simple vitre de verre. Mon propre monde, mais pourtant si différent. Et je portais une main à mon visage, effleurant mes traits. Des fêlures, j'étais rouillé, presque hors-d'usage. Le temps m'avait frappé, m'accablant de toutes ces décennies volées et infligées directement sur mes joues, mes paupières, mes mains, ma peau. J'étais ce semblant d'être, ce jeune adulte dans l'âme, à l'apparence du sage qui n'avait pourtant rien vécu, et n'avait pas le moindre message à transmettre à son entourage.
Mon entourage. Je me retourne rapidement, sentant mon petit coeur s'éclater contre mon torse, essayant de s'enfuir, de quitter ce cauchemar. Ou ce rêve. Je ne sais pas vraiment. A ce moment précis, il n'y a plus rien. Plus de passé, plus de présent. Les temps se mélangent et déstructurent ma vie. C'est probablement une crise d'angoisse. J'en avais déjà faite une, chez Théo. Théo. Pas ici. Derrière moi, il n'y a que cette suite luxuriante, dotée d'un grand lit à baldaquin à son centre et de quelques tables de bureau autour. Une pauvre lampe émanant une lumière diffuse se chargeant d'éclairer la pièce gisait sur l'une des tables. Il ne faisait pas nuit, mais le soleil était impossible à discerner sous cette mer de nuages.
Je balbutiais quelques jurons puis me mis à fouiller le fond de mes poches. J'étais vêtu d'une étrange tunique aux motifs qui m 'étaient inconnus. Et je n'avais rien sur moi. Rien du tout. Etais-je au moins le même homme ? Ce même type, presque à la dérive ? Etait-ce un gros bad trip ? Je ne savais pas, je ne me souvenais de rien. Je me souviens que je faisais route vers l'appartement de Théo, et l'instant d'après, je contemplais une ville futuriste que jamais je n'aurais cru pouvoir voir un jour. Je retournais une dernière fois à la grande vitre, contemplant la vue. Qu'était-il advenu d'Emma ? Un large Zeppelin ondulait dans le ciel, dans le lointain. Et, parmi la forêt de buildings qui composait la ville, un immense bâtiment s'érigeait presque jusqu'aux cieux. "Dynamic Hermanos". Le nom du bâtiment géant, inscrit en toutes lettres sur la façade de l'immeuble, était écrit si grand qu'il parvenait jusqu'à mes yeux. Nul doute qu'il pouvait être vu de n'importe-où. Et j'étais un peu comme un enfant devant un cadeau de noël. Je ne savais pas ce que c'était, ni si j'allais être déçu, mais à ce moment là, je ne pensais qu'à ce gros cadeau. Cette vision magnifique, qui m'absorbait littéralement. Et, comme emprunt d'une nostalgie pourtant si proche de moi mais me paraissant si lointaine, je murmurai un simple mot.
"Emma..."
"- Oui, vous désirez ? "
Une boule fixée au plafond que je croyais être une simple lumière s'illumina à son tour, et me prononça cette question. La voix. Cette voix. Elle avait la voix d'Emma. Alors je me retournai, tout croulant que j'étais, et je pouvais presque sentir mes os se briser, tant j'étais usé et fatigué. Les dents me manquaient, mais je m'essayais quand même à un sourire. Naturel. Franc. Un vrai sourire. Ca faisait longtemps. A vrai dire, je ne me souviens même pas avoir déjà souri de cette façon.
"-Emma ?! Emma, c'est toi ? "
La voix avait beau avoir le même timbre que ma dulcinée, elle n'en restait pas moins monotone et presque robotique.
"- C'est exact. Je suis Emma, votre intelligence artificielle personnalisée. Que désirez-vous, Rode ? "
Une intelligence artificielle... Evidemment. Mon sourire disparut presque instantanément. Je me tenais au milieu de la pièce, levant la tête vers la lampe, ou plutôt, mon IA, l'air un peu idiot.
" - Euh.. Bien... Où est Emma ? Et on est où exactement ? Et qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? C'est quoi cet endroit ?! C'es... '
Je ne trouvais même pas les mots de terminer. Mon euphorie fut peu à peu submergée par ce sentiment de perdition, l'impression de dériver vers quelque chose d'indéfinissable. J'avais peur. La voix reprit, de son ton monotone, et se mit à énoncer les faits un à un.
" Emma Sersy est décédée en 2069, il y a deux ans, de cause indéterminée. Nous sommes sur Terre, à Paris, en l'an 2071. Vous êtes âgé de quatre-vingt-trois ans, et votre organisme se détruit. Votre date de mort est estimée au Jeudi 24 octobre 2071. Nous sommes le Jeudi 24 octobre 2071. Vous êtes chez vous. Bonne journée. "
Ma tête parut s'effondrer au sol, tant le poids de celle-ci semblait augmenter de secondes en secondes. Le futur. Emma décédée. Moi, mourant aujourd'hui. A quoi cela rimait ? Pourquoi vivre ça ? Pourquoi m'infliger ça ? Mes poings se serrèrent, mais c'est une force minable que je ressentais, alors je concentrais mes dernières forces vocales dans une ultime complainte.
"Où est passée ma vie ? POURQUOI N'AI-JE PAS EU LE DROIT DE VIVRE ?! OU EST EMMA ?! "
Je voyais rouge. Je sentais mon coeur qui se serrait et semblait se contracter. Mon corps tout entier me faisait mal. Et l'IA me répondait, ironie de la situation.
"-Vous avez vécu une longue vie. "
Une sensation désagréable commençait à m'envahir. On aurait dit que des mains me compressaient le coeur. Je tombais à genoux, la main droite collée à mon coeur, gémissant tel un vieil homme expiant son dernier souffle de vie.
"IA... Emma et moi. Dites-moi comment nous avons vécus. "
Une ultime question, pour que ma dernière pensée soit dédiée à celle que j'aime et que j'ai toujours aimé, malgré ma conscience fugitive.
"Informations incomplètes. Emma et vous avez été mariés en 2011. Par la suite, vous avez disparu à de nombreuses reprises. Aucune autre entrée n'est mentionnée. "
Alors, c'est ça. J'avoue ne pas avoir été un homme parfait, loin de là. Mais mourir ici, seul, avec un faux compagnon synthétique à mes côtés, et sans même disposer des souvenirs de toute ma vie vécue... C'est bien le pire des châtiments. Mourir d'une vie accomplie, sans le moindre souvenir d'un quelconque succès.
Musique fortement conseillée au passage pour ce chap !
sweet demain ou après demain :)
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Un. Des gratte-ciel transcendant les yeux aussi nombreux que les voitures volantes virevoltant dans tous les sens.
Deux. Un monde teinté de blanc, la lueur d'une existence abstraite et pourtant si réelle, comme un voile flottant devant mes yeux, m'empêchant de rationaliser le réel et me détournant de ce spectacle presque onirique. Et pourtant, c'était bien un tout autre monde qui s'esquissait et vivait, là, devant moi, derrière une simple vitre de verre. Mon propre monde, mais pourtant si différent. Et je portais une main à mon visage, effleurant mes traits. Des fêlures, j'étais rouillé, presque hors-d'usage. Le temps m'avait frappé, m'accablant de toutes ces décennies volées et infligées directement sur mes joues, mes paupières, mes mains, ma peau. J'étais ce semblant d'être, ce jeune adulte dans l'âme, à l'apparence du sage qui n'avait pourtant rien vécu, et n'avait pas le moindre message à transmettre à son entourage.
Mon entourage. Je me retourne rapidement, sentant mon petit coeur s'éclater contre mon torse, essayant de s'enfuir, de quitter ce cauchemar. Ou ce rêve. Je ne sais pas vraiment. A ce moment précis, il n'y a plus rien. Plus de passé, plus de présent. Les temps se mélangent et déstructurent ma vie. C'est probablement une crise d'angoisse. J'en avais déjà faite une, chez Théo. Théo. Pas ici. Derrière moi, il n'y a que cette suite luxuriante, dotée d'un grand lit à baldaquin à son centre et de quelques tables de bureau autour. Une pauvre lampe émanant une lumière diffuse se chargeant d'éclairer la pièce gisait sur l'une des tables. Il ne faisait pas nuit, mais le soleil était impossible à discerner sous cette mer de nuages.
Je balbutiais quelques jurons puis me mis à fouiller le fond de mes poches. J'étais vêtu d'une étrange tunique aux motifs qui m 'étaient inconnus. Et je n'avais rien sur moi. Rien du tout. Etais-je au moins le même homme ? Ce même type, presque à la dérive ? Etait-ce un gros bad trip ? Je ne savais pas, je ne me souvenais de rien. Je me souviens que je faisais route vers l'appartement de Théo, et l'instant d'après, je contemplais une ville futuriste que jamais je n'aurais cru pouvoir voir un jour. Je retournais une dernière fois à la grande vitre, contemplant la vue. Qu'était-il advenu d'Emma ? Un large Zeppelin ondulait dans le ciel, dans le lointain. Et, parmi la forêt de buildings qui composait la ville, un immense bâtiment s'érigeait presque jusqu'aux cieux. "Dynamic Hermanos". Le nom du bâtiment géant, inscrit en toutes lettres sur la façade de l'immeuble, était écrit si grand qu'il parvenait jusqu'à mes yeux. Nul doute qu'il pouvait être vu de n'importe-où. Et j'étais un peu comme un enfant devant un cadeau de noël. Je ne savais pas ce que c'était, ni si j'allais être déçu, mais à ce moment là, je ne pensais qu'à ce gros cadeau. Cette vision magnifique, qui m'absorbait littéralement. Et, comme emprunt d'une nostalgie pourtant si proche de moi mais me paraissant si lointaine, je murmurai un simple mot.
"Emma..."
"- Oui, vous désirez ? "
Une boule fixée au plafond que je croyais être une simple lumière s'illumina à son tour, et me prononça cette question. La voix. Cette voix. Elle avait la voix d'Emma. Alors je me retournai, tout croulant que j'étais, et je pouvais presque sentir mes os se briser, tant j'étais usé et fatigué. Les dents me manquaient, mais je m'essayais quand même à un sourire. Naturel. Franc. Un vrai sourire. Ca faisait longtemps. A vrai dire, je ne me souviens même pas avoir déjà souri de cette façon.
"-Emma ?! Emma, c'est toi ? "
La voix avait beau avoir le même timbre que ma dulcinée, elle n'en restait pas moins monotone et presque robotique.
"- C'est exact. Je suis Emma, votre intelligence artificielle personnalisée. Que désirez-vous, Rode ? "
Une intelligence artificielle... Evidemment. Mon sourire disparut presque instantanément. Je me tenais au milieu de la pièce, levant la tête vers la lampe, ou plutôt, mon IA, l'air un peu idiot.
" - Euh.. Bien... Où est Emma ? Et on est où exactement ? Et qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? C'est quoi cet endroit ?! C'es... '
Je ne trouvais même pas les mots de terminer. Mon euphorie fut peu à peu submergée par ce sentiment de perdition, l'impression de dériver vers quelque chose d'indéfinissable. J'avais peur. La voix reprit, de son ton monotone, et se mit à énoncer les faits un à un.
" Emma Sersy est décédée en 2069, il y a deux ans, de cause indéterminée. Nous sommes sur Terre, à Paris, en l'an 2071. Vous êtes âgé de quatre-vingt-trois ans, et votre organisme se détruit. Votre date de mort est estimée au Jeudi 24 octobre 2071. Nous sommes le Jeudi 24 octobre 2071. Vous êtes chez vous. Bonne journée. "
Ma tête parut s'effondrer au sol, tant le poids de celle-ci semblait augmenter de secondes en secondes. Le futur. Emma décédée. Moi, mourant aujourd'hui. A quoi cela rimait ? Pourquoi vivre ça ? Pourquoi m'infliger ça ? Mes poings se serrèrent, mais c'est une force minable que je ressentais, alors je concentrais mes dernières forces vocales dans une ultime complainte.
"Où est passée ma vie ? POURQUOI N'AI-JE PAS EU LE DROIT DE VIVRE ?! OU EST EMMA ?! "
Je voyais rouge. Je sentais mon coeur qui se serrait et semblait se contracter. Mon corps tout entier me faisait mal. Et l'IA me répondait, ironie de la situation.
"-Vous avez vécu une longue vie. "
Une sensation désagréable commençait à m'envahir. On aurait dit que des mains me compressaient le coeur. Je tombais à genoux, la main droite collée à mon coeur, gémissant tel un vieil homme expiant son dernier souffle de vie.
"IA... Emma et moi. Dites-moi comment nous avons vécus. "
Une ultime question, pour que ma dernière pensée soit dédiée à celle que j'aime et que j'ai toujours aimé, malgré ma conscience fugitive.
"Informations incomplètes. Emma et vous avez été mariés en 2011. Par la suite, vous avez disparu à de nombreuses reprises. Aucune autre entrée n'est mentionnée. "
Alors, c'est ça. J'avoue ne pas avoir été un homme parfait, loin de là. Mais mourir ici, seul, avec un faux compagnon synthétique à mes côtés, et sans même disposer des souvenirs de toute ma vie vécue... C'est bien le pire des châtiments. Mourir d'une vie accomplie, sans le moindre souvenir d'un quelconque succès.
02/10/11 à 14:06:40
J'te suis depuis que t'as commencé, c'est la deuxième fic de toi que je lis après Bleu Méthylène, et je regrette pas, j'ai pas grand chose à dire si ce n'est que c'est très bien, j'attends la suite de ce scénario qui m'a l'air délicieux
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