10h10, la cloche sonne. Je sors de l’interro la tête pleine de formules plus abstraites les unes que les autres. Mais j’ai cartonné. Ce qui n’est visiblement pas le cas de mes amis, dont les visages sont en train de s’effondrer.

-Au moins je pourrais manger ma copie quand j’aurai raté mon BAC. Je survivrai bien deux ou trois jours. s’exclama Paul en passant la porte de la Salle.

-Chacun son truc gars. Moi je pense que ce trimestre, notamment les samedi-soirs ma note de Maths se rapprochera de mon taux d’alcoolemie ; Plutôt dar’, je devrais m’inscrire sur Twitter et bloguer ma vie. Lança Julien gognard.

-J’avoue, je vise seulement 16 à celle-là repondis-je moqueur.

-Ordure. Me crièrent en cœur mes potes.

-Bon je vous laisse, j’vais rejoindre Cam’. Envoyez moi un texto si vous faites quelque chose ce soir. Dis-je en m’éclipsant.

- Mais attends…me héla Paul.

Mais trop tard je me dirige vers la sortie, en plaçant mes écouteurs d’Ipod sur les oreilles. J’ai pas été cool avec Julien et Paul, mais bon ils savent qu’aujourd’hui j’suis pas trop d’humeur à déconner. Je leur enverrai un sms.

Bon le Café des Nego’, c’est dans le 2ème arrondissement. Pas trop loin, je décide d’y aller à pied histoire de profiter de ma musique tout en observant Lyon s’animer entre les cadres en costards impeccables qui sortent fumer une cigarette en face de leurs bureaux, les Nounous qui promènent des gosses en poussette, les mecs du lycée pro qui balisent en scooter histoire de montrer que « wesh voilà l’bolide kwa ». J’aime bien étudier les gens. Je trouve ça enrichissant.

Je commence à trop penser...devient inquiétant, j’vais devenir trop intelligent.

Ah mon portable sonne. Surement Camille qui doit se demander où je suis. Je sors mon portable. Appel masqué. Je sens l’sale canular d’un ami ou d’un dealer en écoute qui s’est trompé de numéro. Bah j’ai rien d’autre à faire à par marcher et écouter ma musique, je décide de décrocher.

-Oui allo ?

-Il est parti. Me glisse mon interlocuteur

-De qui ? c’est un faux numéro je pense.

-Non. Je ne divague pas.

-je n’ai jamais dit cela, mais qui etes vous ?

-Personne. Mais il..

-Bon arrêtez votre blague.

-Ce n’était pas un accident, me répond la voix inconnue

-De quoi vous parlez, qui est-ce ?

-Ne m’interromps pas jeune homme.

-Mais Put…Je vais raccrocher j’aime pas les conneries téléphoniques.

- Il n’est pas mort accidentellement. Ce n’était… pas…un ACCIDENT ! hurla la voix ni trop masculine, ni trop féminine qui semblait être camouflée.

-Qu’est ce que…

Tuut Tuut Tuut. Merde la personne à raccorcher.

C’était quoi ça. J’ai des frissons. Saloperie de junkie qui part en bad à mon avis. Un faux numéro, j’en sais rien je deviens parano... un rapport avec Sam ?Non j’délire un faux numéro. Déjà eu pleins d’appels comme ça le dernier en date avant celui là, c’était une grand-mère qui jurait sur la tête de Dieu que Christophe n’était pas disparu en mer. Ne me demandez pas qui est Christophe j’en ai aucune idée

Je me sors ça de la tête et finis de rejoindre Camille, seulement j’ai mal calculé mon coups, il m’a bien fallu trois quart d’heure à pied. Promis je prends le tram la prochaine fois.
Bon 11h et quelques j’arrive enfin au café qui fait aussi office de restaurant. Ma copine est assise en terrasse tranquillement cigarette à la bouche, une sale manie commune.

Je m’assois à côté d’elle, l’embrasse et lui demande si j’ai pas été trop long. Flemme de lui parler de l’appel, sert à rien pour le fake que c’était…

-Non ça va. Marine est resté avec moi pendant que toi, Monsieur le Matheux tu bossais. Jouissif à l’idée que j’étais posée avec mon Schwepps au soleil alors que toi tu te faisais une entorse au cerveau en resolvant des exos abstraits.

-Ouais vu comme ça… Tu veux manger quelque chose ?

-Non c’est gentil je me suis pris une petite salade César j’ai pas très faim. Mais vas y toi.

-Cam’ arretes. Sérieux arretes.

-Quoi ?

-Arretes de tout le temps te mettre des limites niveau bouffe . t’es pas grosse, t’es jolie et tu me plais. Alors mange plus qu’une entrée.

-Non c’est bon je te dis, elle m’embrasse tendrement, Mais merci de prendre soin de moi.

Je laisse filer car je veux pas qu’on s’embrouille et puis au final j’ai eu mon baiser. Plutot gagnant même si en y réfléchissant elle a fait ça pour m’amadouer. Je me commande un bon steak et passe le restant du repas à discuter de chose et d’autre avec Camille.