<h1>Noelfic</h1>

Sander Cohen, l'histoire d'un artiste dément


Par : Hold-em

Genre : Réaliste

Status : Terminée

Note :


Chapitre 2

Frustration

Publié le 24/09/11 à 13:30:14 par Hold-em

(à n'écouter qu'une fois)
Rapture, Juillet 1953.
Sander Cohen était fier de lui. C'est vrai, après tout, son art était enfin reconnu à sa juste valeur: il arrive dans une ville inconnue, il n'est connu que d'une élite, et seulement un an après après, on lui demande d'écrire l'hymne de cette utopie.
Il ne connaissait en vérité qu'une seule personne en arrivant, et c'était le maître même de cette ville, ni plus ni moins.
Cohen se sentait finalement heureux sous l'océan, considéré comme le meilleur artiste à quelques centaines de kilomètres à la ronde. Il avait laissé la peinture de côté, et s'était mis à la musique. Maintenant, il jouait régulièrement au Hall de la Marine, et ce presque tout les soirs!
A chaque fois, il était acclamé par des dizaines et des dizaines de spectateur ébahit. Il voyait même parfois certains verser une larme... Il était le meilleur, et ne s'en cachait pas. Il se considérait comme le meilleur, mais contrairement à beaucoup de gens, il pouvait se le permettre.
Il avait écris des symphonies entières, des pièces de théâtre et vendait des disques à en faire rougir la fortune de Ryan. Des courbettes, des remerciements, des discours poignants, il n'en finissais jamais.
Il était tout simplement le meilleur.
Mais qui dit succès dit jalousie. Et ne pour ne pas déroger à la règle, Cohen se retrouva rapidement confronté à une jeune actrice et chanteuse, Anna Culpepper.
Elle a joué un temps dans une des pièces de Cohen, Happy Chappy, mais apparemment, elle fut vite lassée. Elle s'est mise au chant, et bientôt devint une vraie rivale de Cohen.
Tout les deux se lançait des défis, toujours plus dur à relever, plus ou moins masqués, dans leur divers discours ou annonce, à tel point que préférer l'un ou l'autre des artistes était presque comme appartenir à un parti politique: d'un côté, il y avait ceux qui prônait le classicisme et le retour du vrai art, de l'autre, ceux qui misait sur le nouveau, l'art plus beau qu'autre chose et l'éclatant.
Tout deux avait maintenant leur place à la Forteresse Folâtre: qui parlait de cet endroit ne pouvait ne pas parler d'au moins un des deux. Ils étaient en réelle concurrence, c'était devenu la course à celui qui vendrait le plus de places aux concert et de disques.
Cohen envoya même une lettre au Rapture News Daily pour qu'on ne parle plus d'elle tant son art était décadent.

Rapture, novembre 1955.
Anna, comme Sander, en avait assez de cette guerre. Après ces quelques années, ça ne tenait même plus de la franche concurrence économique, mais d'une vrai guerre. Chacun avait ses propres gardes du corps, triés sur le volet parmi la brigade de Sullivan, chacun savait pourquoi: leur petit conflit avait tourné en réelle obsession, tout deux s'attendait à voir surgir à chaque coin de rue un assassin improvisé engagé par son adversaire. Cohen, n'y tenant plus, fit appel à Ryan. On ne devait plus entendre parler de Culpepper. Cohen ne demandait pas l'irréparable, juste qu'elle disparaisse.
Quelques jours plus tard, Anna avait été retrouvée les poignets entaillés dans sa salle de bain. On avait conclu à un suicide, mais c'est autant de doute, de crainte et de mépris qui planait dans la tête des fans de la diva et du pianiste.
Cohen, en l'apprenant, se laissa tomber sur son fauteuil: ça y était, elle était partie, plus de nuit de veille, plus d'inquiétude à avoir sur la qualité de son travail, plus de critique infamante... D'un autre côté, Cohen ressenti un peu de déception. Plus rien ne le motivais à faire toujours plus, toujours mieux, il serait le meilleur, un point c'est tout.
Ses hommes commençait à le craindre, car après qu'ils aient vu ce dont il était capable et la ardeur de sa colère quand un d'eux faisait un faux pas, ils se dirent qu'obéir ne fut plus un devoir mais presque une condition de survie, sans quoi on les retrouverait eux aussi suicidés...
Ses hommes? Oui, Cohen avait des assistants, pas tous pour le moins brillants, mais qui dans la guerre, autant Civile qu’Artistique, lui avaient été très utiles. Il avait le patron du magasin de cigare de son côté, le vendeur de disque et le barman du Sinclair Spirits et enfin un jeune apprenti pianiste que Cohen avait pris sous son aile. Il n'étaient pas parfait, certes, mais malgré leur doutes, ils lui seraient fidèles, Sander en étant sûr.
Un jour, il lut dans le journal qu'une rébellion avait été montée et que le peuple ne croyait plus «en l'utopie prétendument sauveuse de monde». Cohen se leva brusquement de sa chaise et pesta de longues minutes devant ses apprentis. C'est vrai, quoi, mais que croient-ils, ces journalistes? Que c'est facile de diriger une ville, qu'être dans le fauteuil de Ryan n'assure que confort et plaisance? Il gère absolument tout, il donne tout à ses citoyens, ils leur a promis une utopie, il leur a donné, et après ça ils osent dire qu'il fait mal son travail?!
Vraiment, Cohen reconnu dans le peuple de Rapture les incrédules de la Surface. Un homme se dévoue tout entier à leur offrir quelque chose qui leur plaît, quelque chose que son créateur n'est même pas obligé de leur donner, et pourtant, ils viennent se plaindre... Comme si la création leur appartenait, comme si habiter Rapture était un droit et non un privilège! Ca, Cohen ne l'avait que trop connu et était entré dans une rage folle en apprenant que ça arrivait à un de ses plus proches amis.

Rapture, février 1959.
Rapture était désormais fermée. Plus d'accès à quelque endroit que ce soit, plus de liberté de mouvement... Cependant, certains semblaient oubliés que c'était justement la faute des rebelles: si ils n'avaient pas été là, Ryan n'aurait jamais eu besoin de prendre de telles mesures!
Cohen se morfondait donc de ce qu'était devenu Rapture... Un peuple d'incrédule ayant condamné eux-mêmes une ville qui les a accueilli à bras ouverts. Et si ça ne suffisait pas, Cohen ne pouvait plus bouger de nulle part, comme enfermé dans une pièce remplit de ces gens qu'il méprise. Et ça n'allait pas en s'arrangeant. L'Adam avait transformé cette ville en bocal de piranhas ingrat, transformant les foules en meutes et les hommes en créatures pire que des bêtes.
Cohen, lui, ne se contentait de prendre que de l'absinthe.
L'absinthe, quelle boisson magnifique. De prime abord, on ressent sur la langue ce goût amère et presque piquant, mais après suit une divine ivresse créatrice... Chaque fois qu'il en buvait une gorgée, Cohen se sentait un peu plus stimulé, et sans attendre, il se mettait à son piano, jouait quelques notes et les écrivait à la va-vite sur une feuille de papier. Il se mit une fois de plus à jouer ce vieux morceau, l'une de ses premières oeuvres musicales sur son piano, cherchant la perfection et l'absolu.



Ce morceau, qu'il avait écris des années avant, avait finalement, à force de recherche, d'essais infructueux et de déception, pris forme sous ses doigts!
Il voulait en faire une sorte d'ode à la déception pour cette ville, mais ne savait pas réellement ce qui manquait, comme si le fruit de ces années de labeur n'avait été que le socle de la divine oeuvre qu'il allait créer pour Rapture.

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