Dans la voiture, je sens qu'elle tente de sourire. Mais c'est trop dur. Après tout, elle n'est arrivé que depuis une quinzaine. J'essaye de compatir, j'y arrive pas. Je suis un salop, comme ce mac' .
Ma main, sur le pommeau de vitesse. Elle glisse lentement vers elle. Je crois que je veux la connaitre.
- Tu t'appelle comment ?
Elle me regarde, baisse les yeux, encore.
- L .. Ladia ...
Je réponds pas tout de suite. J'essaye d'être gentil. je sais pas si elle s'en rend compte. J'aimerais bien.
- c'est joli.
Je me sens con. Elle regarde par le fenêtre, se remet en boule.

La route. On fait plus de deux cent kilomètres dans la matinée. le soleil n'en finit pas de se lever par dessus la campagne. Le soleil. Ce foutu astre m'incendie la gueule. Elle, elle s'est endormie. Elle ignore tout de ce que je luis réserve. Cette journée, la nuit qui va suivre. Et demain. Surtout demain.

Comprenez moi. Cette fille aurait dût sucer autre chose que des esquimaux. Moi, je venais de l'acheter, pour qu'elle soit heureuse. Pas longtemps, c'est vrai, mais elle aurait au moins ça.

- On est arrivé ...
Elle ouvre un oeil, puis l'autre. Sa tête va à gauche, puis à droite, puis encore à gauche. Elle cligne des paupières, avec délicatesse. Son corps se tend, mais sans provocation ni intention de fuir. Elle ne fait que se réveiller. Ouais, on est arrivé.
- Ca etre ... m ... maison ?
Un accent terrible. Je mets plusieurs secondes à comprendre ce qu'elle veut me demander.
- Non, pas encore.
Il doit être midi passé. Nous sommes arrivé au bout du chemin. On ira pas plus loin avec la voiture. De toute façon, je suis même pas sûr d'en avoir besoin plus tard, alors ...
- Ladia ... tu aimes bien manger ?
- Oui ... manger ... je faim beaucoup ...
- Je pense que ça devrait te plaire alors.
Je vais dans le coffre, chercher une grosse glacière. Comme il fait beau, cette clairière ressemble à la plus belle des cuisines. Il n'y a que moi et elle. Mais nous ne mangerons pas ici. Trop de risques.
- Suis-moi ... je vais te montrer là où j'habite ...