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Nous sommes leur pire cauchemar


Par : Conan
Genre : Action
Statut : Terminée



Chapitre 10 : L'Infiltration


Publié le 19/08/2013 à 01:14:01 par Conan

Une carte de Paris, poinçonnée et gribouillée ça et là, est accrochée sur le mur du bureau. Ciskovitch et moi sommes seuls dans la pièce. Il m'explique le déroulement des opérations:
-On va commencer par le nord de Paris. Les 18, 19 et 20èmes arrondissement sont sous la coupe de bandes ethniques, composées majoritairement de Maghrébins et de Sahéliens. Certains se font la guerre pour la drogue, d'autres pour des territoires, ou encore pour les deux, ou pour rien. Les raclures, contrairement au même genre de bandes que l'on trouvera à Châtelet, habitent presque tous dans les quartiers où ils sévissent. Dans le Sud de Paris, on trouvera plutôt des Européens. Là, les bandes sont extrêmement différentes et les motifs pour se foutre sur la gueule sont nombreux. Ça va de la bagarre de rue entre zonards et petits loubards jusqu'au combat politique et idéologique. Skinheads, punks, hooligans et compagnie...

Je l'arrête :
-Attendez, je ne saisis pas. Vous voulez que j'infiltre une bande de gamins qui se foutent sur la gueule pour passer le temps?
Cisko sourit avant de me tendre une enveloppe :
-Des gamins? Regardez ça.
J'en sors des photos. Des cadavres, des défigurations, des cicatrices.
-Je ne vous demande pas d'infiltrer une banale petite bande de quartier. Je vous demande d'infiltrer un des gangs qui fout le plus la merde dans le Sud Parisien : les Bastille Smash. Eux, c'est des punks. Cinquante membres permanents et une centaine qui tourne autours. Bastille, c'est leur territoire. Leurs ennemis, c'est les Cranes de Fer, l'autre plus grosse bande du sud Parisien. Des skins tendance nazi. Une quarantaine de membres actifs et tous les paramilitaires et autres types d'extrême droite derrière eux. Le point commun, tous des prolos. La lutte politique n'est qu'un bon prétexte pour se bastonner. Les Smash se disent antifascistes mais sont exclusivement blancs, quand aux Cranes de Fer, ils peuvent manifester en faveur de la Palestine puis le lendemain faire des ratonnades avec le Bétar, les extrémistes Juifs. Toutes ces bandes nous causent un sérieux problème depuis maintenant deux ans. Il est grand temps d'y mettre un terme.
-Et c'est quoi mon boulot. Taper à la porte de vos keupons en leur demandant de faire partie du club?
-Non. Chaque nouveau membre doit faire ses preuves. On vous a choisi parce que vous savez vous battre. Il faut absolument que vous deveniez le plus rapidement possible l'un de leurs meilleurs membres pour pouvoir approcher le grand manitou du clan.
-Et si les cranes rasés d'en face me gaulent et me sautent dessus à pieds joins?
-Les risques du métier. Mais vous vous étiez bien débrouillé avec Abdoulaye Issamou.
-Je vois que même pour ça vous êtes au courant.
-Vu le sang que vous aviez laissé sur place, ça n'a pas été trop dur de vous identifier.

Après cette entrevue, Cisko a appelé Vernon qui m'a emmené dans les étages supérieurs me refaire une beauté. D'abord, déshabillage total. Mes cheveux, déjà assez courts, ont été rasés à l'iroquoise. Tout le contour de mon oreille gauche a été percé, piercé et cloué. Après m'être vu remettre un caleçon aux couleurs de l'Union Jack et des chaussettes montantes noires, j'ai du enfiler un jean troué et rapiécé, un t-shirt dégueulasse et une paire de para boots montant jusqu'aux mollets. Vernon a ensuite sorti d'un placard une veste en cuir défraichie, affublée de tout un tas de pin's allant de "Anarchy" à "The Exploited". Derniers accessoires, des bagues à tous les doigts, un ceinturon gros comme une plaque d'immatriculation et un paquet de clopes.
-T'es con, Vern. J'avais pas fumé depuis mon départ en Afrique.
-Hé ben il va falloir t'y remettre. Bon, te voilà plus convainquant comme ça.
-Qu'est ce que tu vas faire de mes fringues?
-On va les laver et les remettre dans la collection. Tous les vêtements et les accessoires que tu as ici sont à la disposition des équipes avant leur infiltration dans diverses organisations.
-Tu ne trouves pas que c'est un peu précipité? Il y a 20 minutes je ne savais même pas que j'allais faire ce genre de boulot.
-Hé, mec, il n'y a rien à étudier, rien à planifier. N'oublie pas, tu es punk. Tu es désorganisé, tu erres, tu zones, tu te bats et tu picole. Si t'es assez convainquant, les Smash te remarqueront et là tu pourras apprendre réellement en quelques heures ce qui t'aurait mis des jours à connaître théoriquement. Tu es punk, tu penses punk, tu vis punk, tu bouffes punk, tu bois punk, tu chies punk, tu baises punk.
-Putain, je le sens pas ce plan bordel. On pourrait pas monter une opération avec tous les plus gros furieux du SOSC et détruire leur local?
-Non, ça les rendrait plus agressifs.
-Et si je me fais arrêter par les flics, ce qui est plus que probable si je réussis ma mission.
-Pas d'inquiétude, dans leur base de données Francis Mermont est un agent de la DST en infiltration dans les organisations criminelles sur le territoire Français. T'auras qu'a gentiment te laisser conduire au commissariat pour en ressortir à peine une heure plus tard. D'autres questions? Non, alors tant mieux, maintenant, c'est à toi de jouer mec.
-Je prends quoi comme véhicule?
-Le métro.
-Putain, Section des Opérations Spéciales et Confidentielles mon cul, je suis qu'un putain de consommable. Ça vous gène pas de m'envoyer au tas bande d'enflures, après tout je suis qu'un repris de justice mort en Afrique.
-Hé, ho, c'est bon, t'as fini tes jérémiades? Moi aussi j'ai connu ça, tu crois que je suis ici par gaieté de c½ur?
-Cet empaffé de Ciskovitch, foutue ordure, ça doit bien le faire jubiler de m'avoir sous sa coupe...
-Allez mec, tiens le coup. Cette opération va te permettre de retrouver un peu d'autonomie, de liberté. Bien entendu tu ne devras nous contacter que pour des rapports hebdomadaires, ou pour nous communiquer des informations importantes ou urgentes. Maintenant vas-y, Franckie le keupon!


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