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Dunon, ou le Sanctuaire de Teutatès.


Par : Conan
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2


Publié le 27/04/2014 à 20:38:10 par Conan

En ce jour gris et brumeux, une foule est rassemblée sur la grande place tout au bout du village, devant la plus grande et la mieux bâtie de toutes les demeures de la contrée. Contrairement aux autres fabriquées en chaume, en pierre polie ou en bois, son toit est fait de pierres de lauzes, et ses murs de roche volcanique. Celtill se tient debout devant la porte d'entrée, tourné face à la populace qui lui fait face. Tous les habitants sont rassemblés devant sa maison. Hommes, femmes, vieillards et enfants regardent attentivement leur chef. Depuis plusieurs jours, une rumeur circule dans la région, comme quoi des barbares venus des sombres forêts qui s'étendent par-delà le Rhēnos, auraient traversé le fleuve, et se dirigeraient vers le sud, se livrant au pillage et à la destruction systématique des villages qu'ils rencontrent sur leur chemin, sans que personne ne soit parvenu à les arrêter jusqu'alors.

A en juger par l'air grave et fermé de leur chef, les habitants se doutent qu'ils ont été rassemblés à ce sujet. Les murmures cessent, le brouhaha se dissipe, et Celtill, épaulé de son ami Dagomaros, avance de quelques pas et parcourt l'assemblée du regard.
-Je vous ai tous réunis ici pour vous faire part d'une nouvelle, et d'un présage. Commence le chef de sa voix puissante qui résonne sur le plateau. Comme la rumeur qui circule depuis plusieurs lunes, des pillards auraient été aperçus dans la région. Des Germains, venus du nord, pour nous envahir et brûler nos villes et nos villages ! Hé bien, sachez que cela est vrai, et qu'ils se dirigent actuellement droit sur nous !

Un frémissement d'effroi parcourt les quelques centaines de personnes réunies sur la place. Pourtant, certains visages restent neutres et durs. Ils ont déjà compris que le combat sera inévitable, et s'y préparent déjà mentalement.
-Allons ! De quoi avez-vous bien peur ! Renchérit Celtill, loin de se dégonfler, les mains sur les hanches. Pensez-vous que ces sacs à puces armés de haches et de gourdins peuvent représenter une menace pour nous ? Croyez-vous réellement que nous les laisseront entrer chez nous, baiser nos femmes et égorger nos enfants ? Savez-vous ce que nos ancêtres faisaient de ces hordes de lâches lorsqu'ils avaient le malheur de vouloir piller leurs biens ? Ils les taillaient en pièce, sans aucune autre forme de dialogue, et les mataient si sévèrement que leurs hurlements de souffrance traversaient les mers et les océans pour apeurer tous les ennemis de notre peuple ! Ces bêtes puantes nous pensent faibles et décadents, mais nous leur montrerons de quoi notre race est encore capable, et nous les renverrons tous des bois fétides d'où ils n'auraient jamais dû sortir ! Et si ces sauvages indisciplinés ne comprennent pas la leçon, ce sera devant leurs dieux affamés et gloutons que nous les expédierons ! Les dieux sont avec nous et nos pères nous regardent ! Avec l'aide de notre protecteur Teutatès, nous les repousserons, quel que soit leur nombre !

La foule est revigorée par ces paroles, mais encore soucieuse et inquiète. Un grand gaillard lève alors son poing vers le ciel, et de sa voix caverneuse acclame son chef d'une manière aussi paillarde que spontanée.
-Il a raison ! Il a raison ! Qu'ils viennent seulement pointer leurs sales faces de rats pour comprendre leur douleur ! Vive Celtill ! Vive notre chef !
D'autres l'imitent alors, et en quelques secondes, c'est un véritable triomphe qui est fait au vergobret et aux dieux. Comme si ils avaient oublié leur angoisse et déjà gagné bataille, les habitants acclament Celtill qui les salue, son glaive pendant le long de sa jambe et son buste puissant se soulevant au gré des hurlements.
Seule une jeune femme, au teint très pâle et aux cheveux rouges comme un torrent de lave, ne participe pas à ce concert de hurlements et n'est pas prise par l'émulation collective qui semble s'être emparée de tout le monde ici. Elle fixe ses yeux bleus sur son mari, perché sur une estrade, attiser la violence dans le cœur de la foule.

Une fois le calme à peu près revenu, les gens se dispersent, retournent à leurs occupations, tandis que Celtill tourne les talons et rentre chez lui, suivi par sa femme, et par ses enfants, ainsi qu'un chien de berger à la gueule noire et aux crocs acérés.


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