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Sunrise


Par : Sheyne
Genre : Action, Polar
Statut : C'est compliqué



Chapitre 37 : Chapitre 24 - 1/1


Publié le 13/07/2014 à 16:21:51 par Sheyne

Effondré sur les marches de l'hôpital, Walter balayait le petit parc extérieur d'un oeil intrigué. Ils ne l'avaient gardé en observation qu'une dizaine de minutes après son réveil. Un bandage à l'arcade et expédié à la rue aussi sec. Bien sûr, c’eut été chose normale si un innommable chaos régnait dans les bâtiments... Mais aussi étrange que cela puisse paraître, au vu de la situation, le service ne lui était pas apparu si agité que ça ; peut-être un peu plus que la moyenne tout de même. Lui qui s'était attendu à voir les urgences totalement débordées... À croire que l'extrême majorité des gens se tenaient tranquilles.
Evidemment, ce n'était pas pour lui déplaire. Lorsque le temps vous est compté, tout est mieux que de rester enfermé dans une pièce. Ici, le soleil ne se coucherait pas avant un moment et ses rayons soufflaient délicieusement, bruissant avec douceur dans les feuillages.

Brusquement, une sonnerie de téléphone le tira de sa torpeur. Mais il attendit, hésitant un moment à répondre, désireux de prolonger ce moment de calme déjà révolu. Bientôt insupporté par la pollution sonore, son regard se porta sur le numéro. Aussitôt il décrocha, avide de nouvelles :

« Elyne ?! Comment allez-vous ?
— Et bien, disons, miaula une voix fatiguée, que je suis encore en vie...
— Que se passe-t-il ? - Walter fronça les sourcils.
— Vous rappelez-vous lorsque nous nous sommes rencontrés, la nuit passée devant chez vous... pour qui m'aviez-vous prise ce soir-là ?
— Un voleur...
— J'en ai un souvenir différent. »

Sur ses marches, il souffla longuement avant d'annoncer d'une voix morne :

« Pour un assassin, c'est cela ?
— Précisément ! »

Derrière sa voix l'on distinguait la vie active de la ville ; quelques klaxons, des sirènes et ce brouhaha si caractéristique des zones piétonnes. Malgré la fatigue évidente, elle gardait un débit et un ton alerte, tant et si bien qu'il n'avait aucune peine à comprendre chacun de ses mots. Féline, la jeune femme poursuivit sans interruption :

« Si je vous rappel à ce mauvais souvenir, c'est par ce que je suis précisément dans le même cas. - Au son du téléphone, l'homme sembla interloqué. Elle n'en tint pourtant pas compte et enchaina. - C'est pourquoi je vais m'acheter une arme à feu. Juste au cas où... Pour pouvoir me défendre. J'ai pensée que vous seriez également intéressé.
— Attendez un instant... Walter sauta sur ses pieds en tentant d'éclaircir la situation. Êtes-vous en danger en ce moment ?! Besoin d'aide ?
— Non, pas de suite en tout cas. Enfin..., je l'espère.
— Alors, enchaina-t-il perdu, qu'est-ce qui vous fait dire que quelqu'un vous en veut ?
— Et bien... Par trois fois j'ai failli y rester ces derniers jours... On a voulu m'écraser, m'empoisonner et maintenant... Maintenant... à vrai dire, je n'en étais pas certaine, jusqu'à aujourd'hui. Moi qui pensais qu'avec notre problème actuel tout ceci allait s'arrêter... Enfin quoi, on va tous mourir, non ? Alors, a quoi bon continuer d'essayer de se débarrasser de nous ?»

Comme dans l'attente d'une quelconque réaction de sa part, un silence relatif pesa... Que pouvait-il faire, dire ou penser ? Lui qui déjà ignorait de quoi demain serait fait. Finalement, il se rassit. Se massant l'arête du nez du bout des doigts, il décida :

« Écoutez Elyne, pour l'heure j'ai eu un accident de voiture. Je sors à peine de l'hôpital, j'ai besoin de remettre un peu d'ordre dans mes idées. J'aimerais beaucoup vous aider, alors la porte de chez moi vous est ouverte. Si vous avez besoin de prendre un peu de recul ou même de vous cacher quelques jours, je vous accueille les bras ouverts.
— Mmmh. - La jeune femme ronronna doucement, inquiète, mais à moitié soulagée par ses réflexions alertes. - Vous ne devez pas aller si mal si vous êtes déjà sortis des urgences... Néanmoins, j'imagine que votre voiture est morte. Alors, voici ce que je vous propose : je passe vous chercher en taxi. On se procure de quoi se défendre, avant d'aller chez vous. »

Walter secoua la tête, avant d'annoncer simplement :

« Non. Moi je suis au-delà de tout cela. Je compte profiter du peu de temps qu'il me reste. Après tout, si quelqu'un veut me tuer qu'il le fasse ; je suis déjà mort... Je ne gaspillerai pas mon temps à rester sur mes gardes, une arme à la main... On se rejoint chez moi, j'irai à pied en profitant de la journée. Et puis finalement, personne n'a tenté de m'assassiner donc je n'ai pas à m'en faire.
Cela dit, poursuivit-il, une chose me tracasse... Quel est ce monde où les taxis marchent encore ? Comment se fait-il que toute la population fasse comme si de rien était ?!
— Oh, ça... Il y en a aussi qui se laissent aller, vous savez. Tenez, j'ai vu des gens piller une bijouterie ! Mais la plupart préfèrent ne rien voir, penser que tout va bien, que ce n'est qu'un canular... Du moins, j'imagine que s'en est la raison. »

Après un instant de réflexion, il s'accorda aux dires de la jeune femme. Après tout, où qu'il puisse poser les yeux, tout semblait normal. Au loin, quelques personnes se reposaient à l'ombre des arbres, à peine gênés par un cycliste affairé. De plus, l'électricité et la circulation prouvaient qu'un certain travail avait toujours cours.

« Je vois, grogna-t-il, le dénie hein... j'aurais aussi du mal à y croire si je ne m'étais pas rendu là bas pour constater de la situation.
— Oui ! Et pour les autres, il y a cette histoire de billets.
— De billets ?!
— Absolument ! Elyne sembla miauler d'espoir. Apparemment, ils distribuent aléatoirement des tickets pour la navette et ceux qui continuent à assurer leurs boulots quotidiens auraient plus de chance d'en recevoir un. »

Mais rapidement sa voix reprit cette intonation angoissée, désespérée presque. Si tant est qu'il y ait une chance de recevoir ce Graal salvateur, elle devait être si mince qu'il eut été fou d'espérer en l'acquérir de cette manière. Walter, lui n'en avait que faire, dans quelques jours il mourrai avec ou sans billets. Autant ne rien espérer et finir en paix ici même, sur la Terre qui l'avait vu naitre comme des milliards de personnes avant lui.
Après avoir rassuré la jeune femme, il raccrocha et soupira pesamment. Il l'appréciait énormément. La savoir en danger lui portait un coup. Mais les choses sont toujours telles qu'elles doivent être. Que pouvait-il faire de plus pour lui venir en aide ? Rien, assurément.
Rasséréné à son tour, il se leva tranquillement, empruntant le chemin de sa maison. Là-bas, ils pourraient discuter autour d'un bon thé.

Ce monde est fou... Et le quitter serait une aubaine.

Cette pensée ne cessa de se confirmer durant son voyage, s'insérant dans son esprit, s'installant chaque seconde un peu plus aux confins de son âme, rien n'aurait pu l'y enlever... Surement pas ce fourgon éventré qui croisa sa route et encore moins ce qu'il trouva dans sa boite aux lettres.
Seul chez lui, Walter rappela la jeune femme :

« J'ai votre billet. »


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