Note de la fic : Non notée

Dépeuplé


Par : Marluxia
Genre : Horreur, Sayks
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Un monde agonisant


Publié le 08/11/2013 à 10:30:07 par Marluxia

Y a pas à dire, ces saloperies de bestioles m'auront fait courir. Trois ans que j'étais loin de chez moi, à crapahuter en Europe tout seul, à survivre de petites bestioles attrapées dans les bois et d'eau de pluie. J'ai quitté mon petit foyer, forcé de me déplacer vers l'est, au cœur du continent. Que dire de l'intérieur des terres ? Pas grand chose, ma foi. C'est toujours les mêmes paysages qui revenaient :

- des villes et des villages abandonnés, mis à sac par les voyageurs, des maisons sur le point de s'écrouler, des détritus pleins les rues, des carcasses de bagnoles calcinées et parfois, on a même le droit à des morceaux de corps.
- des champs avec des silhouettes lentes et pataudes qui s'agitent au loin et qui, toujours, se retournent vers vous pour peu que le vent décide de se foutre de votre gueule. Là aussi, on a le droit à de la charogne, humaine ou animale, ça importe peu.
- des forêts où on se sent jamais en sécurité, où on l'impression permanente d'être épié, des gouffres de silence qui font plus peur que n'importe quoi d'autre sur cette putain de planète.

Et c'est à peu près tout. Le reste, c'est pas assez fréquent pour qu'on en parle. Les reliefs montagneux, les bords de mer et autres, c'est trop particulier pour qu'on perde son temps à les décrire. C'était autant la merde là-bas que n'importe où ailleurs, hein. Me faites pas dire ce que j'ai pas dit. Mais c'est ce que j'ai le moins visité, pendant ces trois ans d'errance.

Et pourtant, j'en ai vu, des tableaux de Mère Nature complètement dévastés. Suffisamment pour réécrire une encyclopédie, une qu'on pourrait appeler "Les goules, et après ?".
Comme j'étais en train de le dire, j'ai quitté la France. Vu qu'à l'ouest c'était l'océan, j'ai préféré tenter ma chance vers l'est, comme beaucoup de gens. On a marché en groupes, même si on se connaissait pas. Le jour du départ, c'était la panique. Personne a eu le temps de boucler ses petites affaires dans sa valise. Personne a eu le temps d'aller chercher sa petite copine à l'autre bout de la ville.
Le plus important, c'était de se barrer loin. Suffisamment loin pour espérer se retourner et étudier la situation. Je pense que j'étais pas le seul à penser comme ça : se mettre en sécurité - le plus possible, en tout cas - et aviser ensuite.
Mais bon, si une apocalypse zombie se déroulait comme une partie de jeu vidéo, ça se saurait. Du coup, même si on voulait s'arrêter pour faire demi-tour et essayer de limiter les dégâts et les pertes, on était continuellement embringués dans des situations improbables qui faisaient que nous enfoncer un peu plus dans un merdier déjà bien profond.

Bref, tout ça pour dire que j'ai fait route vers la Russie avec de parfaits inconnus. Je pourrais même pas vous dire combien on était quand on est sortis de la ville. Je saurais pas plus vous renseigner sur notre nombre à la sortie du pays. La seule chose dont je suis sûr à l'heure actuelle, c'est que je suis arrivé au pied de l'Oural tout seul. Et que j'ai fait demi-tour tout seul, aussi.
J'étais à peine sorti d'un talus de conifères en pleine force de l'âge que j'ai entendu qu'on me gueulait dessus en russe. Heureusement que j'ai des notions de slave et que j'ai pu comprendre qu'on m'ordonnait de pas avancer plus. J'ai levé les yeux pour prouver aux types qui me parlaient que j'étais clean. Et j'ai vu des soldats par dizaines, planqués derrière des grosses mitrailleuses, le canon braqué sur moi.
Si je dis "grosses mitrailleuses", c'est parce que je suis pas un expert en armes. Pistolet, fusil, mitraillette, c'est des mots que j'utiliserai souvent et que des puristes voudraient me faire avaler par le cul, tellement je suis ignorant. Mais bon, même avant que notre bonne vieille Terre parte en couilles, j'étais pas doué sur Call of.

Bon, sinon... J'en étais à l'Oural, avec les russes agressifs. En fait, on peut pas dire que les soldats voulaient ma peau. Ça venait clairement de leurs supérieurs. Ils étaient repassés dans un régime politique autarcique, repliés sur eux-mêmes, convaincus que ça les aiderait à appréhender la situation. Je sais pas si ça a marché, j'ai aucune nouvelle de la Russie. Toujours est-il que j'ai pu réussi à survivre, même si j'ai dû refaire le chemin en sens inverse. Oural-maison.

La ville avait pas changé, elle était comme dans mes souvenirs. Enfin, les souvenirs que je m'étais fait pendant les trois ans. À force de voir des ruines de partout, on finit par penser que les bâtiments encore en bon état, ça existe plus. Et c'est pas plus mal, j'ai pas été déçu en arrivant chez moi. C'était exactement ce à quoi je m'attendais.
Y avait même un petit plus. C'est quand j'ai entendu une voix féminine incroyablement familière me hurler dans le dos :

« Bougez pas ou je vous embroche. »

Dans un sens, ça a fini en brochette...


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