Note de la fic : Non notée

La sainte poudrière


Par : BlackWizards
Genre : Action, Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Flammes nocturnes


Publié le 12/12/2012 à 22:05:21 par BlackWizards

<< - T'as pu trouver quelque chose ?
- Ouais, hier après-midi, le type bizarre avec un oeil de verre m'a refourgué de l'essence.
- Et les torches ?
- Dans le coffre.
- Alors je crois que tout est prêt.
- Ce soir...
- Oui, ce soir. Nous allons sonner la révolte. >>


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La jeune fille ne put qu'assourdir, mais pas retenir, un éternuement autant incongru qu'impromptu en cette situation. Et aussitôt que le bruit sortit de sa bouche, elle ne put masquer l'effroi dans son expression. Les visages de l'assistance, soudainement tous tournés vers elle, ne traduisaient aucune émotion, mais ils restaient plutôt dans l'expectative.

Cependant, le monotone discours ne s'arrêta pas une seule seconde, et en un instant, l'attention de tout le monde se recentra sur l'orateur. Apparemment, il ne jugeait pas cette interruption suffisamment importante pour réagir. Morgen ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il clamait, ce n'était pas sa langue. C'était celle des imposteurs et des voleurs, de ceux qui pillaient et brûlaient, ceux qui détruisaient et tuaient, pour ne plus laisser que la marque de leur foi courroucée partout où une âme s'opposait à leur guerre sainte.

Morgen haïssait ces moments. Elle aurait donné n'importe quoi pour s'en aller. De plus, rester immobile dans ce froid était une condition assez difficile. Elle sentit alors une goutte tomber sur sa longue chevelure blonde et leva discrètement les yeux. Cet endroit était si pourri que l'humidité passait à travers la toiture. C'est alors qu'elle remarqua que quelqu'un la fixait du regard. La jeune fille avait horreur de ça, elle lança un regard en coin à l'intéressé.

Un jeune homme aux cheveux courts en bataille, mal rasé et à l'air hirsute. Aussi loin qu'elle cherchait, Morgen n'avait jamais aperçu ce garçon dans le coin. Elle trouva immédiatemment ceci louche, car habituellement, il n'y avait à l'église que des gens d'ici. Et puis, ses vêtements étaient assez atypiques par ici... Un maillot de foot et un perfecto en cuir ? Mais elle reprit vite ses esprits et se focalisa sur la cérémonie.


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<< - Ils exagèrent quand même, je trouve... hein ? Je la sens pas cette mission...
- Pourquoi ? Garder l'entrée des catacombes ? Je ne vois pas ce que tu...
- Une simple église dans la cambrousse... deux pelés et trois tondus à l'intérieur... pourquoi nous faire garder un truc aussi... inutile ?? Et puis la Lune... ce soir, sa pâleur ne m'inspire guère...
- J'sais pas. Je sais juste qu'on a m'a promis gros en échange. Quand je pense à tout ce que je vais pouvoir faire avec cet argent ! C'est ma femme qui va...
- Chut ! J'ai entendu du bruit dans ces buissons là-bas !
- Tu te fais des idées, je n'ai rien entendu du tout, moi.
- Je te dis qu'il y a eu quelque chose qui a bougé ! Je vais aller voir !
- Allons, il suffit d'une pleine Lune pour t'effrayer ?
- Ferme-là, fit le garde en s'éloignant. >>

S'approchant des buissons en question, il dut reconnaître que son camarade avait sans doute raison, son imagination devait lui jouer des tours. C'est alors qu'il entendit distinctement une phrase prononcée à voix haute :

<< - Død, din skygge strømmer gjennom blodarene mine. >>

Ces mots lui glacèrent le sang, et avant qu'il ait eut le temps de faire quoi que ce soit, plusieurs bras l'empoignèrent puissamment et il sentit plusieurs coups transpercer son corps en divers points alors que ses hurlements déchiraient le silence de la nuit.

Le second garde entendit son camarade hurler à la mort, à quelques dizaines de mètres de là. Il sentit ses poils se hérisser et se saisit de sa hache, tremblant de tout son être. Scrutant le brouillard devant lui, il ressentit son étreinte funéraire et terrifiante, et aperçut tout à coup plusieurs silhouettes se dessinant petit à petit dans la purée de poix.

Une dizaine d'hommes aux vêtements noirs ornés de piques plus ou moins grandes à certains endroits, tous armés d'épées, haches et masses d'armes en tout genre, marchaient lentement vers lui. Il tressaillit et se retourna pour prendre ses jambes à son cou, mais il sentit quelque chose atteindre sa jambe et il s'écroula en poussant un gémissement, sa face entrant brutalement en collision avec le sol gelé.

Deux solides mains le retournèrent avec brusquerie, et une lame vint se planter frénétiquement dans son abdomen. Alors que son souffle s'amoindrissait et que sa vue se troublait, il put voir le visage de son meurtrier.

Un visage tout maquillé de blanc, les yeux cerclés de peinture noire. Une simple expression impassible, comme si tuer n'était après tout qu'une dynamique quotidienne pour cet homme. Ce dernier retira insensiblement son épée du ventre du garde et la brandit en l'air, des éclaboussures de sang venant consteller son visage blafard. Puis il prononça un simple mot :

<< - Død. >>

Plusieurs voix lui firent écho. Et la hache s'abattit sur le cou du garde. En cette nuit de pleine Lune, quiconque aurait observé cette scène n'aurait pu faire un pas, tant la terreur était omniprésente dans l'air. Elle abondait littéralement, de par ses relents morbides d'outre-tombe.


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Pendant ce temps, dans une demeure cossue au pied d'un lac...

<< - Bébel, c'est qui ces malades ?
- Malades ? Allons, montre donc un peu plus de respect à l'encontre de nos amis...
- Nos amis ? Ca prend peut-être avec le gosse, mais pas avec moi... Et si tu jouais cartes sur table, pour une fois ? >>
Le dénommé " Bébel " eut un petit accès de rire, une exclamation somme toute assez sinistre.
<< - Alors ? C'est qui ? Des tueurs, des coupe-gorge ?
- En partie.
- Comment ça ?
- Tuer est un de leurs moyens.
- Crache le morceau, Bébel.
- Arrête de m'appeler Bébel, tu sais très bien que j'ai horreur de ça.
- Très bien. Qui sont-ils, M. Belmont ?
- Ils ont pris pour nom quelque chose d'assez folklorique. Les " Einherjar ".
- Les quoi ?
- Einherjar.
- Quel nom à coucher dehors... en quoi c'est folklorique ?
- Dans la mythologie scandinave, les Einherjar sont des guerriers morts au combat. C'est là le plus grand honneur pour un Viking. Les plus braves d'entre ces morts sont sélectionnés par les Valkyries, des vierges guerrières envoyées par Odin, le roi des dieux.
- Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?
- Attends, j'ai pas fini. Et donc, une fois qu'ils sont arrivés au Valhalla, une sorte de paradis des guerriers, ils passent leur temps à se battre et festoyer. En réalité, ils s'entraînent pour faire face au Ragnarok aux côtés des Ases.
- Ragnarok ? Ases ?
- Les Ases sont les dieux, simplement. Et le Ragnarok est une bataille qui marque la fin du monde, ou plutôt des mondes. Et après ce Ragnarok, un nouveau monde naîtra des cendres de l'ancien, et il sera repeuplé par l'unique couple humain ayant survécu.
- Quel beau conte de fées. Et le rapport avec ces énergumènes ?
- Eh bien, ils se prennent pour des guerriers ayant une mission sainte. Pour des Einherjar. D'où le maquillage noir et blanc, pour avoir l'air d'un mort revenu.
- Mais quelle mission sainte ?
- La Neuvième. Ils s'opposent à la Neuvième, et veulent virer les Immaculés de la Norvège.
- Je leur souhaite bien du plaisir... Mais pourquoi on les aide, au juste ? Pas que ça me dérange, hein, mais...
- Allons, réfléchis, idiot ! Tu n'as donc pas de tête ? En déclenchant du " désordre civil " comme cela, les combats continuent. Et notre petite " entreprise " se nourrit de ce business de guerre.
- Donc, c'est tout bénef' pour nous ?
- Tu comprends vite, faut juste t'expliquer longtemps ! Et j'ai envoyé le gosse pour s'assurer que tout se passe bien.
- Comment ça ?
- Ils doivent simplement s'acquitter de leur mission. Pour le reste, ils peuvent s'amuser un peu...
- Tu fais confiance à ce merdeux pour les surveiller ?
- Pas vraiment, mais au cas où il essaierait de nous doubler, il aurait plus à perdre que nous. Et il le sait, crois moi, ce petit con est malin. Comment aurait-il pu survivre si longtemps, et s'aventurer aussi loin de chez lui, sinon ? >>


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L'odeur des catacombes était révulsante, et la vue d'un squelette quasiment déshabillé de toute sa chair fut de trop pour l'un des hommes qui se mit à vomir.

<< - Tomas ! Ca va ?
- Ouais... Je... Désolé, c'est l'odeur et puis... >>

Il désigna le macchabée d'un coup de menton, le regard vide. Mais il se releva bien assez vite. Il semblait avoir hâte de quitter cet endroit. Ce qui était assez compréhensible, en effet, qui pourrait pénétrer dans la maison des morts et n'en être aucunement affecté ?

<< - J'entends parler latin. On est près du but. Préparez vos armes, tous. C'est la première bataille qui leur montrera l'étendue de leur échec. Le Nord ne s'abandonnera jamais à la tyrannie. >>

Celui qui semblait être le chef dégaina l'imposante épée qui ornait précédemment sa taille. Il semblait décidé, et son pas se fit plus rapide alors que tout le groupe se pressait sur ses talons, l'arme en main ou à l'épaule. Une voix l'interrompit alors qu'il s'arrêtait devant une porte en bois vétuste :

<< - Anders ?
- Quoi ?
- Euh... rien, ouvre donc. >>

Il s'éxécuta et dévoila ainsi un couloir illuminé par des torches. Il était bien mieux entretenu que les catacombes que le groupe avait traversé jusqu'à présent, bien que pauvrement décoré. Le dénommé Anders s'avança dans le corridor, posant prudemment pied sur les dalles de pierres. Une fois devant la porte, il parut se recueillir, murmurant quelque courte prière. Puis il arracha une torche allumée du mur.

<< - Avec Odin de notre côté, la victoire est assurée... chuchota t-il. >>

Puis il bomba le torse, le regard fanatique, et ouvrit brutalement la porte d'un coup de pied.


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La cérémonie donnée par le prêtre ne s'était pas arrêtée, cela faisait maintenant deux bonnes heures que les habitants du coin étaient immobiles sur les précaires bancs de bois. Un jeune homme paraissait s'ennuyer fermement, assis sur le banc du fond à droite. Et alors qu'il observait l'assemblée, son regard s'arrêta sur une jeune fille, non loin de lui. Elle lui rappelait vaguement quelqu'un, et il était en train d'essayer de se rappeler de qui il s'agissait quand l'intéressée lui lança un regard fuyant. Un peu gêné, il rougit et détourna le regard, ayant oublié l'espace d'un instant qu'il la fixait avec insistance. Il n'était pas du genre à être intimidé si facilement, mais ses yeux bleus l'avaient littéralement fusillé sur place.

Il avait étudié le latin par le passé, pendant un an, mais il était mauvais, et ses maigres restes ne lui permettaient pas de comprendre ce que le prêtre déblatérait. Il bailla sonorement, et alors que ses yeux se fermaient doucement, un grand raffut le tira de sa torpeur. La porte à droite de l'autel s'ouvrit brusquement, et des hommes en armure et armes, maquillés de noir et blanc, firent irruption dans la salle, l'air menaçant. L'un d'entre eux pointa aussitôt son épée sur la gorge du prêtre. Tout se passait comme prévu, se disait le jeune homme, alors qu'un guerrier vint bloquer la porte principale en refermant les cales en bois.

<< - Peuple norvégien ! Nous t'appelons à te libérer des oppresseurs et à brûler les impies ! hurla le meneur qui tenait le prêtre en joue. >>

Deux autres intrus entrèrent par la même porte, des barils à la main. Terreur dans l'assemblée. Ce jeune homme ne semblait plus si tranquille, à présent.

<< - Vous avez compris... c'est bien de l'essence ! Cet endroit va flamber, et tous ceux qui s'opposeront à nous avec !
- C'était pas au programme, murmura le jeune homme pour lui-même. Cet enculé m'aurait doublé ? >>

Les intrus commencèrent à répandre l'essence partout dans l'église.

<< - Debout ! Tout le monde ! ordonna le chef. >>

Tout le monde s'éxécuta, et le jeune homme fit de même. Il commençait à y avoir du mouvement au sein de la foule.

<< - Toi, là, l'imposteur ! hurla le meneur
- Vous n'êtes que des fous, répliqua le prêtre. La colère divine va s'abattre sur vous !
- Colère divine ? Divine ? insista Anders. Prie donc ton dieu, qu'il te vienne en aide ! >>

Le chef fit un signe de la main et un homme vint aussitôt recouvrir le prêtre d'essence, ce dernier joignant les mains dans un murmure. Anders lança sa torche aux pieds du prêtre qui prit instantanément feu, ainsi que l'essence dans l'église. Les hurlements du curé couvrirent assez vite tout autre bruit potentiel dans le bâtiment.

<< - Ecoutez moi bien ! Si ça dérange quelqu'un, qu'il reste ici et partage le sort de ce cher prêtre ! Les vrais norvégiens, eux, vous, quitteront l'église ! Cette porte, là ! Ouvrez la porte de l'anarchie et la révolution ! >>

Les villageois se ruèrent vers la porte des catacombes, suivis par les Einherjar, sous l'oeil attentif d'Anders qui se tenait à côté de la sortie. Le jeune homme s'approchait de la porte, mais Anders se mit entre lui et l'issue.

<< - Je t'ai déjà vu quelque part, lâcha Anders.
- Laisse moi passer, Anders, dit calmement le jeune homme en anglais.
- Tu connais mon nom, et tu parles en anglais ? s'étonna Anders, s'exprimant lui aussi dans la langue de Shakespeare à présent. Attends une seconde... Ce maillot...
- Real Madrid, 2012, marmonna le jeune homme.
- T'es l'enfant de pute qui m'a insulté chez Belmont l'autre jour ! Tu tombes bien, j'ai ramené une amie, fit-il en agitant son épée vers son adversaire.
- Anders, laisse moi passer, je ne le répèterai pas.
- C'est moi qui suis armé, gamin ! Qu'est-ce que tu comptes faire contre un épéiste ? Tu vas rester avec le curé et cramer, à moins que tu ne veuilles faire connaissance avec ma lame ! Une dernière chose, dis moi ton nom, avant de mourir...
- Je t'avais prévenu, Anders. J'aurais aimé ne pas avoir à faire ça. >>

Le jeune homme glissa une main dans sa veste et en ressortit un pistolet calibre 45 qu'il pointa sur Anders. La déflagration le projeta au sol immédiatemment. Le tireur s'approcha promptement d'Anders, et éloigna l'épée d'un coup de pied :

<< - Que...
- Je m'appelle Matthew. On se reverra au Valhalla, pauvre taré. >>

Matthew rangea son arme et s'engouffra dans les catacombes. Les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, et il venait sans doute de se faire non pas un ennemi des Einherjar, mais deux, de Belmont également.

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