Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Epopée d'inconscience


Par : Zeyd
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 12/09/2012 à 01:10:15 par Zeyd

Six heures trente quand la sonnette d'alarme retentissait comme chaque matin indiquant l'heure de se réveiller pour les travaux forcés.

Je me levais forcé, me massant maladroitement le visage et m'étirant le corps. De petits rayons de soleil traversaient les barreaux de la cellule, laissant paraître les cumuls de poussière qui planait dans cette dernière. Chaque matin, ces rayons me rappellaient ma liberté, quelle époque ! Depuis que je me suis retrouvé ici, je n'ai qu'une seule envie, me retrouver sur une plage, m'allonger sur le sable, profiter de l'espace, courir et faire ce que bon me semble. Je n'arrivais malencontreusement pas à m'habituer à cet enfermemennt, à cet espace restreint chose que je n'aurais pas pensé, après tout, un ado se soucie peu de son espace personnel, vivre dans 10 mètres carré avec ses potes serait presque le rêve. C'est lorsqu'on perds quelque chose qu'on se rends compte de sa réelle valeur.

Je réveillais de force mes compagnons de cellule en leur braillant des grossiertés dénuées de sens - chose que j'ai appris à maîtriser depuis mon incarcération- pendant que j'urinais avant de revêtir ces mêmes vielles fringues sales que je côtoyais quotidiennement depuis trois ans à présent : Un T-shirt blanc qui a viré jaunâtre, un pantalon en coton qui me foutait d'horribles démangeaisons, -sûrement à cause de l'hygiène de ce dernier- des chaussures que m'a apporté mon père et enfin une chaine munie d'une petite plaque en argent avec inscris dessus " R.N.Z ", chaine qui d'ailleurs ne me quittait jamais. -bien que les tentatives de vol n'en étaient pas vaines-

Ce matin était l'une des rares fois ou j'étais de bonne humeur. Ce n'était pas un matin comme les autres. Ce jour-là était la veille de notre remise en liberté. Après en avoir été privé pendant trois ans, Moi, Nassim et Réda allions enfin être relâchés pour bonne conduite. Nos travaux étaient en régle, nous n'avions jamais eu de problèmes et notre attitude était toujours impeccable. Nous ne sommes le genre de gars qui cherche les ennuis. Les autres prisonniers se demandaient toujours ce qu'on faisait ici, d'où on venait et pourquoi des agents assuraient notre sécurité en permanence. Ce genre de privilège ne nous réjouissait pas, bien qu'il implique la peur de certains prisonniers, il engendre par la même occasion la haine de bien d'autres, nous avions peur en permanence ce qui pourrait nous arriver une fois à l'exterieur de ces hautes murailles.

Les deux individus précédemment cités sont aussi chers à mes yeux que mes propres burnes. Nous sommes mis en cage pour les même raisons et avions eu un mal fou à faire intervenir nos papas plein d'argent pour nous faire partager la même cellule. D'ailleurs, nous avons aussi eu le " privilège " de partager cette dernière avec un quatrième pénitencier : Omar. Un cas " spécial " au passé visiblement peu commode -étant donné ses incalculables cicatrices sur le corps- a été affecté dans notre cellule quelques mois après notre arrivée pour éviter tout risque de débordement avec d'autres pénitenciers. Omar est un gros et grand brun style ténébreux, cheveux à la brosse et mal rasé. Le genre de gars qui vous ferait sans efforts changer de trottoir dans la rue

Nous vivions donc étroitement dans cette petite cellule du pénitencier d'El-Harrach, sombre et humide, glaciale en hiver et caniculaire en été. Comment pourrait-on espérer mieux ? Mais en réalité, ce n'était pas une cellule pour quatre. À cause du nombre trop important de pénitencier dans la prison, on a aménagé plusieurs chambres de manière à accueillir plus de personnes qu'il n'en faudrait le tout en plaçant de vieux lits superposés qui sentent le moisi et la pisse, system D inside. Les conditions de vie étaient vraiment intolérables, mais en même temps, nous n'avions pas vraiment le choix, je me voyais mal réclamer des cotons-tiges ou des serviettes propres au risque de me prendre une droite par le gardien. Cette prison aurait pu être une publicité pour un site de rencontre fétichiste masochiste d'homosexuels : " Vous aimez la violence ? Vous voulez vivre dans l'injustice totale ? Vous rêvez de souffrir ? N'hésitez plus ! Soyez prisonniers à El-Harrach ! Des tonnes de gars sympathiques vous attendent ! Profitez vite de la promotion S.o.d.o.m, qui inclut deux sodomies par jour offerte pour les moins de 30 ans ! -Offre définitive- "

J'attendais patiemment que les gardes débarquent et nous trainent comme chaque matin en file indienne vers les bureaux. Comme nous savions lire et écrire, notre ouvrage consistait à ranger, classer et trier la paperasse de la prison, on s'occupait en gros de tout ce qui concernait la bureaucratie, travail peu cotoyé en ces temps durs, etant donné que plus de la moitié des pénitenciers n'étaient pas foutus d'écrire leur prénoms correctement. Mais on ne s'en plaignait pas. Omar lui était affecté à la maçonnerie, en plein soleil. Je prefère encore me cacher derrière une pile de paperasse, je pouvais au moins me moquer des sales gueules des pénitencier sur les photos en parcourant leur dossiers.

Midi, vint l'heure du déjeuner ou nous avions l'ultime privilège de tâter de la délicieuse gastronomie qu'on nous présentait. Du grand art culinaire ! Aujourd'hui au menu : Macarons trop cuits à la sauce tomate acide datant probablement de la guerre froide. Et bon appétit bien sûr ! On mangeait en silence, comme à notre habitude. L'ambiance du réfectoire était, comme toujours, très tendue. Les frères repentis d'un côté, Wlad El-Harrach* de l'autre, les mafieux par-ci, les sodomites par-là… Mais non, qu'est-ce que je raconte .. C'est TOUS des sodomites. -surtout les frères repentis- le seul grand problème était que personne ne se s'entendait, une vraie jungle, la loi du plus fort, le règne du plus puissant. La guerre des gangs était permanente, il y avait des accrochages à tout bout de champ, je me rappelle encore du jour ou des charmants garçons avaient trouvé marrant de couper les doigts d'un petit nouveau pour lui souhaiter la bienvenue , vraiment génial comme experience recevoir un auriculaire dans son plat de lentilles sans sel.

Nous dans ce monde ? Nous n'appartenions à aucun gang, nous étions toujours écartés des autres et surveillés par tous et c'est ce qui d'ailleurs nous causait (Ou pas ?) le sympathique surnom de " Sales gosses de riches " de ce fait, nous évitions de nous faire remarquer pour éviter les ennuis. Perdre un doigt serait regrettable.
Après le déjeuner, nous reprenions les travaux forcés sans pause jusqu'à dix-sept heures pour enfin avoir droit au repos et au seul moment d'évasion dans ce putain d'endroit. Nous descendions généralement à la grande cour ou se trouvait une multitude de terrains de sports délabrés et abandonnés, tellement délabrés d'ailleurs, que nous n'arrivions même pas à discerner la discipline qui est censée s'y pratiquer... Les appareils de musculation étaient toujours occupés par les " lions " de la prison, -il ne vallait mieux pas s'y approcher- les nouveaux servaient de punching ball, de chercheurs de balle et parfois même de balle. Parmis les nombreux clans on discernait souvent des " tables " improvisées de dominos avec des briques et des bouts de carton faisant office de table et de siéges, ces dernières étaient toujours entourées de deux douzaines de personne squi observait la partie en silence.

Il y avait aussi à notre disposition une vaste bibliothèque, ou étaient interposées des ouvrages de piètre qualité et très mal entretenus qui plus est, elle était généralement vide, ou servait de cachette certains. Les pénitenciers d'El-Harrach n'étaient pas le genre de gars à bouquiner, ils préféraient sans doute violer les nouveaux venus dans les douches, ou fumer des zdeh avec les gardiens.

En parlant de sodomiser les nouveaux venus, nous n'avions malheureusement pas eu l'ultime privilège d'y gouter. Nos parents, très riches, ont versés plusieurs pots-de-vin pour assurer notre sécurité. Pourquoi ne pas avoir payé la caution, alors ? Tout simplement parce que c'est impossible, pots-de-vin ou pas, la sentence était clair : Six ans de taule, et possibilité de libération après trois ans si on restait gentils (Et si papa payait le prix fort) ce qui, on s'en doute, était sûrement le cas.



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